Est-ce que j’avais bien compris ce que j’avais compris? Est-ce qu’il venait vraiment de dire ce que je pensais bien qu’il venait de dire? Mon regard ne faisait que se promener entre Wesley et mon père tout en essayant d’assimiler l’information que je venais d’avoir. Un quoi? Un demi-frère? Si c’était vraiment la vérité, ça allait remette en question ma vie entière. Tout ce que j’avais toujours cru savoir sur mon existence venait de prendre une autre tournure. Mon père n’était définitivement pas celui que j’avais cru qu’il était. En fait, il était encore plus trou de cul que ce que j’avais imaginé. Jamais je n’aurais pu croire qu’il pouvait être encore plus bas que l’endroit où je le visualisais. À moins que ce soit l’alcool qui faisait dire des conneries à Wesley. « D’quoi tu parles? » « Qu'ton vieux c'le mien » Mon paternel ne semblait pas du tout touché par le délire que Wesley avait. « Qu’est-ce qu’il raconte ton ami? Je crois qu’il a besoin de dégriser un peu. Je n’ai certainement pas deux enfants. » Comme si une deuxième femme aurait pu réussir à l’endurer de toute manière. « Restez en place, s’il-vous-plait. » L’infirmière ne semblait pas le moins du monde intéressée par ce qui se disait dans la pièce. Tout ce qui l’importait, c’était de réussir à insérer toute cette ouate dans mon nez pour arrêter le flux sanguin. [u] « Ah, attends. Ta mère ne serait pas une petite brunette avec des taches de rousseur? On avait passé un très bon moment dans la grange à foin. »[color] dit mon père tout en se frottant la barbe avec fierté. Sur l’impulsion, je me levai d’un coup du lit, prêt à lui donner une raclée pour son attitude de merde mais l’infirmière m’attrapa par le bras et appela à l’aide. « ENFANT D’CHIENNE! » Criai-je tout en « parlant » du nez avec toute la ouate qui prenait place dans mes orifices. Je tentai de me débattre mais deux infirmiers me plaquèrent contre le lit. Au choc de ma tête contre le lit, je grimaçai de douleur. « Si je pouvais t’échanger, tu peux être certain que je le ferais. » Je ne pouvais même pas dire ce qui me faisait le plus mal : apprendre que j’avais peut-être un frère ou le fait que mon père ne semblait pas tellement dérangé de cette possibilité. Pas surpris du tout, non. Comme si on venait de lui dire qu’il restait du beurre dans le réfrigérateur. « Calmez-vous! » Je me sentais presque comme dans un film. Il ne manquait juste qu’un médecin arrive avec une seringue rempli de sédatif. Mais l’injection ne serait pas nécessaire car je me calmai aussitôt que mon père fût escorté en dehors de la chambre. Est-ce que ma mère savait?

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Toc. Entre l’état de réveil et celui de sommeil, je me retournai dans mon lit prêt à rester dans les bras de Morphée. Toc. J’entrouvris mes paupières, sans trop de motivation, tout en attendant que le bruit refasse surface pour essayer de trouver de quoi il s’agissait. Toc. « Dem? » « Lisa? » Je grognai tout en tournant la tête vers mon cadran pour voir quelle heure il est : 3h00 AM. Je me levai de mon lit et me rendis jusqu’à ma fenêtre en trainant des pieds. « Qu’est-ce que tu fous ici à cette heure? Ça va? » Je me frottai les yeux à l’aide d’une main. « On vient de s’engueuler ... » Je laissai tomber ma tête vers l’arrière, en soupirant, puis je lui fis signe de m’attendre. « J’arrive. » J’attrapai une paire de jogging ainsi qu’un gros chandail pour ne pas me faire bouffer vivant par les moustiques. J’enfilai le tout avant de sortir de ma chambre sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller mon père. J’allumai la lumière du porche et je pris place sur le banc où elle m’attendait. « Qu’est-ce qui s’est passé? » Encore. Pas que j’en avais rien à foutre mais cette situation commençait à se répéter un peu trop souvent à mon goût. J’avais l’impression que mes conseils ne servaient pas du tout à rien car elle ne les écoutait jamais. Mais parce qu’il s’agissait de ma meilleure, je l’écoutais à chaque fois et je lui ressortais mon fameux discours comme quoi elle méritait mieux et tout le tralala. Et normalement, ça la remettait sur le piton jusqu’à la prochaine fois. Si seulement elle pouvait mettre ses culottes et faire ce qu’il fallait pour être heureuse ... « Il devait venir me rejoindre chez mes parents mais il s’est laissé distraire par son travail, tu sais. Il n’est jamais venu. » Et connaissant ses parents, ils devaient avoir passé la soirée à dévaloriser son mari comme quoi elle méritait mieux. On partageait tous les trois le même opinion. « Il est rentré il devait être quoi... 1h00 du matin? Il