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I wonder how bad that tastes when you see my face. Hope it gives you hell, hope it gives you hell, when you walk my way.

Spencer, Ethel l'apprécie. Ils se connaissent depuis extrêmement longtemps, beaucoup pour qu'elle se souvienne quand, comment et pourquoi d'ailleurs. Il y a eu des hauts et des bas, il y en aura toujours. Ethel ne vit pas dans le monde des Bisounours alors elle n'ira pas jusqu'à dire que ce sera toujours le cas mais qu'ils se réconcilieront toujours. Ce serait trop fleur bleue pour elle, trop ... dégoulinant de bons sentiments. Beurk. Et aujourd'hui, elle n'est pas d'humeur. Voilà deux jours qu'elle n'a pas eu sa dose et c'est vraiment trop pour une personne comme elle, qui a l'habitude d'en avoir un peu tous les jours. Et beaucoup certains soirs, quand ça ne va pas ou quand elle fait la fête. Vous imaginez un peu comme c'est difficile à vivre ? Que ce soit imaginable ou pas, elle le vit mal. Très, très mal même. Son travail ne suffit pas, ne lui ramène pas assez d'argent. Son compte en banque est à sec, et elle n'a toujours pas revu sa famille depuis qu'elle est là. Ils ne lui donneront certainement rien du tout, en même temps. A moins qu'il ne pense qu'elle a arrêté avec tout ça ? Ils auront du mal à croire mais elle peut toujours espérer ... des fantasmes, son imagination, c'est tout ce à quoi elle peut s'accrocher désormais. Elle préfère imaginer les scènes de ses retrouvailles avec Bryan, avec ses parents plutôt que d'affronter la triste réalité : non, ils ne seront sans doute pas ravis de la voir. Toujours est-il qu'elle est à sec. Plus de drogue chez elle, à peine assez d'argent pour s'acheter de quoi à manger ses premiers jours. Et son loyer, on n'en parle pas ...

Elle va être obligée de demander au propriétaire de lui accorder un court délai. Jusqu'à ce qu'elle reçoive sa paie. Jusqu'à ce qu'elle puisse lui donner un peu de liquide, assez elle l'espère. Est-ce sa faute si la paye ne tombera pas avant la fin de la semaine ? Elle n'y peut rien. Et elle ne peut pas vraiment demander à son patron de lui donner une avance ... elle ne travaille pas là-bas depuis assez longtemps pour se le permettre. Donc, Ethel n'est pas de bonne humeur, entendons par là qu'elle est en rogne perpétuellement. Elle n'est pas sortie de son appartement depuis la veille au soir, pour bosser, et elle vient de recevoir un SMS de Spencer. Qui lui demande de venir chez lui. Parce qu'il a besoin de la voir. Pourquoi, elle ne sait pas. Mais ça la fait chier. Elle n'est pas le genre de personnes à se confier aux autres et elle n'est pas non plus le genre de personnes à qui on peut raconter des choses et d'autres pour soulager sa conscience et son esprit. Empathique, elle ne l'est pas. Elle ne l'a jamais été et ça ne changera jamais. Elle aime bien Spencer, mais aujourd'hui n'est pas le jour où elle fera des efforts pour être agréable. Il l'a déjà supportée dans cet état, mais rien ne dit qu'il appréciera cette fois encore. Bah, qu'est-ce que ça change, hein ? Il finira bien par se rendre compte qu'elle n'a rien à lui apporter à part toute cette ... colère qui traîne en elle depuis trop longtemps. Elle n'a rien à lui offrir. Rien.

Malgré tout, Ethel prend sur elle. Elle ne devrait peut-être. Il aurait peut-être été préférable, pour elle comme pour lui, qu'elle prétendre être occupée. Trop pour lui rendre la visite désirée. Mais elle ne le fait pas, et elle ne sait pas trop pourquoi. Peut-être parce qu'elle aime foutre en l'air tout ce qui est autour de lui, toutes les personnes qui font partie de sa vie d'une manière ou d'une autre ... Dans l'état où elle se trouve actuellement, elle se doute que rien de bon ne pourra sortir de cette visite de "courtoisie". Mais elle n'accepte pas de le voir, ni de se remettre en question. Alors elle s'habille rapidement et prend sa voiture, direction la maison de Spencer. Enfin, de ses parents mais c'est pareil. Tout le trajet se fait dans une tension insupportable. La jeune femme se mord les lèvres, tapote le volant du bout de ses doigts avant de le serrer trop fort. Elle est sous pression. Pire, elle est en manque. Et cela ne va pas aller en s'arrangeant les prochains jours ; il va falloir qu'elle trouve une solution dans l'urgence. Parce qu'elle ne pourra pas attendre quatre jours de plus avant d'avoir sa dose. Ce serait juste ... invivable. Elle ne le supportera pas. Et il va falloir qu'elle trouve une solution sur le long terme aussi. Elle ne sait pas si son manque d'argent vient de son emménagement récent ou de sa paye trop faible mais elle ne va pas pouvoir le supporter ne serait-ce qu'un mois de plus. Elle a besoin de cette foutue drogue. Arrivée devant chez Spencer, Ethel frappe à la porte sans ménagement. Elle s'en fout de ne pas lui avoir donné d'heure d'arrivée. Elle s'en fout de déranger qui que ce soit. Tout ce qui traîne dans sa tête, c'est ô combien elle est dans la merde jusqu'au cou. « Spencer ? C'est moi ! » Espérons qu'il ouvre vite la porte. Avant qu'elle ne perde patience, tant qu'à faire.

