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you are all i see (w/ dezso)

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MessageSujet: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyJeu 14 Mai - 20:41


 
Son portefeuille. Anja avait perdu son portefeuille. Ou on le lui avait volé. En tous cas la jeune suédoise était bien embêtée. Perdre son portefeuille n’est déjà pas simple dans son propre pays, mais à l’étranger, les choses sont encore bien pires. Elle pensa immédiatement à des pickpockets. Mais elle finit par penser aussi qu’elle aurait pu tout simplement le perdre, le laisser tomber ou l’oublier quelque-part. A force d’avoir cherché pendant des heures et des heures, être revenue cinquante et une fois sur ses pas, elle finit par se résoudre à se rendre au commissariat. C’était probablement naïf de croire qu’elle le trouverait au service des objets trouvés, mais ce serait encore plus bête de ne pas essayer. Après tout, même en ayant subtilisé tout le liquide qu’elle aurait eu à l’intérieur, quelqu’un aurait tout de même pu le remettre à l’office de police. Arrivée à l’accueil, elle posa la veste qu’elle tenait replié contre son bras contre le comptoir et avança son visage pour attirer un peu l’attention de l’employé. De ce dernier, elle ne pouvait voir que le haut du crâne, parsemé de cheveux bruns. Il avait la tête baissée sur ce qui semblait être un carnet de registre. Ses yeux parcoururent le reste de l’entrée du commissariat, tandis qu’il semblait pas avoir remarqué sa présence, ou ne daignait tout simplement pas relever sa tête vers elle. Au bout d’un couloir, elle vit quelqu’un passer une porte et disparaître derrière une paroi vitrée, les yeux rivés sur un dossier. Personne d’autre dans les parages. « Bonjour, excusez-moi je vous déranger. Je viens pour le service des objets trouvés. Enfin si vous en avez un… » À mesure qu’elle parlait, les deux mains posées sur le comptoir, ses doigts s’étaient mis à jouer nerveusement avec la chaîne qui reliait un stylo bille à son socle, comme on en voit souvent sur les comptoirs des bureaux d’accueil. Sa voix n’était pas très assurée, et c’était de son anglais dont elle avait le plus peur. C’est pour sa conjugaison, sa grammaire, mais aussi sa prononciation, et son accent, qui l’angoissaient. À la fois stressée et honteuse. Elle n’était à Memphis que depuis quelques mois, et c’était la première fois qu’elle venait sur le continent américain. Elle avait commencé à apprendre l’anglais il y a fort longtemps, comme tout le monde, à école, mais cela n’empêchait pas qu’elle ne l’avait jamais vraiment beaucoup pratiqué, et encore moins dans en situation réelle. Ici son immersion était totale. Elle avait signé pour intégrer le laboratoire astronomique de l’université de Memphis pour une résidence d’au moins deux ans, contrat à renouveler ou pas. Étrangement, elle se sentait beaucoup plus à l’aise dans ses échanges avec ses collègues scientifiques anglais, que lorsqu’il s’agissait de parler dans la vie de tous les jours. Elle semblait plus à l’aise pour parler un anglais scientifique mais c’était tout simplement parce qu’elle avait l’habitude de lire des articles universitaires en anglais et d’assister à des colloques en anglais… Elle connaissait ce jargon scientifique. Mais quand il s’agissait de tenir une conversation banale, elle était en dehors de sa zone de confiance et elle se sentait toute perdue.
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Embry Sheeran
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyDim 17 Mai - 3:32

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Il ne sait plus depuis combien de temps sa vue est floue, depuis combien de temps son monde s’effondre. Un an que son monde n’est que chaos. Que forme flous. Que visage qu’il ne reconnaît plus et qu’il doit s’adapter. Dezso, il refuse de mettre des lunettes et ses iris sombres semblent normaux, mais ce n’est pas le cas. Sa vue est restreinte. Peu importe la distance, il ne voit que des ombres anguleuses. Des ombres dansantes. Des ombres étourdissantes. Il a parfois envie de se crever les yeux. Pour ne plus voir. Pour ne plus sentir. Ne plus voir que des bouts, que des soupçons. Il arrive à vivre. À devenir. À saisir les formes sous ses doigts. Il entend trop. Il ressent trop. Ses autres sens sont en éveil.
Il tente de mener une vie normale. Elle ne l’est plus. Il n’est plus soldat. Il n’est plus rien. Il ne sait plus quoi faire. Cette impression que sa vie ne mène plus à rien. La honte. Les ponts qu’il a coupés avec sa vie d’avant. Simplement. Da famille. Elle. Elle qu’il aimait. Elle qu’il aime. Elle doit le penser mort. Elle doit l’avoir oublié.

Derrière le bureau. Il enrage. Il n’arrive pas à comprendre cette écriture de mouche. Normalement, il arrive à comprendre avec les traits de crayons, mais la majeure partie du temps, il lit en braille. C’est plus simple. Plus rapide. Son coéquipier est parti en pause, il ne peut donc pas lui donner les tâches qui nécessitent de voir. Lorsqu’il accueille les gens, qu’il les dirige. C’est plus simple. Là, c’est complexe.
Les pas qui se font entendre et la rage qui se fait sentir dans le fond de ses tripes. Il a envie d’envoyer le carnet valser contre le mur. Ce n’est pourtant pas ce qu’il doit faire. Une femme qui approche. Il peut le deviner avec la légèreté des pas. Il ne lève pourtant pas le regard. Il tente de finir ce qu’il est en train de faire, mais il a du mal à se concentrer. Une odeur qui vient se percuter dans le fond de son crâne. Une odeur qu’il connaît trop bien. Ça lui semble si familier. Trop familier. Sûrement une imagination de son esprit. Son esprit qui pense à elle. Son esprit qui ne se détache pas d’elle. Pas d’autre femme. Personne. Il n’a pas envie d’approcher. Il a honte de ce qu’il est et fait semblant d’être normal, mais les formes sont déformées et il ne voit qu’à moitié.

