Ruma -> Le début d'une nouvelle histoire...

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Le début d'une nouvelle histoire...
In my dreams you're with me

Ce matin-là, Gemma s’était réveillée à cause d’une envie pressante d’uriner. Elle avait maintenant quatre mois de grossesse et sa petite princesse lui appuyait beaucoup sur la vessie… Elle avait eût de la difficulté à se sortir du lit parce qu’elle avait un énorme bedon. Elle se comparait toujours à une baleine échouée sur le bord de la mer. Sa première pensée fût quand même pour Ruby. Depuis qu’elle était partie, Gemma pensait toujours à elle en premier le matin… Elle se disait que si elle continuait à faire cela, peut-être allait-elle tomber par hasard sur elle un jour ? Sauf qu’elle avait quand même tenté de provoquer les choses en venant s’établir à Memphis avec un mari qu’elle n’aimait même pas… Lorsqu’elle eût terminé de faire sa petite routine du matin, elle jeta un œil dehors. Il faisait tellement beau ! Elle décida donc de revêtir une robe longue qui avait des rayures horizontales bleues et beiges. Elle se regarda dans la glace et se dit qu’elle allait bientôt exploser si elle continuait à grossir… Elle était quand même chanceuse d’avoir gardé sensiblement les mêmes mensurations au niveau de ses fesses et de ses jambes. Elle avait tout prit au niveau du ventre… Elle mit ses mains sur celui-ci pour donner un peu d’affection à sa petite princesse et alla ensuite mettre ses ballerines à talon plat pour pouvoir aller à son rendez-vous à l’hôpital. Elle devait aller voir son médecin pour ses examens de routine. Elle savait que tout allait bien, mais c’était toujours intéressant de pouvoir en être totalement sûr. Lorsqu’elle sortit dehors, elle décida qu’elle allait stationner sa voiture un peu plus loin de l’hôpital qu’habituellement parce qu’elle voulait prendre une marche. Elle savait que cela ne pouvait pas nuire à sa petite et cela allait lui faire du bien. Elle était toujours seule chez elle et elle avait maintenant besoin de se dégourdir les jambes. Cela lui prit quinze minutes se rendre à son lieu de rendez-vous… Cela peut paraître court, mais elle était prête à donner le défi à n'importe qui d’autre de le faire avec un ventre aussi proéminent. Elle était déjà en amour avec son bébé, mais elle avait quand même hâte qu’elle se dépêche à sortir de là. Elle était pressée de retrouver sa salle de sport au moins trois fois par semaine… Elle voulait retrouver sa taille de guêpe le plus vite possible. Elle avait toujours été la fille la plus mince de ses classes et elle voulait que cela redevienne comme c’était. Elle se trouvait beaucoup trop énorme pour plaire à quiconque et c’était ce qu’elle détestait le plus… Lorsqu’elle s’assit dans la chaise qui était à sa disposition dans la section de la maternité, elle se mit à avoir envie d’uriner. Elle savait pourtant qu’elle allait devoir prendre son mal en patience parce qu’elle devait attendre d’avoir passé son échographie pour pouvoir aller évacuer… C’était ce qu’elle haïssait le plus des rendez-vous chez le médecin : ne pas pouvoir aller à la toilette lorsqu’elle le voulait. Elle scrutait attentivement les couloirs et le visage de toutes les infirmières. Elle avait appris par le biais d’Hazel que Ruby était infirmière. Elle espérait vraiment tomber sur elle par hasard. Elle ne voulait pas forcer son amie à organiser une rencontre entre eux deux… Non, elle voulait être seule avec sa sœur lorsqu’elle allait la revoir. Sauf qu’elle avait une peur bleue de ne pas la reconnaître… Il s’était écoulé 8 ans depuis qu’elle était partie sans lui dire au revoir… Sauf que Gemma était convaincue qu’elle allait être capable de la reconnaître. Puis, elle vit une tête blonde de dos. C’était elle. Elle en était convaincue. Il fallait maintenant qu’elle s’approche d’elle. Son cœur se mit à battre à tout rompre, mais elle devait y aller. Elle ne voulait pas qu’elle reparte sans qu’elle ait le temps de lui parler. Elle se leva donc très difficilement de sa chaise et s’approcha d’elle. Elle était de dos, mais Gemma était sûre que c’était elle. Elle s’éclaircit donc la voix. « Ruby ? »

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" Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. " (grey's anatomy)

Elle te manquait, terriblement… Parfois, tu te disais qu’il faudrait mieux que tu l’oublies… Après tout, elle devait avoir fait sa vie… Sans doute s’était-elle mariée. Peut-être même avait-elle eu des enfants… Du moins, c’était tout ce que tu espérais pour elle… Elle le méritait, tellement. Tu aurais voulu être à ses côtés pour partager tous ses instants de sa vie. Pour partager les moments heureux mais aussi pour la soutenir lors des moments plus tristes. Au lieu de ça, tu t’étais enfuie à l’autre bout du monde, du jour au lendemain sans même la prévenir. Tu n’osais même pas imaginer ce qu’elle avait dû ressentir à ce moment-là. Tu n’osais imaginer à quel point elle devait t’en avoir voulu. Et dire que tu ne lui avais même pas écrit… Tu aurais voulu… Tu lui avais même écrit une lettre mais tu ne lui avais jamais envoyée. Tu avais peur, peur de sa réaction, peur de lui faire encore plus de mal et plus le temps passait, plus tu te disais que ça ne servait à rien… Tu étais entrée dans une spirale de laquelle tu ne savais pas comment sortir. Tes premières années aux États-Unis avaient été un véritable bonheur. Certes, tu avais du te battre, pour trouver ta place, pour te faire une place. Mais tu avais enfin eu l’impression d’être toi-même, de ne plus être enfermée au sein d’une famille, une « dynastie » même dans laquelle tu n’avais pas ta place, avec laquelle tu ne partageais pas les mêmes valeurs, les mêmes ambitions. Tu détestais cette avarice et cette hypocrisie sans limites qui régnait dans ta famille. Tu n’avais pas pu rester un instant de plus dans cette famille qui te méprisait alors tu t’étais enfuie, dès que tu en avais eu l’occasion… Tu n’avais jamais eu aucuns regrets d’avoir posé cet acte, tu ne t’étais jamais retournée derrière toi. Tu ne savais pas ce que devenait ta famille et à vrai dire tu t’en fichais complètement… Sans doute que tes frères et sœurs avaient tous trouvé une place dans la firme familiale… Une seule personne laissée derrière toi te préoccupait encore, enfin, deux plutôt : Gemma et sa mère. Tu avais débarqué du jour au lendemain chez elles, elles étaient devenues ta réelle famille, elles t’avaient accepté même si tu savais que pour la mère de Gemma, tu devais être source de mauvais souvenirs, liés à ton père, qui était également le père de Gemma. Mais ce dernier ne l’avait jamais reconnue, lâche comme il était. Il avait promis monts et merveilles à la mère de Gemma mais dès qu’elle était tombée enceinte, il était parti. Ça te dégoûtait. Tu le détestais, il te faisait pitié. Tu aimais passer du temps chez Gemma et sa mère, tu t’y sentais bien, c’étaient des moments où tu pouvais reprendre ton souffle. Pourtant, malgré ces moments de grâce, tu ne t’étais plus sentie de vivre à Milan… Pourtant tu adorais l’Italie, la convivialité des italiens mais tu étouffais au milieu de ceux qui étaient censés être ta famille… Tu devrais prendre le large… C’est ce que tu avais fait… Peut-être était-ce égoïste de ta part, pour Gemma, mais tu n’avais pas pu faire autrement… En réalité, tu n’avais pas vraiment réfléchi… Tu avais simplement écouté ton cœur…

