Avalon voit le jour à Memphis, où elle passera toute son enfance. Son père est un grand sportif dans le domaine du baseball : il est la star montante des Tennessee Smokies. On fait appel à lui pour des publicités de grandes marques et il finira par lancer son propre modèle de baskets. Sa mère, quant à elle, travaille pour son propre compte en tant qu’organisatrice événementielle. Considérée comme l’une des meilleures de sa profession, elle est très demandée et parcourt tout l’Etat pour mettre en place divers types de soirées. √ Comme Avalon l’apprendra bien plus tard, la grossesse de sa génitrice n’est rien de plus qu’un malheureux accident. Tous deux trop occupés par leur carrière respective, ils ne s’occupent pas réellement de leur fille et embauchent une nounou à plein temps. C’est cette femme exceptionnelle qui fera l’éducation d’Avalon, lui enseignant les vraies valeurs de la vie. Elle lui apprend à cesser les caprices, lui explique que peu de gens ont un quotidien aussi confortable et que la plupart doivent travailler dur pour gagner le moindre dollar. Si Avalon n’est pas devenue une enfant gâtée, c’est uniquement grâce à Mary. Car ses parents, de leur côté, se contentent de la couvrir de cadeaux pour compenser leur absence...

Avalon a quatorze ans lorsque ses parents se déchirent et divorcent. Elle est forcée de quitter Memphis, le juge ayant accordé la garde exclusive à sa mère qui souhaite s’installer en Californie. Abandonner ses amis lui fait mal, mais ce n’est pas le pire : car elles vivront dans un grand loft en centre-ville, l’adolescente doit vendre son cheval et, par conséquent, arrêter l’équitation. Cette annonce la met en colère, est c’est le visage plein de larmes qu’elle laisse sa monture à une autre famille, juste avant de prendre l’avion direction Los Angeles. √ Ce déménagement forcé ainsi que la haine qu’elle ressent envers sa génitrice seront à l’origine d’un mauvais comportement. Pour se venger, Avalon désobéit et entame une crise qui ne prendra fin que deux années plus tard. Elle traîne les rues, enchaîne les mauvaises notes et son groupe d’amis n’est composé que de délinquants juvéniles. Régulièrement, elle se sent honteuse de ce qu’elle est devenue, surtout quand elle pense à Mary. Mais causer des problèmes à sa mère est tout ce qui compte à ses yeux, alors elle continue sur sa lancée sans se soucier du reste.

C’est sa rencontre avec un flic quarantenaire qui changera tout. Contrairement à ses collègues, il se montre moins moralisateur lorsqu’il l’attrape au détour d’une rue, en train de détruire des biens publics avec sa bande. Généralement, Avalon se fait remonter les bretelles puis passe une poignée d’heures au commissariat, jusqu’à ce que sa mère, furax, vienne la chercher. Mais Jake réagit différemment. Il sait lui parler, il sait la toucher. Sans doute a-t-il compris que dans le fond, cette gamine n’a rien d’une mauvaise graine et qu’il suffira de trouver son point faible pour la ramener sur le droit chemin. Et il a raison. √ Peu à peu, Avalon s’ouvre à lui. Elle lui raconte son enfance dénuée d’amour – sauf de la part de sa nounou. Elle lui parle de ses parents, qui préféraient faire chauffer la carte bleue et répondre à la moindre de ses demandes, plutôt que de passer du temps à jouer avec elle dans le jardin. Du divorce difficile, des disputes constantes. De ses amis qui lui manquent. De cette nature qu’elle adore mais qu’elle n’arrive pas à retrouver ici, sur ce sol recouvert de béton. Puis, lorsqu’elle en arrive au point où il n’y a plus rien à dire, où les mots se coincent dans sa gorge, elle fond en larmes. Jake la prend dans ses bras pour la réconforter. « Laisse-moi t’aider, d’accord ? » lui murmure-t-il. Elle se contente de hocher la tête, et ce simple geste marquera le début de sa nouvelle vie…

Le comportement d’Avalon change complètement. Elle abandonne tous ceux qui ont contribué à la tirer par le fond, et se plonge dans les études. Oh, elle continue à ignorer sa mère – de toute façon, elle est trop occupée pour se soucier de sa propre fille – et leurs conversations sont quasi inexistantes. L’adolescente, soutenue par Jake, remonte la pente et recommence à s’ouvrir aux autres. Mais bientôt, il lui faut choisir un avenir professionnel. Après réflexion, Ava se dit qu’elle aimerait devenir flic, elle aussi. Cela lui semble être une bonne option, et lui permettrait peut-être d’aider des adolescents comme Jake l’a aidée. Chacun a droit à une seconde chance… √ La brunette entre à l’école de police et rejoint le même commissariat que Jake après sa formation. C’est lui qui lui a tout appris et a contribué à ce qu’elle sorte première de son groupe d’élèves. Les années passent. Doucement, Avalon apprend à aimer Los Angeles et se lance corps et âme dans son boulot, enchaînant les promotions.

