leavin' with a ghost

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Please don't leave me
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On remet cela pour une prochaine fois Urda. Pas de problème. On comprend très bien, avec son boulot, les choses ne sont pas toujours aussi évidentes. Pas de souci, d'accord ? Son amie dépose un baiser sur sa joue alors que son époux, lui, enfile sa veste en lui souriant. Passe-lui le bonjour Urda. Bonne soirée. Elle l'enlace doucement avant de fermer la porte derrière eux, mauvaise. Comment son époux a-t-il pu oublier qu'ils avaient invité des amis à boire un verre ? Comment a-t-il fait pour ne pas répondre à ses quatre messages, pour ne lui donner absolument aucune nouvelle, la laissant seule face à leurs invités comme une idiote ? Nouveau regard à l'horloge, elle balance sur la table de cuisine une serviette ... laissant le tout trainer sur la table alors qu'elle se dirige vers la douche. Une douche bien chaude. Elle enfile un tee-shirt et un shorty avant de se caler dans son canapé. Ce soir, elle ne va pas attendre dans leur lit comme une gentille petite épouse. Ce soir, elle ne va pas faire comme si le fait de ne plus voir son époux ne la dérangeait pas. Ce soir, elle va lui montrer combien cela la dérange, combien il lui manque. De ce semblant de vie conjuguale, elle n'en veut pas. Absolument pas. Ce n'est pas ce dont elle avait rêvé et imaginé quand il avait posé un genou sur le sol pour la demander en mariage. Elle savait que son travail lui prennait du temps mais elle ne s'imaginait vivre avec un fantôme. Les choses avaient empiré depuis quelques mois. Il était de plus en plus absent, rentrait de plus en plus tard, était de plus en plus silencieux et distant. Quelque chose clochait et elle en était même arrivée à se demander s'il n'avait pas une maitresse à l'hôpital. Ce genre de choses se produisent ... elle le sait. La jalousie s'emparait doucement d'elle alors qu'elle zappait, tasse de thé dans une main et télécommande dans l'autre. Les pensées se bousculaient. Rapides. Brutales. Elle se mettait doucement à imaginer son époux avec une autre. Elle l'imaginait tendre, souriant. Elle l'imaginait heureux avec une autre qu'elle ... Sa mâchoire se serra alors qu'elle entendit la clé tourner dans la serrure de la porte.

Brusquement, elle posa la tasse de thé sur la table basse avant de se tourner vers la silhouette de son époux qui venait de rentrer. Fatigué, elle pouvait lire sur ses traits tirés que la journée avait été rude. Mis aujourd'hui, il était temps d'être égoiste, de dire ce qu'elle ressentait, ce qui la tiraillait. Lou et Noah te passent le bonjour. dit-il sèchement. Oui, c'était ce soir qu'on les avait invité ... poursuivit-elle avant de se lever. Ca t'aurait tué de me répondre, au moins à un de mes messages. Ca ne t'a pas traversé l'esprit que je pouvais me faire du souci, que tu pouvais me manquer, que j'avais envie de passer cette soirée avec nos amis avec toi à mes côtés. Elle sait qu'elle l'agresse alors qu'il rentre du boulot. Elle sait qu'il est fatigué. Et alors ? Quand pourrait-elle lui dire tout cela ? Il n'y avait pas de bons moments. Jamais. Ne me sors pas l'excuse du 'ca m'est sorti de la tête' ou encore le 'je n'ai pas eu le temps'. Je sais que tu es fatigué, que tu as dû avoir une journée de merde Konrad ... tout comme moi. Mais bon sang, on est censés être partenaires. Elle s'approcha de lui. On est censés tout partager. C'est quoi ton problème ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? dit-elle en plongeant son regard dans le sien, cherchant à attrapper sa main.

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And the arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over (out of) me, and the crashes are heaven, for a sinner like me, but the arms of the ocean deliver me.

