Une semaine déjà, mais Micah tenait bon. Il n’avait pas envie de remettre ça sur le tapis, pas envie d’en débattre encore. Il fallait que les choses se calment d’elles-mêmes et que vous reveniez vers l’autre après que les jours et les nuits vous aient apaisés. Micah n’était pas encore venu chercher la voiture, c’était vrai ce qu’il disait sur le manque de place. Et ce n’était pas dans le petit parking de l’immeuble qu’il risquait de garer cette sublime voiture que tu lui avais offerte. Elle est bien mieux chez toi cette voiture, moins de risque que quelqu’un la lui vole. C’était un trop beau cadeau, Ruben. L’idée mûrissait dans son esprit, il a beau y réfléchir encore et encore, il ne sait pas comment l’accepter sans se sentir acheter. Tes façons de faire le déstabilisent. Peut-être que cette semaine aura fait du bien finalement.

Il repose son téléphone sur sa table basse, après avoir constaté aucun message de ta part, et se laisse aller contre son canapé. Son appartement n’est ce qu’on appelle du grand standing. Trente-cinq mètres carrés, on en fait vite le tour. La porte d’entrée ouvre sur un couloir étroit comportant la porte de la salle de bain à droite et la chambre à gauche, le bout du couloir ouvre sur la pièce à vivre avec un petit coin salon et une petite cuisine où il y a à peine assez de place pour manger à deux. Le tout dans une ambiance un peu fouillis, chaleureuse et vintage. Parce que Micah adore récupérer les vieilleries qu’il trouve pour les incorporer à son chez lui. Rien n’est neuf ici, même la cuisine et la salle de bain faisaient déjà partie de l’ensemble quand il a emménagé ici. Mais peu importe, il est bien dans son cocon, et ne désire pas spécialement en changer pour un espace plus grand.

Pas de télévision chez lui, de toute façon le câble coûte cher et les émissions télévisées rendent les gens stupides. Micah a laissé tourner son ordinateur sur une playlist aléatoire passant pour le moment la version remixée par Lindsey Stirling de Radioactive d’Imagine Dragons. Il fixe le plafond, l’esprit un peu ailleurs. Demain, il viendra te voir s’il n’a toujours pas de nouvelles de toi. Il ne sait pas trop pour quoi dire, ni quoi faire. Il trouvera bien. Mais cette situation ne lui convient pas du tout. C’est trop long.

Il était loin de se douter que le premier pas, ce serait toi qui le ferais. Loin d’imaginer que tu puisses baisser un peu la garde et te laisser aller à venir jusqu’ici. D’ailleurs, quand il entend la sonnette de l’entrée et que c’est ta voix qu’il entend dans l’interphone, il est si surpris qu’il en perd ses mots. « Euh… Monte, c’est au quatrième la porte de droite. » Evidemment sans ascenseur. Il ne sait pas s’il doit rire de cette situation ou s’inquiéter du fait que tu vas voir son appartement pour la première fois en trois mois de relation. Mais incapable d’attendre que tu frappes à la porte, il ouvre déjà, restant dans l’embrasure attendant que monte les quatre étages. Pour un peu, il t’entendrait presque pester contre ces escaliers et un petit sourire nerveux étire ses lèvres.

Appuyé contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur sa poitrine, il se croyait décontracté, mais non seulement il ne l’était pas, mais quand il vit comment tu étais habillé, il crut que sa mâchoire allait se décrocher. Oh, lui n’était pas mieux habillé avec son jeans noir et son t-shirt froissé, mais c’était normal chez Micah. Mais te voir dans des vêtements bons marchés c’était… on le lui aurait dit qu’il ne l’aurait jamais cru. « Mon dieu, mais qui êtes-vous ? » Ta tête un peu bougonne était juste ce qu’il lui fallait pour se détendre et esquisser un sourire plus vrai. « Mon copain ne va pas tarder, il est du genre jaloux, je pense que vous devriez essayer une autre porte. » Et oui, il arrive encore à se moquer de toi alors qu’il y a quelques jours – et ce matin encore – il t’en voulait pour cette histoire de voiture. Ne voulant pas déclencher tes railleries dans le couloir de l’immeuble, il s’efface et t’invite à rentrer. « Rentre, sinon ma voisine va encore se plaindre que quelqu’un fait encore trop de bruit dans les couloirs »

Micah sourit, n’en rajoutant plus. Te voir là, sur son pallier c’est tellement inattendu.  Il n’aurait jamais pensé que tu serais venu de toi-même ici. Il pensait qu’il lui faudrait bien plus de temps pour te convaincre d’un jour venir voir le lieu où il vit. Il sait que ça n’a rien à voir avec ta maison, ni même avec ta chambre seule. C’est étroit, bien agencé, certes, mais c’est petit. Trop petit pour deux peut-être. Avec toi à l’intérieur, l’appartement semble effectivement trop petit. Pourtant Micah a toujours considéré qu’il avait de la chance sur cette location. Il aurait pu tomber sur pire.

