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searching for a sweet surrender

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MessageSujet: searching for a sweet surrender searching for a sweet surrender EmptyDim 22 Fév - 12:20


pedro + amalia

Perdu au milieu des rayons, Pedro fixait la liste qu’il tenait à la main d’un air perplexe. S’il peinait à déchiffrer l’écriture maladroite et hésitante de Sebastian, celle d’Alejandro était clairement plus lisible et ce qu’il y décrivait n’avait rien de très sain. Il n’y avait qu’à voir la composition du caddie que poussait lentement Pedro entre les rayons pour se douter qu’il manquait un élément féminin à la maison. Plats tout faits, boites de conserve, friandises en tous genres s’y amoncelaient de façon chaotique. Pedro aurait pu ne pas suivre à la lettre l’inventaire retranscrit par ses fils mais ils étaient tellement insupportables ces derniers jours qu’il avait bon espoir que le fait de leur passer leurs caprices arrangerait un peu les choses. Ou qu’au moins il revienne dans leurs bonnes grâces. Ce qui n’était pas aisé puisque chaque fois qu’il essayait d’intervenir, il se mettait toujours l’un à dos et l’autre n’était dans sa poche que jusqu’à la dispute suivante. C’était dans ces moments-là qu’il réalisait à quel point il n’avait pas assuré dans son rôle de père. Certes, il avait été présent pour leur naissance et s’en était même occupé durant les premiers mois, se levant quand c’était son tour, fourrant le biberon dans les bouches béantes tout en marchant de long en large dans la petite maison qu’ils habitaient à l’époque. Puis il y avait eu l’Irak, où la communication s’était bornée à quelques discussions par Skype et quelques colis échangés. Il n’avait malheureusement à l’époque pas grand-chose à leur faire parvenir quand les colis qu’il recevait étaient plein de vie. Il s’efforçait alors de se rattraper lors de ses permissions, passant tout le temps possible avec Sebastian et Alejandro. Avec ces souvenirs-là, comment imaginer une seule seconde que la vie au quotidien serait autrement plus compliquée ? Avant, il avait eu le beau rôle, celui du héros revenu des déserts lointains. Il jouait avec eux à tous les jeux qu’ils pouvaient inventer, passait pour le père idéal, puis repartait pour des mois consécutifs. Jamais il n’aurait imaginé que sa femme puisse vivre la chose aussi durement. Surtout qu’elle n’évoquait jamais les difficultés et que leurs retrouvailles étaient toujours passionnées. À cette pensée, Pedro se rembrunit. Et puis il avait été blessé. Kenneth était mort, lui blessé et sa femme envolée. Il avait ressenti une fierté un peu mauvaise à voir ses fils exiger de vivre avec lui, comme quoi, malgré l’absence, ils le préféraient à elle. Maintenant il réalisait pourquoi : ils avaient toujours eu une représentation idéaliste de leur père et c’était bien différent de ce qu’ils vivaient à présent. Surtout depuis qu’Amalia était partie. Cela ne faisait qu’une poignée de jours mais ça semblait une éternité à Pedro qui écrasa la liste et la fourra dans la poche de son jean. Après avoir contemplé d’un air consterné le contenu de son caddie, il reprit son va-et-vient entre les rayons, essayant d’organiser les choses en repérant ce qui serait plus sain pour des enfants de sept et neuf ans. Et en tentant de localiser Amalia, surtout. Car sa venue dans le petit magasin n’était pas anodine, ni l’heure choisie pour faire ses courses, d’ailleurs. Si sa mémoire ne semblait pas avoir enregistré beaucoup d’éléments à propos d’Amalia, malgré les mois de visite quotidienne, il se souvenait parfaitement qu’elle avait ses petites habitudes et avait donc calculé son coup, de sorte qu’il pourrait la croiser ‘par hasard’. Ainsi, espérait-il, elle n’allait pas le fuir à toutes jambes. Du moins comptait-il sur ça car s’il prenait l’envie à la jeune femme de prendre ses jambes à son cou, il se voyait mal la poursuivre. Ça n’était pas dans sa nature, il avait un caddie plein et puis, il craignait qu’on se méprenne sur ses