(desmond) someone like you

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Son regard s’accroche sur son reflet dans le miroir. Sa crinière brune et ondulée qui file le long de son dos, un haut blanc qui lui colle à la peau, un jeans et une veste en cuir noir par-dessus ses épaules nues. Shantel, elle a son style bien à elle, ce visage des années d’avant, des années cinquante. Ça la rend nerveuse et elle n’a pas la moindre idée des raisons qui pousse son palpitant à s’emporter de la sorte. Shantel, elle roule les yeux avant de sortir et prendre sa voiture pour s’y rendre. Le pire, c’est surement qu’elle n’a pas la moindre idée de son visage, elle ne pourra pas le trouver au premier regard. Elle s’entend bien avec lui, enfin, elle pense. Ce n’est pas facile de mettre des mots sur leur relation alors qu’elle se passe avec son portable depuis quelques jours, voir une semaine. Une fois arrivée devant la porte elle prend le temps de lui envoyer un message pour lui dire qu’elle est arrivée. Elle pousse la porte et pousse un léger soupir en sentant la chaleur lui frapper au visage. C’est plein, comme la plupart du temps où elle a pu mettre les pieds ici. Aucune idée si elle lui a déjà adressé la parole, mais elle pourra voir lorsqu’elle saura mettre un visage sur ce nom qu’elle a. Shantel, elle ne sait pas si c’est une bonne idée de faire ça, mais à défaut de passer des soirées à lui envoyer des messages, elle ne peut pas ignorer qu’il demeure dans la même ville que lui. Il en sait un peu trop sur elle, parce qu’elle lui parle de ses états d’âme sans penser, c’est facile lorsqu’elle ne fait face qu’à son écran. D’une certaine façon, ça pourrait mettre un froid entre eux, ça pourrait réduire cette étrange relation qu’ils entretiennent. C’est le fruit du hasard, mais elle parle sans penser parce qu’il sait trouver les mots pour la rassurer, pour faire qu’elle se sent bien.

Shantel, elle s’enfonce un peu dans le bar et finit par trouver une place libre dans le coin du bar où elle se pose. Elle laisse son regard se poser sur les serveurs et elle finit par attraper son portable, passant ses phalanges dans sa chevelure épaisse et sombre. Juste pour te dire, je viens de me poser au bar. Si ça peut t’aider, j’ai les cheveux foncés et je porte un haut blanc. Je suis au fond en mode solitaire. Parce qu’elle vient de retirer sa veste, la posant contre sa chaise puisqu’il fait plus chaud qu’elle n’aurait pu le penser. Elle laisse entrevoir plusieurs tatouages qui ornent l’épiderme de ses bras. Shantel, elle sourit à une serveuse qui s’approche pour lui demander si elle veut quelque chose et elle refuse doucement, parce qu’elle l’attend lui. Desmond. Ça lui fait étrange et elle ne cesse de se poser des questions, parce qu’elle aime lui envoyer ses états d’âme, lui parler, elle a l’impression qu’il ne porte pas de jugement et ça lui fait un bien fou. Shantel, elle a tendance à ne pas s’entourer des bonnes personnes et encore moins des hommes. Le manque de modèle masculin dans son enfance a fait d’elle une demoiselle en recherche d’attention au niveau de la gent masculine. Avoir deux mères, ce n’est pas reposant. Shantel, elle attend, parce qu’elle n’a pas la moindre de qui il peut être et ce n’est pas comme s’il lui avait donné quelques indices, il finira par se montrer. Enfin, elle n’en sait rien, mais elle espère que ce sera le cas. Elle ne sait pas ce qu’elle attend de cette rencontre et elle ne sait pas ce que ça pourra donner, mais ça la rend terriblement nerveuse. Pour une fois qu’une relation ne l’entraîne pas vers le bas, elle ressent une certaine crainte.