« Bonjour, excusez-moi je vous déranger. Je viens pour le service des objets trouvés. Enfin si vous en avez un… » Il a cette impression que son cœur va éclater dans le fond de son torse. Cette voix. Il aurait pu la reconnaître. Il ne peut pas partir. Il est l’autre côté de ce comptoir qui les sépare, la tête baissée. Il a cette impression qu’il va tomber, qu’elle va lui hurler dessus. Elle ne peut pas comprendre. Parce que c’est stupide. Il aurait dû lui envoyer cette lettre, mais il n’arrive pas à accepter. À s’accepter. Sa voix. Cette douce voix. Cet accent qu’il sait trop bien. Elle. Il serre les dents. Dezso, il n’a pas la moindre idée de ce qu’il doit faire. Il n’a pas la moindre idée de comment réagir. Cette envie de s’enfuir. Cette envie de partir. Le temps coule. Il entend ses doigts à elle contre le bois. Il ne peut pas rien faire.
Un collègue passe. Il laisse son regard se poser sur la demoiselle. Sur Dezso qui ne réagit pas. Une main dans son dos à lui. « Dezso. Y’a quelqu’un, tu fais quoi?» Il sursaute. Son visage finit par se lever. Il ne voit plus les traits de la jeune femme. Il ne voit plus que des ombres dansantes, que des couleurs qui se percutent. « Oui.» Il tente de rester neutre, mais il ne peut pas. Il ne sait plus comment vivre. « Nous en avons un. Enfin, les objets perdus il y a peu. Le reste, on ne garde pas.» Il ne sait pas quoi faire. Foutu bordel.
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyDim 17 Mai - 18:42


 
Il fallut finalement qu’un autre employé de l’office de police passe dans le coin au même moment, pour que l’employé de l’accueil daigne finalement lever la tête vers elle. « Dezso. Y’a quelqu’un, tu fais quoi. » Anja le vit passer derrière lui, et suivi du regard sa main qui se posait dans son dos, pour accompagner son injonction. L’agent de l’accueil réagi en sursautant, au grand étonnement de la suédoise. Comment avait-il pu ne pas la remarquer ? Elle s’était pointé au guichet et s’était même présenté. « Oui. » Il lève finalement les yeux vers elle, mais c’est son regard a elle qui a changé de direction. Elle est subitement attirée par cet agent de l’office de police, ce collègue qui était venu lui faire remarquer qu’il y avait quelqu’un pour lui à l’accueil. Il restait impassible derrière lui, comme s’il attendait quelque-chose, comme s’il voulait s’assurer qu’il la prenne en charge. Au premier abord, Anja trouva cela étrange, et puis elle se ravisa. Il pouvait être un nouveau, un bleu, pourtant il n’en avait pas l’air. Elle n’avait vu que le dessus de sa tête jusqu’à présent, et ses mains, posées sur le bureau, mais elle n’avait pas eu l’impression d’avoir à faire à jeune homme de la vingtaine. Ou alors, était-ce une spécificité américaine ? Cela faisait trois mois qu’elle était sur le sol de l’oncle Sam mais il ne se passait pas une semaine sans qu’elle ne découvre une nouvelle différence culturelle, voire même plusieurs parfois. « Nous en avons un. Enfin, les objets perdus il y a peu. Le reste, on ne garde pas. » Elle n’avait pas vraiment écouté sa voix la première fois, trop préoccupée par cette ombre persistante qui planait derrière lui. Son regard resta fixé un certain temps dans le vide,  refusant obstinément de le tourner vers l’interprète de cette voix. Instinctivement ses doigts se serrèrent autour de la chaînette du stylo sur le comptoir. Quelque-chose n’allait pas. Cette voix. Cette voix… Elle lui disait quelque-chose, elle la connaissait. Elle lui faisait penser à … c’était celle de… Non ce n’était pas possible. Elle devait se méprendre, ce n’était pas possible autrement. Un, deux, trois. Anja tourna son regard. Brusquement, ses doigts se délièrent de la chaînette autour de laquelle elle s’était farouchement accrochée jusqu’à présent. Un, deux pas en arrière. Les coudes toujours posées sur le comptoir, ses mains suspendues dans le vide. Mon Dieu. Mais où était-elle ? Dezso. C’était bien Dezso qu’elle voyait en face d’elle ? C’était impensable. Il était mort. Disparu. Il n’avait pas donné de signe de vie depuis un an. Dezso. Ce n’était pas ainsi que venait de l’appeler son collègue ? Avec l’accent anglais elle n’avait pas entendu cela. Mais maintenant qu’elle y repensait… Maintenant qu’elle tentait de se repasser dans le fil de sa mémoire son intonation, elle reconnaissait vaguement quelque-chose qui s’apparentait à ce prénom. Elle ouvrit une bouche béante à plusieurs reprises, hoquetant des mots qui ne sortaient pas. Puis dans un souffle, époumoné comme si elle venait de courir un marathon, elle expulsa un « Dezso ? » Elle était incapable d’en dire plus. Il lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. C’était son portrait craché. Mais elle ne pouvait pas y croire. Elle ne voulait pas y croire. Il était celui qui avait partagé sa vie pendant dix ans, avec de longues périodes d’absence mais tout de même. Il n’avait cessé de hanter ses nuits à chacune de ses missions, l’envoyant à l’étranger ou ailleurs, dans un déplacement classé secret. Cela sortait de tout entendement.
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Embry Sheeran
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyMar 19 Mai - 4:51

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Il a cette étrange sensation de la connaître. Les odeurs qu’il respire. La voix qui résonne en écho dans le fond de son crâne. Il a préféré l’ignorer un instant plus tôt, pour qu’elle parte, pour qu’elle s’éclipse et qu’il puisse se dire que ce n’était que le fruit de son imagination. Que les effluves de sa vie d’avant. Il avait décidé de la fuir en venant ici. Rompre le contact avec elle. Avec sa famille. Avec sa sœur. Avec le monde. Trop honte. Trop de rage pour qu’il veuille le partager.
Il se lève, parce qu’il sent le regard d’un collègue dans son dos. Il fait son travail, tente de se dire que ce n’est que des similitudes qu’il ne contrôle pas. Il ne sait pas. Il ne voit pas. Il n’a pas la moindre idée de la femme qui est devant lui. Elles peuvent porter le même parfum, avoir la même voix. Qu’est-ce qu’elle ferait ici? Loin de sa ville? C’est impossible.