intentions. Or, tout ce que désirait Pedro, c’était s’excuser – et, accessoirement, qu’elle revienne à la maison. Aussi, alors qu’il faisait mine de flâner parmi les épices, il jeta quelques regards alentours, en quête de la silhouette familière de la demoiselle. Pour le coup, sa haute taille lui permit d’apercevoir au loin la chevelure d’Amalia et, instantanément, son cœur se gonfla de soulagement… pour se dégonfler presque aussitôt. Comment devait-il aborder la chose ? Bon acteur, il ne l’avait jamais été et il redoutait maintenant qu’elle devine immédiatement ses intentions. Il ne pouvait néanmoins pas abandonner avant d’avoir essayé, il prit donc une profonde inspiration et fit le tour du rayon pour se retrouver dans le même qu’elle, s’efforçant de garder les yeux sur les produits soigneusement alignés. Il avança lentement, ressortant la liste froissée pour faire mine de chercher ce qu’il lui manquait. Puis quand il sentit que feindre de ne pas l’avoir vue était devenu inutile, il posa enfin les yeux sur elle, guettant son regard. Il pria intérieurement pour qu’elle ne l’ignore pas totalement et passe son chemin et décida qu’il valait mieux parer à cette éventualité. « Amalia… Bonjour » lâcha-t-il en esquissant un sourire embarrassé. Comment vas-tu ? Ça fait des jours qu’on ne t’a pas vue, fut-il bien tenté d’insinuer. Mais prétendre s’étonner de son absence était-il le meilleur moyen de se faire pardonner ? Pas sûr. « Comment vas-tu ? » s’enquit-il, regrettant déjà la banalité de ses propos. Il aurait mieux valu qu’il trouve un moyen de lui faire comprendre qu’il avait affreusement besoin d’elle mais c’était trop tard. En jouant de la désinvolture, il venait de s’embourber dans un échange qu’il craignait superficiel. Elle lui répondrait poliment puis poursuivrait sa route sans demander son reste et que lui resterait-il comme option, alors ? Improvisant, il ajouta donc un peu maladroitement : « Tu vas peut-être pouvoir m’aider… je n’arrive pas à décrypter l’écriture de Sebastian… » dit-il en lui montrant le papier malmené. Et si elle croyait maintenant qu’il se débrouillait parfaitement sans elle ? Qu’il tentait de lui montrer par ce biais qu’il n’avait nullement besoin qu’elle revienne ? Misère. Soit il réfléchissait trop… soit il était véritablement doué pour se fourrer dans des situations impossibles !
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MessageSujet: Re: searching for a sweet surrender searching for a sweet surrender EmptyDim 22 Fév - 17:21



Je n’étais pas fière de m’être opposée à lui de la sorte après un appel de sa femme, d’avoir osé lui balancer la vérité dans les dents sans me dire que ça pourrait lui faire de la peine ou même le vexer et surtout, de lui avoir attribué des traits de caractère qui ressemblaient à ceux de son ex-mari mais ce n’était pas l’apanage d’un homme civilisé et bon comme Pedro. Ca n’avait fait aucune différence pourtant, ce jour-là. Il était hors de lui, comme après chaque coup de fil de son ancienne femme et je m’étais permise un commentaire déplacé, ce n’était pas mon rôle, je n’étais qu’une employée mais je fréquentais cette famille depuis suffisamment longtemps pour me sentir touchée par ce qui lui arrivait et j’étais triste de constater que Pedro avait toutes les cartes en mains pour remonter la pente mais qu’il persistait à se complaire dans cette sorte de marasme perpétuel. J’avais eu cette impression qu’il était de mon devoir de lui faire ouvrir les yeux et puis il s’était levé, fou de rage et menaçant et j’avais paniquée, toute ma belle bravoure s’envola et je ramassai mes affaires pour prendre mes jambes à mon cou, morte de trouille et mortifiée. Cela me replongeait des années en arrière, lorsque je n’avais pas voix au chapitre, prisonnière d’un mariage que je n’avais pas choisi et d’une relation abusive et dont je ne tirais aucune satisfaction. J’avais pris pour habitude de voir tous les hommes comme des dangers potentiels, pour rester en vie et surtout m’en tenir le plus loin possible. Mais à force de m’occuper des