Ce matin-là, en te préparant à aller au travail, tu avais pensé à Gemma… Ça faisait tellement longtemps… A quoi ressemblait-elle dorénavant ? Sans aucun doute avait-elle toujours ses magnifiques yeux que tu avais toujours admiré. Que penserait-elle si elle était au courant de tout ce qui t’étais arrivé, des années sombres de ta vie ? Tu n’osais même pas l’imaginer… Tu chassais vite ces idées de ta tête… Tu devais te concentrer… Tu travaillais aujourd’hui aux urgences pédiatriques, en remplacement… Tu avais hâte… Tu n’y avais encore jamais travaillé mais tu aimais la découverte… Et puis tu aimais ton travail, tu avais toujours eu le contact facile avec les enfants et tu ne te voyais tout simplement pas exercer un autre travail… Que serais-tu devenue si cet ange gardien n’était pas venu te sortir de l’enfer ? Il t’avait aidée, pas après pas, étape après étape et il était toujours là aujourd’hui, il gardait un œil bienveillant sur toi, tu le savais et c’était grâce à lui que tu avais l’opportunité de t’enrichir autant en découvrant d’autres services à l’occasion de remplacements. Bien entendu, tu avais une place stable dans un hôpital de jour en service d'hépatologie pédiatrique mais tu n’avais pas envie de tomber dans la routine pour le moment, tu avais envie de profiter de toutes les occasions qui t’étaient données afin de découvrir le plus de choses possibles, de t’enrichir…

La matinée était rude… Il y avait beaucoup de monde et tu courais dans tous les sens pourtant, tu gardais toujours le sourire aux lèvres… Tu prenais le temps quand il le fallait… Tu n’aimais pas cette impression d’être prise par le temps… Tu n’aimais pas avoir l’impression de ne pas pouvoir prendre le temps nécessaire pour effectuer un soin… Au contraire, tu aimais prendre le temps de nouer une relation de confiance avec les patients et leurs familles, de parler avec eux, de les écouter, d’être bienveillante, de les rassurer quand nécessaire… Alors que tu te rendais dans un autre service pour récupérer en urgence un dossier, tu ne t’attendais pas à tomber sur… Gemma… Mais que faisait-elle là ? Quand tu entendis une voix t’appeler, une voix que tu reconnus entre mille, tu cru d’abord avoir rêvé, que ton imagination te jouait des tours… Tu ne t’étais donc pas retournée de suite… Tu avais fini par te retourner, plusieurs instants plus tard et par croiser ce regard qui t’avait tant manqué… Tu manquas de rater une respiration tellement la surprise était grande… Tu avais envie de la prendre dans tes bras mais tu te retins, ça serait surement mal venu après tant d’années et puis Gemma devait tellement t’en vouloir… Tu baissas les yeux et vis qu’elle était enceinte… Tu osais alors lui sourire… Mais tu ne pouvais pas rester, pas maintenant, tu avais une urgence, on t’attendait à l’autre bout de l’hôpital… Après de longues et pesantes secondes de silence, tu finis par déclarer : « Gemma !.... Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas être à l’autre bout du monde ?... Ça fait tellement tellement longtemps et tu m’as manqué... Mais je ne peux pas te parler tout de suite, j’ai une urgence… Mais restes ici, je reviens, promis… » Et sans même attendre de réponse, tu t’en allais, tu fuyais une nouvelle fois… Mais un enfant était entre la vie et la mort, il fallait que tu y ailles… Ton cœur battait la chamade… Tu n’arrivais pas à y croire… Tu tremblais… Tu n’arrivais pas à faire le moindre geste… Tu étais tétanisée, tes pensées étaient obnubilées par Gemma… Tu ne voulais pas risquer de faire une erreur, tu devais passer la main quitte à te faire passer sur les doigts et rejoindre Gemma, tu avais bien trop peur qu’elle parte et que tu loupes l’occasion dont tu rêvais depuis tellement longtemps. Tu déclarais donc à ta collègue présente avec toi : « Tu peux t’occuper de mon patient s’il te plaît ? Tout le dossier est ici… J’ai quelque chose d’important à faire… Je suis désolée mais je reviens vite et après, si tu veux, je te ferai une partie de ton travail… Merci beaucoup » Après quoi, tu courus vers le service de maternité où tu avais rencontré Gemma… Tu avais encore peur que tout cela n’ait été qu’une illusion d’optique… Quand tu arrivais, elle n’était plus dans la salle d’attente… Tu demandais à la secrétaire si une certaine Gemma était encore là et elle t’apprit qu’elle était rentrée en rendez-vous… Tu décidais donc de l’attendre à la sortie de la salle d’examen histoire de ne pas la rater… Quelques minutes plus tard, elle sortit et la première chose que tu lui demandais est : « Tout c’est bien passé ? » Comme si toutes ces années n’étaient pas passées… Tu avais peur des questions qu’elle pourrait te poser pourtant, tu savais que vous devriez passer par cette étape. Puis, sachant que tu n’avais pas le choix, tu lui demandais, en italien : « Tu veux qu’on aille s’asseoir un peu, pour… parler ? »

