(kyle&bash) usée par les hommes

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L'ivresse et puis la fête

Usée par les hommes Δ saez.

Un verre, puis un deuxième. Un coup d'œil jeté à la volée à la pendule placardé sur le haut d'un mur. Le début d'après-midi éclos à peine que Kyle s'est déjà enfilé la moitié d'une bouteille de vin. La discussion qu'elle a eue avec Nolan il y a peu ne cesse de tournoyer dans son esprit embrumé aujourd'hui, et c'est bien pour cette raison qu'elle continue de boire encore et encore. Elle ne veut plus penser à ces mots qui continuent de lacérer son myocarde, alors qu'elle se fustige de ne pas être demeurée sur ses gardes. Elle lui a livré le fondement de son cœur, et elle n'a plus que ses beaux yeux bruns pour pleurer des heures. Elle le mérite, ne cesse-t-elle de se persuader ; n'empêche qu'elle ne méritait pas d'être ainsi assassinée, ainsi repoussée.

Si Bash la voyait comme ça, il ne fait aucun doute qu'elle en entendrait parler longtemps ; son patron - bien que son patron principal ne soit que la justice en elle-même - est déjà assez misogyne et désagréable avec elle pour qu'il n'en rajoute une couche, l'ayant vue dans un état de sobriété avancée. Mais après tout, elle s'en fiche : elle est tranquillement chez elle, affalée sur le canapé, les yeux dignes d'un panda tant elle a pleuré. Personne n'est présent pour la juger ; il n'y a qu'une bouteille, sa meilleure amie en cet instant béni, et elle-même. C'est amplement suffisant.
Kyle jette un œil à la pile de dossier qui attend, sur une table non loin, qu'elle daigne s'y intéresser et soupire longuement. Il y a longtemps qu'elle n'a pas été aussi désespérée. Dire qu'elle avait presque renoncé à l'idée même d'arrêter de flirter avec d'autres pour lui ! Et lui... LUI... !

- Nolan ! T'es qu'un con ! Un sale petit con ! J't'aime pas d'faç... !

Elle ne finit par sa phrase, la bouteille s'échappant de son emprise pour se déverser sur le sol.

- Caralho !

Gueule-t-elle dans la maison trop vide. Plus ça va et plus elle est satisfaite de la tournure qu'a prit sa vie... N'empêche qu'elle est seule. Trop seule. Un chien ou un chat ne ferait pas de mal... Même un poisson rouge tiens !
Elle se lève, titube, et va chercher une serpillère en manquant une dizaine de fois de tomber sur le parquet lissé. Jolie maison, oui, mais fonctionnelle en étant éméchée... Pas vraiment. Elle se baisse et entreprend de nettoyer la vinasse qui recouvre le sol, en priant tous les dieux qu'elle connait pour que ça ne soit pas trop mauvais pour le bois.
C'est pourquoi, plongée dans les méandres d'une malchance qui devient croissante, elle ne parvient pas à entendre les pas lourds qui avancent dans sa direction. A quatre pattes sur le sol, le visage noyé sous le mascara ayant coulé et vêtue d'une petit culotte avec des oursons et d'un t-shirt où l'on peut deviner sa poitrine, elle n'est pas ce qu'il y a de plus séduisant. Elle est plutôt un tue l'amour. Alors quand elle relève la tête et qu'elle tombe nez à nez avec Bash Wyes, elle manque de s'évanouir. Mais elle préfère s'énerver sur lui :

- Porra ! Qu'est-ce que tu fous chez moi ?!

Elle hurle, en trouvant tout de même la patience d'articuler chaque mot bien distinctement.

- Ne me dis pas qu'on avait rendez-vous ou je me pends.

Elle se redresse avant de constater de sa tenue. Pas franchement du genre à rougir, elle est néanmoins embarrassée d'être presque nue.

- On toque ou on sonne avant d'entrer chez les gens. Mais je t'en prie, t'as déjà commencé donc fais comme chez toi.

Elle soupire, et manque de se remettre à pleurer en voyant l'étendue du vin toujours par terre. Pourquoi faut-il toujours que les meilleures choses arrivent en même temps... ?

- Peu importe que tu sois mon boss, aujourd'hui je ne suis pas d'humeur : tu me fais une remarque et tu décarres de chez moi, on est d'accord ?

Kyle n'a jamais eu sa langue dans sa poche, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer ; elle est déjà assez troublée et dépitée pour que l'homme d'affaire n'en rajoute une couche avec sa misogynie à deux balles et ses autres remarques toutes aussi charmantes. La jeune portoricaine se dirige vers la table du salon où trônent encore diverses autres bouteilles sorties pour l'occasion afin de noyer son chagrin et attrape rudement son agenda. Elle manque de déchirer les pages en les tournant pour arriver à la bonne date et roule des yeux en voyant écrit en gros : Rendez-vous avec Wyes pour sa titanesque femme et son courage digne d'une déesse, écrit pour toute la journée.

Aucun doute : avant la fin de la journée, elle trouvera un créneau pour passer au magasin et s'acheter une corde et un tabouret. A moins qu'elle ne finisse par demander des conseils à Nora Wyes sur la question existentielle : comment supporter votre infâme mari et ses remarques toutes plus élégantes les unes que les autres...