Le carmin. Le carmin dont il ne se détache plus. Dans ses rêves. L’impression qu’il peut encore respirer l’odeur ferreuse du sang de cette gamine morte sous ses doigts. Il aurait dû la sauver, elle ne méritait pas la mort. Par sa mort, elle a semé le chaos dans son crâne, inverser les réalités et briser ses convictions. Obsession. Envie de tuer. De sentir le carmin une fois de plus contre ses doigts. Une connerie. Il ne peut pas. Il est en train de tomber dans la folie, dans celle qui se calque dans son esprit. Ce n’est pas lui. Ça n’aurait pas dû. Une erreur. Un meurtre. Un meurtre de plus. Un homme qui ne méritait pas de vivre. Cette drogue, cette envie de tomber, de recommencer. Il ne sait plus. Il ne sait plus vivre correctement, écorché. Les apparences qu’il tente de garder, de sauver.

Le temps file. Il est demandé. Il n’a pas envie de rentrer, parce qu’il a cette impression que rien ne va. Que son monde est en train de tomber. Que son identité et volée. Il ne sait plus ce qu’il est. Un homme qui sauve des vies. Un monstre assoiffé de sang. Sa femme, elle ne comprend que ce qu’il laisse paraître. Le trouble pour la vie retirée. C’est plus simple.
Il retire les gants, son costume et le pose dans le casier. Il enfile sa chemise. Il jette un regard circulaire à l’heure. Il a oublié. Encore. Cette impression qu’il est à même d’oublier sa propre existence. Il ne sait plus rien. Il est égaré. Sa femme, elle va lui en vouloir. Il n’est plus le même homme, plus l’homme parfait, plus rien du tout. Il l’aime. Il l’aime cette femme qu’il a sauvée en offrant un cœur. Il ne sait pourtant plus aimer correctement, incapable de se comprendre, incapable de se saisir. Il se perd et il perd ce qui lui est précieux. Elle.

Il entre, elle arrive. La guerre. L’assaut. Il laisse son regard glisser sur elle, dans le fond de ses iris pour y voir cette colère sourde et l’amertume. Elle ne peut pas comprendre. Il ne comprend pas lui non plus. Lou et Noah te passent le bonjour. Un soupire qu’il échappe et la paume de sa main qui vient frictionner son propre visage. Il fait le con. Il en est conscient. Oui, c'était ce soir qu'on les avait invité ... Il retire son manteau. Elle reste là. Elle. Elle et son regard qui en dit long. « Urda..» Un souffle. Konrad, il n’a pas envie de ça, mais c’est trop tard. Ca t'aurait tué de me répondre, au moins à un de mes messages. Ca ne t'a pas traversé l'esprit que je pouvais me faire du souci, que tu pouvais me manquer, que j'avais envie de passer cette soirée avec nos amis avec toi à mes côtés. Le malaise. Il se doute de ce qu’elle ressent, mais il est un tueur. Il a tué de son plein gré. Une fois. Il est le mal pour elle. Il n’est plus pour elle. Il l’aime. Il ne s’aime pas lui. Ne me sors pas l'excuse du 'ca m'est sorti de la tête' ou encore le 'je n'ai pas eu le temps'. Je sais que tu es fatigué, que tu as dû avoir une journée de merde Konrad ... tout comme moi. Mais bon sang, on est censés être partenaires. On est censés tout partager. C'est quoi ton problème ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Il ne se recule pas lorsqu’elle approche. Elle tend la main, il laisse ses doigts passer doucement entre les siens. Il attire la jeune femme contre elle. Elle et son corps de rêve. Elle et ses lèvres parfaites. Un baiser qu’il pose contre son front. Il ne sait plus comment gérer, il ne sait plus comment faire avec elle. Il ne sait plus comment mettre sa vie en ordre. « J’avais les mains dans le sang Urda et c’est vrai que j’ai oublié. Tu sais que je n’ai aucun talent pour ça.» Encore moins depuis la mort de la gamine, depuis son envie oppressante de carmin. Son envie de tuer encore. C’est que des conneries. Il est malade. Il doit se faire soigner. Il ne peut pas. Trop de risques.
Un baiser sur la joue. Un baiser sur le coin de lèvre. Il l’évite, parce qu’il se sent sale. Sale des meurtres. Sale de sang. Elle. Elle ne sait pas. Elle pense à autre chose. « Je dois vraiment prendre une douche Urda.» Il se détache d’elle. Encore. Il s’enfuit.

