Ghost Stories Maybe I'm just a ghost. Disappear when anybody's close. Go through you when you travel. Travel over near. Maybe I'm just a ghost. Emptied by 'em, anybody knows. Maybe I'm on the ropes or I'm not even here. ▬ Temps difficiles pour l’Anglais, objectifs qu’il n’atteint pas. La Danoise qui lui glisse entre les doigts. Solveig et lui qui rament toujours plus, dans le sens relationnel du terme. Il aimerait qu’enfin, les choses se remettent à tourner rond et que la vie reprenne son cours. Mais qu’importent les tentatives, les envies, il semble que le mur sera toujours trop haut. A quoi bon, de toute façon, l’existence d’Asher a perdu de son essence. Le frère disparu, un peu de sa vie avec. Noah sera toujours mort. Alors il se tue un peu au travail, un peu à la tâche, avec l’envie immense d’oublier un peu le désastre qui forme son quotidien. Il y a les contrats des rombières, les vieilles persuadées que leur jeune voisin gothique n’est qu’un tueur en série et qu’il va tuer leur chat, les femmes incertaines souhaitant traquer le mari infidèle. Puis il y a les affaires réelles, celles aux accents excitants, les crimes non-élucidés réclamant un certain doigté. On ne fait que rarement appel à lui, Memphis n’est rien comparée à Washington en matière d’affaires criminelles, il ne retrouvera jamais le frisson connu au FBI. Il n’est pas là pour ça, de toute façon. Mais toute aventure est bonne à prendre. Pour oublier.
Chaque fois, il essaie de l’entrainer dans son sillage,
elle, la reine des morts, celle qui fait parler le sang mieux que les vivants. Sur le peu de collaborations effectuées, leurs résultats ont toujours dépassé les attentes alors il n’en attend pas moi à chaque nouvelle tentative. Il sait que leurs efficacité serait beaucoup plus grande si elle acceptait de le suivre, une fois, de sortir de la grotte dans laquelle elle s’enferme. Puis l’observer l’amuse tellement qu’il ne s’en lasse pas, l’Anglais, dans son esprit furieusement curieux. Nul doute qu’elle détesterait se savoir épiée, étudiée. Mais elle doit déjà l’avoir réalisé, l’amusement qu’il prend à tester ses réactions, par des questions jetées au hasard, une provocation dont il joue bien volontiers.
Dossier sous le bras, il passe la tête par l’embrasure de la porte, comme ça, sans même prendre la peine de s’annoncer.
▬ Salut ! J’espère que je ne te dérange pas ! Qu’il déclame avec un sourire immense après avoir déjà traversé la moitié de la salle. Mensonge. Evidemment qu’il espère la déranger, il espère même la prendre au dépourvu, profiter pour découvrir tous les masques un à un. Il lui semble en voir un nouveau à chaque rencontre. Loin de lui l’idée de juger, il s’en fiche, Asher, les gens sont comme ils sont tant que rien ne s’attaque à ceux qu’il apprécie. Tant que l’innocence n’est pas souillée, il n’a nullement l’intention de faire quoi que ce soit des informations qu’il détient. Il ne couche rien sur papier, tout est dans le fond de son crâne, dans les tréfonds d’un cerveau en vrac.
▬ Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu as besoin de quelque chose ? La question évidente, la réponse qui l’est tout autant, si bien qu’il garde un silence railleur, se contentant d’un vague haussement d’épaule. Il a besoin d’
elle. Et elle doit bien en avoir conscience. Son aide serait si précieuse que l’Anglais ne peut s’empêcher d’insister à chaque fois. Pas aujourd’hui, il va la laisser prendre un autre chemin.
▬ Ce n’est pas un terrain de jeu ici. Elle argue, moqueuse et il étouffe un rire amusé.
▬ En effet. Il y a des choses tellement plus intéressantes à l’extérieur… Il se retient de justesse avant de prononcer les phrases fatidiques, celles qui risqueraient de la braquer. Faire son possible pour apprivoiser la louve solitaire, l’empêcher de ruer dans les brancards au moindre déplaisir. Pourtant, tester les limites comme les affinités.
Asher fait quelques pas dans sa direction, dossier pendant au bout de son bras.
▬ Mais j’ai un nouveau jouet et j’ai besoin de ton aide ! Meurtres atroces qu’il évoque comme s’ils n’étaient qu’anecdotes alors que ses yeux se fixent aux prunelles de la scientifiques. Recherche de la réaction, capter et imprimer la moindre impulsion sur les traits.
Il prend ses aises, pousse avec plus ou moins de précaution les ustensiles et les fioles pour s’aménager une place raisonnable, sans attendre le consentement de sa collègue.
Une photo, qu’il pose bien au centre. Détails qu’il n’épargne pas à la blonde, par respect pour son travail, pour ce qu’elle est. Nul besoin de ménager celle qui baigne déjà dans le métier.
▬ Deux gosses retrouvés égorgés sous un pont aux abords de Memphis. Deux semaines qu’ils étaient là, qu’il paraît. Volontairement vague, il lui laisse le loisir de s’approcher, de voir d’elle-même et de poser un premier diagnostic. Tout part toujours des premières hypothèses et, avec elle, les idées viennent beaucoup plus vite.