« Dezso ? » Il a l’impression que son cœur se brise. Son collègue. Il a fini par s’éclipser en voyant que le brun prenait la situation en main. Ils sont seuls. Il a cette envie de disparaître dans le décor. Il entend l’incompréhension dans le fond de sa voix, mais il ne peut voir les traits de son visage. Un an. Un an sans rien dire. Un an de silence. Cette vie qu’il tente de se faire, mais cette vie qui ne lui convient pas. Il n’est plus l’homme. Il n’est plus rien. Son cœur qui ne cesse de battre au fond de son torse. Son cœur sur le point d’imploser. Ses sens ne l’avaient pas trompé. Il ne sait pas quoi répondre. Il ne sait pas ce qu’il doit faire. Faire semblant qu’elle fait erreur sur la personne. Faire semblant. Il ne sait pas. Elle n’est pas dupe à ce point.
Sa mâchoire se contracte. Il ne porte pas de lunettes. Il se contente de regarder les formes qui s’affolent. Un an. Un an dans ce chaos et il n’accepte toujours pas ce qu’il est. Il n’a pas envie de la compassion des autres. Il n’a pas envie que les autres puissent savoir, puisqu’à première vue, ses yeux semblent normaux.

Sa paume se pose contre le comptoir. Il connaît l’endroit, assez pour se déplacer sans se blesser, sans tomber. Assez pour qu’elle ne comprenne pas tout de suite. Il n’a pas envie de lui dire, mais elle voudra sûrement des explications. Elle va penser qu’il ne voulait plus d’elle. Elle va penser qu’il a tenté de la fuir. Il ne sait pas quoi faire. Un pas. Il ne contourne pas le comptoir, mais s’approche. Dezso, il aimerait la voir, la prendre dans ses bras et s’excuser. Ce n’est plus le même homme. Il ne sait plus exactement ce qu’il est maintenant, il n’arrive plus à se définir. « Je..» S voix. Elle n’est pas certaine. Il ne sait pas ce qu’il doit dire. Il n’a pas envie d’entendre les sanglots dans le fond de sa voix à elle. Dix ans de relation. Un an de silence. Purement égoïste. Parce qu’il n’accepte pas ce qui a pu se produire. Le besoin de s’isoler. Pour combien de temps encore? Il n’en sait rien. « Anja?» Il a envie de toucher son visage, parce qu’il ne peut avoir la confirmation qu’elle est sous ses yeux. Que des ombres et des lumières qui dansent, qui se mélangent. Rien de plus. Son odeur. Sa voix. Il ne bouge pas. Figé dans le sol. Il ne veut pas s’approcher. Il vacille entre ce qu’il doit faire. Ce qu’il veut faire. Il ne sait pas quoi dire. « Qu’est-ce que tu fais à Memphis?» Il est pris en flagrant délit. Délit de connerie. Elle ne lui pardonnera jamais. Il faut qu’elle trouve mieux que lui. Il n’est plus l’homme qu’elle a pu aimer. Que chaos et peine. Que solitude et alcool. Que le fantôme du passé.
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyMer 20 Mai - 21:48