Il referme la porte de l’appartement, sa bonne humeur redescendant en te voyant arriver au bout de l’étroit couloir. Il te rejoint alors, balayant la pièce du regard. Pas vraiment rangée, pas non plus le chaos total. Une pièce dans laquelle on vit, sans personne derrière pour ramasser les crasses ou ranger une veste. Un appartement avec de la vie. Parfois, le côté irréprochable de ta maison le désarçonne un peu. C’est pour ça qu’il aime tant investir ta cuisine, parce que c’est impossible de garder une cuisine nickel et irréprochable. Elle est toujours pleine de vie ta cuisine. Que ce soit lui ou ta cuisinière qui investit la pièce.

Charmant. Il passe une main dans sa nuque. « Te force pas, Ruben. C’est chez moi, ici. » Puis il t’indique le canapé. « Installe-toi, tu veux quelque chose à boire ? J’ai … de la bière. » Il hausse les épaules et va en chercher deux dans le frigo. Puis il vient te rejoindre, assis dans le canapé. Il ne te propose pas de verre, semblant deviner pourquoi tu es ici, dans cette tenue. Il décapsule ta bière et te la tend. « Je ne t’attendais pas… Je suis surpris de te voir ici. » Il fait de son mieux pour ne pas s’arrêter sur ton regard effaré sur la pauvreté du lieu. Pourtant, il ne se considère pas comme si mal loti que ça. Certes, il n’y a rien de cher ici, mais ça n’a pas d’importance pour lui. Mais ça en a pour toi. C’est pour ça que tu es aussi mal à l’aise dans ces vêtements.

Micah sourit, oui c’est vrai qu’il était temps que tu viennes. Et ça lui fait plaisir que tu sois là de ton plein gré, sans personne derrière pour te souffler l’idée. Rien que ça, Micah décide de ne pas trop te pousser dans tes retranchements. Il te laisse venir, te laisse trouver tes marques dans cet appartement bien trop petit pour toi.  Mais il se délecte, Micah, à regarder ta bouteille hésitant. Il a un peu sourire mais il le cache rapidement en amenant sa bière à ses lèvres.

Puis tu te rapproches et ça détend Micah de te sentir à son côté, ta tête  sur ton épaule. Alors, appuyé contre le dossier du canapé, il vient passer un bras autour de tes épaules pour que tu t’installes plus confortablement. Micah lui, sent la tension s’envoler et dénouer ses épaules. Ça fait du bien de te retrouver là, après une semaine sans un mot. Il a un doux rire quand tu lui expliques ce que tu es venir faire, ce que tu es venu prouver. Il ne se moque pas, pas le moins du monde. Il hoche la tête. « Bien sûr, on pourra prendre ma voiture. »

Puis il vous redresse un peu, la bouteille dans la main derrière ton épaule, il redresse ton menton de l’autre pour atteindre tes lèvres. Il t’embrasse tendrement, appuyant un peu laissant transparaitre son manque de toi. Une semaine, quand on a l’habitude de se voir presque tous les jours, c’est long. Et il n’hésite pas à te le faire savoir. Puis il te regarde, un petit sourire taquin aux lèvres. « Est-ce que faire l’amour dans un trente-cinq mètres carré fait partie de tes projets ? » Son sourire s’étire, Micah est bien disposé aujourd’hui, et il aura suffi d’un rien. Juste de toi montant les marches des escaliers de chez lui avait suffi.

Il t’embrasse encore, avec un peu plus de réserve que tout à l’heure. Il repasse sa bière dans son autre main pour boire un coup encore. Il se tourne un peu vers toi, un peu plus sérieux. « Allez, raconte-moi ce que tu as prévu aujourd’hui. » Comme activité de pauvre. Il n’est pas stupide, Micah, mais il n’en rajoute pas. Là, tout de suite, ça ne le blesse pas. Tu es là, chez lui, tu as fait l’effort. Il peut bien maintenant en faire lui aussi.

