L'odeur de la cigarette flottant dans son appartement, puis celle du plat cuisiné qui se trouvait dans le micro-onde, elle fût prise de nausées intenses et il ne lui fallut pas plus pour courir jusqu'aux toilettes pour aller vomir toutes ses tripes. En même temps, elle se mit à pleurer, sans aucunes raisons valables, peut être était-ce toute cette pression sur ses frêles épaules ? Elle n'en savait rien, Anya sentait juste cette boule au fond de son ventre, et ses larmes coulèrent de plus en plus, suivies d'une immense colère lorsqu'elle remarqua une pilule colorée au fond de son cabinet. Du gâchis, tout simplement, parce qu'elle n'aurait pas du faire cuire cette chose immonde qui trônait désormais dans la cuisine et dont l'odeur persisterait forcément pendant une éternité, trop longtemps à son goût. Elle hésita à reprendre ce qui lui appartenait au fond du trou des toilettes, mais son esprit lui cria de ne pas le faire, parce que c'était tout bonnement idiot, et dégueulasse aussi. Elle soupira, puis ferma les yeux le temps d'une seconde, histoire de remettre ses idées aux claires. Elle sentait cette tristesse au fond d'elle, et pourtant, tout semblait aller bien en ce moment. Pas de type étrange qui lui collait au derrière, un travail assez stable et rentable, et surtout, de la drogue, plein de drogues, trop de drogues dans ce petit sachet au fond de son sac.

Alors elle sortit de ses toilettes, jetant ainsi le plat dans la poubelle, puis s'installa sur son canapé après avoir attrapé le petit cachet dans son sachet magique et l'avoir avalé sans trop penser au reste, à ce qui l'entourait. Elle se mit à penser, et ça ne lui arrivait pas souvent d'avoir les idées aussi claires à Anya, si bien qu'elle n'alluma même pas la télévision, bien trop occupée à réfléchir à sa vie, à de futurs projets. Mais comme souvent, elle ne trouva pas de réponses à ses questions et elle se remit donc à pleurer comme une madeleine. A croire qu'elle ne savait faire que ça finalement, et ça commençait sérieusement à l'énerver de ressembler à une gamine capricieuse. Les coups sur la porte la sortirent de ses pensées confuses, et elle se leva difficilement pour aller ouvrir, peut être trouverait-elle quelqu'un d'intéressant sur son palier ? Elle espérait cependant que ça ne soit pas un de ses clients inutiles et en manque d'amour, n'ayant franchement pas la tête à travailler ce soir. Ceylan. Elle fronça les sourcils, surprise de le voir ici, et l'allure qu'il avait la faisait douter sur les raisons de sa venue. Mais elle le laissa entrer, de toute façon, que pouvait-il lui faire ? Anya avait une réelle confiance en lui, il était son ami depuis l'enfance, et surtout, il avait été là dans les moments les plus difficiles de sa vie, alors ça lui semblait impossible de le laisser à la porte. Elle afficha un sourire, lui signifiant que tout allait bien en ravalant ses larmes, s'essuyant la joue d'un revers de la main. Il fallait qu'elle paraisse le plus naturel possible, et surtout en forme, parce qu'il lui poserait certainement des tas de questions et elle n'avait pas envie d'étaler sa vie, pas aujourd'hui. Ceylan entra, et s'excusa directement pour se rendre aux toilettes. Elle fit une petite moue, il s'arrêtait chez elle juste pour aller pisser ? Non, ce n'était pas son genre, pas un profiteur. Il revint rapidement, ses yeux paraissaient fatigués, cernés, il n'était pas dans son état le plus avantageux à vrai dire, et sa demande la surprit, parce qu'il n'était pas branché alcool, plutôt drogue en réalité. Elle ne sourcilla pas, elle gardait tous ses doutes au fond d'elle et se rendit dans la cuisine sans rien dire, allant chercher le verre qu'il lui demandait.