s’est excusé mais il n’avait pas vraiment l’air surpris lorsque je lui ai remis le dîner sous le nez. » Lisa accouda ses bras contre ses genoux et cacha son visage dans ses paumes de main. « Hey ... » Dis-je doucement tout en passant une de mes mains dans son dos pour la consoler. « Sa chemise sentait le parfum, Dem. Le parfum de femme. » Elle se redressa pour me regarder lorsqu’elle évoqua un possible adultère de la part de son mari. « Il ne cesse de me dire qu’il ne voit personne mais je ne sais plus quoi croire. Je ne peux pas croire qu’il me fasse ça. » Étant plus grand qu’elle, je me penchai vers l’avant pour être à sa hauteur et je pris l’une de ses mains entre les miennes. « Lisa, tu mérites mieux que lui. Tu finis toujours par te ramener ici en larmes. Je vais toujours être là pour toi mais il faut se rendre à l’évidence, il ne semble pas prêt à changer. » Et ça me tuait de la voir dans cet état là à cause de con qui n’avait rien à foutre de sa femme. « Mais je l’aime ... » Je laissai tomber vers l’arrière, dos contre le banc, passant mes mains contre mon visage. « Lisa, y’a un tas d’hommes qui seraient heureux de sortir avec toi. T’es belle, t’es intelligente et drôle. Veux-tu vraiment passer le reste de ta vie avec quelqu’un qui se fou de toi? » Autant l’amour pouvait apporter du bien, autant ça pouvait être le contraire. Et dans sa situation, je ne comprenais pas comment elle faisait pour rester. Nous restâmes ainsi pendant un bon bout de temps à parler de sa situation amoureuse jusqu’à ce que notre énergie se mette à nous fausser compagnie. Lisa me demanda si elle pouvait rester à dormir ce soir et j’acceptai. Ce n’est quand mêem pas la première fois que nous allions dormir dans la même chambre. je fermai la lumière à l’extérieur de la maison et je pris quelques couvertures de plus avant de monter jusqu’à ma chambre, refermant la porte derrière moi. Je lui passai un de mes vieux chandails pour qu’elle puisse dormir dans quelque chose de plus confortable que sa blouse et je pris place dans mon lit une fois qu’elle me fit signe qu’elle était prête. « Ça serait tellement facile s’il pouvait être comme toi. » dit-elle tout en accotant sa tête contre mon épaule. « Impossible, je suis unique. » Je passai mes bras autour de ses épaules pour la serrer contre moi. « Dem? » Par réflexe, je tournai la tête vers elle malgré que je ne puisse plus vraiment la voir maintenant que les lumières étaient fermées. Sa main se faufila dans mes cheveux tout en passant par ma nuque, me procurant un frisson qui me prit par surprise. « Quoi? » dis-je tout en fronçant les sourcils tout en essayant de comprendre ce qui se passait présentement. Lisa avait toujours été comme une soeur, pour moi. Mais présentement, je ressentais des choses que l’on ne ressent normalement pas pour sa propre soeur. À moins d’avoir un réel problème mental. « Tu te rappelle du pacte qu’on a fait? » Comment oublier? Nous avions pris la décision de ne jamais être plus que des amis. Que si l’un tombait amoureux de l’autre, de ne pas le dire pour ne pas perdre l’amitié que nous partagions depuis si longtemps. « Oui? » Ma respiration n’était plus aussi régulière que d’habitude. J’étais tout simplement perturbé par ce qui me passait par la tête. J’étais incapable de dire ce qui perturbait le plus : Sa main dans mes cheveux ou le souffle chaud de sa respiration qui me caressait les joues. « Des fois je regrette qu’on ait pris cette décision, tu sais? » Cet aveu me boucha carrément. Je ne savais plus quoi dire. J’eus l’impression que le silence dura pendant plusieurs minutes alors que ça a plutôt dû être de quelques secondes à peine. J’avais l’impression que mon sang n’irriguait plus suffisamment mon cerveau pour que je puisse réfléchir. Mon coeur battait tellement fort que tout mon sang devait être concentré dans cette zone. Quoique pourtant, je sentais une chaleur me monter au visage, signe que le sang se rendait bien à cette partie de mon corps. Mes pensées filaient encore à toute allure lorsque je la sentis bouger dans le lit, pressant une partie de son corps un peu plus contre moi. L’une de ses mains se posa contre ma joue alors que je sentis son nez frôler doucement le mien comme si elle cherchait le centre de mon visage. Elle sembla hésiter un instant jusqu’à ce que ses lèvres entrent finalement en contact contre le mienne. Ce soir, c’est sans doute ma mauvaise conscience a remporté le combat contre ma bonne conscience. Je m’étais toujours dit qu’il ne se passerait jamais rien entre une femme mariée et moi. Mais pourtant, j’ai totalement échoué ce soir.