Tu sais, ce n’est pas si monstrueux de vivre ici. Il voit bien ton regard, il imagine que ça carbure dur dans ta jolie tête blonde. Il n’a pas besoin de se demander ce que tu penses de chez lui, il le devine aisément. Sans doute trop petit, trop pauvre, trop… Micah garde pour lui sa gêne. A côté de toi, il sera éternellement pauvre. C’est la stricte vérité. A côté de toi, il ne vaut pas grand-chose. Personne ne le connait, personne ne peut reconnaitre son visage. Mais ça ne l’a jamais dérangé avant. Faire partie de la masse ne l’avait jamais perturbé. Avant. Depuis qu’il te connait, il a peur de faire tâche à ton côté.

C’est pour ça qu’il met ces chemises que tu lui offres, ces jeans beaucoup trop chers pour sa bourse. Pour ne pas trop dénoter. Mais ses moyens ne vaudront jamais les tiens. Et ça… les médias pourraient s’en délecter. Il refuse qu’on le prenne pour un de ces mignons qu’on habille, qu’on achète et qui ne restent que pour les cadeaux qu’on leur fait.  L’idée d’être un jour sujet des tabloïds pour sortir avec le plus grand PDG de Memphis ne le rassure pas vraiment. Et heureusement jusqu’ici, personne ne s’est acharné sur eux. Votre histoire est peut-être trop récente encore.

Il te dévore du regard quand tu lui assures que vous pourrez trouver un moment pour caser un peu d’intimité tous les deux. Il serait bien tenté de te faire visiter la chambre dès à présent, mais il doit avouer quand même être plutôt curieux de ce que tu as préparé pour aujourd’hui. Quand tu lui parles de manger ici, avec lui, il sourit, intrigué. Des courses spéciales alors ? Noodles, sodas, saucisses et oréo. Il se retient de rire. « Tu sais, j’avais à manger chez moi. Mais d’accord. » Il prend le sachet de course et se lève pour aller à sa cuisine. Sauf que de mettre les boites au micro-onde – ce qui prendrait moins de temps pour cuire – il sort la poêle.

Vu les boites, les pâtes sont déjà précuites. Mais au vu aussi de ce que c’est, il était hors de question de les manger comme ça, c’était dégueulasse. « Par contre, c’est pas parce que je n’ai pas beaucoup de moyens que je mange des plats préparés, ce truc est dégueulasse, mais on va trouver comment leur donner du goût. » Parce que Micah aime la bonne cuisine et tu ne trouveras pas de plats préparés chez lui. Mais pour te faire plaisir, il réchauffe les petites saucisses au micro-onde. « Quand ça sonne, tu peux sortir le plat, pour goûte. Tu verras par toi-même. » Lui, il s’occupe de donner du goût aux Noodles avec quelques épices et un bonne cuisson. Il ouvre une armoire au-dessus de sa tête contenant les assiettes et les verres. Puis le tiroir à côté avec les couverts. L’espace devient plus étriqué pour deux, mais il a l’habitude. « Je peux te demander de mettre la table ? » Sans se moquer de toi, il te montre ce que c’est que de se débrouiller tout seul quand on n’a pas de domestique pour mettre et débarrasser la vaisselle.

Pendant qu’il cuisine, il te sent voyager dans l’appartement. Pas longtemps, c’est vrai, on fait vite le tour ici. Mais cela rend Micah un peu nerveux, il se demande ce que tu penses de tout ça. Si tu ne vas pas encore tenter de lui faire comprendre qu’il serait mieux chez toi, dans ta maison, avec de vrais espaces. Personne ne refuserait une maison comme la tienne. Micah ne refuserait pas vraiment. Mais c’est trop tôt encore, pour lui. Il a peur de mettre la charrue avant les bœufs. Peur de prendre la place que tu lui donnes et qu’un jour – trop rapidement – tu te lasses et le mette à la porte. Tu n’es pas n’importe qui. Il veut faire les choses bien, c’est tout.