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Shantel ∞ Desmond

You've got a face not spoiled by beauty, I have some scars from where I've been. I don't know how these cuts heal but in you I found a rhyme

Acontre-courant, Desmond se faufile dans la marée de personnes qui envahit les artères du centre-ville. Ne pas arriver en retard, l'ancien prêtre déteste le retard. Fervent adorateur de la discipline, Desmond mène son monde à la baguette, se mène au fouet, se malmène. Funambule flou prêt à se répandre en mare cramoisi dans le vide, Père Hensey s'acharne à garder les yeux secs sous le joug de la culpabilité. Vent de remord et tout ne tient qu'à un fil. Garder les glandes lacrymales au sec, quitte à se qu'elles se fissurent. Désertique, un adjectif qui lui colle à la peau, qui la lui arrache en latence. L'âme se putréfie à chaque noyade de solitude, une solitude imposée comme un fardeau accepté avec soumission. Abandon. Sûrement pour cela qu'il s'est laissé perdre dans ces échanges de sms avec une parfaite inconnue depuis une semaine. Leurrer la solitude, l'enterrer sous terre le temps d'un envol de paupières, le temps de reprendre son souffle et supporter cette vie à nouveau. Tendre son oreille à autrui pour ne plus s'écouter, pour ne plus s'entendre. Sa dégaine s'enfonce dans le bar et sans perdre de temps, l'homme enfile sa tenue de serveur, son tablier immaculé et dégage commencer son service sans piper mots comme à son habitude. Un allumé qui se la joue mystérieux que certains disent, d'autres rigolent : un timide avec un balai dans le cul. Tant pis, les gens ont toujours parlé et parleront toujours, la langue piquant tout ce qu'elle peut trouver à blesser. Il le sait, il connait la nature humaine dans ses vices les plus vicieux, il les a entendu Desmond. Ouais, lors des confessions, à tomber sur le cul à chaque fois. Les gens sont capables de tout et de rien, de tout surtout.

Son portable vibre dans sa poche, lui qui n'en a jamais été fana, se retrouve greffé avec, à attendre un sms, rien qu'un. S'arrêtant à mi-chemin vers une table de clients, ses yeux parcourent l'écran de pixel. Arrêt temporel ; elle va venir ? Ici ? Là ? Voir sa gueule de condamné ? Un léger vent de panique souffle dans sa chair. Un court instant, l'homme pense à ne pas répondre, l'homme pense à trouver une excuse pour éviter l'inévitable et pourtant ses doigts pianotent sans réfléchir. Sms envoyé. Merde, elle va venir. Portable enterré dans la poche intérieure de son tablier, Desmond repart faire son job, visage d'hiver collé sur la face quand au fond, un volcan se réveille. Un stress en sourdine qui le grignote sans qui comprenne pourquoi, un stress différent qu'il ressent au quotidien. Peut-être parce qu'il les aime bien ces sms, peut-être parce qu'il veut pas qu'ils cessent, peut-être parce qu'il sait que dans ses yeux, un océan de noirceur y pourrit et qu'elle pourra le voir, l'entendre, le sentir. Trop tard de toute manière. Des instants s'écoulent avant que le téléphone se met à trembler, plus moyen de reculer, elle est en ces lieux, postée au bar selon son sms. Les yeux s'y greffent automatiquement, cherchant l'unique qui répondrait à sa description. Bingo. Sandra se penche vers elle pour prendre sa commande mais repart bredouille. Acculé, refusant de la laisser en plan, Desmond se dirige vers le bar, le contourne tranquillement et vient se planter face à elle. Elle, Shantel. Prénom chantant, aussi mélodieux que son visage, un visage qu'il peut désormais coller aux de pixels ornant sa messagerie. « Bonsoir » Le sourire se veut chaleureux, le sourire demeure bancale, incertain. « Je peux prendre votre commande ? » Une main s'envole traîner dans ses cheveux pour lisser une mèche rebelle. Ne pas céder au stress, ne pas céder au stress. L'index se lève lentement vers son badge accroché à son torse, son prénom y règne, révélant son identité. « Enchanté, Shantel et t'en fais pas, c'est pour moi ce soir » La moindre des choses, après tout, ces derniers jours, elle est la première personne à l'avoir aider à se sentir un peu mieux, un peu moins misérable alors que pourtant, ouais, il le mérite d'être ainsi. Sa punition

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Shantel, elle ne peut pas le reconnaître et il y a trop de monde pour qu’elle puisse s’attarder à chercher la seule chose qu’elle connait réellement de lui, son prénom. Elle tente de laisser son regard s’accrocher à quelques insignes, mais sans succès. Shantel, elle pose son portable contre le bar au cas où il lui donnait signe de vie. Son cœur, elle le sent oppressant dans le fond de sa poitrine parce que ça la rend terriblement nerveuse. C’est stupide, elle n’a pas la moindre idée de comment elle devrait se sentir parce qu’elle n’a pas envie que leur discussion nocturne cesse. Shantel, elle attend sagement posée sur le siège, imaginant multiples scénarios dans le fond de son esprit, refusant de se faire servir parce qu’elle sait qu’il est serveur et qu’elle n’a pas envie de se faire répondre pas une autre. C’est un petit caprice qu’elle s’accorde.