Berlanga, j’avais fini par croire qu’ils étaient ma famille et que j’avais un quelconque droit de regard sur la manière dont ils menaient leur vie. J’aurais dû mettre davantage de barrières mais c’était terriblement compliqué. Mes deux fils me manquaient et Seb et Jandro m’avaient aidée à combler ce manque d’eux et m’avaient tellement apporté. M’occuper de cette famille m’offrit l’illusion d’avoir toujours la mienne près de moi et rien que pour ça, j’estimais que j’aurais dû faire davantage confiance à mon employeur. Mais mon instinct de survie ne cessait de me contredire, j’avais fait ce qu’il fallait pour qu’il ne m’arrive rien et je devais absolument m’en féliciter. Ils ne me virent pas les jours suivants, j’estimais que c’était bien trop risqué de retourner travailler, Dieu seul savait ce qui m’attendrait ailleurs et j’avais pris l’initiative de me chercher un autre boulot pour combler le manque à gagner. Le plus difficile fut de ne pas répondre aux appels de détresse des deux garçons et de me convaincre que ça ne me concernait plus. Je n’étais peut-être qu’une sans papiers mais je voulais qu’on me traite avec respect, ce même respect que j’essayais d’avoir pour les autres. Nous en avions pourtant traversé des choses, en plusieurs mois, avec les Berlanga mais c’était différent. Le chef de famille était alors impotent, aussi inoffensif que  ses fils et je me sentais alors en sécurité. Dès qu’il récupéra ses moyens et sa mobilité, je m’étais sentie beaucoup moins à l’aise. Sa stature impressionnante, son assurance et ses colères noires n’avaient pas aidé.

Cette altercation laissa des traces. Je me sentais de moins en moins en sécurité où que j’aille et je ne pouvais m’empêcher de jeter des regards inquiets autour de moi, dans la rue, dans les transports en commun et même dans les magasins. Mes vieux démons refaisaient surface et on ne pouvait pas dire que c’était une bonne nouvelle. Jeudi, c’était le jour des courses à l’épicerie latino du coin, j’y trouvais des légumes et des fruits que je mangeais lorsque j’étais enfant, des épices spécifiques et tout un tas de produits qui me manquaient depuis que j’avais quitté mon pays natal. J’étais en terrain connu, je me sentais presque chez moi. « Hey, Chucho, comment ça va ? Denisa va mieux ? » L’employé me répondit d’un sourire et m’expliqua que les nausées matinales de sa femme étaient parties depuis qu’elle buvait la décoction que je lui avais conseillée. Je finis par l’abandonner pour acheter quelques fruits et finir par atterrir dans les épices, essayant de trouver les piments secs dont j’avais besoin, jusqu’à ce qu’un parfum familier me chatouiller les narines. Je le fixais, effarée, depuis une bonne minute quand il daigna admettre qu’il n’était pas là par hasard. Est-ce qu’il était venu pour me coller la gifle que je n’avais pas prise ce fameux jour ? Mon estomac se noua et je reculai d’un pas, puis d’un autre, par précaution, tenant fermement mon panier contre moi, comme si cela pourrait être d’une aide quelconque. « B-B-B-Bonjour… » bredouillai-je, très mal à l’aise, je ne savais pas quelle part de moi je devais écouter. Celle qui cherchait à me protéger à tout prix ou la plus raisonnable. « Bien… Je vais bien ! Et les garçons ? » Peut-être que je lui en voulais plus que je ne me l’étais imaginé. Il m’avait obligée à redevenir cette femme que je fuyais depuis quatre ans et je ne comptais pas l’excuser. Je pris une grande inspiration, espérant que s’il décidait de me frapper, quelqu’un, ici présent, agirait. « Monsieur Berlanga, je ne travaille plus pour vous désormais, il faut vous débrouiller ou engager quelqu’un d’autre. Je ne peux pas rester au service de quelqu’un qui me menace d’une quelconque façon. Je ne peux pas… » ma voix mourut alors que mes yeux s’emplissaient de larmes. J’étais pathétique, je les ravalai à la hâte, relevant la tête et affrontant son regard. « Vous devriez demander au père Mauricio de vous trouver quelqu’un d’autre, peut-être que ce serait mieux pour vous, je ne conviens peut-être plus. » L’idée de ne plus pouvoir passer du temps avec ses fils me fendait le cœur mais ils n’étaient pas mes enfants, cet homme n’était pas mon mari non plus et il fallait que je fasse le deuil de ma famille, abandonnée au Salvador. Il le fallait ! Je savais que monsieur Berlanga avait encore besoin de quelqu’un, il retrouvait à peine son autonomie et sa confiance en lui mais j’étais trop trouillarde pour y retourner et accepter de me retrouver seule avec lui. Il était militaire, faire mal ça le connaissait ! « Je suis désolée monsieur Berlanga. »