Quand tu viens le regarder cuisiner, il te jette un regard, avec un petit sourire tendre. Parce qu’il apprécie l’effort que tu fais à sa juste valeur. Et puis il est content de t’avoir près de lui. Il te regarda mettre la table du coin de l’œil, chose qu’il ne t’avait jamais vu faire à la maison. Enfin, ce n’est pas comme s’il te pensait incapable de dresser une table, mais il observait, attendrit par ton petit air satisfait d’avoir accompli une chose aussi simple que tu déléguais la plupart du temps à tes domestiques.

Puis Micah retourna à ses pâtes enfin cuites quand la micro-onde sonna. Il n’eut pas le temps de te prévenir que déjà tu retirais ta main vivement, après t’être brûlé les doigts sur l’assiette. « Ca va ? » Mais quand tu ris doucement à ta bêtise, Micah sourit lui aussi. « C’est ma faute, j’aurai dû te donner quelque chose pour prendre l’assiette. » Il prend sa poêle pour la déposer sur la petite table, mais s’arrête dans son mouvement pour te regarder déguster une petite saucisse, ton air perplexe et ta remarque le firent rirent doucement. « Ca passe, en effet, comme les Noodles, dis-toi qu’il y a des gens qui ne peuvent s’offrir que ces plats-là pour manger. Moi, je ne pourrais pas. » Monsieur est encore un peu pointilleux sur la nourriture, s’il se permettait des gouts de luxe quelque part, c’était bien en bouffe.

Il pose la poêle sur une plaque, sur la table haute, puis se tourne vers toi. L’étroitesse de la cuisine ne permettait pas une distance raisonnable entre vos deux corps. Peu importe, ça arrangeait un peu Micah. Il se rapproche encore un peu, glissant une main sur ta hanche, presque contre tes lèvres, il marmonne : « Allez, va t’assoir, on mange. » Puis il t’embrasse, tendrement d’abord, puis y glissant d’autres passions, et son amour dans ce baiser. Quand il te libère, il est à ta place, entre le micro-onde et la table, pour te permettre d’aller t’assoir sans encombre. Avec un simple essuie, Micah prend l’assiette brûlante et la pose sur la table. Puis à son tour, il vient s’assoir, à côté de toi et t’invite à te servir toi-même. « Bon appétit. »

Micah profite et se laisse servir. La nourriture n’est pas la meilleure, mais ils feront avec. Il aura fait de son mieux pour relever le goût. Mais la mauvaise nourriture reste de la mauvaise nourriture. On ne peut pas faire mieux. Ca a moins mauvais goût qu’il ne l’aurait pensé, mais il ne saurait pas en manger régulièrement. Et vu la tête que tu tires, toi non plus, il suppose. Ça c’est certains, les restaurants dans lesquels tu l’invites, voir même ta délicieuse cuisinière étaient bien meilleurs que ce plat-là. Il hoche la tête, en assentiment à l’idée du fast-food. « Tu as vraiment prévu une journée mal bouffe, on dirait. »

Il te lance un regard tendre, tout guimauve aujourd’hui pour les efforts que tu fais pour lui. Il en arriverait presqu’à aller chercher la nouvelle voiture qui attend chez toi sans grimacer. Elle est belle cette voiture. Elle est tout ce qu’il n’aurait jamais osé rêver. Mais il ne te l’a pas encore dit, ça. Ça viendra. Il peut bien l’avouer après les efforts que tu faisais pour lui. Pour prouver que par moment, tu pouvais être comme tout le monde.

Quant à deviner ce que tu avais prévu pour vous deux, il n’en avait pas la moindre idée. Mais il fit l’effort de réfléchir, quitte à être à côté de la plaque. Il lève les yeux au ciel, faisant mine de réfléchir avec attention. « Alors, si tu n’avais pas prévu qu’on teste mon lit juste après ça… » Il esquisse un sourire intéressé. « Le parc peut-être ? Se balader mains dans la main, sans aucune limousine pour nous promener ? » Il t’adresse un clin d’œil complice. Il se tourne un peu vers toi, posant une main sur ta cuisse. « Ou alors aller voir un film au cinéma en ville ? » Il est vrai qu’il est curieux du programme que tu leur as fait. Curieux de voir comment la journée va se dérouler cette journée. Il repique une fourchette dans son assiette. Décidément ce n’était vraiment pas top. « Passe-moi les Oréo si tu veux bien, je n’aime vraiment pas ces trucs-là. Et quitte à mal manger. » Il repousse son assiette, alors qu’elle est à moitié entamée.