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I wonder how bad that tastes when you see my face. Hope it gives you hell, hope it gives you hell, when you walk my way.

Même si aujourd'hui Spencer a plus d'amis qu'il n'en avait étant enfant, il reste quelqu'un d'assez solitaire, avec peu d'amis. Il en a peut être peu, mais il sait cependant qu'aussi peu nombreux soient-ils, il peut compter sur eux lorsqu'il en a besoin, il sait qu'il peut leur faire confiance et que ces quelques personnes le comprennent ou à défaut de le comprendre, l'acceptent comme il est, sans jamais le juger. Ethel Ludsen fait partie de ces personnes. Ils se connaissent depuis leur enfance malgré leurs quelques années de différence, parce que leurs parents sont amis. Si au début les deux s'entendaient, mais sans plus, leur amitié s'est renforcée au fur et à mesure des années, si bien qu'aujourd'hui Spencer considère Ethel presque comme sa meilleure amie, ou en tout cas, leur relation est ce qui s'en rapproche le plus pour le bouclé. La jeune femme a eu quelques soucis par le passé, elle les a toujours d'ailleurs, et lorsqu'elle s'est fait virer de chez elle, lui ne lui a pas tourné le dos, comme bon nombre de ses proches. Il aurait eu son appartement à lui, il lui aurait peut-être même probablement proposé de l'héberger, seulement, il vit toujours chez ses parents, et comme ils sont amis avec la famille d'Ethel, ils n'ont pas voulu prendre parti et prendre surtout le risque de se fâcher avec les Ludsen en hébergeant leur fille. Spencer a bien essayé d'insister, mais sans succès. Quoiqu’aujourd'hui, il serait capable si elle lui demandait de l'aide de relancer ses parents, ou même de tenter de trouver une autre solution pour elle.

Quoi qu'il en soit, Ethel, est restée une amie importante à ses yeux, sa confidente, même quand la demoiselle n'est pas toujours dans le meilleur des états pour l'écouter. Peu importe à l'étudiant, tant qu'il peut parler et avoir une présence à qui se confier, même si elle n'écoute pas vraiment, lui, ça lui fait du bien de juste sortir ce qui le tracasse, ce qu'il a sur le coeur. Bon, on ne va pas se mentir, c'est toujours mieux quand il y a un minimum d'intérêt de l'autre côté, du répondant, des conseils. Seulement, en envoyant un message à Ethel pour qu'elle passe parce qu'il a besoin de lui parler, il ne peut pas savoir d'avance, si elle est dans un bon moment ou pas pour ce genre de discussion. Mais là, il a vraiment besoin de parler. Cela fait un moment que Spencer a repéré ce jeune homme mystérieux qui l'intrigue, il a même intégré le cours de psychologie, juste parce qu'il y est aussi. Et il n'a encore jusqu'à aujourd'hui, jamais parlé de Sloan à quiconque. Seulement, aujourd'hui, il a besoin de se confier à quelqu'un sur le sujet, parce que cette histoire vient de prendre une toute nouvelle tournure pour le bouclé, qui de l'observation est passé à l'action. Alors non, il ne l'a pas directement abordé encore, mais à cause du dernier cours de psycho, il s'est mis en tête de relever le défi de rendre ses émotions au châtain, ce qui risque d'être plutôt complexe. Il ne sait pas ce qui lui a pris en répondant ça sur ce bout de papier, mais il l'a fait, il a même déjà commencé avec succès. OK. L'agacement, c'est assez simple à créer comme émotion. Quoi qu'il en soit, Spencer a besoin d'en parler, d'avoir un avis extérieur à tout cela, qu'on l'aide à gérer cette situation. Il a instinctivement pensé à Ethel pour cela. Il n'y a plus qu'à espérer qu'elle sera dans une de ces bonnes journées.