Elle manqua à nouveau de vomir avec cette atroce odeur, puis servit le whisky et cette douce odeur lui parvint aux narines, bien plus agréable que la précédente. Elle respira un bon coup, puis retourna dans le salon où elle le trouva près de son sac, non, les mains dans son sac, cherchant visiblement quelque chose. Ceylan se retourna bien assez vite, ayant certainement senti sa présence derrière lui, et il essaya en plus de faire de l'humour, sauf qu'elle savait pertinemment ce qu'il cherchait Anya, elle n'était pas dupe à ce point. "Besoin d'aide ?" Demanda-t-elle, les bras croisés, le regard agressif. Elle s'approcha et remarqua les pilules éparpillées dans son sac, elle n'avait plus de doutes sur ses réelles intentions. Énervée, elle lui donna un coup sur l'épaule, puis deux, il n'allait pas s'en sortir comme ça, il n'allait pas la voler, il était son ami... "Tes pétasses ne te payent pas assez ?" La colère monte en elle, son cœur bat la chamade au fond de sa poitrine, elle tremble, non, il n'a pas le droit de lui voler ce qui lui appartient, il n'a pas le droit, il est son ami, pas un voleur. Elle le pousse, les sourcils froncés, les larmes au bord des yeux. "Tu-n'as-pas-le-droit-de-me-voler Ceylan ! Pas-le-droit !" Articula-t-elle, tremblante comme une feuille, cherchant au fond d'elle comment l'idée avait-elle pu lui traverser l'esprit.

Anya acceptait difficilement la trahison de Ceylan, il n'arrivait pas à croire qu'il ait pu avoir l'envie de la voler alors que demander aurait peut être suffit. Ou pas, elle n'était pas du genre à partager Anya, préférant garder ses conneries pour elle même plutôt que d'en faire profiter son meilleur ami, son seul ami en réalité. Depuis des années, elle était renfermée sur elle même et cette vie semblait lui convenir, elle n'était pas du genre à se sociabiliser avec quiconque parce que les gens arrivaient à lui faire peur sans qu'elle n'en comprenne les raisons. Pourtant, elle n'avait rien de méchant Anya, elle aimait simplement sa solitude, le seul arrivant à dompter cela était Ceylan, mais ce soir il n'était pas venu pour cette raison et sans savoir pourquoi, elle avait envie de se foutre en l'air, comme si ce n'était pas possible de faire des erreurs. A ses yeux, Ceylan était le gars parfait, avec tous pleins de défauts qu'elle appréciait particulièrement chez lui, mais le vol, elle n'avait jamais trouvé ça intelligent, parce que forcément, ça lui retomberait dessus un jour. Elle concevait à la limite le fait qu'il vole de l'argent à des femmes riches, en vendant son corps un peu moins, mais à elle ? Très franchement, elle n'arrivait plus à mettre ses idées au clair, et ça la rendait triste d'agir comme ça avec lui, parce que le frapper n'était pas la solution, et ne pas l'aider dans sa galère n'allait pas enjoliver les choses. Il réagit de façon tout à fait prévisible et sans qu'elle ne puisse faire quelque chose, il attrapa ses poignets, il les serra bien trop fort à son goût, si bien qu'elle écarquilla les yeux, un air paniqué pouvait se lire sur son visage mais il continuait à hurler, et elle avait envie de lui en mettre une, de le faire taire. Elle déglutit bruyamment, la peur au ventre, la peur qu'il lève la main sur elle alors qu'elle sentait au fond d'elle qu'il en était incapable parce qu'il l'aimait bien plus que ce qu'il pouvait le prétendre. Elle l'espérait du moins. "Tu me fais peur... Arrête." Mais elle avait beau parler, il ne devait pas l'entendre, ou à moitié puisqu'il lâcha ses poignets qu'elle alla directement mettre derrière son dos, comme pour être sur qu'il ne lui referait pas la même chose, qu'il ne lui ferait pas mal...