La brune, elle sent une présence dans son dos, mais avant qu’elle ne puisse se retourner elle entend une voix lui adresser la parole. « Bonsoir. Je peux prendre votre commande ? » Shantel, elle allait encore refuser, mais comme la voix se fait masculine, elle détourne le visage pour poser son regard directement dans celui du serveur. Son palpitant s’emporte doucement, elle se sent comme une enfant et elle se sent directement bien. Elle ne le connait que très peu, mais ça a quelque chose de rassurant de se trouver en face de lui. Shantel, elle attarde ses phalanges dans sa crinière foncée qu’elle passe derrière son dos et elle affiche un sourire. Ses iris suivent le chemin de ses doigts qui présentent son badge et son sourire se fait un peu plus sincère, parce que ça devient tangible, parce que ça devient vrai. « Enchanté, Shantel et t'en fais pas, c'est pour moi ce soir » Shantel, elle ne sait pas si elle doit lui tendre la main, si elle doit poser des baisers contre ses joues ou elle reste simplement assise là à le fixer comme une imbécile. Elle se sent un peu perdue, parce que ça fait différent que de fixer son écran. « Enchantée Desmond.» Shantel, elle finit par lâcher un rire et elle hausse doucement les épaules. « Je sais pas encore comment je dois me comporter. On se serre la main? Ça fait trop froid.» Elle secoue la tête et finalement Shantel elle se lève un peu pour se penche par-dessus le bar et attrape doucement son avant-bras pour l’attirer un peu plus près afin de poser ses lèvres contre sa joue. Elle le sent se crisper un peu, se tendre et ça fait naître un sourire sur ses lèvres alors qu’elle reprend place sur son siège. « Se serrer la main, c’est trop peu personnel. Comme tu me fais des smileys maintenant, je pensais que c’était mieux comme ça.» Shantel, elle reprend place sur son siège en ne quittant pas son regard. Ça lui fait étrange et elle n’a pas la moindre idée de comment se comporter. Il est un inconnu et en même temps, il en sait largement plus que la majeure partie des gens à son sujet. C’est ce qui la rend un peu nerveuse Shantel. Elle se mord doucement la lèvre, incapable de savoir l’attitude qu’elle a envie d’adopter. Ses doigts s’attardent sur le bar un moment, y dessinant des formes de ses doigts avant qu’elle ne reprenne. « Alors, pas besoin de me payer mes verres, je vais me sentir mal à l’aise et je ne sais pas du tout ce que j’ai envie de prendre, je te laisse le choix. Je sais j’aide pas.» Shantel, elle lâche un rire et hausse doucement les épaules. « Je crois que tu dois connaître un peu plus ça que moi.» Elle prend une pause avant de continuer. « Je suppose que tu es en service jusqu’à la fermeture?» Elle n’a pas la moindre idée de comment ça peut fonctionner dans les bars, parce qu’autre que se perdre dans les vapes de l’alcool, elle n’y connait pas grand-chose.

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Shantel ∞ Desmond

You've got a face not spoiled by beauty, I have some scars from where I've been. I don't know how these cuts heal but in you I found a rhyme

Opercules de chair, les paupières s'agitent. Envol de papillons. Le temps se suspend au bout de son nez comme pour le narguer. Il y a quelque chose d’irréel dans la situation, quelque chose d'intangible. Sûrement parce qu'en son sein, demeure l'éphémère. Shantel, belle Shantel pourrait s'en aller, tirer sa révérence, fermer la porte pour ne plus jamais frapper au seuil de ses pixels. Elle le pourrait après l'avoir vu sortir de l'ombre de l'anonymat. Cet anonymat qui a quelque chose de rassurant, d'apaisant, être ce qu'on n'est pas. Être autre chose que le misérable d'aujourd'hui, de maintenant. Faire un bond en arrière, retourner dans le passé et y faire la planche avant de sombrer dans le présent. Aucune trêve n'est possible, aucun traité de paix n'est envisageable ; voici en vérité la vie : vivre en harmonie avec ses démons, son propre enfer. Silence éventré par les bruits du bar, les deux anonymes dévoilés se fixent en chien de faïence. Incertitude qui le ravage, Desmond, il sait pas trop quoi faire de son corps, de sa bouche, de ses mains. Saluer ? Oser un contact ? Epiderme contre épiderme ? Il ose pas comme si à la seconde près, la foudre s’abattrait sur lui. Il ose pas, peur de la souiller, peur de l'empoissonner avec son aura de damné. Ceci est peut-être bien une mauvaise idée, une très mauvais idée que de se rencontrer. Mal être. Mal à l'aise. Et comme depuis qu'il a quitté NY, ce sentiment qui grouille en lui comme un ver bouffeur de chair : l'appréhension du regard d'autrui, la peur du jugement. Pas celui du Père de l'univers mais ceux de chair, ceux qui un mois plus tôt étaient encore ses frères et sœurs pour qui il oeuvrait, le cœur en offrande, quitte à perdre, à s'oublier. La voix de la brune s'élève et le coupe dans ses pensées retranchées sur elles-même.

