and i will try to fix you. (cat)

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reuben & catriona
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Il n’aimait pas les hôpitaux. Cette ambiance lugubre, il ne la supportait pas. Les plus faibles et les plus vieux crèveraient là-dedans, ce n’était qu’une question de temps. Son cynisme habituel ne l’empêcha pourtant pas de se présenter au comptoir de l’hôpital ce jour-là. C’était la période des fêtes, le personnel avait décoré les couloirs de décorations colorées et festives pour égayer leurs patients, mais aux yeux de Reuben, c’était plus déprimant qu’autre chose ; ce n’était après tout qu’une énième façon de rappeler que ceux qui étaient dans l’enceinte de ces murs ne passeraient pas un temps des Fêtes comme tous les autres. Ils seraient prisonniers de leurs chambres, de leurs lits.

Le jeune homme soupira en attendant que la petite secrétaire en ait terminé avec le couple devant lui. Il devait s’estimer chanceux : ça aurait pu être lui, dans l’une de ces chambres dénuées d’émotions, mais ô combien bourrées de sympathie professionnelle. Heureusement, il s’était tenu coi, ces derniers jours, et Mina semblait avoir pris une pause. Noël, quelques jours plus tôt, semblait l’avoir mise de bonne humeur, ce qui était une bonne chose. La question était : combien de temps ce répit durerait-il ? Mieux on en sait, mieux on se porte, disait le fameux proverbe. Reuben, plus que quiconque, savait à quel point cela était faux, du moins en l’occurrence.

Le couple devant lui s’en alla et la secrétaire put lui porter toute son attention. Il lui expliqua qu’il avait vomi deux fois la nuit passée et que, même s’il se sentait assez bien ce matin, il préférait consulter pour s’assurer qu’il n’y avait rien de grave. Mina, en apprenant cela, lui avait ricané au nez avec un « Eh bah quoi ? T’es enceinte maintenant ? Manquerait plus que ça ! » et si Reuben avait été abattu de cette blague cruelle et condescendante, il s’était forcé à sortir de chez lui dès que sa femme était partie au travail. La secrétaire lui répondit avec un air désolé qu’il n’y aurait pas de place avant au moins une bonne heure, mais qu’il pouvait attendre dans la salle d’attente s’il n’était pas pressé. Il décida donc d’attendre et se dirigea vers ladite salle. Il prit place sur l’une des chaises vacantes, le corps un peu penché vers l’avant. Il n’aimait pas les hôpitaux, ça le rendait nerveux. Ce qu’il ignorait, mais qu’il n’allait pas tarder à savoir, c’est qu’il y avait quelqu’un, à quelques mètres de lui, qui ne les aimait encore moins que lui.

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Sa vie, elle a du mal à le gérer depuis son réveil. Le revoir n’a pas été simple et a fait remonter des souvenirs dont son esprit avait préféré se dissocier. Catriona, elle ne se sent pas réellement bien, parce qu’elle ne mange pas depuis quelques jours. Son corps lui fait comprendre qu’elle n’agit pas correctement et elle se sent faible. Elle s’isole, repoussant les appels de sa famille parce qu’elle n’a plus envie d’en parler ou de voir la compassion dans le fond de leurs yeux. Elle a besoin de distance et de ne plus entendre les conseils et les remarques à propos de lui. Cat, elle n’en peut plus.
La jeune femme pousse un soupir alors qu’elle sort de la salle d’examen. Elle avait encore quelques rendez-vous à prendre et comme elle ne s’en sort pas très bien, elle y passe encore plus de temps, même si elle ne cesse de repousser ses rendez-vous. La jeune femme passe une main sur son visage, elle ne se sent pas bien. Elle a l’impression que rien ne va et revoir Trent ne fait que le réduire encore plus à néant. Ça lui fait mal et elle aimerait passer à travers cette épreuve, mais elle sent qu’elle a du mal.
Cat, elle se dirige vers la sortie en passant par la salle d’attente. Elle sent son palpitant qui s’emporte, elle sent le rouge qui lui monte rapidement aux joues. Elle ne se sent pas bien. Peut-être est-ce les appels manqués sur son portable. De sa soeur. De son frère. Cat, elle sait qu’ils veulent être là pour elle, mais elle n’a besoin de rien sauf de l’espace, sauf de l’air. Elle s’isole et plus elle s’écarte, plus ils reviennent. Elle passe dans la salle d’attente, son souffle s’emballe, son cœur ne cesse d’accélérer et elle sent cette foutue panique qui gagne son être. Elle n’aime pas se sentir de la sorte, mais ça lui arrive de plus en plus souvent. Le soir, quand elle rêve de lui, quand elle sent la foutue panique prendre possession de son corps, marquer sa respiration. Comme à ce moment précis.
Elle n’aime pas l’hôpital, parce qu’il ne regorge que de moments désagréables. C’est le début de son mal-être et elle aurait préféré ne pas ouvrir les yeux. C’est lâche, mais affronter la réalité ne lui semble pas facile et elle ne sait pas comment s’en sortir. Il lui faudra du temps et elle aimerait que ce soit terminé, qu’elle se sente bien.
Cat, elle finit par se poser sur un banc au hasard. Elle n’aime pas les regards sur elle alors elle prend un banc isolé pour ne pas que les autres puissent l’observer. Elle se sent comme un enfant, comme une petite qui ne sait pas comment se sortir d’un problème. Cat, elle est juste perdue.

