story of my lifeWell who are you to judge Miss Accidental Wife?
Who was the genius that brought me to life?
Well you're such a hypocrite to think me so unwise
I'm just tryin' to see the world
Through my own eyes
Quand ma mère a commencé à ressentir des contractions, le jour de ma naissance, elle était en train de s'empiffrer dans un fast-food, sur le bord de l'autoroute. Au lieu de demander un médecin ou simplement l'aide d'un autre client, elle est sortie à l'arrière du restaurant. Elle s'est accroupie entre deux pennes à ordures pleines d'épluchures et de vieux steaks, puis elle a accouché. C'est aussi simple que ça. Je suis née comme on urine sur le bas côté. Le pire dans cette histoire, c'est qu'elle m'a ensuite laissée entre les deux pennes, comme ci de rien n'était. M'a-t-elle seulement regardée avant de partir ?
Un peu plus tard dans la journée, j'ai été retrouvé par un employé du fast-food qui a appelé les autorités locales. Eux-mêmes ont téléphoné à l'assistance publique qui m'a assez rapidement prise en charge. Jusqu'à mes deux ans, je suis resté dans une famille assez chaleureuse puis on m'en a retirée pour des problèmes administratifs. De là, j'ai alterné familles d'accueil et foyers sociaux. Je ne sais pas pourquoi, il y avait toujours des complications avec moi.
Smart ass little girl always on the run
Playin' with fire and daddy's gun
Fallin' in love on stolen wine
Where did we go wrong my foolish child?
Finalement, vers 14 ans, l'âge rebelle, l'âge ingrat, ou je ne sais quel autre nom que des vieux cons donnent à cette période, j'ai fui. Dans un cartable, j'ai mis des vêtements et des gâteaux, puis je suis partie. Je marchais sur le bord des routes et, comme pour me conforter dans ma fuite, des véhicules s'arrêtaient pour me prendre et m'emmener toujours plus loin. Généralement, je tombais sur des mères de famille à qui je faisais pitié. Je leur racontais un bobard gros comme une maison pour qu'elles n'appellent pas la police, de ce fait, elles se contentaient de me filer quelque chose à manger. Finalement, un jour, je suis tombée sur un cirque. Un cirque comme on en fait plus vraiment qui venait tout droit de Russie. Assez aisément, je me suis faufilée dans le chapiteau pour voir quelques numéros. Ensuite, j'ai réussi à voler des pommes d'amour et des sodas. Quand la nuit tomba, je me suis installée entre deux cages d'animaux où, recroquevillée sur moi-même, j'essayais de conserver un peu de chaleur humaine. Alors que je commençais à somnoler, une large main chaude et caleuse s'est posée sur mon épaule ; Anisim Saï, le grand magicien et propriétaire du cirque. Avec un sourire bienveillant derrière sa moustache, il m'a demandée quel était mon nom. Machinalement et pour une raison qui m'est encore inconnue, j'ai répondu : "
je sais pas". Il a continué de sourire et en me prenant sur ses épaules, il a murmuré "
on verra".
Well I'm tattered and torn, see what you do?
Just admit it was all because of you
When I don't come home 'til the early morning
Anisim et sa femme n'ont jamais pu avoir d'enfant, alors ils m'élevèrent tout comme. Dans le cirque, il fallait que tout le monde est une utilité pour y vivre, alors très tôt, on m'initia à différentes choses pour que je trouve "ma voie". Les animaux n'étaient pas mon truc, je n'étais pas assez burlesque pour être clown et je n'avais pas la bonne taille pour faire du trapèze. Anisim commençait à désespérer quand un jour, il me vit marcher en équilibre sur une barrière de sécurité. C'est comme ça que je suis devenue funambule. La première du cirque qui plus est. De là, est venu mon prénom ; Swan, qui m'avait été initialement attribué comme simple nom de scène.
Au cirque, il y avait un garçon de mon âge. Je ne sais plus vraiment pourquoi ou comment on n'a commencé à parler. Je crois que c'est lui qui a fait le premier pas. En tout cas, il était gentil, on s'entendait bien. Un jour, on était ados, on a couché ensemble. C'était ma première fois donc ce n'était franchement pas terrible mais, quelques temps plus tard, on a recommencé. Et c'était moins terrible. Un jour, il m'a annoncée qu'il m'aimait. Je n'avais pas bien compris alors j'ai haussé les épaules. Si je ne m'abuse, ça l'a vexé et il ne m'a plus parlée pendant des semaines. Puis il est revenu et m'a dit à nouveau qu'il m'aimait. Je ne savais pas quoi faire alors... il a pris les choses en main comme on dit. Il disait à tout le monde que j'étais sa petite amie, et moi, je n'avais rien à faire. Ça m'allait jusqu'à ce qu'il se mette à vouloir tout contrôler... à vouloir me contrôler. Me dire ce que je devais faire et dire, il ne faisait plus que ça. C'était insupportable. Je voulais sortir de cette relation. Mais comment arrêter quelque chose que je n'avais même pas commencé ?
I'm too young to drink
Too green to think
You say these things and it wears me out
Too young, too frail but sometimes I feel
Like old blue jeans
'Cause you wear me out, you wear me out
Don't you know that you wear me out, you wear me out
Il y a deux ans, alors que j'étais en train de faire mon numéro, je suis tombée du fil. Je me suis blessée assez gravement et suis allée à l'hôpital. Là-bas, il a fallu me faire une transfusion sanguine et puisque je n'avais pas de dossier médical, les médecins m'en ont créée un. Par ce biais, et grâce à un coup de pouce de la chance (ou de la malchance), j'ai trouvé des informations sur ma mère qui avait fait un tour dans le même hôpital quelques années plus tôt. Cela m'avait énormément perturbée. Depuis toujours, je pensais être la fille de nul part et... finalement, comme tout le monde, j'avais une origine. La curiosité et... quelque chose d'autre de plus profond qui me faisait mal à l'estomac me poussèrent à faire des recherches sur elle. Je n'ai pas trouvé grand chose si ce n'est un article sur sa mort. Une balle dans la tête... Aucune enquête.
Je pensais vraiment être suffisamment insouciante pour me contenter de si peu sur mes origines. Sauf que d'autres sentiments l'emportèrent sur mon insouciance. je fis quelques recherches supplémentaires sur cette mère que je n'avais jamais connu. J'en ai appris beaucoup et, plus j'en savais, plus je regrettais de savoir. Prostituée, droguée, un casier plus long que mon bras... Rien de très reluisant. Malgré tout, je me berçais dans une douce illusion selon laquelle, elle n'était pas entrée de bon gré dans cette vie et que, dans le fond, c'était une bonne personne. Finalement, un jour, je suis tombée sur un nom ; Bjorn Sheehan. Je n'étais pas sûre de ce que j'avançais au début. Puis ça s'est confirmé.
Aujourd'hui, me voilà à Memphis.