Tu le fais mijoter, sans réellement lui donner raison ou tort. Il aime bien, loin de le déranger. La curiosité le titille évidemment, mais ne le frustre pas. Tout est prévu pour aujourd’hui, il n’aura pas longtemps à attendre. Il t’offre un sourire charmant. Il va essayer de t’amadouer bien sûr, pour que tu lui cèdes quelques indices. Il prend les biscuits que tu lui donnes pour s’en prendre un. D’emblée, l’indice que tu lui cèdes le fait réfléchir. « Un endroit où il y a du monde ? … » Il réfléchit, ne voyant pas vraiment de quoi tu veux parler. Visiblement, pas de promenade dans le parc en perspective. Ce sera à lui de t’y emmener un jour. Sans limousine, sans voiture de luxe, sans fioritures.  Juste vous deux, un soir, au clair de lune. Tout simplement.

Pour ta voiture, il ne prit pas la peine de réfléchir longtemps. Laisser ta voiture à la vue de tous dans le parking de cet immeuble n’était pas vraiment une bonne idée. Elle ne se fond pas dans le décor. « Euh, on peut essayer de caser ta voiture dans mon garage… ou alors il faut la déplacer. Ta voiture attire trop les regards et je ne peux pas garantir qu’on ne s’en prenne pas à elle. » Mais son garage est peut-être un peu trop petit, sa voiture est déjà limite. Il était en train de réfléchir au problème quand il t’entend jurer – peut-être un peu trop fort pour les cloisons de son appartement.

Il se retourne vers toi, pour découvrir tout le haut de tes vêtements trempés par le Soda que tu venais d’ouvrir. Interdit, il te regarde sans savoir s’il doit rire ou s’alarmer. Il t’observe, te regardant te débattre avec ton problème. Il n’y a rien à faire, un sourire amusé étire ses lèvres. Il se retient de rire le bougre. Puis tu enlèves ton haut et  les choses deviennent intéressantes. Là, il laisse son sourire s’épanouir sur ses lèvres, amusé par la situation. « Attend, je vais t’aider. » Il tente de ne pas se moquer ouvertement, ne voulant pas te vexer plus. Il prend les vêtements dont tu t’es débarrassé pour les emmener à la salle de bains. « Je te les laverai si tu veux les récupérer. » As-tu vraiment envie de récupérer des vêtements pareils ?

Quand il revient, il a une serviette à la main. « Tu peux aller dans la salle de bain pour te rincer si tu veux, je me doute que ça doit coller. » Il rit doucement, il vient près de toi voulant adoucir ta colère. Il prend ton visage entre ses mains et t’embrasse. « Ou alors tu prends carrément une douche et tu me rejoins après ? » Toujours dans son idée de te démontrer que les endroits étriqués peuvent être tout aussi excitant que ton immense maison.

Effectivement, ce n’était pas dans son placard que tu trouverais ton bonheur. Il y réfléchit pourtant, il doit bien avoir un ou deux t-shirt un peu plus large. Ne serait-ce qu’un pull. De ceux qu’il achetait aux festivals à l’époque, de ceux qui ont des taches inlavables dont on ignore jusqu’à la provenance. Et on s’en fichait à vrai dire. Mais ces pulls-là, il n’ose même pas te les proposer. Il ne te voit pas porter ce genre de chose. Cela ne t’irait pas, ce n’est pas toi. Comme ces vêtements bons marchés ce n’est pas toi. Mais le style était déjà plus ton style que ce qu’il a à te proposer. Malheureusement, à part quelques t-shirt trop grands achetés en festivals et les pulls de fac qu’il avait achetés alors qu’il ne faisait partie d’aucune faculté alentours, à part ça, il n’a rien à te proposer.

Tu prends le pli de la douche et file découvrir la petite salle de bain de Micah. Il n’ose même pas imaginer ce que tu dois penser de l’endroit. Il ne pensait pas être aussi tracassé par ce que tu pourrais penser de son chez-lui. Il n’avait jamais eu à en rougir, il en avait toujours été très satisfait. Puis il n’y passait pas ses journées non plus, Micah remplit ses journées en les passant dehors, à courir, à nager, à sortir parfois, en voyant des amis, en travaillant aussi. Il passe rarement vingt-quatre heures d’affilées dans cet appartement. Il a beaucoup trop besoin de bouger. Autant vous dire que quand il est malade, cet appartement prend réellement des allures de petite prison étriquée. Mais le reste du temps, c’est sa maison, c’est chez lui et il l’aime comme ça.

