En pleine journée, c’est le temps idéal pour aller faire une petite randonnée à cheval. Parce que la majorité des gens travaillent et que j’ai la paix. Normalement je travaillais aussi de jour mais aujourd’hui, c’était ma journée de congé. Je voulais donc en profiter pour aller faire une petite balade avec Fakir, histoire de le désensibiliser face aux voitures. Depuis qu’il est foncé dans une alors qu’il ne regardait pas où il allait, il a une peur bleue de celles-ci ce qui n’est pas pratique si j’ai besoin de l’utiliser pour de jeunes enfants. Ces moments de solitude étaient parfois bien utiles puisqu’ils me permettaient de réfléchir. Sauf que dernièrement, ça me donnait un peu trop de temps pour penser à Lisa à mon goût. Je ne l’avais pas revenue depuis qu’elle avait décidé de mettre un terme à ce qui se passait entre-nous. Ça me faisait bizarre de ne plus la voir du tout alors que nous avions l’habitude de se voir assez régulièrement depuis que nous sommes hauts comme trois pommes. Sauf que maintenant que nous avions franchi la ligne de l’amitié, je n’étais tout simplement plus capable de nous imaginer comme étant de simples amis. J’avais goûté à plus et je n’avais certainement pas envie de l’écouter me raconter ses problèmes avec son mari après ce que nous avions vécu. Je l’aime mais il y a certainement des limites à ce que je suis prêt à endurer. Je ne pas encore rendue au point d’être autant sadique avec moi-même. Lisa n’était peut-être pas prête à prendre des décisions pour améliorer sa qualité de vie mais moi je l’étais.

Après une bonne heure de randonnées, je me décidai à reprendre le chemin qui rendait à la maison. J’étais assez satisfait du travail que nous avions fait pour la journée et je tenais à ce que nous terminions sur une bonne note. C’est arrivant près de la ferme, sur le rang, que je remarquai qu’une voiture était arrêtée près du petit chemin qui donnait vers notre propriété. Fakir regarda l’auto de travers mais il ne s’en éloigna pas trop pour autant. Je le félicitai en lui caressant l’encolure et je tournai vers la maison aussitôt que je dépassai la boîte à lettre. C’est là que j’aperçu une jeune femme, accompagnée d’un enfant, qui semblait un peu égaré. « Je peux vous aider? » Je demandai à Fakir de s’arrêter une fois à leur hauteur et je redescendis au sol. « C’est votre voiture? » dis-je en pointant par-dessus mon épaule en direction de la rue. Je baissai mes yeux sur le petit bonhomme qui se faisait tenir par sa mère. « Il est beau hein. » dis-je en faisant un signe de tête en direction de Fakir. C’était presque toujours unanime : les enfants adoraient majoritairement les animaux. Certains avaient un peu peur des chevaux, qui sont quand même assez impressionnants, mais ils aiment habituellement les admirer de loin, au moins. Réalisant que je ne m’étais pas présenté, je tendis ma main en direction de la jeune femme. « J’ai l’air malpoli. Je m’appelle Demetrius. » J’avais les mains un peu brunes à cause de la saleté qui se trouvait dans le poil de Fakir mais c’était, pour moi, tellement une habitude que je ne me posai pas la question à savoir si ça pouvait la dégoûter de serrer une maison sale. De toute façon, si ce n’était pas de la saleté venant de son poil, c’était de l’huile qui provenait des voitures sur lesquelles je travaillais.