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Lorsqu’elle la vit se retourner vers elle, Gemma crut qu’elle allait avoir un malaise. C’était vraiment Ruby ! Sa demi-sœur, sa confidente, elle était là ! À deux pas d’elle… Et pourtant, elle n’était plus capable de lui dire un mot… Elle était figée. Elle ne pouvait pas croire qu’elle l’avait retrouvé après tout ce temps… Elle avait tellement fait de sacrifice pour sa sœur alors qu’elle n’était pas sûre de la rencontrer qu’elle ne puisse pas croire qu’elle l’avait enfin retrouvé. Elle était toutefois consciente qu’Hazel avait beaucoup contribué à la réussite de ses recherches. C’était une de ses très bonnes amies. Lorsqu’elle avait découvert que c’était aussi une amie à Ruby, elle avait essayé de découvrir des choses sur sa sœur tout en restant subtile. Elle ne voulait pas lui demander directement d’organiser une réunion entre elles parce que Gemma voulait être seule avec Ruby lorsqu’elle allait la rencontrer. Elle voulait pouvoir lui faire part de ce qu’elle ressentait depuis son départ et elle savait qu’elle n’allait pouvoir le faire que si elle était seule avec elle. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle avait choisi de faire faire son suivie de grossesse à l’hôpital à la place de le faire à la maison des naissances avec une sage-femme. Depuis qu’elle était jeune, elle disait à tous ceux qui voulaient l’entendre qu’elle allait accoucher chez elle et qu’elle n’aurait pas besoin de se faire hospitaliser. Sauf que lorsqu’elle avait sût que sa sœur travaillait à l’hôpital de Memphis et qu’elle était infirmière à cet endroit, elle avait changé d’idée. Elle avait vu l’occasion de renouer avec elle. Son mari avait essayé de la faire changer d’avis parce qu’il avait eût droit à tout son discours sur le fait que les sages-femmes étaient les meilleures personnes pour faire naître un enfant et il ne comprenait pas pourquoi elle avait soudainement changé d’idée. Sauf qu’elle ne pouvait pas lui dire les raisons qui avaient motivé son changement d’avis parce que cela revenait à lui dire qu’elle ne l’avait marié que pour avoir la nationalité américaine. Elle lui avait donc dit que sa mère avait eût des difficultés lors de sa grossesse et que cela pouvait lui arriver. Il n’avait pas l’air très convaincu, mais il n’avait pas vraiment eût le choix de la laisser faire son suivie à l’hôpital de la ville…

Lorsqu’elle l’entendit Ruby lui parler, toute la colère et la tristesse qu’elle avait éprouvée pendant toutes ces années sans elle remonta. Elle pensait avoir passé par-dessus tout cela, mais non. C’était le contraire. Le fait de la voir en chair et en os faisait remonter toutes les émotions qu’elle avait réussi à atténuer avec le temps… Elle se rendit alors compte que son côté rancunier ressortait même si c’était elle qui avait fait les efforts pour essayer de la retrouver. Puis, elle n’eut même pas le temps de lui parler qu’elle se retournait et s’en allait ailleurs. Elle avait bien entendu ce qu’elle lui avait dit. Elle lui avait dit de rester là, elle reviendrait dans quelques minutes. Sauf qu’elle ne parvenait pas à la croire. Elle ne parvenait pas à s’enlever de la tête qu’elle allait encore la laisser tomber. Qu’elle se sauvait à la course, qu’elle ne voulait pas la retrouver. Elle se mit alors à s’imaginer que Ruby ne voulait pas la retrouver, qu’elle s’était enfuie de l’Italie parce qu’elle n’était pas capable de lui dire qu’elle ne voulait plus d’elle. Gemma sentit alors une grande tristesse s’emparer d’elle… Elle avait le goût de pleurer toutes les larmes de son corps. Déjà qu’elle pleurait toujours depuis qu’elle était enceinte à cause de ses hormones… En plus, il y avait cet imbécile de médecin qui était encore en retard dans ses rendez-vous et qui la faisait attendre alors qu’elle avait la vessie pleine et qu’elle n’avait qu’une envie : vider sa vessie…

Puis, vint l’heure de son rendez-vous, mais surtout l’heure de la fin de celui-ci… Lorsqu’elle sortit de la salle, elle vit sa sœur qui parlait à la secrétaire, mais elle devait avant tout aller à la toilette si elle ne voulait pas uriner dans sa robe… Elle se fit donc discrète et se rendit à la salle de bain. Lorsqu’elle en ressortit, elle vit Ruby et qui l’attendait toujours. Peut-être s’était-elle trompée ? Peut-être que sa demi-sœur pensait autant à elle que le contraire était vrai ? Il n’y avait qu’une manière de savoir cela et c’était de lui poser la question. Sauf qu’elle avait peur de lui faire peur et qu’elle se sauve en courant. Elle s’approcha donc d’elle. Elle ne savait tellement pas quoi lui dire ! C’est alors qu’elle prononça les premiers mots. Gemma était contente, elle n’avait qu’à lui répondre. Ce n’était pas plus compliqué que cela… « Oui, tout va bien. Ma princesse est en parfaite santé. Je dois tout de même faire attention à mon diabète de grossesse… » Elle lui fit un petit sourire. Elle venait de lui annoncer comme cela qu’elle allait être tante d’une petite fille. Bon, c’était sûr que Ruby avait deviné qu’elle était enceinte. Après tout, elle avait la grosseur d’un cachalot. Sauf qu’elle venait de lui annoncer que c’était d’une petite fille qu’elle allait accoucher… Lorsqu’elle l’entendit lui demander d’aller s’asseoir avec elle pour discuter, Gemma ne répondit pas par la négative. Elle ne voulait plus jamais se séparer d’elle. De plus, elle avait affreusement mal au dos. Elle n’en pouvait donc plus d’être debout comme cela…

Tout le long du chemin vers la cafétéria de l’hôpital, Gemma ne dit pas un mot. Elle avait peur d’exploser. De lui dire à quel point elle lui avait fait mal, à quel point elle était fâchée contre elle. Sauf qu’elle ne pouvait pas lui faire cela. Elle devait rester calme. Elle ne voulait tout de même pas lui faire peur et qu’elle se sauve encore en courant… Elle réfléchit donc à ce qu’elle allait dire. Puis, le moment fatidique arriva… Elles étaient maintenant assises l’une devant l’autre. Elle lui fit un petit sourire. « Comment tu vas toi ? » Elle avait opté pour quelque chose de simple… Les choses sérieuses allaient venir bien assez vite…

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" Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. " (grey's anatomy)