Il retourna la situation, et ça l'agaça encore plus, parce qu'il n'avait pas le droit de faire ça. Il ne connaissait rien à ce qu'elle pouvait faire ou ne pas faire, elle possédait ses propres limites contrairement à lui, mais il n'avait pas l'air de bien comprendre la situation. "Arrête, bordel ! Arrête..." Elle serra les poings derrière son dos, il cherchait à l'énerver, à la pousser à bout, elle pouvait le sentir... "Moi je ne baise pas à droite, à gauche pour avoir du fric ! Je fais les choses dans les règles, j'ai l'impression que tu ne me connais plus." Les larmes lui montèrent aux yeux, elle manqua d'un rien de pleurer mais elle ne le fit pas, parce qu'elle arrivait peu à peu à retenir ses émotions Anya, parfois. "D'ailleurs, j'me demande pourquoi t'es pas allé voir ta pute là... Attends, comment elle s'appelle cette grosse bourge... Sam ! Oui voilà, Sam ! Pourquoi t'es pas allé chez elle ?" Et bim, en pleine face, parce qu'elle n'avait que ça pour attaquer, et que de toute façon, elle ne pouvait pas arranger la situation, alors autant l'empirer, ça lui procurait une sorte d'excitation. "Et tu crois qu'en volant mes affaires ça va t'aider ? Tu penses pas que JE pourrais être en manque moi aussi si tu... si tu me voles ce qu'il me reste." Elle recula d'un pas tandis qu'il s'installa sur le canapé. Les effets, sensation d'euphorie, elle l'était complètement, mais pas dans le bon sens, et quelques vertiges venaient lui faire tourner la tête.

Anya resta planté face à lui, debout alors qu'il venait de s'installer comme s'il était chez lui. Même si elle avait voulu qu'il parte, elle était certaine qu'il ne le ferait pas, parce qu'il n'avait pas l'air d'avoir envie de rester seul, et elle était certainement la seule option. Au fond, ça lui faisait du mal qu'il soit venu uniquement parce qu'elle était une option dans sa journée, elle était complètement désemparée, triste, et elle aurait aimé se réfugier dans ses bras et fermer les yeux. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas lui pardonner ce qu'il venait de faire, c'était bien trop frais pour qu'elle oublie d'un seul coup qu'il avait essayé de la voler. Elle s'accroupie et porta les mains jusqu'à son visage en soupirant. Puis elle leva ses yeux vers lui, le regard encore énervé, les mains tremblantes. "Tu comptes rester ici je présume ?" Elle n'avait même pas envie de le virer Anya, et même si elle l'avait voulu, elle avait beau réfléchir, elle n'aurait pas pu, et ça lui faisait du mal d'être aussi accro à quelqu'un, sans même essayer de faire un effort pour l'aimer réellement, parce qu'elle ne sait pas aimer Anya, juste apprécier les bons moments.

Anya avait peur, ses mains continuaient de trembler alors qu'elle faisait tout pour que cela cesse. Mais elle n'y parvenait pas, Ceylan était bien trop agité à son goût, il la traitait comme jamais il ne l'avait fait, et ça ajoutait de la tristesse à sa peur, parce qu'elle n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait se retrouver dans une situation pareille. Ce qu'il faisait n'avait rien de légal, et elle s'était toujours dit qu'il n'aurait pas de mal à séduire des tas de femmes avec sa gueule d'ange. Mais visiblement, aujourd'hui n'était pas un bon jour pour lui, il n'avait rien sous la main pour calmer sa stupide agressivité, et elle hésitait encore sur le fait de devoir l'aider ou non. Parce qu'elle réfléchissait bien trop à la situation inverse, si lui il lui en aurait donné en la voyant dans cet état là. Et même s'il était son ami, elle n'était pas certaine qu'il fasse ce geste envers elle, parce que la drogue était bien plus précieuse qu'elle à ses yeux, elle en était sûre. Et plus il la cherchait, plus elle répliquait, parce qu'elle n'était pas décidé à se laisser faire aujourd'hui, il fallait qu'elle se montre forte et Anya faisait justement des essais sur lui, mais c'était peine perdue, il cherchait les disputes autant qu'elle et ça devenait de plus en plus désespérant à ses yeux. Elle ravala ses larmes, déglutissant bruyamment puis resta planté comme un piquet au milieu de son salon, les yeux rivés sur son sac à main où se trouvait les précieuses pilules, se baladant de temps en temps sur Ceylan pour voir s'il oserait faire un geste désespéré envers elle.