Pas le temps d'esquisser un mouvement de recul, la surprise lui tombe dessus. La main vient se percher sur son avant bras, un contact. Prémices des lèvres qui viennent se poser sur sa joue comme l'aile d'une colombe. Ses yeux s'arrondissent de surprise, inattendu, complètement inattendu. Son corps se tend, se tord intérieurement. Stress spontané. Il n'a de contact physique avec personne, sauf Betty, sa coloc qui vient se perdre dans sa chambre quand un cauchemar la prend en ligne de mire mais outre cela, Desmond s'éventre de tout contact. Par peur, par méfiance, par honte. Les mains s'occupent pour cacher son trouble, un verre, un torchon, sécher le bordel en apparence. Raclement de gorge, Desmond acquiesce, le regard fuyant mais un sourire faible aux coins des lèvres. Spontané malgré lui. « T'as bien fait. Après tout, on parle depuis un moment d'jà » Le dos se redresse, droit comme un i, posture tenue des années et dont l'ancien prêtre a du mal à s'en défaire. « J'vais tenter de te trouver un bon cocktail qu't'aimeras et j'insiste, Shantel. J'tiens à te payer ton verre, au moins, l'premier » Son rire est contagieux comme une maladie douce au cœur, Desmond sourit, un sourire bien plus franc.« S'il te plaît ? » Il balance ses arguments, se veut persuasif par la douceur, méthode qu'il a toujours connu avant de dégringoler six pieds sous terre.Torchon jeté sur l'épaule, l'homme passe commande avec le barman. Un désert rose pour la demoiselle, un cocktail qu'il trouve poétique, doux dans les nuances et les goûts, une osmose spiritueuse parfaite, quelque chose qui ressemble un peu à Shantel. Se retournant pour lui faire face, Desmond observe ses traits, sa bouche se mouvoir sous les syllabes qu'elle chante. Il a encore du mal à percuter, à se rendre compte de la réalité de la situation. C'est si invraisemblable de parler avec une personne depuis tout ce temps et ensuite la rencontrer. Lui qui s'était donné une règle : éviter de lier des liens. Comme à son habitude, il n'en avait rien écouter. « Exact mais en semaine, le bar ferme plus tôt, vers minuit environ mais t'es pas obligée de rester jusqu'à la fermeture » Un trémolo dans la voix, crainte, déception, envie, tantôt plus l'un que l'autre puis les trois à la fois. Envie qu'elle reste, crainte qu'elle reste, déception si elle se désintègre dans la foule. Des présences, il y en a à craquer dans ce bar mais il n'y en a qu'une qu'il apprécie. « … Après, j'peux demander à finir plus tôt ... » Phrase libérée prestement, murmure incertain. Qu'est ce qu'il fout, merde ?! Aucune idée. « Si ça t'tente bien entendu, j'veux pas m'imposer » Ouais, réellement aucune idée. Le barman enclenche une pause et dépose le verre en passerelle entre Shantel et Desmond avant de repartir non sans s'attarder longuement sur la sirène brune. « Hum … fais pas gaffe à Fred, il reluque toute les nanas au bar. J'espère qu't'aimeras ta boisson, ça s'appelle Désert Rose, poétique non ? Vodka, liqueur de violette, sirop de roses et jus de canneberge » Diversion linéaire pour camoufler sa maladresse.