Si on t’avait dit ce matin-là que tu allais revoir Gemma, que cette dernière allait venir à ta rencontre, tu ne l’aurais pas cru, pas une seule seconde. Pourtant, maintenant c’était fait et tu n’y croyais toujours pas. Tu croyais avoir vu un mirage et tu t’étais enfuie, une nouvelle fois. Certes, un petit patient t’attendait et ça devait être ta priorité mais au fond de toi, tu étais morte de trouille… Tu ne pouvais plus reculer… Tu avais promis à Gemma que tu reviendrais et tu le ferais, tu n’étais plus une petite fille, tu devais tenir parole. Tu le lui devais bien. Tu ferais face à tes responsabilités… Mais auparavant, tu devais aller t’occuper de ce petit patient. C’est ce que tu avais fait… Mais Gemma occupait dorénavant toutes tes pensées. Des tas de questions se bousculaient dans ta tête et tu n’arrivais pas à te concentrer… Tu étais comme paralysée… Tu avais donc passé la main, il ne manquait plus que tu fasses une erreur, ta pire phobie. Tu étais donc repartie dans le service où tu avais vu Gemma : la maternité. C’était le mieux à faire, pour toi, pour les patients, pour Gemma aussi peut-être, tu avais tellement peur qu’elle parte mais tu savais qu’elle ne l’aurait pas fait… Elle avait toujours été là pour toi, c’est toi qui étais partie, c’est toi qui l’avait abandonnée… Pour venir aux États-Unis… Tu aurais tellement voulu la prévenir mais tu avais peur, peur de ses questions, peur qu’elle te retienne, peur des adieux. Tu détestais les adieux. Tu aurais tellement voulu l’emmener avec toi mais tu n’avais pas le droit, pas le droit de l’enlever à sa mère et puis, à l’époque, elle n’avait que seize ans. Quand tu voyais où tout cela t’avait menée, tu avais quelques regrets… Tu ne regrettais pas d’avoir réussi à devenir infirmière puéricultrice, tu ne regrettais pas d’avoir rencontré certaines personnes comme ce chef de service qui t’avait sorti de l’enfer, tu ne regrettais pas d’avoir retrouvé Aubrey, ta cousine mais tu regrettais d’être tombée dans l’alcool, dans la drogue, dans la prostitution pendant deux années entières tout ça à cause d’un chagrin d’amour et tu regrettais aussi de savoir que Gemma devait te détester. Ton cœur battait plus vite au fur et à mesure que tu t’approchais du service de maternité. Tu connaissais le chemin par cœur… Tes pas te menaient à travers les couloirs sans même que tu ne t’en rendes compte… Tu avais fait ce chemin tant de fois mais cette fois, tout était différent, tu te souviendrais sans doute à tout jamais de ce jour. Étais-tu prête à répondre aux questions de celle que tu considérais comme ta seule sœur ? Étais-tu prête à faire face à ses reproches ? Tu n’en savais rien mais tu ne pouvais pas fuir, pas cette fois. Tu ne le ferais pas, pas une nouvelle fois.

Elle était enceinte. Ça te faisait bizarre. Alors comme cela, tu allais être tante ?... Et très bientôt, sans aucun doute jugeas-tu au vu de la taille du ventre de Gemma… Elle était magnifique cependant, tu l’avais toujours trouvée belle… Tu avais commencé la conversation… Tu te sentais terriblement idiote dans tes questions mais tu ne savais pas quoi dire d’autre… Tu n’avais pas envie de mettre les sujets hostiles sur table, pas maintenant, pas devant tout le service… Tu avais donc proposé à Gemma d’aller s’asseoir… Elle avait accepté et vous vous étiez donc dirigées, ensemble, vers la cafétéria. Gemme t’avait appris qu’elle attendait une petite fille et tu n’avais pas pu t’empêcher d’afficher un sourire. Tu étais sûre qu’elle ferait une excellente mère. Tu espérais secrètement que tu pourrais jouer ton rôle de tante auprès de cette petite fille, mais tu savais également que peut-être que Gemma ne voudrait pas, après tout, tu l’avais fait souffrir. Et tu accepterais ses reproches et ses décisions après tout, tu le méritais. Vous marchiez l’une à côté de l’autre mais ni l’une ni l’autre ne parlait… Un poids régnait entre vous, vous le sentiez l’une comme l’autre. Le poids des non-dits, le poids de tout ce que vous devrez déballer un jour ou l’autre, que ce soit douloureux ou pas… Soudain une certitude te vint en tête : tu ne devais pas lui parler de tes années noires, certainement pas, surtout pas aujourd’hui… Parfois le mensonge valait mieux… Tu n’avais pas envie de faire face au jugement de Gemma… Tu te sentais déjà bien assez minable, honteuse. Elle ne devait pas savoir… Pas pour l’instant, un jour, peut-être mais tu n’avais pas envie de te souvenir de tout ça même si ça te collait à la peau, encore et toujours, que tu y pensais chaque soir en t’endormant et chaque matin en te réveillant.

Sur le chemin de la cafétéria, tu croisais certains collègues de tel ou tel service que tu saluais poliment… Tu n’avais pas beaucoup de temps… Mais tu voulais malgré tout prendre le temps, pour Gemma, elle le méritait. Avait-elle fait tous ces kilomètres pour te retrouver ? Ou bien était-ce un malicieux coup du hasard ? Tu n’en savais rien… Mais tu savais que tu prendrais le temps qu’il fallait aujourd’hui, quitte à faire des heures supplémentaires… Tu te sentais ridicule avec ta blouse blanche en face de Gemma, tu avais l’impression que cela rajoutait encore une certaine distance entre vous mais tu ne pouvais pas faire autrement… Tu aurais tellement voulu pouvoir la prendre dans tes bras mais ça te paraissait totalement déplacé… Tu ne pouvais pas faire comme si de rien n’était, comme si ces huit ans n’étaient rien… Tu t’assis donc en face d’elle, ton cœur battant encore un peu plus vite dans ta poitrine. Ce moment te paraissait tellement irréel, même dans tes rêves les plus fous, tu n’aurais pas pu l’imaginer. Gemma te demandas comment tu allais et tu ne trouvas rien d’autre à répondre qu’une réponse totalement, ridiculement banale : « Je vais bien. De toutes les manières, il faut bien faire aller… Et toi comment vas-tu ? Et ta maman ? Je suis très contente pour toi pour la naissance de ce bout de chou bientôt… Alors comme ça tu t’es mariée ? Gemma Kepner… Je trouve que ça sonne bien » C’est la secrétaire qui t’avais appris son nom lorsque tu avais demandé si elle savait où se trouvait une certaine « Gemma ». Tu osais adresser à ta ~~demi~~-sœur un petit sourire. Puis tu décidais de passer aux choses sérieuses parce que tu savais qu’il fallait que ça arrive, parce que tant qu’à faire, autant le faire tout de suite… Tu ne savais pas si tu étais prête ou pas à encaisser tout ça… Mais tu n’avais pas le choix, il faudra bien que tu sois prête. Tu repris donc, en italien car tu n’avais pas envie que des oreilles indiscrètes puissent entendre ce que tu disais : « Gemma… Je suis tellement désolée… Tu m’as manqué… Et je ne te mens pas… Crois-moi… Je ne voulais pas tout ça pourtant, j’y ai consenti, pleinement… Et une fois que c’était fait, je ne savais plus comment faire pour revenir en arrière … J’avais la trouille… J’ai été égoïste. Tu peux me détester autant que tu veux, m’en vouloir, je le mérite… Mais saches juste que je n’ai jamais cessé de penser à toi…»