Mais il ne fit rien et s'installa sur le canapé sans ciller, alors qu'elle continuait de vider son sac, comme s'il avait besoin d'entendre cela à un moment pareil. Anya ne savait même pas comment l'attaquer parce que rien ne semblait l'atteindre pas même les reproches qu'elle pouvait lui faire sur ses vols à répétitions. "Arrête ton cinéma ! J'viens juste de les acheter, et tu sais très bien que ça ne dure pas longtemps." Parce qu'elle en prenait beaucoup trop à cause de ce manque constant qu'elle pouvait ressentir tout au fond d'elle. D'ailleurs, elle aussi avait déjà eu quelques petits soucis d'argent et il n'était pas le seul à être dans la merde, parfois, il lui arrivait de désespérer elle aussi. Sauf qu'elle avait conscience de son addiction, et plutôt que de s'acheter de la nourriture, elle privilégiait les petites pilules parce qu'elles étaient bien le seul remède à tous ses maux, et Ceylan n'avait pas l'air de fonctionner comme elle.

Quoi qu'elle fasse, il ne bougerait pas, et il lui confirmait très vite les faits. Elle leva les yeux au ciel, la journée n'avait pas bien commencé et il venait lui gâcher la soirée pour une histoire de drogue. Vraiment, ça n'avait pas l'air de tourner bien rond dans sa tête, tout comme dans la sienne finalement, sauf qu'elle possédait le précieux alors que lui, souffrait de cet atroce manque. "Mais tu comptes la revoir si je ne me trompe pas ?" C'était bien la première fois qu'il lui parlait d'une nana avec qui il avait une relation, et ça l'avait étonné qu'il ait craqué pour une fille qui était bien différente de lui. Cette femme était riche et Anya savait très bien qu'il souffrirait parce qu'elle ne pourrait certainement pas lui offrir ce qu'il désirait plus que tout au monde, elle se servirait de lui et le fait de ne rien pouvoir faire face à cela attristait Anya. Puis au fond, il n'avait pas tout à fait tort, elle était jalouse de cette Sam, parce qu'il ne fréquentait jamais personne à part elle, et savoir qu'il pourrait s'éloigner d'elle lui faisait de la peine, lui mettait une boule au fond de son ventre. Elle n'arrivait pas à se retirer cela de la tête, le savoir dans les bras d'une autre lui mettait une immense pression, parce qu'elle ne serait plus à la tête de ses préoccupations. "Jalouse, moi ? Non mais tu rigoles j'espère..." Elle n'allait certainement pas lui avouer la vérité, ça faisait bien trop mal, et puis il se poserait des questions, des questions auxquelles elle n'avait pas envie de répondre. Elle le rejoignit sur le canapé, s'affalant à son tour mais gardant tout de même ses distances avec lui, parce qu'elle avait toujours cette appréhension qu'il lève la main sur elle alors qu'au fond d'elle, elle était certaine qu'il n'oserait pas, par rapport à cette promesse, à Brody... Rien que l'idée de penser à lui la fit frissonner, elle était là avec sa drogue parce qu'il était mort, qu'il l'avait abandonné en faisant le con, ça devenait de plus en plus difficile pour Anya de retenir ses larmes, mais elle réussit à tout de même garder son calme. "Si tu m'avais demandé, j'aurais pu réfléchir à la question peut être, mais tu as choisi de me VOLER." Ça lui restait en travers de la gorge, un tel agissement. "Je ne suis pas une des femmes que tu voles, j'espérais que tu me considérais mieux que ça..." Elle se leva et attrapa son sac, leur relation allait finir par voler en éclats si jamais ils continuaient, alors il fallait qu'elle fasse le premier pas, qu'elle résolve le problème avant qu'il ne soit trop tard, elle n'était pas prête à le perdre, pas pour si peu. Ses mains tremblantes attrapèrent un petit cachet coloré qu'elle lui tendit, espérant mettre fin à cette bataille qui ne mènerait à rien.