 
Une main se pose sur le comptoir, la sienne. À quelques mètres, Anja est comme pétrifiée sur place. Elle ne sent plus ses jambes. C’est comme si soudainement ses ongles de pieds s’étaient mis à pousser à une vitesse rocambolesque et se seraient enfoncés sous la terre, enracinant tout son corps, tel un arbre. Dans ses yeux, la panique. Elle ne peut pas bouger le reste de son corps mais sa tête si. Elle est tendue, vers la droite, tandis que la silhouette de l’homme s’approche, arrivant sur sa gauche. Son regard est en alerte. Elle ressemble à ces gazelles qui dans la savane s’arrêtent subitement de bouger en pleine course, remarquant leur prédateur. Tous leurs muscles se tendent. Il n’y a que leurs yeux qui s’excitent dans leurs orbites. Elle croit peut-être qu’à s’arrêter subitement de bouger, le prédateur ne les remarquera pas, ou plus. Que leur immobilisme les rendra invisible, que le lion ou la hyène lâchera l’affaire, croyant avoir rêvé. Pourtant Anja n’est pas dans la savane, elle est à Memphis, bien loin de l’Afrique, et elle ne ressemble en rien à une gazelle, tout comme cette homme ne ressemble pas à un prédateur. « Je..» Lui aussi s’est figé dans le sol. Et en le dévisageant, Anja fait le fil de cette année qui vient de se passer. Elle le voit, rentrer de mission, faire son sac, prendre le large, refaire sa vie, ailleurs, ici. Et elle se voit, seule, esseulé dans son appartement. Tout d’abord à attendre des semaines, des mois durant une lettre, à espérer une réponse à sa dernière missive. Et puis s’inquiéter ensuite et téléphoner, essayer d’entrer en contact, envoyer des mails et des courriers, passer des heures et des heures à l’ambassade de Hongrie en Suède pour tenter d’obtenir des informations, pour tenter d’entrer en contact avec l’armée, et toutes ces heures qu’elle a passé les yeux rivés sur son écran d’ordinateur, cherchant et en passant en revue toutes les vidéos de combattants, qu’elle pouvait trouver, à la recherche d’un visage familier, des reportages sur les mouvements de troupes, jusqu’aux vidéos de propagande sur les prisonniers occidentaux… « Anja?» Elle ne le regarde plus comme avant maintenant. Elle ne pourra plus jamais le regarder comme d’antan. C’est un étranger maintenant. Elle le regarde comme un étranger, comme un étranger dont elle aurait peur. Dezso elle ne le connait pas, elle ne le connait plus. Depuis un an. Elle pensait le connaître. Ils n’avaient pas vécu dix ans ensemble, mais s’étaient fréquentés, sur ces dix dernières années. Elle avait bêtement cru avoir appris à le connaître. Elle s’était trompée. Elle n’avait aucune idée de l’homme qu’il était. Celui qui était capable du jour au lendemain de ne plus donner de nouvelles. Elle l’avait cru mort. Mort. Elle ne connaissait pas le Dezso qui était capable de la quitter sans un mot, en sachant pertinemment qu’elle le croirait disparu au combat étant donné sa profession. Elle ne connaissait pas ce Dezso là. Elle ne connaissait que l’autre, celui qui ne l’aurait jamais abandonné sans un mot, sans un aurevoir, celui à qui on avait dû arraché la vie sans même qu’il n’ait le temps de lui dire au revoir, celui qui voulait la marier et passer le reste de ses jours à ses côtés, celui qui vivait de ses souvenirs, et celui qui vivait encore dans son esprit. Et pourtant les deux ne faisaient qu’un. « Qu’est-ce que tu fais à Memphis?» Sa voix elle ne veut pas l’entendre. Son visage, elle ne veut pas le voir non plus. Elle a envie de fuir. D’oublier cette histoire. De se réveiller. De sortir de tout ce cirque. Mais elle ne peut pas, elle est toujours fondamentalement ancrée dans le sol, la gravité, ou peut-être qu’elle ne sent plus son corps du tout. Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Il y a trop de choses, beaucoup trop choses qui se bousculent dans son esprit. Elle a besoin de regarder ailleurs, de sortir son regard du sien, de ne plus avoir son visage comme champ d’horizon. Elle tourne la tête une fois, deux fois, cinq. Droite, le comptoir, le sol, gauche, le sol à nouveau, la baie vitrée qui donne sur l’autre côté des bureaux. Et puis elle rit. Ses épaules tremblent alors qu’elle étend son visage en un large sourire, les yeux complètement perdus dans le vide, rivés sur le sol et sa surface plastifiée. De sa gorge, aucun son ne sorte. C’est un rire nerveux. C’est tout ce qu’elle peut faire, tout ce dont elle est capable. Lui répondre, mais pour dire quoi ? Elle ne sait même pas si elle en a envie. Il n’y a rien à dire. Et puis comment dire, comment parler de cette année d’absence, comment mettre des mots sur cette incompréhension ? Par où commencer ? Et puis pour quoi faire ? Cela en vaut-il finalement la peine ? « Quand je pense à tout ce temps que j’ai passé à te chercher… Quel lâche tu fais. Même dans une lettre tu n’étais pas capable de me larguer ?! Je crois que tu me dégoûtes. Oui c’est ça, tu me dégoûtes, tu vois je ne suis même plus capable de te regarder dans les yeux. »
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptySam 23 Mai - 4:13

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À ce moment, il a cette envie de disparaître. De ne plus être présent. De ne plus exister. Parce qu’il ne sait pas ce qu’il se doit de lui dire. Il n’y a pas de mot pour lui faire comprendre, parce que Dezso, il est perdu. Il n’a plus la moindre idée de comment vivre, de comment retrouver le goût de se lever le matin. Il a perdu sa personne. Il a perdu son identité en perdant la vue. Il se sent stupide. Avec elle devant lui, il se rend compte que son geste était purement égoïste. Il aurait dû lui dire. Il aurait dû lui parler, mais il ne trouvait pas la force de le faire. C’est pourtant impossible. Que la rage en lui. Que les affres de l’homme qu’il  a pu être.
Dezso, il donnerait tout pour la voir. Pour pouvoir voir les traits changer sur son visage, sûrement qu’il pourrait voir la haine dans le fond de ses iris clairs. Il ne sait pas. Il ne voit que des ombres qui s’agitent, qui se gondent et se percutent. Que des jeux de lumière étourdissants.

« Quand je pense à tout ce temps que j’ai passé à te chercher… Quel lâche tu fais. Même dans une lettre tu n’étais pas capable de me larguer ?! Je crois que tu me dégoûtes. Oui c’est ça, tu me dégoûtes, tu vois je ne suis même plus capable de te regarder dans les yeux. » Il ne voit pas. Il ne sait pas les expressions sur son visage. Il ne peut discerner les traits et le fond de ses iris.
Il s’emporte. Il ne sait pas quoi faire. Il devrait la laisser filer, il ne supporte pas qu’elle remettre en doute, qu’elle le déteste de la sorte. Il le mérite pourtant. Il aurait dû lui avouer, mais il ne trouvait pas la force de le faire. Les excuses ne sont pas bonnes. Elle ne méritait pas ce comportement. Il doit mentir. Lui dire une connerie. On ne peut pas laisser partir la femme qu’on aime pour des yeux qui ne fonctionnent plus. C’est le chaos. C’est les foutues conneries dans son crâne qui ne cessent de vriller.