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Mon demi-frère m’a déjà dit que d’arrêter d’aimer quelqu’un, c’est vraiment difficile. C’est comme arrêter de pisser en plein milieu. Des fois je me dis que j’étais bien mieux une bonne quinzaine d’années en arrière quand tout était tellement plus simple. L’amour, c’était pour les grands. On savait ce que c’était sans vraiment pouvoir le décrire parce qu’on ne l’avait jamais vécu. À cet âge là, c’était tellement moins compliqué entre Lisa et moi. On ne se cassait pas la tête avec les histoires de grands, non. On partait plutôt à vélo avec nos boîtes de clous et nos marteaux pour aller faire notre cabane dans les arbres en passant dans le champ du vieux Roger qui habitait au bout du rang. On se trouvait toujours très drôle à essayer d’attraper des écureuils avec une caisse de lait en tirant sur la corde qui était reliée au bout de bois qui la soutenait dans les airs. C’était le bon temps. Maintenant, c’était compliqué. Parce qu’on avait enfreint la limite qu’on s’était toujours donnée et la limite que je m’avais toujours cru avoir en moi. On ne touche jamais aux femmes mariées, non non. Encore moins aux femmes mariées qu’on considère comme sa sœur, ok? J’avais cru être assez fort pour que notre relation reprenne la place qui lui revenait, que nous redevenions de simples amis, mais j’avais été faible. Autant je ne l’avais jamais imaginée comme autre chose qu’une simple amie avant ce soir-là, autant je n’étais plus capable d’imaginer qu’elle ne soit seulement ça. L’amour, c’est une vraie drogue. Ça nous fait faire des choses qu’on ne fait normalement pas. « Est-ce que je peux passer te voir? » Je lui répondais que oui, qu’elle pouvait venir me rejoindre dans l’écurie aussitôt qu’elle serait arrivée. En attendant, je sortis la graisse et les éponges et je suspendu la bride de Fakir pour la nettoyer et la graisser. J’eus même le temps de faire la selle avant qu’elle me rejoindre. « Dem? » « Dans la sellerie! » Je déposai mes choses et m’essuyai les mains sur mes pantalons tout en me dirigeant vers le son de sa voix. Lorsqu’elle fût à ma portée, je posai une main sur son bras et je me penchai dans sa direction pour l’embrasser mais elle détourna la tête, à ma grande surprise. « Ça va? » Je reculai pour lui faire face, inquiet. Je me montrais fort mais je sentais bien qu’il y avait quelque chose qui clochait. « Je dois te parler. » Sans doute mal à l’aise par mon regard, elle commença à marcher en direction des stalles. « J’ai bien réfléchis à ce qui se passe entre toi et moi et ... je crois que ça devrait s’arrêter là. » Mes épaules s’affaissèrent sous le choc. « Qu’est-ce qu’il t’a encore promis? Qu’il allait changer? » Je n’étais pas d’humeur. Si cet idiot était devant moi, je pense que je lui casserais la mâchoire. « Ça fait des années que nous sommes ensemble et j’ai bien envie que notre couple fonctionne Dem. Il est prêt à avoir des enfants. » Comme si cette fois-ci allait être différente de toutes les autres fois où il avait promis qu’il changerait. L’amour rend vraiment aveugle apparemment. « T’as plus besoin de moi, c’est ça? » Moi qui avais cru qu’elle finirait par le laisser pour qu’on puisse avoir une relation saine. Au final, j’avais été aussi con qu’elle l’était par rapport à son mari. J’avais cru que j’étais bien plus qu’un bouche trou. « Tu seras toujours mon meilleur ami ... » Enragé par ce qu’elle venait de dire, je donnai un coup de pied dans une chaudière qui trainait au sol, faisant peur aux chevaux qui étaient encore dans l’écurie. « Est-ce que tu penses sérieusement que j’en ai envie? Que je vais rester là à te regarder te brûler à élever vos enfants toute seule parce qu’il en a rien à foutre, comme d’habitude? Je ne suis pas un jouet, Lisa. Je ne peux pas être seulement ton ami. Je ne peux plus. » je n’en étais tout simplement pas capable. « Mais Dem, tu ... » « Dégages Lisa. Vas rejoindre ton prince charmant si c’est ce que tu veux mais fous-moi la paix. Je veux plus te voir. » Je lui tournai aussitôt le dos pour prendre la direction de la sortie arrière de l’écurie pour aller prendre l’air. Au final, Wes a raison. C’est hyper difficile d'arrêter une pisse en plein milieu. Quand on y arrive, ca fait vraiment mal. Comme quand on doit arrêter d’aimer quelqu’un.