Il est dans sa chambre, en train de sortir ses pulls et t-shirt de guindaille pour tenter de trouver le moins tâché quand tu l’appelles de la salle de bain pour savoir comment fonctionnait la douche. Sérieusement ?! Il hésite un instant. Puis finit par te rejoindre avec un petit rire. « C’est une douche comme les autres, rien de bien compliqué, regarde… » Il te jette un petit coup d’œil avant, bien tenté de te rejoindre si l’espace de la douche le permettait, puis il se penche dans la cabine pour te montrer comment la douche fonctionne. Mais il n’a même pas le temps de toucher la poignée que tu l’arroses, d’eau glacée. Il sursaute sur le coup, frappé par la différence de température. Alors s’il commençait à avoir des idées un peu salaces à ton égard, il était définitivement refroidi.

Un court instant, il te regarde, perdu entre colère et amusement. Mais Micah n’est pas un mauvais joueur, et ne manque pas de ce côté un peu espiègle dont tu raffoles également et c’est un sourire diabolique qui étire ses lèvres. « Attends un peu de voir… » Le pommeau de douche il le retourne contre toi. Il ne serait pas le seul à avoir refroidir ses ardeurs. Dans les éclats de rires et les grognements, le pommeau de douche passe de mains en mains, vous trempant tous les deux, et inondant la moitié de la salle de bain au passage.

En bataillant contre toi, Micah glissa et en voulant éviter la chute, il s’agrippa à toi. Malheureusement, il n’y avait plus aucune surface sèche au sol et il ne fit que t’entrainer dans sa chute atterrissant lourdement sur le carrelage froid et mouillé. Micah, le pommeau de douche encore à la main était étendu sur le dos et riait encore alors que son dos avait tout pris. « T’es plus le seul à devoir te débarrasser de tes vêtements maintenant » Il avisa tes vêtements à terre près de la douche et pouffa encore plus. « Et je crois que le reste de tes vêtements sont fichus aussi. » Il repoussa le pommeau de douche dans la cabine, ferma le robinet rapidement et s’adossa contre l’armoire de son lavabo, toujours ce sourire aux lèvres et cet air hilare. « Ça va Papy, rien de cassé ? » Il rit encore, te couvant du regard.

Micah te regarde faire, toujours hilare. Mais les vêtements qui collent et dégoulinent commence à peser et la sensation devient désagréable. Il faudrait qu’il se débarrasse de tout ça rapidement. Qu’il fasse également sécher tout ça rapidement. La salle de bain comprise. Quel beau foutoir. Tu sais, ici, c’est Micah qui va devoir passer derrière, contrairement à chez toi. Mais il en sourit. Pour ce que ça le dérange dans le fond. La surface est petite et puis le souvenir suffira à le faire sourire à la tâche.

Il se relève grâce à toi, vos corps se collent l’un à l’autre et une certaine évidence fait briller les yeux de Micah. Un éclat nouveau, plein d’un désir réciproque. Le baiser échangé se prolonge, les sens de Micah s’affûtent, à l’affut de sensations, du genre qui électrisent. Et ça ne loupe pas, comme à chaque fois. La chaleur monte, et le regard qu’il te lance par la suite est animé de pensée plus audacieuses. « Moi aussi je t’aime. » Et c’était sincère. Il t’aime. Pour toi, pas pour ton compte en banque. « Je t’aime, toi et seulement toi. » Parfois, de devoir le préciser le rendait triste. Mais pas cette fois.

Il s’écarte légèrement, commençant par enlever son t-shirt, l’abandonnant à terre dans les flaques d’eau. Il continue, de se déshabiller, s’attaquant à son jeans, sans jamais te quitter des yeux. Il prend un peu le temps, que tu puisses profiter de chaque mouvement. A ce stade, tu n’es plus vraiment le seul à être content de ce qu’il voit. Enlever ce jeans est un soulagement, et le reste aussi. « Je déteste porter des vêtements trempés. » Maigre justification.

Il revient près de toi, glissant une main à sa taille et l’autre à sa nuque. Il vient t’embrasser, ne cherchant pas à cacher la passion et le désir qui l’habitent. Il passe une main dans tes cheveux, glissant l’autre main sur ta peau, laissant échapper un imperceptible soupire. Il met fin au baiser et te regarde comme si de rien n’était, alors que leur état semble évident. « Viens, il y a encore une pièce que tu n’as pas vue. On y sera plus au sec. » Prenant ta main, il te tourne le dos, et te guide en dehors de la pièce, jusqu’à sa chambre.  