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Gemma ne parvenait pas à dire si elle était heureuse d’avoir enfin trouvé sa sœur. Elle avait tellement fait de démarche, elle avait tellement passé de temps à essayer de la revoir un jour… Elle ne pouvait pas être fâchée maintenant ! Elle ne devait pas avoir de sentiment négatif… Non, elle devait être heureuse de l’avoir maintenant face à elle. Pourtant, elle en était incapable. Toute la souffrance des dernières années lui remontaient à la gorge. Elle n’avait qu’une envie et c’était de lui cracher à la figure. De lui rendre la monnaie de sa pièce. De la faire souffrir autant qu’elle avait souffert par sa faute. Sauf qu’elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de l’amour. Elle ressentait un immense amour pour sa sœur. Elle ne pouvait s’empêcher de vouloir la garder près d’elle pour le restant de sa vie. Elle avait des sentiments contradictoires l’un à l’autre et elle ne parvenait pas à faire le ménage de tout cela. Elle ne parvenait pas à tasser les négatifs pour que les positifs prennent le dessus. Non. Elle se dit qu’elle allait devoir lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Elle savait que tant qu’elle ne lui en parlerait pas, elle l’aurait toujours sur le cœur et qu’elle ne pourrait pas profiter pleinement de sa présence. Non, elle ne pouvait pas laisser les sentiments négatifs prendre le dessus… Il fallait qu’elle les fasse disparaître le plus vite possible.

Puis, elle te parla de ta mère. Ta merveilleuse mère qui était resté à l’autre bout du monde. Elle se perdit dans ses pensées. Ruby lui avait tellement fait de mal à elle aussi. Sa mère s’était toujours montrer forte face à elle, mais avec les années à côtoyer la fille de son ex-amant, elle en était venue à la considérer quasiment comme sa propre fille. Elle l’avait accepté et elle l’avait adopté. Elle avait fait du mieux qu’elle pouvait pour protéger Gemma, pour essayer d’apaiser sa peine, mais elle n’y avait pas parvenu. Sa peine à elle s’était apaisée, mais Gemma le savait trop bien que sa mère était encore en deuil de l’avoir vu disparaître. La jeune brune l’entendait prononcer le nom de sa sœur dans son sommeil. Elle savait que lorsqu’elle allait lui annoncer qu’elle l’avait retrouvé, elle allait fondre en larme. Elle savait aussi qu’elle allait vouloir venir aux États-Unis et la rencontrer. De toute manière, elle avait prévu un voyage d’un mois dans environ trois semaines pour pouvoir assister à son accouchement et pour pouvoir l’aider dans les premiers pas dans son rôle de mère. Puis, elle l’entendit prononcer son nouveau nom de famille. Elle se raidit. Est-ce qu’elle avait gardé un œil sur elle sans jamais lui parler directement ? Elle espérait vraiment que ce n’était pas le cas parce que sinon, elle allait avoir beaucoup de difficulté à accepter son silence alors qu’elle savait exactement elle était où. Elle espérait aussi qu’elle ne soit pas au courant de sa supercherie. Elle devait la convaincre, comme elle avait dût convaincre tout le monde autour d’elle, qu’elle aimait son mari. Elle devait lui faire comprendre qu’elle était follement amoureuse de lui et qu’elle s’ennuyait beaucoup de lui, qu’elle souffrait de son absence. Sauf que Gemma savait que c’était le contraire. Elle souffrait de sa présence. Elle appréciait beaucoup celui qu’elle avait marié, elle ne pouvait pas dire le contraire, mais elle avait de la difficulté à avoir des moments d’intimité avec lui. Il n’était pas celui qu’elle avait rêvé de marier. Elle ne voulait pas passer sa vie avec ce genre d’homme… Sauf qu’elle savait qu’elle allait devoir le supporter le plus longtemps possible. Maintenant, ils avaient un enfant ensemble. Gemma devait donc la protéger de tous les malheurs… Si elle divorçait, elle manquerait son rôle de mère… Elle savait qu’elle la ferait souffrir… « Je vais bien aussi. J’attends une merveilleuse petite fille et je suis mariée à un homme qui est vraiment attentionné. Il est militaire. Maman va bien. Ce n’est pas évident à vivre par exemple la distance… Elle arrive ici dans trois semaines à peu près. Peut-être tu voudras la revoir ? Je sais de source sûre que tu lui manque… » Puis, elle fixa ses yeux directement dans ceux de sa sœur. Elle voulait lui faire voir qu’elle avait semé la pagaille partout autour d’elle. Elle ne lui en voulait pas d’être partie. Non. Elle ne pouvait tout de même pas lui en vouloir d’avoir quitté une famille aussi désagréable… Elle lui en voulait de ne pas lui avoir donné de nouvelle. Est-ce que c’était si dure que cela d’écrire des lettres ? De parler au téléphone…

Puis, la discussion qu’elles repoussaient depuis quelques minutes arriva. Elles devaient se parler de ce qu’elles ressentaient pour que cela puisse aller mieux entre elles. Pour que tout redevienne comme avant et qu’elle retrouve sa sœur pour de bon. Lorsque Ruby commença à s’excuser, les larmes montèrent dans les yeux de Gemma. Elle ne voulait pas pleurer, elle s’en voulait beaucoup de laisser les larmes s’échapper. Sauf qu’elle le savait déjà d’avance que cela allait arriver. Avec les hormones, elle avait l’habitude de pleurer pour rien. C’était donc à prévoir qu’elle allait pleurer à ce moment-là. Elle écouta les excuses de sa sœur. Elle était quand même soulagée qu’elle lui permette d’être fâché contre elle. Elle avait senti un gros poids descendre de ses épaules. Elle se mit donc à lui parler en italien. « Ruby. Je comprends que tu sois parti. Tu avais le droit de quitter cette famille ! Mais je t’en veux énormément de ne pas m’avoir averti, de ne pas avoir donné de nouvelle. Merde Ruby, j’ai cru que tu étais morte ! Il n’y a pas un matin où je n’ai pas pensé à toi. Tu penses que j’ai réagi comment moi quand j’ai été cogné chez toi et qu’ils m’ont dit que tu étais parti depuis plusieurs mois ?! J’étais sûre que c’était à cause de moi que tu étais partie, que tu ne voulais plus me voir. » Elle laissa alors libre court à ses larmes. On aurait dit un film dramatique. Elle essayait vraiment de ne pas parler trop fort, sauf que ses racines italiennes étaient fortes. Elle se laissait emporter et le ton montait. Elle voulait tellement faire comprendre à sa sœur qu’elle avait tout fait pour la retrouver. Qu’elle l’avait aimé, qu’elle l’aimait encore et qu’elle l’aimerait toujours. « Ruby, j’ai déménagé ici pour te retrouver. Mon mari a une maison en Italie, j'aurais pu continuer à habiter là-bas avec lui... J’ai rencontré une américaine par hasard en Italie et lorsque j’ai déménagé, j’ai appris qu’elle te connaissait. J’ai appris que tu travaillais ici. Il n’y a pas un moment passé dans cet hôpital sans que j’aie essayé de te trouver. Tu comprends que je devais te retrouver ? Je devais m’assurer que tu vas bien. » Elle prit une grande inspiration. « Tu ne comprends pas à quel point tu me manque Ruby… Je n’en peux plus d’être loin de toi… » Pour elle, c’était comme une déclaration d’amour. C’était pire que lorsqu’elle avait dit à son mari qu’elle l’aimait. C’était le moment où tout pouvait basculer… C’était le moment où Ruby décidait si elle voulait réapprendre à la connaître ou si elle disparaît encore une fois, mais pour toujours…