C’est le chaos. Il ne contrôle rien. Il contourne le comptoir, laisse sa paume glisser sur le bois pour ne pas tomber, mais il calcule mal. Il s’accroche. Il manque de tomber contre le sol et s’y percuter sans trop de douceur. Le pied qui résonne, le coup qu’il vient de se porter à la jambe. Normalement, il connaît bien l’endroit, mais Dezso, il est pris par les sentiments et c’est différent. Les ombres se tordent plus fort. La panique qui fait battre le cœur. Le malaise sur le bord des lèvres. « Bordel.» Il se penche, laisse la paume se poser contre sa jambe. Cette impression qu’il vient de se briser le tibia. Ça ne lui ressemble pas de se cogner. Lui qui avait les réflexes affûtés. Il n’est plus rien.
Il soupire. Serre la mâchoire. Tente de faire abstraction de son mal et entame quelque pas pour s’approcher d’elle. Il a du mal à croire que c’est elle, mais il respire son odeur. Le parfum qu’il reconnaît pour avoir passé des heures dans son lit à la garder dans ses bras.
Il tend la main. Il ne voit pas, finit par attraper la sienne. Il n’a pas envie qu’elle puisse comprendre que son regard lui fait défaut, mais elle pourra voir qu’il n’arrive pas à poser son regard dans le sien ou elle pensera qu’il ne peut supporter de la regarder. Qu’importe. Il empoigner doucement son poignet et force la demoiselle à rester près de lui. Il ne sait pas dans quelle direction elle regarde. Il ne sait rien. « Tu mérites mieux qu’un soldat qui ne revient jamais. C’était plus simple comme ça Anja.» Connerie. Ce n’est pas la raison, mais une partie de lui le pense. Il a fait plusieurs réflexions qu’elle n’écoutait pas d’une oreille sérieuse. Elle ne voulait pas comprendre, mais il le pensait. Il savait qu’il ne pourrait cesser de combattre. C’est la seule chose qu’il connaissait vraiment. Maintenant. Que le chaos. Que les conneries.
Sentir sa peau sous sa paume avait quelque chose de troublant. Il se souvenait parfaitement de la douceur de son épiderme, de son odeur.
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyJeu 28 Mai - 8:02


 
Elle le regarde, avancer vers lui et manquer de tomber, heurter de plein fouet le sol, et puis se relever. Le visage d’Anja est recouvert d’une expression étrange, circonspecte, cherchant à comprendre ce qu’il se passe. Mais elle ne bouge pas. Elle est incapable de s’approcher. Elle est incapable d’aller vers lui, de s’avancer, de faire ce pas, ce premier pas, beaucoup trop symbolique. Pourtant instinctivement elle est touchée. Elle le déteste, mais elle l’a aimé, elle l’a aimé pendant plus de dix ans, et encore maintenant, toute cette année où elle l’a cherché. Elle ne peut pas rester insensible à un corps qui chute. Mais elle peut encore se garder de s’avancer. Elle y est même obligée. Ses pieds sont toujours si fondamentalement enracinés dans le sol, tout comme elle ne ressent plus ses jambes, tant le choc est fort. Elle voit une main s’avancer vers elle, presque balante, et attraper son poignet dans un mouvement nonchalant, presque hasardeux. Ca ne lui ressemble pas. Mais en même temps, qu’est-ce qui lui ressemble maintenant. Elle ne sait pas. Elle ne sait plus. Elle aurait envie de s’extraire de l’étau de ses doigts autour de son poignet, mais elle ne peut pas. Elle sent la force de ses doigts serrés autour de sa main, sa poigne n’a rien à voir avec toutes les autres, lorsqu’il glissait sa paume dans la sienne. Et en même temps, elle en est incapable. Incapable de s’extraire de cette étreinte, bien qu’elle est étrange. Elle ne peut s’empêcher d’être troubler. C’est la toute première fois qu’elle ressent sa peau contre la sienne, depuis un an. Elle qui avait cru ne plus jamais le revoir, elle qui avait vu son corps mort, mort, inerte et froid, glacé. « Tu mérites mieux qu’un soldat qui ne revient jamais. C’était plus simple comme ça Anja.» La claque fusa. Elle était venue comme un réflexe. Anja même ne l’avait pas vu venir, elle était pratiquement partie toute seule. Instinctive. Filante, comme un coup de couperet, qui venait heurter le visage si doux de Dezso, ébranlant une peau qu’elle avait maintes fois exploré, exploré de ses doigts, exploré de ses lèvres, dévoré des yeux… Et puis ce n’était plus qu’un flot, un flot ininterrompu de paroles qui se déversait de son être. Tout ce qu’elle avait voulu lui dire, tout ce qu’elle avait eu envie de lui dire, tout ce qu’elle avait rêvé de lui dire si elle venait à le retrouver, depuis un an. Tout ce qu’elle avait sur le cœur depuis une année entière. « D’où est-ce que tu décides ce qui est mieux pour moi ? Va pas me faire croire que tu m’as quitté pour me protéger ou je ne sais quoi. Si tu avais vraiment pensé à moi, tu aurais su que ça allait me détruire. D’autant plus sans même me laisser un message. » Elle revoyait son visage, pourtant si rayonnant pendant les nuits qu’ils passaient, les matins quand ils se réveillaient côte-à-côte et même à chaque fois lorsqu’ils se retrouvaient, lorsqu’elle venait le retrouver, ou que lui faisait le déplacement, après des mois d’absence et de relation par correspondance. Elle avait été vraiment conne. Une pure conne pour ne pas avoir vu dans quoi elle mettait les pieds, pour s’être faite avoir, pour y avoir cru. Mais quelle conne d’y avoir cru… Elle n’était plus que haine, haine, colère et rancœur. Contre lui. Contre elle aussi. Elle passait une main fiévreuse contre son front, rencontrant sa chevelure de feu, à l’image de son cœur actuellement. « Et t’as attendu dix ans, dix ans pour ça ?! J’étais qu’une fille avec qui tu baisais à chaque fois que t’étais en permission c’est ça ! C’est vrai que c’est plus facile que de chercher une pute, et puis ça coûte moins cher. » Ses mots, elle les crachait comme de vulgaires molards qu’elle aurait été contrainte de garder dans sa gorge trop longtemps et qui la répugnaient. Elle aboyait presque, et derrière les parois vitrées environnantes, certains employés commençaient par être attirés par les exclamations qui émanaient du bureau d’accueil. Elle repense à la bague, à cette foutue bague qui ne représentait rien, qui ne représentait plus rien, qui n’avait même jamais rien représenté pour lui. Une demande en fiançailles… De la merde oui. Des mots, juste des mots. Sans significations, sans sentiments derrière. Il ne la regarde toujours pas. C’est tout juste s’il l’a même regardé depuis qu’elle est entrée dans ce commissariat. Ce manque de reconnaissance, c’est peut-être ce qui la tue le plus. « Bordel j’ai cru que t’étais mort putain. […] Je crois que c’est pire maintenant. » Elle sentait une pluie de larmes s’accumulaient sur le rebord de ses yeux. Elles gâchaient bientôt sa vue, la rendant trouble, tandis que tout son corps se mettait à trembler. De la haine, tout son corps était passé à une situation de stress ultime, auquel elle ne pouvait plus rien. Son corps avait cédé, il l’avait lâché, elle n’avait plus aucun contrôle sur lui, ce n’était plus qu’une tête, une tête qui restée contaminée, étouffée par la colère qui lui donnait le tournis, comme si ce sentiment prenait tout l’air disponible, et la laissait suffoquer. « C’est parce que t’as rencontré quelqu’un c’est ça ? » Déclara-t-elle en bégayant presque, devant rejeter toutes les deux ou trois syllabes un sanglot qui pointait le bout de son nez.
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyJeu 11 Juin - 17:37