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Il n’était pas pressé de rentrer chez lui. Rien ne l’y attendait, de toute façon. Alors ça ne le dérangeait pas tant que ça que de devoir patienter dans la salle d’attente. Autour de lui, des personnes de tout âge, à qui il ne prêtait pas trop attention. Des visages inconnus qu’il ne reverrait plus par après. Des magazines trônaient sur une petite table basse devant lui. Il en saisit un au hasard, tourna les pages avec désintérêt. Il essayait de ne pas penser à Mina, qui bossait tandis que lui ne foutait rien de sa journée. Il ne lui avait pas dit qu’il irait à l’hôpital, sans doute lui en voudrait-elle de gaspiller de l’argent pour pas grand-chose. Elle le lui reprocherait. À sa manière.

À moins qu’il ne lui dise rien. Ouais, c’est ce qu’il ferait. Valait mieux ne pas provoquer son courroux. Mais comme elle évitait dans la mesure du possible d’être à la maison, s’attardant souvent au bureau le soir pour soi-disant s’avancer dans ses dossiers lui avait-elle évasivement expliqué, peut-être n’aurait-il pas à lui expliquer quoi que ce soit. Peut-être serait-elle trop fatiguée pour lui poser des questions. De toute façon, elle s’en moquait bien. Du moins, c’était son impression. Cette femme – sa femme – était tellement imprévisible qu’il ne pouvait prédire ses humeurs. Ses sautes d’humeur. Et le pire dans tout ça, c’était qu’il ne pouvait se résoudre à la quitter. Tout homme un minimum sain aurait déjà plaqué une folle pareille. Mais pas Reuben. Il ne savait pas pourquoi.

Ou plutôt, non, si. Il savait. Mais il n’avait pas le courage de se l’avouer, à lui-même comme à la principale concernée. Il réalisa au bout d’un moment qu’il relisait la même phrase du même article depuis au moins cinq minutes. Il secoua la tête pour reprendre ses esprits. Ce qu’il pouvait être lunatique. Cela aussi, Mina le lui reprochait. Il était stupide d’être lunatique. Il lança le magazine sur la table d’un mouvement brusque, faisant sursauter la fillette à côté de lui. La mère le fusilla du regard. Il ne s’excusa pas. Il exprimait sa frustration comme ça. Sur les autres. Sur lui-même, parfois. Mais jamais sur la bonne personne.

C’est alors qu’il aperçut une jeune femme prendre place sur un banc non loin de lui. Il n’y avait personne autour d’elle, elle était complètement seule. Reuben ne put s’empêcher d’avoir pitié d’elle, avant de se rappeler que c’était un sentiment inutile. À quoi bon se soucier des autres quand on est soi-même dans le brouillard ou dans la tempête ? De toute façon, il ne pouvait rien faire pour elle. Peut-être venait-elle d’apprendre une mauvaise nouvelle à l’instant, dans le cabinet de son médecin. Elle ne voulait sûrement pas qu’un étranger – surtout un type louche comme lui – s’en mêle. Il tourna le regard vers la fillette et sa mère, toujours à côté de lui, toujours à lui lancer des regards noirs. Rancunière, celle-là. Mais Reuben ne se sentait pas à l’aise d’être regardé comme ça. Comme une espèce de bête de foire. Alors il prit la fuite, parce que comme Mina aimait à le répéter, c’était tout ce qu’il savait faire de toute façon.