Le message envoyé, Spencer espère qu'elle viendra. Il la connait et sait qu'elle préviendra probablement pas, du coup, il reste chez lui, rejetant toutes propositions qu'on lui fait qui le ferait sortir de chez lui, juste pour ne pas rater le moment où elle arrivera. « Spence, on part. Tu pourras aller chercher du pain pour ce soir s'il te plaît ? On n’aura pas le temps de passer à la boulangerie avant de rentrer. » Et merde, il ne va pas pouvoir leur dire non sans leur expliquer pourquoi il refuse, et se connaissant, il risque de parler trop et de parler à ses parents de Sloan. Ils sont bien les derniers qu'il veut voir au courant pour le moment, car le bouclé déteste voir ses parents s'immiscer dans sa vie privée, c'est un peu à cause d'eux que son premier petit ami l'a lâché, ils étaient selon lui, trop envahissant, et Spencer ne peut que lui donner raison, même lui en avait marre, alors il a compris quand il est parti et en a d'ailleurs voulu quelque temps à ses parents. « Je le ferais. » Ton neutre et sans envie pour répondre. Parce que non, il n'en a pas envie, mais il le fera quand même. Dès qu'ils sont partis, il prend l'argent destiné au pain que ses parents lui ont laissé, enfile ses chaussures et sa veste en jean pour se rendre rapidement à la boulangerie. Plus vite il y va, plus vite il sera rentré et moins grands sont les risques qu'Ethel arrive pile-poil quand il est dehors. Il n'en a pas pour longtemps, quinze minutes tout au plus. Sauf que lorsqu'il revient, il aperçoit la silhouette de la jeune femme devant la porte de sa maison. Évidemment, il s'absente un tout petit quart d'heure, et elle arrive pile à ce moment-là. Pourvu qu'elle n'attende pas depuis trop longtemps. « Ethel ! Désolé, j'ai dû aller chercher le pain pour mes parents. » Spencer lui montre les deux baguettes qu'il tient en main comme pour se justifier et se dépêche d'ouvrir la porte pour permettre à Ethel d'entrer. « Merci d'être venue. T'as pas l'air dans ton assiette, ça va ? » La question semble stupide, parce qu'il voit bien à son visage, qu'elle n'est probablement pas au top de sa forme. Elle a les traits tirés et fatigués, mais il préfère demander, même si, la connaissant maintenant, il peut déjà supposer qu'elle ne vient pas de prendre une dose et qu'elle doit plus probablement être en manque, sans pour autant pouvoir affirmer quoi que ce soit. Ça le désole de la voir dans cet état-là, mais il ne sait rien y faire, alors il se contente d'être là pour elle. « Tu veux quelque chose à boire ? » Il se dirige vers la cuisine en lui faisant signe de le suivre. Moindre des politesses, elle est venue jusqu'à lui, alors il ne va pas direct l'ennuyer avec ses histoires, qui soudainement en voyant son état, prennent des airs de problèmes de cours de récré.

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I wonder how bad that tastes when you see my face. Hope it gives you hell, hope it gives you hell, when you walk my way.

Elle n'as pas donné d'heure d'arrivée à Spencer. En fait, elle ne sait même plus si elle lui a confirmée qu'elle allait venir. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle s'attendait à ce qu'il soit là quand elle arrive. Pas à devoir faire face à une putain de porte qui s'obstine à rester fermée. C'est une blague non ? Une blague de merde, mais une blague quand même ? Il ne peut pas en être autrement. Elle s'est décidée à se bouger le cul jusqu'ici et elle se retrouve face à une porte close. Pas de Spencer en vue, elle ne l'entend même pas s'activer dans la maison. Rien du tout. Putain de merde. Ethel ne sait pas combien de temps elle reste plantée là, derrière cette porte, sans oser faire le moindre mouvement, pas même pour sortir son portable de sa poche. Mais elle reste plantée là. Indécise sur la marche à suivre, pas même tout à fait capable d'y réfléchir. Va-t-elle patienter jusqu'à ce que Spencer se décide à pointer le bout de son nez ? Ou se barrer comme elle aurait dû le faire il y a cinq minutes déjà ? Elle n'a pas à prendre de décision - son cerveau tourne, de toute façon, trop au ralenti pour cela - : des bruits de pas se font entendre derrière elle. Ethel ne prend pas la peine de tourner la tête dans cette direction, ni même de lui répondre quand il la salue. Elle n'est déjà pas d'humeur alors s'il faut en plus qu'elle se force à être sympathique et enjouée, elle finira par faire une rupture d'anévrisme, ou un truc dans le genre. Un arrêt cardiaque, une crise de nerfs. En tout cas, quelque chose qui montre à quel point elle est ... Ailleurs. Ouais, elle aurait mieux fait de rester chez elle. Mais maintenant qu'elle est là - et que, ô miracle, Spencer aussi - elle ne va pas se barrer. Elle n'est pas venue jusqu'ici pour rien. Même si cela signifie devoir écouter, ou prétendre écouter, ce qu'il a besoin de lui dire. Spencer ouvre la porte et Ethel le regarde faire, toujours aussi stoïque. Elle n'a toujours pas prononcé le moindre mot, ni même ouvert la bouche, ni même fait un quelconque mouvement. Elle se contente de ... d'être là. Sans être vraiment là.