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MessageSujet: Re: searching for a sweet surrender searching for a sweet surrender EmptyMer 4 Mar - 14:58

C’est une lueur un peu désespérée qui devait lui au fond des yeux sombres de l’ex-soldat mais ne l’était-il pas, désespéré ? Il fallait l’être un minimum pour qu’il en vienne à provoquer la rencontre quand il aurait pu s’approvisionner ailleurs, un peu plus près de chez lui. Certes, il connaissait les lieux parce qu’Amalia les lui avait spécialement fait découvrir mais il n’était pas assez attaché à ses racines que pour se soucier de l’endroit où il allait faire ses courses. Alors, oui, indéniablement, s’il avait eu une autre option, Pedro l’aurait utilisée pour pouvoir voir Amalia, pour pouvoir remettre les choses à plat, pour pouvoir la convaincre de revenir, surtout. Il avait bien conscience qu’il avait franchi une limite, qu’il n’était pas censé se comporter ainsi en sa présence mais était-ce si impardonnable ? Après tout, elle était à peu près au courant de son passé – assurément, ses fils s’étaient chargés d’expliquer la situation – et s’il n’en parlait pas volontiers, ça n’avait rien de personnel. Pedro ne pouvait tout simplement pas évoquer son ex-femme sans sentir son corps être révulsé par la réalité. Il aurait aimé qu’il en soit autrement, il aurait voulu que la mère de ses enfants leur revienne, qu’elle remette de l’ordre dans leur quotidien et passe du baume sur ses blessures. Mais elle n’avait pas tenu le coup et Pedro ignorait si c’était dû à son retour, à son côté inadapté à la vie de tous les jours ou si le fossé s’était creusé bien avant, quand il était loin et que chaque conversation lui semblait une promesse que leur amour était infaillible. Aujourd’hui, toutefois, son ex n’entrait pas dans l’équation. Si son cœur n’avait pas encore tiré un trait sur elle, son cerveau, lui, avait bien enregistré le départ et l’absence. Non, il fallait à tout prix qu’il sauve les meubles, qu’il répare ce qu’il pouvait encore récupérer. Car Amalia ne pouvait pas, elle aussi, l’avoir abandonné, quand même ? Que ferait-il si elle refusait de lui adresser la parole, si elle lui jetait un regard courroucé voire, pire, méprisant ? Il ne pouvait pas croire qu’un éclat puisse avoir réduit à néant des mois d’apprivoisement. S’il avait su l’ampleur des dégâts, peut-être qu’il aurait compris et peut-être qu’il s’y serait pris autrement. Son malaise était tel qu’il en avait occulté les mots qu’elle lui avait balancés. Ils n’avaient pas d’importance, il les avait mérités. D’ailleurs, il ne se rappelait plus exactement ce qu’il s’était produit. Il avait senti la rage s’infiltrer dans ses veines, il avait entraperçu la vision qu’avait son ex de lui à travers les yeux d’Amalia et ç’avait été plus qu’il ne pouvait en supporter. Qu’avait-il dit, ensuite ? Ni Sebastian ni Alejandro n’avaient su l’éclairer à ce sujet, ils s’étaient réfugiés dans le jardin. Tout ce qui était sûr, c’est qu’une fois calmé, il n’avait pu que constater le départ précipité de la jeune femme qui leur – qui lui – avait été d’une aide si précieuse. Et voir ses gosses malheureux était plus que l’ex-marine ne pouvait en supporter. Préparé qu’il était à tout, il avait envisagé toutes les possibilités, du moins le croyait-il en répétant son texte le matin même devant son miroir. Maintenant qu’il découvrait l’effroi qui glaçait les prunelles d’Amalia, Pedro réalisa qu’il était loin du compte et que ses maigres certitudes ne reposaient sur