Il t’aime avec passion et sans aucune retenue. La patience mettant ses nerfs à rude épreuve, rendant ce moment plus délicieux encore. Plus jouissif. T’aimer, encore et encore. Plus d’une heure durant, dans une petite chambre, sans doute l’une des plus petites dans laquelle tu n’as jamais faire l’amour. Peut-être. Mais dans le fond, il ne veut pas savoir. Il ne veut pas savoir avec qui, et où tu as déjà pu te laisser aller. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il est le premier. Homme. Et c’est tout ce qu’il veut savoir. Ou tout ce que tu lui laisses croire. Qui sait ? Mais Micah est persuadé d’être le seul à t’aimer comme ça.

Allongé sur le dos, un bras derrière sa tête, il est essoufflé, comblé, mais épuisé. Ses yeux sont déjà fermés, un petit sourire flottant sur son visage. Le sexe avec toi… Mazette. Il ne le dit pas, parce que tu n’aimes pas ça. Qu’il compare avec ce qu’il a déjà connu. Parce que Micah a connu beaucoup d’hommes et de femmes et que tu vois ça d’un mauvais œil. Il peut comprendre. Maintenant qu’il te fréquente, Micah ne parle plus trop du nombre de personne qu’il a eu dans son lit. Il ne s’en vantait déjà pas avant, aujourd’hui, il en a presque honte. Parce que ça fait tâche à tes côtés.

Il rit doucement, toujours les yeux fermés quand tu le menaces d’une diète radicale au prochain surnom du genre. « Oh doucement avec tes menaces… On ne tiendrait pas de toute façon. » Puis tu viens te glisser contre lui et il redescend son bras pour t’entourer. « Et pour ta gouverne, je ne veux pas parier combien de temps on tiendrait. Une semaine c’était déjà bien assez. » Il te jette un regard puis referme les yeux, encore ensommeillé.

Puis tes doigts viennent jouer sur sa peau et son sourire s’étire. Il en ronronnerait presque s’il en était capable. Sous tes doigts, il s’étire et se délasse. Il embrasse le haut de ton crâne puis regarde le plafond. « Là, j’ai pas envie de bouger, j’ai juste envie de rester allongé dans cette chambre avec toi. On verra dans une heure. » Il soupire, titillé par tes caresses. « Le parc c’est une bonne idée. » Cependant, il n’oublie pas sa curiosité, il n’oublie pas cette fameuse surprise. « Faut que tu me dises ce que tu avais prévu. » Il te regarde, finit par te lâcher pour glisser dans le lit pour avoir son visage à la hauteur du tien. « Allez, raconte-moi. » Il glisse sa main sur ta hanche, jouant à son tour avec ton corps.  

Paresser dans ce lit avec toi lui convenait parfaitement. Les affres du sommeil l’engloutissent peu à peu. Il te regarde, perdu dans des rêveries qui menacent de le faire sombrer. Il aime bien s’endormir sur ton image. Il aime les traits de ton visage, ces petites rides aux coins des yeux qui s’accentuent quand tu souris. Tu n’aimes pas vieillir, tu n’aimes pas qu’il te fasse remarquer les rides aux coins de tes lèvres quand tu souris. Micah adore, mais tu bougonnes à chaque fois qu’il te le dit. Ça n’en rend pas moins ton visage magnifique à ses yeux. Il n’y a que de la douceur dans tes traits, une maturité expressive, à contrario d’un homme qu’il a connu autrefois.

La piscine municipale ? Micah est surpris. Il ne te voit pas là-dedans, il ne pensait jamais t’emmener dans un endroit pareil. La piscine municipale est bruyante, et effectivement pas toujours bien propre. Il y a d’autres piscines qui valent la peine. Il baille, toujours aussi fatigué. « T’aurais pas tenu longtemps dans ce genre d’endroit. Même pour moi, il y a trop de monde, tu ne sais même pas faire de longueurs sans être bousculé par les sales gosses ou ralenti par les grands-mères. » Il n’aimait pas trop la piscine municipale. Mais ce n’était pas non plus un passionné de natation. Ta piscine est un luxe qu’il ne se permettait pas vraiment avant, ou rarement, lors de ses voyages.