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Il n’y a pas de mots. Dezso, il ne sait pas comment s’y prend. Que le chaos dans son crâne. Que l’incertitude sur ses traits. L’envie de la prendre dans ses bras, de poser les mains sur ses paumes pour sentir les traits de son visage. Il ne devine pas. Il ne voit pas. Que les ombres dansantes dans le fond de ses iris. Que le chaos dans le fond de son cœur. L’égoïste qui prend place depuis l’accident. La voix d’Anja fait naître les frissons. Les remords. Ça lui fait rendre compte que son comportement est ridicule. Pas d’excuse à offrir. Que les conneries. « D’où est-ce que tu décides ce qui est mieux pour moi ? Va pas me faire croire que tu m’as quitté pour me protéger ou je ne sais quoi. Si tu avais vraiment pensé à moi, tu aurais su que ça allait me détruire. D’autant plus sans même me laisser un message. » Le cœur qui se serre. Ce malaise qui court à ses veines et les mots qu’il ne trouve pas. La haine qu’il ressent sans la voir. Les mots qui coincent à la gorge. Il voudrait parler, mais ca ne sort pas. Que les conneries qu’il dégueule. « Et t’as attendu dix ans, dix ans pour ça ?! J’étais qu’une fille avec qui tu baisais à chaque fois que t’étais en permission c’est ça ! C’est vrai que c’est plus facile que de chercher une pute, et puis ça coûte moins cher. » La mâchoire qui se contracte. Le geste qu’il ne contrôle pas. La pression à son crâne. L’envie de lui vomir les mots, les maux, pour qu’elle comprenne, mais ca n’excuse pas la peine qu’elle lui jette au visage. La souffrance causée par son égoïsme. Son besoin de vide.

« Bordel j’ai cru que t’étais mort putain. […] Je crois que c’est pire maintenant. » Le coup de couteau au cœur. Les remords qui mordent aux tempes alors qu’il cherche les mots, tente de les trouver pour calmer la hargne d’Anja. Dezso, il ne sait plus comment faire. Qu’un être maladroit qui cherche un sens à sa vie. L’identité perdue qu’il tente de retrouver. « C’est parce que t’as rencontré quelqu’un c’est ça ? » Le cœur qui implose. Anja. La seule à animer son cœur de soldat, mais la honte d’être un homme perdu, brisé. Pas d’autre femme. Qu’elle dans le fond de ses pensées, qu’elle pour faire naître les regrets des conneries accumulées depuis un an. Vie vide de sens. Que les morceaux qu’il tente de replacer.
Un pas qu’il imprime et il ose s’approcher un peu plus. La main tendue, le bras qu’il accroche par un hasard. Il aurait pu passer dans le vide. Il ne veut pas qu’elle comprenne. Qu’elle sache les maux. Qu’elle le prenne en pitié. C’est plus facile la haine.
Il sait que les spectateurs arrivent et il l’attire avec elle. La porte qu’il pousse. Le soleil qui change les formes et le bras qu’il relâche. Paraître normal. Il est hésitant. Pas comme avant. Pas comme il devrait être, instable. La rancœur qu’il ressent et l’envie de lui cracher les regrets. Le chaos dans sa caboche. Il tente de remettre en ordre, ne trouve pas les mots.
« Anja. Il n’y a personne d’autre.» Le souffle saccadé. Il ne sait plus parler. Ses yeux qui s’accrochent à un visage flou, au trait qu’il aimerait deviner, qu’il ne voit pas, que des ombres planantes. « Anja. Je suis désolé.» Il ne sait pas quels mots lancer, que des conneries qui lui semblent futiles. Il aimerait la rassurer, mais elle est cassée par sa faute, le cœur en miette. Lui. C’est sa vie qui n’est qu’éclat, poussière à souffler. « Je n’ai pas pu t’envoyer la dernière lettre.» Le cœur qui bat. Le souffle instable. La claque encore à sa joue. Il en mérite d’autres.

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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyLun 22 Juin - 8:07