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« T'as bien fait. Après tout, on parle depuis un moment d'jà » C’est étrange, parce qu’il est celui à qui elle se confie, sans penser, sans mettre de barrière entre eux et maintenant elle lui fait face. Ça a quelque chose de déroutant, mais Shantel, elle tente de repousser cet étrange malaise qui s’installe dans ses tripes. « Ça me fait étrange de te parler face à face.» Surtout que ce n’est surement pas le meilleur contexte, le meilleur endroit pour discuter puisque la musique lui vrille les tympans et qu’elle doit se pencher un peu vers lui pour entendre ce qu’il peut lui dire. « J'vais tenter de te trouver un bon cocktail qu't'aimeras et j'insiste, Shantel. J'tiens à te payer ton verre, au moins, l'premier » Shantel, elle laisse ses lèvres s’étirer en un sourire alors qu’elle ne quitte pas son regard. C’est particulier de se sentir bien en la présence d’un homme qu’elle ne connait pas. Desmond, il n’a jamais porté de jugement sur ses propres, peu importe ce qu’elle a pu lui lancer. « S'il te plaît ? » Shantel, elle se mord un peu la lèvre et finit par hausser les épaules, amusée. « C’est bon, mais seulement un alors.» Un autre rire de sa part. Elle n’a pas envie de passer son temps à boire et qu’il paie sa dette à la fin de la soirée. Ça ne ferait qu’amplifier ce malaise qu’elle ressent déjà.

Desmond, il s’éloigne un peu d’elle et elle laisse son regard filer sur la foule. Shantel, elle s’y perd trop souvent depuis qu’elle est ici. Elle se perd dans l’alcool, dans la drogue de temps à autre et les plaisirs de la chair. Ça lui permet d’oublier ô combien cette vie ne lui convient pas et qu’elle ne cesse de s’y enfoncer. Lorsqu’il fait apparition dans son champ de vision elle s’accroche à son regard. Pour une fois qu’elle n’a pas envie de s’enfoncer un peu plus, qu’elle ne se retrouve pas entre la poigne destructrice d’un homme. Shantel, elle s’y sent bien. « Exact mais en semaine, le bar ferme plus tôt, vers minuit environ mais t'es pas obligée de rester jusqu'à la fermeture » Ses iris dessinent les traits de son interlocuteur un moment, tentant de les imprégner dans sa mémoire. Shantel, elle n’a pas le temps d’ajouter quoi que ce soit, il parle à nouveau, mais le son ne se rend pas jusqu’à elle. La musique l’empêche de l’entendre correctement. Shantel, elle se penche par-dessus le comptoir et y prend appui pour s’approcher de lui « Pardon, je n’entends pas avec la musique. Tu disais?» Elle parle dans le creux de son cou et elle sourit lorsqu’il souffle : « … Après, j'peux demander à finir plus tôt ... Si ça t'tente bien entendu, j'veux pas m'imposer » Shantel, elle reprend place sur son siège et attrape son regard une fois de plus. « C’est toi qui vois. Tu me pais un verre et après tu pars avant, je vais te ruiner.» Elle rit doucement avant de reprendre. « Mais ça serait bien de discuter autre part. J’entends pas grand-chose ici.» Elle sourit. « Tu t’imposes pas, je ne serais pas ici si je n’avais pas eu envie de te voir.» Shantel, elle se sent bien. Elle ne fait pas semblant. Elle ne joue pas. Elle est consciente de ce qu’elle est en train de faire. Elle n’impose pas des barrières entre eux. Le barman passe et elle laisse son regard se poser sur le verre qu’il pose devant elle. « Hum … fais pas gaffe à Fred, il reluque toute les nanas au bar. J'espère qu't'aimeras ta boisson, ça s'appelle Désert Rose, poétique non ? Vodka, liqueur de violette, sirop de roses et jus de canneberge » La demoiselle lâche un rire une fois de plus, décidément, elle se sent plus à l’aise qu’elle ne l’avait pensé. Shantel, elle avale une gorgée du verre. « C’est parfait. Je ne connaissais pas. J’ai bien fait de te faire confiance.» Un sourire passe sur ses lèvres alors qu’elle prend une autre gorgée de son verre. « Va falloir qu’on pense à ce qu’on a envie de faire ensuite.» Shantel, elle se mord la lèvre d’en bas un moment et plonge ses iris sombres dans eux de Desmond. « C’est moi qui a l’impression de m’imposer. T’es pas obligé de me suivre dans mes idées.» Elle laisse son index se poser sur le rebord de son verre qu’elle dessine lentement. Shantel, elle se sent comme une enfant. Elle n’a pas encore pu savoir comment elle doit se comporter avec lui.

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