rien. Comment avait-il pu s’imaginer pouvoir anticiper les réactions d’Amalia quand, au final, il ne savait pas assez de choses à son sujet ? Égocentrique, il n’avait vécu que pour son malheur, se figurant que son quotidien relevait plus de la survie que de la vie réelle. Il avait laissé le soin aux autres de s’occuper d’eux-mêmes. Même ses pauvres garçons, il les avait pratiquement laissés livrés à eux-mêmes. S’il n’y avait pas eu Amalia… Et maintenant il découvrait qu’il n’y aurait peut-être plus d’Amalia Moreno pour adoucir leurs journées, pour embaumer la maison de sa fraicheur et de son sens des priorités. Sa gorge se noua à cette pensée et un voile vint assombrir ses traits tandis qu’elle balbutiait, visiblement mal à l’aise de se retrouver avec lui. « Tu leur manques » confessa-t-il, la voix un peu rauque, conscient de la distance qu’elle leur imposait en reculant de quelques pas. Aussi ne bougea-t-il pas, la laissant reprendre ses marques, si ça pouvait ne pas la faire fuir tout de suite. Il aurait voulu préciser qu’elle lui manquait aussi mais il eut le sentiment que ça n’arrangerait pas son cas et qu’elle ne le croirait peut-être pas. Il aurait aussi voulu ne pas être cet empoté des sentiments, celui qui avait regardé son épouse s’en aller sans même chercher à la retenir, celui qui avait toujours évolué dans la vie sans difficulté majeure qui nécessite qu’il doive se débarrasser de sa carapace. Et quand les malheurs s’étaient accumulés, quelqu’un était toujours venu à son secours. Mais qui viendrait désormais le sortir de sa torpeur s’il n’y avait plus Amalia pour soulager ses tâches quotidiennes, pour redonner vie à un foyer morne et triste ? C’est donc dans le plus grand désarroi qu’il écouta la voix d’Amalia, si éteinte, si fragilisée, si différente de celle qu’il avait eu l’habitude d’entendre. Hébété, il la fixa, essayant de percer le mystère qui entourait leur conflit. C’était la première fois qu’ils se heurtaient l’un à l’autre, ça ne pouvait pas signifier la fin, quand même ? Il vit son trouble, perçut clairement le mal-être qui se dégageait de sa silhouette. Et se sentit transpercé par son regard déterminé. « Amalia… » tenta-t-il. Mais Amalia quoi ? Il ne saisissait pas le fond du problème, bien qu’elle l’ait clairement énoncé. « Je suis désolé, je ne voulais pas que tu te sentes menacée. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je n’ai pas voulu t’effrayer mais je— » Mais quoi ? Il se sentait vulnérable, impuissant, emprisonné dans une vie qu’il ne maitrisait plus. C’était simple à identifier. Il avait eu le cœur brisé, l’orgueil piétiné. Mais émettre ses faiblesses à haute voix, c’était une autre affaire. « Ne laisse pas une erreur—une de mes erreurs gâcher tous ces mois ! Sebastian et Alejandro ont besoin de toi, ils te réclament sans cesse. Ils ne veulent pas d’une autre. » Une autre quoi ? Parce qu’il y avait un moment qu’elle n’était plus qu’une simple aide. Et pourquoi se bornait-il à tout associer à ses fils quand il aurait pu aisément s’inclure dans ceux qui avaient besoin d’elle et s’il ne la réclamait pas officiellement, son regard qui la cherchait régulièrement dans la maison trahissait le manque qui s’était installé. « S’il te plait… Laisse-nous une autre chance. » Il ébaucha un sourire mais il n’avait jamais été très doué pour amadouer et vu les circonstances, il doutait que ça suffise à apaiser les doutes d’Amalia. Aussi lâcha-t-il ce qui lui passait par l’esprit pour essayer d’arranger les choses, quitte à passer pour un homme désespéré – n’était-ce pas ce qu’il était, après tout ? « On peut négocier les termes de ton retour, si tu veux. Tes propres règles, je m’y plierai. S’il te faut plus d’argent, je me débrouillerai aussi. Ce que tu voudras. Je promets de ne plus m’emporter comme je l’ai fait ». Serait-il à même de tenir une telle promesse quand il n’avait eu aucun contrôle sur son dernier accès de colère ? Lui-même l’ignorait mais s’il démontrait la moindre inconstance quant à sa plaidoirie, Amalia ne le croirait certainement pas.