 
Peu à peu, Anja voit des ombres s’agiter de l’autre côté des baies vitrées. Leur incartade commence à attirer les foules. Mais c’est un dialogue de sourd. Deszo est là, impassible. Il ne réagit pas, comme si rien ne l’atteignait, comme s’il n’en avait fichtrement rien à foutre. Aucun remord sur son visage. Aucune excuse dans sa voix. Anja ne s’arrête pas. Elle lui balance tout ce qu’elle a sur le cœur, ce qu’elle pense, et même ce qu’elle ne pense pas. Tout ce qui lui passe par la tête, en quête de la moindre petite réaction de sa part. C’est encore plus dur de voir que tout ceci ne lui fait ni chaud ni froid, qu’elle ait passé l’année précédente à le chercher et à pleurer sa disparition, ça ne le touche pas, rien de tout ce qu’elle peut lui balancer à la gueule ne semble l’atteindre. Du tournis, en ayant retrouvé le visage d’un homme qu’elle avait cru mort pendant près d’un an, Anja passe au vertige. Le vertige de ces dix dernières années, finalement réduites à néant. Elles n’étaient rien, parce qu’elle n’était rien pour lui. Dix années de vide complet. La suédoise était au bord d’un précipice long d’une dizaine d’années. Alors qu’elle était en peine avec son étourdissement, le bras de Deszo s’avance encore vers elle, la poussant vaguement vers la sortie avec lui. « Oh tu veux qu’on sorte ? Bien sûr, il ne faudrait surtout pas que tous tes nouveaux petits copains découvrent quelle personne hideuse et ignoble tu es en réalité hein ! » Pourtant elle se laisse faire. Et dehors, le soleil ébloui les pavés. Elle n’a déjà plus envie de regarder Deszo. Supporter sa vue lui fait déjà trop de mal. À deux mètres de lui, elle tourne le dos, les bras croisés contre sa poitrine, fixant un point parfaitement neutre à l’horizon, pointant son regard dans la vitrine d’une boutique, pour tenter de reprendre ses esprits.« Anja. Il n’y a personne d’autre. » Sa voix est saccadée, comme s’il avait du mal à sortir ces mots autrement que hachés, les uns après les autres. Il n’y a aucune harmonie dans sa phrase, aucune unité, on dirait qu’on l’a lui arraché, elle n’a pas une once d’authenticité. « Anja. Je suis désolé.» Désolé. Il s’est excusé. Pour la toute première fois. Les tympans d’Anja n’en reviennent pas de ce qu’elle vient d’entendre. Mais elle a bien entendu, il a prononcé des excuses. Elle avait eu envie de partir, elle n’avait eu plus que cette envie, prendre les voiles, se détourner, oublier toute cette histoire, retourner dans son appartement, faire ses bagages, fuir cette ville de malheur, retourner dans son laboratoire, se plonger corps et âme dans ces études jusqu’à en devenir folle, jusqu’à en tomber de fatigue, pour ne pas avoir à penser, pour ne pas avoir à repenser à cette scène, à cette horrible scène. « Je n’ai pas pu t’envoyer la dernière lettre. » Cette fois-ci Anja ne peut pas s’empêcher de se retourner, tout en décroisant ses bras au passage. « Ah oui et pourquoi ça ? Tu n’arrivais même pas à m’annoncer dans une lettre que tu voulais me quitter ? Mon pauvre ami… » Son timbre de voix est toujours aussi acéré, animal blessé qu’elle est depuis de longues minutes déjà.
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyMer 24 Juin - 15:57

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« Oh tu veux qu’on sorte ? Bien sûr, il ne faudrait surtout pas que tous tes nouveaux petits copains découvrent quelle personne hideuse et ignoble tu es en réalité hein ! » Les mots qui blessent. Les mots qu’il mérite amplement. Les mots qui se coincent dans la gorge et cette impression que son excuse n’est plus valable. Il pensait plus les raisons. Il ne comprend plus la honte, mais il sait qu’il n’assume pas. Qu’il ne comprend pas.
Il entend la rage dans le fond de sa voix. Il ressent la haine sans qu’il ne puisse s’en extirper. Il l’aime. Il le sait. Il sait qu’il agit en égoïste en s’isolant pour une raison qui n’est pas valable aux yeux des autres. Sa vie détruire. Il n’assume pas. Il se fou de ce que les autres peuvent penser de lui. C’est qu’il ne parle pas du passé. De sa vie. Il se fait silencieux. Il tait le passé et il tente de reprendre une vie normale, ce qui n’a rien de facile. Dezso, il aimerait voir les traits de son visage, mais il ne peut que déduire par le son de sa voix, pas les mouvements et les fréquences de ses pas. « Ah oui et pourquoi ça ? Tu n’arrivais même pas à m’annoncer dans une lettre que tu voulais me quitter ? Mon pauvre ami… » Il a envie de parler. Il ne sait pas. Il vacille entre les envies. La honte qui le ronge. Les regrets qui se font présents.

Les pas qu’il tente. Il s’approche. Il hésite. Que des formes imprécises. La nervosité manque le faire buter contre un banc, mais il arrive à le contourner. La main qu’il a envie de prendre. Il sait qu’elle ne fera que le repousser. Elle n’a pas besoin de lui dire, il entend la rage et les maux dans le fond de sa voix. « Ah oui et pourquoi ça ? Tu n’arrivais même pas à m’annoncer dans une lettre que tu voulais me quitter ? Mon pauvre ami… » Dezso, il ne sait pas si lui dire reste une bonne idée. Elle risque de lui en vouloir. Il ne veut pas le dire. Il ne veut pas de la pitié des autres. Ce n’est pas une bonne excuse. Il était perdu. Il l’est encore.
Il s’arrête. Un peu plus près d’elle. Le vent qui souffle les effluves de son parfum et les souvenirs qui montent au fond du crâne. L’avoir devant lui ne fait que prouver son égoïsme. Il sait qu’il a agi comme le dernier des cons. Il ne sait plus ce qu’il veut Dezso. Il est perdu depuis un an. Un an qu’il tente de se retrouver. En vain. Il ne se reconnaît plus. Il ne sait plus ce qu’il est et se retrouver devant elle est en train de le rendre fou. Ça change. Ça affecte la moindre parcelle de son âme. Il aurait envie de revenir en arrière. Il aurait envie de ne plus avoir commis cette connerie. Dezso. Il ne sait pas quoi dire. Il ne sait pas ce qu’il veut dire et il n’a pas la moindre idée de s’il peut la rassurer. « Anka. Arrête.» Il ne bouge pas. Il attend. Il tente de trouver les mots. Il ne veut pas lui dire, mais il n’a pas le choix. « J’ai pas eu le courage.» Un souffle. « Je vois plus et je savais pas quoi faire.» Un aveu. Il ne voulait pas le dire, mais il n’avait plus réellement le choix.
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyJeu 25 Juin - 7:19