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L'excuse du médecin qui sauve des vies, qui a les mains dans le sang, dont une pluie de sueur coule le long de son dos. L'homme qui a des vies entre les mains et qui répare. Elle sait. Elle connaît son métier. Elle sait l'art avec lequel il opère pour être une de ses créations. Mais cette excuse ne fonctionne plus. Elle ne fonctionne plus pour réparer les maux causés à cette femme qui se sent délaissée, qui se sent oubliée et qui en vient à douter. Douter de tout. Elle soupire, baisse la tête sous son baiser qui est censé la calmer. En vain. Impossible. Son coeur bat un peu plus vite, elle le sent. Ce coeur inconnu qu'elle essaie de dompter bat un peu plus vite que d'habitude. Elle l'écoute. Elle l'entend. Il est la preuve que quelque chose cloche, qu'elle ne peut laisser passer la chose. Voilà. Ca s'arrête là. Je t'explique combien cela me peine et toi, tu me sors l'excuse du boulot, me dis simplement que tu n'es pas doué pour cela … Elle a les bras ballants, impuissante. Et tu vas prendre une douche. Comme ca. Elle le suit du regard alors qu'il fuit, sans dire un mot. Un zombie. Un fantôme. L'ombre de lui-même. Sa mâchoire se serre. Ses poings se crispent alors qu'elle entend la porte de leur salle de bain se fermer. Qui est cet homme incapable de la regarder dans les yeux ? Où est l'homme qui en quelques secondes parvenaient à les transporter ailleurs ? Où est l'homme qui en quelques secondes parvenaient à panser le moindre mal ? Que sont-ils devenus ?

Pas très douée pour lutter bien que son travail consiste en cela, Urda est assise dans le lit conjugal, sous la couette. Elle attend. Elle attend patiemment que l'eau cesse de couler, qu'il vienne dans cette chambre où normalement des éclats de rire et plaisir s'échappent. Elle ne va pas le laisser. Elle ne peut pas le laisser. Silencieuse, elle ne peut le rester. Il faut qu'elle parle, qu'elle hurle presque. Il faut qu'il réagisse. A peine a-t-il un pied dans la chambre, qu'elle parle. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre? demande-t-elle froidement en posant son regard sur cet homme enrobé dans une serviette éponge. Son regard ne se pose pas sur ce corps qu'elle désire toujours autant mais bien dans ce regard qu'elle essaie de reconnaître depuis des semaines. Sa question semble le surprendre. Je te demande s'il y a quelqu'un d'autre Konrad. Elle se redresse. Tu es de moins en moins à la maison. Tu ne m'adresses presque plus la parole. Tu me fuis dès que j'essaie de m'approcher ... Elle prend une profonde inspiration. S'il te plaît, ne me donne pas le rôle de l'épouse un peu cruche qui est mariée à un homme qui ne l'aime plus ... Elle baisse son regard sur la couette avant de relever la tête pour le regarder. Ses yeux se sont emplis de larmes.
Je t'en prie Konrad, parle moi. Je suis ta femme. Je suis là. Je t'aime. Parle-moi. C'est presque une supplication. Elle a besoin qu'il lui parle, qu'il lui confie. Tout. Qu'il lui confie ses douleurs, ses problèmes, ses maux. Elle les panserait avec amour et patience, comme doit le faire une épouse.

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And the arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over (out of) me, and the crashes are heaven, for a sinner like me, but the arms of the ocean deliver me.