Puis tu le laisses, après quelques douces caresses. Tu te rhabilles et lui proposes un café. « Bien sûr. » Il serait bien rester encore dans son lit, il se serait sans doute endormi. Mais tu avais eu ta dose visiblement, après l’amour, Micah lui, pouvait passer quelques heures à se prélasser dans ce nuage de coton. Mais tu as raison, la journée n’est pas terminée. Il s’étire et se délasse. Puis du regard, il cherche son boxer. Pour se souvenir qu’il est dans la salle de bains, sans doute trempé. Alors quand il se relève, il en prend un nouveau dans son placard et part te rejoindre.

Il arrive dans la pièce à vivre alors que tu t’occupes de la machine à café. « Par contre, je n’ai toujours rien à te proposer comme vêtement. A part un jogging un peu trop grand, et un sweat de festival, propre mais tâché. » Puis il vient se glisser dans ton dos, enlaçant ta taille et embrassant ta nuque. « Après ça peut suffire le temps que l’on repasse chez toi pour te trouver des vêtements corrects ? » Il embrasse encore le creux de ton épaule avant de se retirer, plutôt que de se relancer dans des caresses dont vous pourrez à nouveau abuser plus tard. Il va vers le fauteuil et se laisse tomber dessus en soupirant. Il baille encore. « J’ai vraiment besoin d’un café. » Oui, parce que d’habitude, quand vous êtes chez toi, tu le laisses s’endormir un peu. Juste un peu.

Il ferme les yeux, se plaisant dans le semblant d’obscurité que lui offrent ses paupières. Il pourrait s’endormir là, oui. Mais à la place, il concentre son ouïe sur tes faits et gestes, et sur ta voix également. Ça le sort de sa torpeur et lui donne une raison de ne pas s’endormir pour de bon. Ce ne serait pas très correct alors que c’est lui qui reçoit. La prochaine fois, laisse-le dormir au moins vingt minutes ? « Hm, Hm. » Il acquiesce. Il ne te trainera pas de le parce habillé comme un clodo. Ce n’est pas toi, et il y a des limites à cette expérience. Il ne souhaite pas te voir devenir quelqu’un d’autre. Même si tu ne comprends pas toujours ses choix de vies, Micah, il t’aime comme tu es. Même ces défauts qui vous rendent parfois la vie insupportable. Parce que lui-même n’est pas toujours mieux, il a pas mal de chose à se reprocher également.

Il écoute le percolateur terminer son café. Il sorti de sa torpeur en sentant tes lèvres sur les siennes. Micah ouvre les yeux, battant des paupières quelques instants pour éclairer sa vision. Il prend son café et souffle dessus doucement pour ne pas se brûler. Il se tourne vers toi, un bras sur le dossier derrière toi, observant ton profil. Demain j'ai encore une confrontation avec Eulalie... Ça me fatigue rien d'y penser. Micah est tout ouïe, il pose sa tasse sur la table basse, après en avoir bu une grosse partie et il se concentre sur toi. « J’ai l’impression que cette histoire ne finira jamais.. » Il était désolé pour toi. Ce divorce était l’une des choses les plus difficiles qu’il lui avait été donné de voir… De vivre aussi. Ce n’était pas le sien, certes, mais Micah sera toujours là, pour te soutenir. Et de ce fait, il se retrouve influencé par toute cette tension, faisant tampon pour alléger tes peines.

Son nouveau truc c'est qu'elle veut retourner vivre en Suisse... Avec Queen évidemment. La main de Micah se pose sur ta cuisse, dans un geste réconfortant. Mais il est surpris et peiné pour toi. « Mais… Elle ne peut pas faire ça… Si ? » Il ne peut pas vraiment comprendre comme tout ceci fonctionne. La juridiction, les avocats, voire même les enfants, il ne comprend pas tout ça. Et lui qui désirait fonder sa propre famille… La guerre qui fait rage dans ton divorce lui ferait presque changer d’avis. Presque. « Explique-moi, elle ne peut pas faire ça, n’est-ce pas ? Queen est ta fille, Eulalie ne peut pas juste décider de déménager de t’enlever Queen. » Ça lui semblait trop gros. Mais il ne peut pas tout comprendre. Il peut seulement être là, à tes côtés et te soutenir quoiqu’il arrive.