« Ça vous dérange si je m’assoie ici ? » demanda-t-il à la jeune femme solitaire. « Ou peut-être que vous avez envie d’être seule. » Ou peut-être qu’elle n’avait simplement pas envie d’être dérangé par un idiot mal à l’aise à cause d’une mère rancunière, au choix. Il la regardait avec de grands yeux inquiets. Elle n’avait vraiment pas l’air d’aller bien, maintenant qu’il s’était rapproché et qu’il parvenait à mieux distinguer ses traits. Sa peau était légèrement cramoisie. « Question stupide, si vous me le permettez, mais… est-ce que ça va ? » Si elle acceptait de converser un peu avec lui, il n’aurait pas à se rasseoir près de la mère et de la fillette. C’était une bonne solution. Lâche, à l’image de celui qui l’avait trouvée.

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« Ça vous dérange si je m’assoie ici ? » Sa voix, elle résonne dans le fond de son esprit comme un écho dont elle a du mal à se détacher. Catriona, elle n’est pas méchante, mais elle ne sait plus comment vivre depuis son réveil. Elle est perdue et elle a du mal à reprendre le dessus sur sa vie. « Ou peut-être que vous avez envie d’être seule. » Elle passe une main fébrile sur son visage, incapable de calmer la panique qui gagne doucement son esprit. C’est con, elle sait qu’elle devrait se calmer, mais elle n’arrive pas à calmer les sensations qui la possèdent. Elle pose ses mains contre son visage et prend appui sur ses jambes pendant quelques instants. Ce n’est qu’un rendez-vous pour la suite, mais qu’on tente d’insister la femme à porter plainte contre Trent est en train de la rendre folle. En fait, elle n’a pas du tout envie de le faire, parce qu’elle n’a pas envie de le voir passer du temps en prison. Il ne le mérite pas. Il a agi en perdant le contrôle et c’est parce qu’il n’a rien connu d’autre Trent. Ça la rend dingue. Avec peine, elle réussit à souffler quelques mots alors qu’elle tente de reprendre le contrôle sur sa respiration. « Non c’est bon.» Elle n’a pas envie d’être sèche, mais elle a du mal à se calmer, alors elle ne peut être qu’expéditive. Ça lui passera. Catriona, il faut qu’elle se calme, qu’elle respire et qu’elle tente de se reprendre en main. Elle se sent comme une gamine qui ne sait pas comment réagir et elle déteste ça. Elle a trente ans bordel, elle aimerait passer à autre chose facilement, mais ce n’est pas le cas. Question stupide, si vous me le permettez, mais… est-ce que ça va ? » Elle arrive quand même à lâcher un rire malgré le malaise qui la possède de part en part. Ça l’amuse un peu, parce qu’au fond, c’est surement clair qu’elle ne se sent pas très bien, mais la voix de l’homme se veut douce. Les hommes. Elle en a peur, la majeure partie du temps, mais elle est trop concentrée à se reprendre en main qu’elle ne remarque pas vraiment que c’est un homme qui s’est posé près d’elle. De toute façon, elle ne peut pas prendre ses jambes à son coup à chaque fois, elle va passer son temps à fuir les hommes, elle passerait son temps à sa cacher. C’est con. Elle calme un peu sa respiration et elle finit par relever la tête pour poser son regard directement dans celui du jeune homme. Elle voit l’inquiétude dans le fond de ses prunelles et ça fait sourire un peu la jeune femme. Son palpitant fait encore des siennes, mais elle s’enfonce un peu dans son siège. « J’ai déjà connu mieux, mais je suppose que ça finira par passer.» Elle hausse simplement les épaules en ne le quittant pas du regard. « Je dois dire que je n’aime pas vraiment venir ici.» En fait, c’est pas l’hôpital, mais ce qu’elle a pu y vive qui est en train de la rendre folle et les suivis qu’elle doit faire sans arrêt. Elle a envie de passer à autre chose Cat, mais c’est comme si tout la repousse vers ce passé trop récent. Ses phalanges se perdent dans ses cheveux sombres qu’elle tente de replacer lentement et elle pousse un soupir. « Bon, mais je suppose que je suis pas la seule. J’ne crois pas que les gens aiment s’y rendre de façon générale.» Elle retrouve un peu de calme, malgré le fait que c’est le bordel dans le fond de son esprit, mais ça ne change pas.

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