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MessageSujet: Re: searching for a sweet surrender searching for a sweet surrender EmptySam 7 Mar - 17:20




Peut-être que si j’avais pris la peine de m’ouvrir un peu plus à eux, comme ils s’étaient ouverts à moi, cet incident diplomatique ne serait jamais arrivé. J’étais pire que Pedro en la matière, je gardais mes secrets profondément enfouis et je n’en parlais jamais, parce que j’avais honte, entre autre chose. Et surtout, je ne voulais pas voir la moindre once de pitié dans leur regard. Je n’avais pas besoin qu’on me plaigne, j’avais pris mon courage à deux mains et j’étais partie mais je n’eus pas assez de cran pour retourner chercher mes enfants, malheureusement. Je ne méritais aucun éloge, seulement du mépris mais je me gardais bien de le préciser. Voilà sans doute pourquoi ce fut moi que le père Mauricio choisit pour venir en aide aux Berlanga, parce que j’étais bien placée pour comprendre la détresse du chef de famille et parce que je ne comptais pas le traiter avec pitié mais avec compassion, compréhension et surtout, avec brutalité s’il le fallait. Je n’avais jamais hésité à le pousser dans ses retranchements pour l’obliger à s’autoriser à faire plus de choses, à ressortir, à profiter de la vie et à comprendre que la sienne ne se terminait pas avec son accident et son divorce. C’était un homme fiable, jeune et intelligent, ce n’était qu’une question de temps avant que ça se bouscule au portillon pour remplacer l’ancienne madame Berlanga et pour s’occuper de ce père célibataire et de ses deux garçons. Je n’en doutais pas un seul instant. Ses deux fils étaient adorables, compréhensifs et dévoués à la cause de leur père, ils n’hésitaient jamais à se ranger de son côté quand leur mère se rendait responsable de nouvelles frasques et que ça venait aux oreilles du patriarche. Leur vie était compliquée à présent et ils devaient faire avec une famille déchirée et un père brisé et j’avais fait tout mon possible pour leur changer les idées, pour les obliger à parler de ce qu’ils ressentaient et à partager ce qu’ils vivaient mal. Parce qu’eux aussi, avaient fini par prendre sur eux pour ne pas accabler davantage leur père mais ce n‘était pas la solution. Je m’étais permise d’agir comme je l’aurais fait pour mes fils, j’avais sans doute eu tort parce qu’à plusieurs reprises, j’eus l’impression d’occuper la place qu’aurait dû tenir leur mère. Celle-ci semblait peu soucieuse du bien-être et de l’évolution de ses fils mais étais-je la mieux placée pour la critiquer en la matière ? Devais-je me répéter que j’avais laissé mes deux petits au Salvador, aux griffes de mon ex-mari psychopathe et violent ? Non ! Je n’étais pas bien placée et je n’étais pas une bonne mère, sinon pourquoi aurais-je tenu à tout prix à tenir ce rôle pour d’autres enfants que les miens ? Pourtant, ça ne m’empêchait pas de faire des heures supplémentaires sans demander d’être payée quand ils avaient besoin de moi pour aller acheter un jean, pour les conduire chez le médecin ou bien même pour papoter avec eux quand ça n’allait pas. J’étais devenue un pilier dans leur existence et j’en étais flattée mais ça m’avait fait peur à maintes reprises. Qu’adviendrait-il quand leur père n’aurait plus besoin de moi ? J’avais essayé de repousser cette idée jusqu’à ce que je me sente contrainte de fuir parce que je m’étais persuadée que monsieur Berlanga allait me donner une belle correction.