Ceylan se braquait lorsqu'elle parlait de cette fameuse Sam, et elle comprit très vite qu'elle lui plaisait réellement, bien plus qu'elle certainement. Alors oui, elle était jalouse, elle avait mal à son petit cœur fragile parce qu'il ne la considérait que comme sa meilleure amie. Pourtant, elle n'avait jamais demandé plus, mais elle savait qu'il était le seul à lui enlever ses maux -avec la drogue- et s'il sortait avec quelqu'un, elle avait peur d'être délaisser, d'être seule au monde, de ne plus l'avoir près d'elle. Cette idée lui fit monter les larmes aux yeux une nouvelle fois, mais elle ne lâcha rien, elle n'avoua pas cette jalousie tout au fond d'elle parce qu'elle ne voulait en aucun cas paraître faible devant lui, encore moins dans l'état dans lequel il se trouvait. Après tout, il pouvait bien s'imaginer des tas de scénarios, et Anya refusait catégoriquement une nouvelle dispute avec lui, cela n'aurait fait qu'empirer les choses et surtout, sa jalousie n'était même pas fondée puisqu'ils n'avaient jamais discuté de leur relation assez spéciale. Elle savait qu'elle était sa meilleure amie, et lui l'était pour elle, mais ça s'arrêtait là, même si parfois cela pouvait déraper. Hors de question de baisser les bras face à lui, hors de question de lui montrer qu'il était sa faiblesse, hors de question de tout gâcher avec une discussion bien inutile à ses yeux. "Fais comme tu veux, de toute façon comme tu dis, je n'ai pas mon mot à dire." Elle espérait simplement que s'ils se revoyaient, la demoiselle ne lui ferait pas de mal, ne le traiterait pas comme un moins que rien parce qu'elle ne le connaissait pas lui et ses sautes d'humeur.