Cela dit, il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour entrer chez Spencer. Aussitôt, elle se tourne vers lui, bras croisés sous sa poitrine. « Tu me demandes de venir et me fait poireauter pour aller acheter du pain et tu me demandes si ça va ? Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? » C'est plus fort qu'elle, elle ne peut contrôler ses mots ou son agacement. Ses émotions, toujours très vives, sont plus puissantes qu'elle. Elle est à fleur de peau et il n'a, visiblement, pas fallu longtemps à Spencer pour s'en rendre compte. Tout comme il n'aura pas fallu longtemps à Ethel pour craquer. Quoi qu'elle essaye encore de garder un tant soit peu le contrôle. Ce serait con qu'elle s'énervant encore plus en se prenant la tête avec Spencer là, tout de suite. Elle n'a pas besoin de ça et elle se doute que son ami non plus. Alors, elle lève les yeux au ciel, soupire et essaye de prendre sur elle. Cela fonctionne ... un peu. Et pas très longtemps. Elle sait que cela ne durera pas et qu'elle ferait mieux d'en finir tout de suite avec cette rencontre mais elle ne le fait pas. Regrettable erreur. « Ouais un verre d'eau. » Sa bouche est sèche, elle en a besoin. Et si cela peut lui permettre de fermer sa gueule plutôt que de déblatérer des conneries qui envenimeront une situation déjà tendue, tant mieux. Elle boira, écoutera Spencer en essayant de se concentrer sur ses paroles et finira par se barrer. En le prévenant ou en profitant d'une absence momentanée. « S'il te plaît. » Ajoute-t-elle rapidement, consciente qu'elle ne réussira pas à calmer une situation déjà tendue en étant impolie. Elle n'est peut-être pas la personne la plus agréable et la plus sympathique qui soit, mais elle n'est pas pour autant irrespectueuse. Pas totalement, en tout cas. Elle sait faire des efforts de temps à autre, quand elle juge cela nécessaire. Spencer est son ami depuis un paquet d'années et il sait à quoi s'en tenir avec elle. Mais ce n'est pas une raison, et elle le sait. C'est sa putain de fatigue qui la pousse à bout.

Sans vraiment attendre l'invitation de Spencer - elle connaît cette maison mieux que son petit loft actuel de toute façon -, Ethel retire sa veste qu'elle jette à moitié sur le dossier du canapé. Puis elle s’assoit sur un accoudoir du dit-canapé. Elle croise ses jambes, ses mains. Ainsi 'repliée' sur elle-même, elle se sentira plus contenante, plus à même de supporter les minutes à venir sans faire une crise de nerfs aussi soudaine qu'incontrôlable. Calme, Ethel. De toute façon, ça ne devrait pas durer trop longtemps ... Si ? Spencer sait qu'elle n'est pas la personne la plus adaptée pour espérer des conseils et une écoute attentive. Elle est trop indisciplinée pour cela, trop instable. Sa patience est très, très limitée. Et aujourd'hui tout particulièrement. « Qu'est-ce que t'avais de si important à me dire ? » Son allure, sa façon de le regarder et de lui parler sont peut-être trop ... hautains. Mais que peut-elle y faire ? C'est ce qu'elle est et ce, depuis toujours. Ce n'est pas parce qu'elle vit maintenant une vie misérable, qu'elle est à peine capable de trouver de quoi bouffer tous les jours qu'elle a perdu ses vieilles habitudes. Parce que ces habitudes-là, elles ont la vie dure. Et c'est la seule manière qu'Ethel a trouvé pour garder un semblant de dignité. Juste de quoi ne pas s'effondrer là, tout de suite. Avec sa fierté, son côté hautain et petite fille riche pourrie gâtée, elle reste Ethel Ludsen. C'est tout ce qui compte, tout ce dont elle a besoin pour ne pas se laisser rabaisser plus bas que terre. Son boulot, en plus de sa situation financière actuelle et l'état pathétique dans lequel elle le se trouve actuellement, le font déjà assez d'eux-mêmes.