Qu’il commence par parler de ses fils était la meilleure des tactiques à adopter, je ne pus réprimer cette bouffée de culpabilité qui manqua de m’étouffer alors que mon visage devenait rouge et que je baissais les yeux, honteuse de ne même pas avoir pensé à ça alors que je prenais mes jambes à mon cou. « Ils me manquent aussi. » avouai-je d’une toute petite voix. Pourquoi fallait-il que je me comporte comme une gamine ? J’étais une femme et je n’étais plus sous l’autorité ou la domination de qui que ce soit, il fallait que j’imprime à présent ! Depuis le temps ! Soudain, j’eus l’impression que tout basculait dans quelque chose qui était loin d’être une histoire entre un patron et son employée. J’avais l’impression que nous venions de rompre et qu’il me suppliait de revenir, je ne pus réprimer un éclat de rire qui le déconcerta alors qu’il me fixait d’un drôle d’air. « Pardon, c’est juste que sorti de son contexte, on pourrait comprendre autrement ce que vous me dites. C’est la nervosité, désolée, je ne me moquais pas. » finis-je par conclure en me raclant la gorge et en essayant de reprendre mon sérieux, écoutant attentivement ce qu’il me disait, sachant que ce n’était pas évident pour lui de me balancer tout ça dans un lieu public. Il avait eu tant de mal à accepter ma présence et mon aide, autrement dit, il ne comptait pas recommencer tout le processus avec une autre personne vu le temps que ça m’avait pris de gagner sa confiance. Si j’avais été une morue complètement vénale, j’aurais pu exiger tout un tas de choses de lui en cet instant précis, profiter de sa détresse et de celle de sa famille pour lui extorquer du pognon mais ce n’était pas du tout mon genre. Je secouai la tête, signe que je refusais. « Je n’ai besoin de rien et surtout pas d’argent en plus. Ecoutez, je n’habite pas loin, venez à la maison pour un café, on va discuter, d’accord. Je reviendrai faire mes courses plus tard. » Bien sûr, quelle bonne et magnifique idée que de l’emmener dans un lieu où il pourrait me tabasser et me tuer sans aucun témoin. Mais à vrai dire, je ne le pensais pas capable d’une telle chose. Un homme qui reconnaissait ses erreurs et s’excusait sincèrement n’avait pas besoin de tomber si bas. Il finit par consentir à me suivre et nous nous retrouvâmes bien vite à la table de ma minuscule cuisine, l’un en face de l’autre, une tasse de café entre les mains. « J’aurais dû vous parler un peu de ma vie, ça aurait sans doute facilité les choses et vous auriez mieux compris pourquoi je suis partie. J’ai eu peur que vous me frappiez, monsieur Berlanga. Alors je sais, c’est ridicule mais pas quand on vient d’où je viens. » Je marquai une pause, me passai une main sur la nuque pour tenter de faire disparaître la gêne et l’angoisse mais ça ne fonctionna pas. « J’ai été mariée, au Salvador, vous savez j’ai dû abandonner mes deux fils à leur père pour venir ici. Leur père qui est ce que j’ai connu de pire. Les coups étaient réguliers, j’ai appris à me méfier des signes avant-coureurs. Voilà pourquoi j’ai fui ce jour-là. Je n’ai fait qu’interpréter des signes. C’est à moi de vous présenter des excuses pour vous avoir mis dans le même panier que cet homme infâme à qui j’étais mariée. Je veux bien revenir mais vous devez me promettre que si vous êtes en colère, vous ne vous en prendrez pas à moi et que vous irez faire un tour. »

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