En le regardant, Anya comprit qu'elle l'embêtait en criant, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, il commençait à la rendre dingue à hurler lui aussi. Qui plus est, cette histoire de vol n'était qu'un prétexte pour s'énerver, elle le savait au fond d'elle mais elle ne pouvait pas s'arrêter, elle et sa voix stridente. A quoi bon continuer à refuser l'idée de partager ? Elle commençait à ne plus avoir les idées claires désormais, la drogue lui montait lentement à la tête, et son cœur était rempli de joie, de compassion et d'amour pour Ceylan. Elle se répéta que c'était la drogue, mais elle ne pu lutter contre l'idée d'être gentille avec son meilleur ami, et son réflexe fût de lui donner une pilule, sous son regard étonné. Anya n'avait rien d'une personne méchante, son esprit était confus en permanence et ça l'empêchait d'avoir un bon jugement sur la plupart des situations. En lui donnant un cachet, elle le condamnait à continuer de prendre de la drogue, mais elle voulait avant tout stopper ce conflit bien futile à son goût. Il l'avala rapidement, visiblement heureux qu'elle puisse faire un tel geste, mais elle espérait sincèrement qu'il puisse lui rendre la monnaie de sa pièce un jour où elle aurait besoin de sa dose. Ceylan se leva et attrapa Anya pour la prendre dans ses bras. Elle fût tout d'abord surprise par sa réaction mais en aucun cas elle ne pouvait envisager de le repousser. Ses bras réussissaient à l'apaiser, cette proximité lui faisait un bien fou, quelque chose qu'elle ne connaissait que très rarement et qu'il était bien le seul à pouvoir lui procurer. Ses excuses et ses baisers sur sa peau arrivaient à la calmer, elle se laissait faire, incapable de se retirer de lui, de lutter contre cette force qu'il exerçait sur elle. Son odeur, sa voix près de son oreille, ses lèvres contre sa peau, ses cheveux frôlant sa joue, l'instant semblait parfait, non, il l'était, tout simplement. "Je suis désolée..." Murmura-t-elle de façon à peine audible. Parce qu'elle s'en voulait de l'avoir fait attendre, elle s'en voulait de l'avoir entraîner dans son calvaire alors qu'il n'avait rien demander à personne, elle représentait la mauvaise personne à ses côtés et jamais elle n'avait essayer de se détacher de lui, même pour son bien. Anya était égoïste, elle en avait parfaitement conscience, elle était coupable de ses maux, coupable de son addiction. Il posa ses mains sur ses épaules après cette étreinte qui ne dura pas assez longtemps à son goût, cherchant désormais à s'excuser pour son comportement assez violent avec elle. Elle fit une petite moue, hochant doucement la tête à chaque mot prononcé, elle buvait ses paroles, tout ce qu'il pouvait lui dire lui semblait si gentil, alors qu'à l'instant précédent, les seules pensées qui la traversait étaient mauvaises. Ce baiser. Ses lèvres posées chastement sur les siennes, elle ne s'y attendait pas et fit un mouvement de recul. Elle ne comprit pas elle même sa façon de réagir, elle qui aurait tout donner pour rester proche de lui, semblait vouloir s'éloigner. Elle déglutit bruyamment et se laissa tomber sur le canapé, tirant la main de Ceylan pour qu'il l'accompagne dans son geste. Une fois assis près d'elle, elle posa sa tête contre son torse, pouvant sentir son cœur battre au fond de sa poitrine. C'était apaisant, agréable et apaisant, si bien qu'elle ferma les yeux, elle aurait pu s'endormir près de lui, mais des tas de questions lui venaient à l'esprit. "T'as raison Cey'..." Elle avala sa salive avec difficulté, ne trouvant pas les mots pour avouer ce qu'elle avait sur le cœur. "Je suis jalouse... Oui, je suis jalouse de cette fille, parce que j'ai peur de passer au second plan..." Anya leva les yeux vers lui. "J'ai peur qu'elle te fasse du mal, qu'elle ne t'apprécie pas à ta juste valeur, parce que moi je sais ce que tu vaux, je sais qui tu es." Un aveu, elle se devait d'être honnête avec lui parce qu'elle ne voulait pas changer cette relation si spéciale, si intense entre eux.

Elle n'avait pas à être jalouse ? ah bon ? Mais pourtant, c'était bien la première fois qu'elle le voyait agir ainsi envers une femme autre qu'elle. Parce qu'elle avait toujours été sa première préoccupation, la seule attirant réellement son attention. Et savoir qu'elle allait devoir rivaliser avec une autre femme lui faisait de la peine, parce que s'il sortait avec elle, rien ne serait comme avant. Tout d'abord parce que la nana en question n'aimerait pas Anya, elle le savait très bien. Elle et son caractère de merde, un coup gentille, un coup agressive, un coup triste. Elle n'avait rien de l'amie stable, bien trop loin de l'amie parfaite et pourtant, cela faisait des années qu'elle côtoyait Ceylan. Et elle lui en avait fait du mal, elle ne le voulait pas vraiment, son amour pour lui dépassait bien tout cela, mais elle ne pouvait s'empêcher de l'emmener dans des plans galères d'où il devait toujours la sortir. Et l'appeler en plein milieu de la nuit pour un cauchemar stupide, la future petite amie de Ceylan n'apprécierait pas, elle en était certaine. Qui plus est, cette Sam était bien loin de son monde, bien loin de tous ce qu'il avait vécu, elle devait être née avec une cuillère en argent dans la bouche et elle n'aimerait pas Anya, elle en était sûre à quatre vingt dix neuf pour cent. Ça la foutait en rogne de penser à son bonheur avant celui de Ceylan, parce qu'elle s'était promise de ne pas agir comme ça, de ne pas gâcher la vie de son ami. Et c'est exactement ce qu'elle faisait désormais. "Je n'ai pas à l'être ? Mais à ce que tu me racontes, elle est tout l'inverse de moi. Et je suis certaine qu'elle te demandera de choisir entre elle et moi un jour. Certaine." Et elle perdrait le seul homme qui se serait intéressé à elle pendant toutes ces années...