 
« Anja. Arrête. » Au fond d’elle un soulagement lorsqu’elle voit sa bouche s’entrouvrir pour parler. Elle a réussi à le faire réagir. Mais pour rien. Sa bouche ne s’ouvre devant rien. Le néant. Il ne fait que parler pour ne rien dire, comme précédemment. Des paroles en l’air, des formules toutes faîtes, des éléments de langage, de la langue de bois. « J’ai pas eu le courage. » Encore. Il ne lui dira rien de plus, les choses s’arrêteront là, Anja le sait, Anja le sent. Et au fond de son cœur elle en a marre de se battre. Assez d’essayer de le faire parler, c’est comme si essayer de lui faire dire quelque-chose revenait à lui sortir les vers du nez. Elle n’a pas envie de cela. Elle est fatiguée, exténuée par toutes ces émotions qui se chamboulent dans son être depuis de longues minutes. Le temps parait une éternité, elle a l’impression que l’horloge s’est arrêté et que cela fait déjà plusieurs heures qu’elle est en train de se battre devant celui qui a pris la fuite. « Je vois plus et je savais pas quoi faire. » Enfin, on dirait que sa poursuite a payé. Mais… « Quoi ? » Elle se demande si elle a bien entendu. Les mots cachés sous un amas de phrase, dissimulés derrière des formules toutes faites, délicats. Rien de très frontal, juste je ne vois plus… Ses bras, croisés contre sa poitrine lui en tombent, littéralement. Instinctivement, ses pas la rapprochent de lui, avant que son cerveau ne la rattrape et ne l’arrête à mi-chemin. Elle n’est plus qu’à un mètre de lui maintenant. Plus proche, elle ne l’avait pas été depuis un an. « Je comprends pas, tu veux dire que t’es aveugle ? » Elle se demande si elle doit y croire. Elle a peur de se tromper, encore. De se tromper sur lui. Puisqu'au fond elle ne sait déjà plus qui il est. Elle ne l'a même jamais su. Et en même temps, la perte d’un sens est quelque-chose de si important qu’elle n’ose pas remettre sa parole en doute. Pourquoi se rire d’une telle chose ? « Non, ce n’est pas possible, tu marches, tu n’as pas de.. » Mais ses mots se perdent, ils retombent dans les abysses de sa gorge, dégringolent jusqu’aux tréfonds de son âme. Il n’a pas de lunettes noires, pas de bâton pour les aveugles, pas de chien… Rien de tout cela. Il a l’air parfaitement normal. Parfaitement… Et Anja revoit, comme un flashback, son corps qui manque de trébucher dans le hall du commissariat alors qu’il s’avançait vers elle, ici sa jambe qui butte contre le banc, sa main qui est venu la chercher d’un geste ballant, son regard maladroit, son regard en biais… Toutes ces petites choses qu’elle n’avait pas remarqué, auxquelles elle n’avait pas fait attention, les rangeant directement dans l’étrangeté de la situation. S’il ne la regardait pas bien dans les yeux c’est qu’il était incapable d’affronter son regard, de se confronter à elle. Si ses gestes étaient si flous et ballants c’était qu’il n’y avait aucune motivation derrière, il faisait tout à contre-cœur. Du reste, de l’inattention tout simplement.
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MessageSujet: Re: you are all i see (w/ dezso) you are all i see (w/ dezso) EmptyMer 1 Juil - 19:36

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Les mots lui arrachent la gorge. Les mots qu’il n’avoue jamais. Incapable de parler de l’accident, incapable d’assumer son rôle de non-voyant. Les formes floues. Les images qui se tordent et le monde qui change, qu’un amas de formes sans de sens réel. Le dire à haute voix, c’est avouer, c’est lancer sans assumer. Il n’accepte pas. Il n’y arrive pas. Les mots crachés. Il entend la voix d’Anja vaciller. « Quoi ? Je comprends pas, tu veux dire que t’es aveugle ? » Les mots douloureux, les mots qui brisent la moindre parcelle d’espoir qu’il nourrit depuis des années. Les entendre entre ses lèvres. La réalité qui le heurte au visage. La vérité qu’il ne cesse de nier même s’il doit se confronter à elle jour après jour.
Les pas qu’il entend, elle approche. Il ne sait pas capter le regard. Il respire l’odeur qui lui vrille le cœur. Il entend le souffle et tente de saisir le regard. Il ne peut pas. Il ne voit plus. Il aimerait voir le fond des iris, même s’il n’y verrait que la rage, la peine. Il a peur. Il préfère ne pas savoir. Il se déteste d’avoir pu la décevoir. Il ne savait pas comment réagir, il ne savait pas comment vivre. Il ne sait pas comment vivre depuis l’accident. Sa vie qui ne semble plus avoir de sens. Rien qu’il n’accepte et avec le néant qu’il flirte. L’alcool. Son amie. Rien de plus. Que le foutu vide. Personne pour le combler, que le chaos qui règne dans son crâne.

« Non, ce n’est pas possible, tu marches, tu n’as pas de.. » Il ferme les yeux. Maladroit. Elle le rend nerveux. Il ne sait pas comment réagir.
Les mains qu’il finit par lever, les mains hésitantes qui finissent par se poser sur le visage de la rousse. Les souvenirs de ses traits. Sa façon de voir. En caressant les visages, en devinant les traits des autres. Il ne le fait jamais. Il fait semblant. Sa vie n’est que mensonge depuis un an. Que les mensonges qu’il accumule. La cane qu’il ne prend pas. Les blessures dues à son orgueil et ce statut qu’il ne peut pas accepter. « Je ne vois que des formes vagues. Je vois un peu, mais que les contours. C’est trop vague pour que je puise deviner.» Le visage qu’il caresse entre ses doigts, les joues, les traits. Il détache les paumes. La honte de la toucher. La honte des mensonges depuis un an. Ca n’excuse rien. Il sait. Il sait les conneries, mais il n’a pas su faire autrement. La folie au fond du crâne. La peine impossible à combler. La peur. Trop de sentiment pour le rendre fou. « J’aurais dû te le dire. Je n’ai pas la force. Je n’ai plus la force de rien maintenant.» La vérité qui lui crève le cœur. Ca ronge l’esprit depuis un an. Ca lui fait mal de l’annoncer. De parler. Les maux qu’il cache depuis longtemps, même si plusieurs sont au courant.

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