Cela s'était presque déroulé sans qu'il ne se produise d'incidents fâcheux, comme un échange d'injures et insultes en tout genre, fusant de part et d'autres, et ce, dans tous les dialectes maîtrisés par la fratrie qui était sienne. Wes, il avait cru vainement pouvoir un jour faire grandir ce gamin turbulent souffrant vraisemblablement du syndrome de Peter Pan. En le regardant, Wes constatait comment son cadet pouvait être maladroit dans cette peau d'adulte qui ne lui seyait pas du tout. Il avait espoir, pourtant, c'est peut-être quand cet espoir s'avéra vain que l'épuisement lui fit perdre la tête. Il aurait du s'excuser de s'être montrer brutal, car c'était le mot qui convenait, quant à son ressenti palpable envers Nolan. Il devait se montrer lui-même plus mature que cela s'il voulait bien croire que sa mère aurait la judicieuse idée de rappeler le mouton noir au bercail. Peut-être espérait-elle, à sa façon, que le contact prolongé qui s'avérait toujours compliqué entre deux de ses garçons pourraient être tempérés par la présence de Mica et de Rick. Pourtant ni l'un ni l'autre ne parvenait à éteindre la hargne qui animait ses prunelles quand le paon fanfaronnait, plus dindon de la farce qu'autre chose. C'est le cadet des siens qui eut la lourde tâche de rappeler l'aîné à l'ordre, et Rick avait habituellement la main pour trouver les mots avec Wes. Habituellement. Ce soir, il ne parvint qu'à l'énerver davantage, ce qui était plutôt rare. De nature tempérée, Rick les apaisait tous. Pas Wes, pas aujourd'hui, et de ses lèvres s'échappa un commentaire trop équivoque qui aurait pu le confondre à qui saurait déchiffrer les sous-entendus. Et Wes choqué, immobile dans la ruelle adjacent, le joint entre les phalanges et quelques whiskey dans le foie, éberlué. Des yeux de biche percèrent dans les siens, acérés, et sans penser plus loin, il y lit une compréhension qui l'effraie.

Sans réfléchir, il fond sur la créature qui n'a fauter que par sa présence fortuite, sa perspicacité et sans doute une bonne dose de malchance. Sans la brutaliser, il se montre trop ferme, trop insistant alors qu'il la retient contre un mur, à l'abri des regards, mais pas d'un cri bien senti Comment diable puis-je tomber sur la seule putain de tout Memphis qui parle allemand. Les mots lui échappent, et il les regrette de suite. Il est trop équivoque, trop inquisiteur, et Wes, il le sait. Il n'en a pas le droit, parce qu'il a fauté, pas elle. Elle, une femme, et soudain il ne supporte pas ce contact d'une violence qu'il ne se connait pas. Il baisse les yeux, agite les phalanges, s'agite tout entier. Bordel, il fait n'importe quoi Wes, et ça ne lui ressemble pas. Quand il relève les yeux, elle est étonnamment toujours en place, les yeux rivés sur lui, silencieuse. Les remords le rongent, l'assaillent subitement, et il a honte Wes, tout à coup. Je... merde, j'aurais pas du m'énerver, pas m'en prendre à vous. C'est son erreur, sa putain de bourde à la con. Il cherche Rick du regard, qui semble s'être volatilisé, le laissant seul avec ses conneries. Lui inculquant une leçon, lui, le cadet. La tête basse, les épaules courbées, il se veut légèrement loquace, n'en mène pas large. Ma mère me foutrait une raclée pour avoir fait ça, sans hésiter. Wes, il avait été bien élevé, mais certains secrets font surgir des pulsions refoulées... pas si refoulées que ça, finalement Vous devriez faire de même, si je puis me le permettre.

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