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Le début d'une nouvelle histoire...

" Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. " (grey's anatomy)

L’hôpital était une vraie fourmilière. Tu le savais pour y travailler au quotidien… Tu te rappelais encore les premiers jours que tu avais passés ici, tu te souviens encore t’être perdue dans les couloirs, à de nombreuses reprises. Et pourtant, tu ne pouvais pas nier que les services étaient plutôt bien indiqués. Cela n’empêchait cependant pas les couloirs de l’hôpital de pouvoir devenir un véritable labyrinthe pour quiconque n’y étant pas initié. La cafétéria, en particulier, était un lieu de passage abondant, peut-être pas le meilleur lieu pour les confidences cependant, c’était ici que vous vous étiez installées, Gemma et toi. Tu avais à cœur de tenter de t’enfermer dans ta bulle, avec Gemma malgré le va et viens incessant… L’utilisation de ta langue maternelle était une bonne méthode à cela. Tu parvenais à te couper un peu de l’univers qui t’entourait… Tu n’oubliais cependant pas que tu étais censée être au travail, que c’était ton temps de travail et que tu ne pouvais t’absenter trop longtemps de ton service, d’autant plus qu’il s’agissait aujourd’hui des urgences et que tu savais bien à quel point elles peuvent s’engorger en quelques secondes à peine… Tu ne voulais pas mettre tes collègues dans la difficulté, tu ne voulais pas non plus que Gemma aie l’impression que tu ne lui accordes que trop peu d’importance, après tout le chemin que tu devinais qu’elle avait fait. Tu te retrouvais donc face à un véritable dilemme. Comment répondre à ces deux exigences ? Tu ne savais pas vraiment mais tu allais faire du mieux que tu pouvais… Ou du moins tu allais essayer.

Te retrouver face à Gemma faisait remonter en toi des tas de souvenirs, de bons souvenirs. Tu te retrouvais tout à coup une dizaine d’années en arrière, en Italie… Tu te souvenais de ces après-midi passés avec ta demi-sœur ou rien ne comptait à part les bons moments que vous passiez toujours ensemble. Et tout à coup une évidence te frappa : tu avais été cruelle. Comment avais-tu pu faire ça ? L’abandonner ? Abandonner la seule personne qui n’ait jamais compté pour toi, la seule à qui tu ne te sois jamais confiée étant plus jeune. Tu te rendais compte de tout cela clairement dorénavant. Tu avais agis sur un coup de tête, tu avais cru faire ce qui était le mieux à faire mais tu avais eu tort, certainement. Mais tu ne voulais pas revenir sur ce passé, pourtant, tu savais que tu devrais le faire. Tu entendrais les reproches de Gemma mais, tu ne voulais pas rester sur ça encore et encore… Tu voulais essayer d’aller de l’avant, si Gemma le voulait bien également. Tu savais que le temps perdu ne pourrait jamais être rattrapé mais tu espérais pouvoir retrouver une place dans la vie de ta demi-sœur, si elle te l’accordait, bien entendu. Tu n’avais pas l’habitude de te surprendre à laisser couler tes larmes, tu avais pris l’habitude d’être forte mais entendre Gemma parler de sa mère te toucha énormément. Cette femme était devenue comme ta mère. Oui, elle et Gemma sont devenues dans ton cœur ta famille, ta seule famille… Tu te rendais compte soudainement qu’en arrivant aux États-Unis, tu avais voulu tenter de reconstruire cela avec Aubrey, ta cousine et sa mère, tu avais voulu te sentir un peu moins coupable d’avoir abandonné Gemma et sa mère en Italie alors tu étais devenue pour Aubrey, malgré votre grande différence d’âge, comme une sœur. Mais jamais oh non, jamais elle n’avait pris la place de Gemma dans ton cœur. Jamais elle n’avait pu réduire la culpabilité qui te rongeait même si tu partageais avec elle un lien très fort, même si elle aussi, tu l’appréciais comme une sœur. Après un silence, tu finis par répondre à la remarque de Gemma : « Si je veux la revoir ? Bien entendu. Ça me ferait tellement plaisir… Et je suis contente pour toi, pour ton mariage et pour cet heureux évènement qui t’attend… J’aurais tellement voulu être auprès de toi pour vivre tout cela… »