"Jamais je ne te laisserais Ceylan, jamais." Parce qu'elle ne pouvait pas concevoir sa vie sans lui. Il en faisait partie intégrante depuis tellement d'années qu'elle ne savait même pas comment elle ferait pour vivre sans lui. Et puis elle tenait bien trop à lui pour s'imaginer le délaisser pour un homme qui lui ferait tourner la tête. De toute façon, elle n'y songeait même pas, elle n'avait jamais pensé au fait qu'elle pourrait elle aussi connaitre le bonheur côté amour, ça paraissait bien trop lointain, bien impensable pour elle, bien trop compliqué. "Je ne pense pas qu'elle puisse ne pas t'apprécier, c'est juste que..." Qu'il était bien trop différent d'elle, ils ne voyaient pas la vie du même œil et le fait qu'il soit drogué n'arrangerait certainement rien à leur relation -si tant bien même il y en avait une. Anya se sentit assez mal à cet instant, il se rabaissait, il n'avait rien d'un bon à rien, et s'il l'était, il pouvait le lui reprocher à elle, parce que c'était de sa faute s'il était devenu ainsi. Sa faute. Rien qu'à elle. Elle l'avait entraîner dans la drogue, le faisait presque passer pour un moins que rien alors qu'il valait bien mieux qu'elle finalement. "Vous êtes tellement différents." Elle ne pouvait pas vraiment juger parce qu'elle ne la connaissait pas après tout, mais ce qu'il lui avait dit sur elle lui suffisait à comprendre qu'elle n'était pas faite pour lui. Mais si cette femme n'était pas faite pour lui, qui l'était réellement ? Parce qu'il serait toujours différent, toujours drogué, et des femmes acceptant cela, ça ne courait pas encore les rues, fort heureusement.

"Tu n'es pas minable, ne dis pas ça." Non, il n'avait rien de minable, pas à ses yeux en tout cas. Il représentait tout pour elle, ou presque. Parce que la drogue avait peut être une place plus importante dans son cœur, mais qu'importe, il restait la seule personne à pouvoir la supporter dans tous ces états, et leur complicité ne serait plus la même s'il sortait avec quelqu'un, que ça soit Sam ou n'importe qui d'autres d'ailleurs. Elle se redressa et planta son regard dans le sien, puis posa délicatement sa main sur sa poitrine, exactement à l'endroit où elle pouvait sentir battre son cœur. "Tu es quelqu'un de bien, elle s'en rendra vite compte." Peut être pourrait-elle le sauver de l'enfer dans lequel Anya l'avait mis ? Elle demeurait néanmoins jalouse, même si elle avait l'espoir qu'il la laisse ici, seule, dans le but de s'offrir une vie meilleure, une vie dont elle ne ferait pas partie. Cette idée lui fit monter les larmes aux yeux, mais elle se ravisa, elle n'allait pas pleurer, parce que son explication ne tenait pas debout, et surtout, elle ne voulait pas gâcher sa vie en lui disant de telles choses. Elle savait pertinemment qu'elle serait confrontée à un tel dilemme dans sa vie, le laisser partir pour qu'il aille mieux ou le garder près d'elle et le détruire ? La première solution restait la meilleure, mais elle n'était pas encore prête à assumer totalement ses paroles. "De toute manière, il faudra bien que nos chemins se séparent un jour... Pour... Notre bien. Notre bien à tous les deux." Surtout le sien, son enfer à elle resterait tel qu'il était à ce jour, elle n'avait plus aucun espoir.