Voilà. Ça s'arrête là. Je t'explique combien cela me peine et toi, tu me sors l'excuse du boulot, me dis simplement que tu n'es pas doué pour cela … Il n’est plus qu’une ombre. Que le restant de ce qu’il a pu être. La mort de cette enfant. La mort. Le sang. Ça lui ronge le cerveau et il ne contrôle plus rien. Rien. Et tu vas prendre une douche. Comme ca. Son regard se pose sur elle une fois de plus. Il ne sait pas quoi dire Konrad, il n’a pas la moindre idée de ce qui est en train de se produire en lui. Il ne se comprend plus.
Il s’en va. Il se détache d’elle. Il a besoin de retirer le sang souillé contre ses mains. Il a cette impression qu’il le voit, mais qu’il n’arrive pas à s’en défaire. Il n’a pourtant rien. Le sang de cette enfant, il orne ses mains depuis cette fois. Cette fois de trop.
Konrad, il file dans la douche, il laisse l’eau couler contre son corps et laisse un soupire passer d’entre ses lèvres. L’eau qui file contre sa peau. Ses muscles qui arrivent à se détendre.
Il sort de la douche, il attrape une serviette qu’il passe dans ses cheveux pour enrouler autour de son corps et sortir de la pièce.

Elle est là. Dans le lit. Qui attend. Il n’a pas envie d’être comme ça. Il n’a pas envie qu’elle puisse souffrir à cause de lui, mais il devient fou à force d’avoir envie de sentir le carmin, le sang contre ses doigts. Il a tué un homme en manipulant trop bien le système pour se faire prendre. Il sait comment faire. Elle ne l’aimerait plus si elle sait.
Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre? Konrad, il ne s’attendait pas à ca, mais elle a raison d’avoir des doutes. Il évite. Il est silencieux. Il ne parle pas. Il rentre tard. Il arque un sourcil et se dirige vers la commode pour enfiler un sous-vêtement. Je te demande s'il y a quelqu'un d'autre Konrad. Il lâche un rire léger, même si ca n’a rien de drôle. Il ne sait pas comment réagir face à cette demande. Il ferme le tiroir et laisse tomber la serviette dans le panier à linge. « Non.» - Tu es de moins en moins à la maison. Tu ne m'adresses presque plus la parole. Tu me fuis dès que j'essaie de m'approcher ... S'il te plaît, ne me donne pas le rôle de l'épouse un peu cruche qui est mariée à un homme qui ne l'aime plus ... Je t'en prie Konrad, parle moi. Je suis ta femme. Je suis là. Je t'aime. Parle-moi.
Il ne sait pas si c’est une bonne idée de lui dire. Il peut parler, mais rendre les choses plus belles. Il ne lui pas encore parlé de cette gamine, que quelques bribes de regret qu’il a échappé.

Konrad finit par s’approcher du lit pour s’y poser, sur le rebord. Il ne peut pas dire qu’il est obsédé par cette envie de tuer, cette envie de faire couler le sang contre ses phalanges, contre la pulpe de ses doigts. Il ferme les yeux un instant et laisse ses doigts passer sur le visage de sa femme. Elle n’y est pour rien. C’est lui qui est en train de devenir fou. De devenir un autre homme et il ne sait pas comment se sortir de cette impasse. Un monstre en lui qu’il n’arrive pas à contrôler.
« Tu te souviens de l’erreur que j’ai faite?» Il prend une pause. Il ne sait même plus ce qu’il a pu lui raconter à ce propos. « Cette gamine que j’ai tuée. Sa sœur est venue me voir pour me lancer sa rage et je me sens terriblement coupable.» C’est vrai. Elle n’aurait pas dû mourir. Elle était une petite fille innocente, mais elle a réveillé la soif de sang.
« Quand je rentre tard, c’est que je vais sur la tombe de cette petite.» Vrai. Encore vrai. Un bout de vérité. Il y passe beaucoup de temps à se poser des questions, à tenter de comprendre et se faire pardonner. Le reste. Il se contente de le taire.

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