Puis les choses sérieuses arrivèrent, parce que tu ne pouvais pas les repousser indéfiniment, parce que le poids des non-dits ne pouvait pas régner encore comme cela entre vous, parce que tu savais qu’il fallait passer par là, que tu n’avais pas le choix et que dans ce cas, autant le faire rapidement. Les paroles de Gemma te firent mal au cœur… Les entendre sortir de sa bouche, entendre à quel point tu lui avais fait du mal te donnèrent envie de hurler, contre toi-même… Mais ce qui te fis le plus de mal, ce furent les larmes de Gemma… Ces larmes sortant de ces si beaux yeux. N’y tenant plus, tu osas poser une main sur le bras de celle que tu considérais comme ta sœur. Tu ne cessais de la regarder dans les yeux… Tu acceptais toutes ses remarques, sans exception. « Je ne peux pas savoir ce que tu as ressenti Gemma, parce que je n’ai pas été à ta place, parce que c’est moi qui me suis enfuie comme une lâche sans rien dire mais j’ai eu la trouille, la trouille que si je te disais quelque chose, je n’aie plus le courage de partir, la trouille des adieux… Je ne voulais pas te voir triste, c’est égoïste je sais parce que ce que je t’ai infligé est bien pire… J’ai voulu t’écrire, crois-moi, mais je n’ai pas eu le courage d’envoyer ces foutues lettres et plus le temps passait plus je me disais que ça ne servait à rien… J’espérais secrètement que tu m’oublies même si moi je ne cessais de penser à toi… Et puis il y a eu des choses que j’ai vécues ici et qu’il vaut mieux que tu ne saches jamais, crois-moi… Je ne suis pas partie à cause de toi Gemma, au contraire, tu aurais été la seule personne qui aurait pu être capable de me retenir là-bas, malgré tout… J’aurais fait n’importe quoi si tu me l’avais demandé et c’est pour ça que je ne t’ai rien dit car je pensais que tu m’aurais suppliée de rester et je l’aurais fait… » Tu appris que Gemma n’avait cessé de te chercher. Ta main toujours posées sur le bras de Gemma commençait à trembler… Le trop plein d’émotions en toi s’exprimait ainsi. Ainsi depuis huit ans elle te cherchait sans relâche ? Et toi qu’avais-tu fait ? Rien. Tu avais juste espéré qu’elle t’oublie tout en sachant pertinemment que ce ne serait jamais le cas. Tu étais minable. A ce moment-là, tu laissas échapper une larme… Parce que tu ne pouvais les retenir indéfiniment en toi… Tu essayais de calmer ton rythme cardiaque avant de reprendre, plus calmement : « Tu m’as manquée aussi… Terriblement… Et si tu le veux, si tu veux de moi à tes côtés, je te promets d’être présente, pour toi, je te promets de ne plus jamais faire la même erreur… Je te promets d’être celle que j’aurais toujours dû être pour toi : une sœur dans les bons comme dans les mauvais moments… Je comprendrais que tu aies besoin de temps avant de me faire de nouveau confiance, de temps pour digérer tout ça mais j’avais besoin de te le dire, besoin que tu l’entendes… Parce que tu es ma sœur, et que je t’aime même si je sais tout le mal que je t’ai fait et que j’aurais voulu ne pas te faire… Mais je ne peux plus rien faire contre ça, c’est du passé… Par contre, je sais que je peux faire quelque chose pour le futur et c’est pour ça que je te dis tout ça…»

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In my dreams you're with me

G emma regardait Ruby et elle se dit qu’elle était vraiment belle. Elle l’avait toujours trouvé magnifique avec ses cheveux bruns, mais le blond lui faisait bien quand même. Elle était quand même un petit peu triste parce qu’elles se ressemblaient beaucoup moins depuis qu’elle avait changé sa couleur. Gemma avait toujours trouvé que, même si elles n’avaient pas le même père, elle se ressemblait étonnamment. Elle avait toujours pensé qu’elles avaient le même nez et que la petite fossette sur leur joue droite était à la même place sur chacun de leur visage. Lorsqu’elles étaient ensemble, les gens leur demandaient souvent si elles étaient sœurs. Le fait qu’elles se ressemblent autant même si elles n’avaient pas la même mère la surprenait vraiment. C’était écrit dans le ciel qu’elles devaient passer leur vie ensemble.

Lorsque Ruby lui mentionna qu’elle voulait revoir sa mère, cela lui fit chaud au cœur. Elle se rendit compte qu’elle voulait vraiment faire des efforts pour revenir dans sa vie. Elle se dit que se cela n’avait pas été le cas, elle se serait trouvé des raisons pour ne pas avoir à la recroiser. C’était sûr que lorsque sa mère allait la voir, elle allait lui sauter dessus, la serrer dans ses bras, parler fort, pleurer et lui mentionner quelques fois par minutes qu’elle lui avait beaucoup manqué. Sa mère était une vraie mère italienne. Elle était remplie d’amour et elle n’hésitait pas à en donner le plus que le pouvait. De plus, elle était sûre et certaine qu’elle allait lui faire un de ses fameux tiramisu. Lorsque les deux filles étaient ensemble, elles lui demandaient toujours de leur faire un de ces desserts. Celui de sa mère était de loin le meilleur. Elle savait donc de source sûre que sa mère allait vouloir tout faire pour que Ruby reste dans leur vie pour toujours et qu’elle allait essayer de l’attraper par son estomac. En ayant cette pensée, Gemma eut un petit sourire. Elle adorait sa mère et elle avait vraiment hâte qu’elle arrive. Elle n’en pouvait plus de vivre loin d’elle… Une chance qu’elle venait passer un mois chez elle. Comme cela, les trois filles allaient pouvoir rattraper le temps qu’elles avaient perdu, loin l’une de l’autre.

Puis, sa sœur lui mit la main sur le bras. Gemma eut un frisson. Le contact physique avec sa sœur lui manquait. Elles se faisaient souvent des câlins lorsqu’elles étaient plus petites et cela lui manquait plus que tout au monde. Soudainement, elle lui mentionna qu’elle aurait voulu être présente dans tous les moments heureux qu’elle avait vécus. Gemma ne répondit rien. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle n’avait pas été tant heureuse que cela. Elle ne pouvait pas lui avouer qu’elle avait épousé un mari qu’elle n’aimait pas juste pour la retrouver… Non, elle devait garder cela pour elle. Elle ne pouvait pas non plus lui dire que le fait d’avoir tombé enceinte lui avait enlevé tout espoir d’un jour pouvoir divorcer. Maintenant qu’elle allait avoir un enfant, elle ne pouvait plus le faire pour ne pas que cet enfant vive dans la tristesse d’avoir des parents séparés. Non, elle devait garder tout cela pour elle. Peut-être qu’un jour, lorsqu’elle serait sur son lit de mort, elle pourrait lui dire, mais ce moment n’était pas près d’arriver.

Plus sa sœur lui disait qu’elle s’en voulait et qu’elle s’excusait, plus elle lui disait qu’elle lui avait manqué et qu’elle pensait à elle chaque jour, plus la haine de Gemma s’estompait. Elle avait le goût de recommencer à lui faire confiance comme c’était avant. Elle ne pouvait pas lui en vouloir toute sa vie. Elle n’avait pas fait tous ces efforts pour tout abandonner à cause de la rancœur. Non, elle devait lui redonner la place qu’elle n’avait jamais perdue. Elle devait aussi lui donner la chance d’être la merveilleuse tante qu’elle la savait capable d’être. C’était aussi l’une des raisons pour laquelle elle avait renforcit les démarches de retrouvailles, pour que sa petite fille connaisse sa seule tante… Elle renifla bruyamment et essuya ses yeux et ses joues avec ses mains. Elle devait cesser ses sanglots. Elle devait se contrôler et essayer de faire en sorte que le jour des retrouvailles soient le meilleur jour de sa vie. Après avoir essuyé ses mains sur sa robe, elle prit celle de Ruby. « Tu sait, tu es déjà tout pardonné. Si j’ai essayé de te retrouver, ce n’était pas pour te repousser par la suite… Je veux que tu reviennes dans ma vie Ruby. Et ne t’inquiète pas, je ne te remettrai pas cet incident sur le nez pendant toute notre vie. Je juste retrouver notre belle amitié d’il y a une dizaine d’années… » La jeune italienne se permit même un petit sourire. Elle voulait que Ruby croie en ses paroles. Elle ne voulait pas qu’elle reste sur ses gardes tout le restant de ses jours. Non, elles devaient se faire confiance l’une et l’autre. « Et puis il y a une petite princesse va avoir de besoin de la présence de sa tante ! Après tout, tu es ce qui va la rattacher à ses racines italiennes avec moi. » Elle lui fit un sourire. Elle avait les joues rouges et les yeux pochés, mais elle avait réussi à contrôler ses sanglots et ses larmes. « Sinon, parle-moi de toi. Comme ça, tu es rendue infirmière ? Est-ce qu’il y a un beau-frère que je vais devoir rencontrer ? Un chien que je devrai garder lorsque tu partiras en vacances ? » Plus elle la bombardait de questions, plus elle réussissait à retrouver son calme. Elle était contente d’avoir sa sœur pour elle. Puis, elle se rendit compte qu’elle était sur son lieu de travail, elle avait probablement autre chose à faire que de papoter avec sa sœur… « Excuse-moi, je comprendrais si tu n’avais pas le temps de parler… »

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" Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. " (grey's anatomy)

Tu avais peur. Peur de faire à Gemma encore plus de mal que ce que tu ne lui avais déjà fait… Au fond, tu ne savais pas si tu étais une bonne chose, pour elle et pour la petite fille qu’elle attendait… Tu ne te sentais plus digne de rien, pas après ces deux années de prostitution, de drogue et d’alcool. Tu avais tellement honte. Tu aurais tellement voulu les supprimer, revenir en arrière et tout effacer… Mais tu ne le pouvais pas… Et tu ne pouvais pas non plus vivre sans Gemma, pas maintenant que tu l’avais retrouvée… Ton cœur se gonflait de joie à l’idée que peut-être, tu n’aurais plus jamais à vivre loin d’elle… Il se gonflait également à l’idée de revoir sa mère… Sa mère qui était devenue comme une mère pour toi. Et dire que tu avais passé dix années loin d’elles… Quelle perte de temps… Ça te rendait triste de voir Gemma pleurer… à cause de toi… Mais plus le temps avançait, plus tu ne savais distinguer si ces larmes étaient des larmes de tristesse, de joie, de soulagement… Peut-être était-ce tout cela à la fois ? Tu avais envie de la prendre dans tes bras mais quelque chose te bloquait encore, tu ne savais pas quoi… Puis tu l’entendis te dire que tu étais déjà toute pardonnée et la pression qui s’était accumulée depuis le début de votre entrevue retomba d’un coup en toi, tu ne pus t’empêcher de laisser échapper un soupir. Alors, tu serrais un peu plus fort entre tes mains celles de Gemma. Elle te pardonnait. Alors comme cela, elle te laisserait une place dans sa vie ? Tu ne savais pas si tu méritais cela, tu ne savais pas si un jour tu parviendrais à te pardonner à toi-même de l’avoir abandonnée. Mais tu étais sûre d’une chose : tu allais essayer de mériter cette place, essayer d’être la sœur que tu aurais toujours dû être pour Gemma. Tu lâchais un instant les mains de Gemma pour sortir un stylo et un papier de ta poche. Tu y écrivis ton numéro de téléphone avant de faire glisser le papier vers celle qui était comme ta petite sœur : « Tu peux m’appeler quand tu veux Gemma, entendu ? A toutes heures de la nuit et du jour… Je serai là pour toi… Promis. Je ne partirai pas. Je t’aime, Gemma » Et à ton tour, tu osais lui adresser un sourire, un sourire qui te fit chaud au cœur avant de demander : « La petite princesse que tu attends a déjà un prénom ? » Il fallait que tu ailles lui acheter des cadeaux, très vite… Tu voyais bien que la naissance n’allait plus tarder… Et tu étais bien décidée à tenir ton rôle de tante du mieux que tu le pourrais…

Puis vint la question de ce que tu avais fait de ces dix ans… Tu la regardais dans les yeux avant de commencer ton récit… Tu savais bien que tu allais lui mentir, sur deux années entières de ta vie… Tu ne pouvais pas lui dire ça, du moins, pas maintenant, tu ne pouvais pas lui parler de Mason non plus car si tu en parlais tu devrais parler de la prostitution également, de ton cœur brisé, en mille morceaux, à tout jamais… Tu ne voulais pas qu’elle fuie… « Devenir infirmière ? C’était une évidence pour moi… Quand je suis arrivée ici, ça a été difficile, en tant qu’étrangère. Mais je ne suis pas venue ici pour rien… C’est Aubrey, une cousine et sa mère qui m’ont accueillie… J’ai travaillé un peu dans leur restaurant italien en échange d’ailleurs, il faudra absolument que tu fasses la rencontre d’Aubrey… Puis j’ai été fille au pair dans une famille… J’ai appris l’anglais et je suis entrée à l’école d’infirmière… Les études ont été un vrai rêve… Mes résultats m’ont permis d’obtenir la double nationalité plus rapidement… Aujourd’hui, je suis infirmière puéricultrice… Officiellement, j’ai une place stable en hôpital de jour pédiatrique en hépatologie mais je touche un peu à tout, la chirurgie pédiatrique, les urgences, la néonatalogie… J’aime découvrir… Alors je dis oui à toutes les opportunités qui peuvent m’être proposées… Quant au beau-frère, non il n’y en a pas… Je ne suis pas sûre qu’il y en ait un un jour… Peut-être ne suis-je pas faite pour ça ? Mais par contre il y a un chat, un adorable chat… Une vraie peluche pour moi…» A ce moment-là, ton bip se mit à sonner : une urgence… Tu avais envie de l’envoyer balader… Tu ne voulais pas que ce moment avec Gemma prenne fin… En réalité, tu avais encore peur que tout cela ne soit qu’un mirage pour toi, tu n’arrivais toujours pas à y croire. Tu finis par dire : « J’ai hâte Gemma… Hâte de rencontrer tous les gens qui font ta vie maintenant, ton mari, cette princesse que tu attends… Tu seras une excellente mère… » Tu serrais sa main un peu plus fort dans les tiennes avant de dire à contrecœur : « J’ai une urgence qui m’attends… Je dois y aller... Mais promets-moi qu’on va se revoir très vite, s’il te plaît… » Tu te levais tout comme Gemma et n’y tenant plus, tu allais la prendre dans tes bras et tu la serrais très fort, pas trop non plus, tu ne voulais tout de même pas lui faire mal… Tu pris ensuite son visage entre tes mains avant de sécher les larmes qui ornaient encore ses joues avec tes doigts puis de déposer un baiser sur son front.

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