Alors qu’elle fête ses vingt-cinq ans, un inconnu frappe à sa porte, un gros dossier sous le bras. Il lui apprend le décès de son père suite à un accident de voiture – conduite en état d’ivresse, lui explique qu’il est l’exécuteur testamentaire et qu’il vient la voir car, selon le souhait de Mr Callahan, toute sa fortune revient à sa fille unique. Avalon est choquée même si, elle ne peut s’en cacher, la mort de son géniteur ne lui fait que peu de peine : elle n’avait eu aucun contact avec lui depuis des années. Il ne s’était jamais manifesté pour prendre de ses nouvelles ou passer du temps en sa compagnie – pas davantage que durant son enfance… √ Elle signe les papiers pour accepter l’héritage, un peu à contrecœur. Elle ne veut pas vraiment de cet argent, mais a conscience qu’elle serait folle de ne pas saisir cette opportunité de se mettre à l’abri financièrement. La somme est si conséquente qu’elle en donne une partie à diverses associations, avant de placer le reste : hors de question qu’elle y touche sauf en cas de réel besoin. √ Avalon garde le même train de vie, et ne met que Jake dans la confidence.

Deux ans plus tard, une enquête lui permet de gagner du galon : Ava est désormais détective à la criminelle. Elle change de lieu de travail et on lui assigne un nouveau coéquipier. Tous deux ne s’apprécient pas tout de suite : ils se cherchent et se vannent sans arrêt. Mais de la haine à l’amour, il n’y a souvent qu’un pas… Et lorsqu’ils décident enfin de s’ouvrir l’un à l’autre, c’est pour se promettre de ne plus jamais se quitter, car ils sont faits pour être ensemble. √ Ava est donc une jeune et heureuse fiancée de vingt-neuf ans lorsque tout bascule. Durant une interpellation qui tourne mal, elle se fait tirer dessus alors qu’on lui a arraché son gilet. Gravement blessée, elle est évacuée à l’hôpital. Lors de son réveil, Jake, le visage rempli de larmes, lui apprend que Liam ne s’en est pas sorti. Le cri de désespoir qui s’échappera de sa gorge après cette nouvelle glacera le sang de tout l’étage. √ Avalon est complètement détruite. Ses supérieurs lui laissent six mois de congé, pour se remettre physiquement mais surtout psychologiquement. Elle rentre chez elle où tout lui rappelle Liam. La pitié qu’elle lit dans le regard de ses collègues et de ses quelques amis lui donne envie de hurler. Elle ne supporte aucune compagnie sauf celle de Jake. Peu à peu, elle comprend qu’elle doit trouver un moyen de prendre du recul si elle veut s’en sortir. Alors, elle décide de retourner à Memphis pour quelques semaines, où sa meilleure amie d’enfance l’accueille à bras ouverts. Au moins là-bas, elle pourra se vider la tête, et essayer de soigner son cœur et son âme…

Après cinq mois dans la ville où elle a grandi, la jeune femme se sent un peu mieux. Bien sûr, Liam lui manque terriblement, mais elle voit enfin le bout du tunnel et ne doute plus de sa capacité à se reconstruire. Elle sait que bientôt, elle devra retourner à Los Angeles et reprendre le travail. Cette perspective lui fait peur et est loin de la réjouir. Avalon avait oublié à quel point elle adorait vivre à Memphis, et cette vérité lui revenait maintenant en pleine figure. Mais était-elle capable de fuir Los Angeles, d’abandonner cette existence qu’elle s’était construite au fil des années ? √ C’est indécise et perdue qu’Avalon s’offre une promenade aux abords de la ville, espérant qu’une longue marche l’aidera à y voir plus clair, et lui permettra de faire le bon choix. Elle profite de cet instant pour peser le pour et le contre de chacune des deux options. Mais le fil de ses pensées s’interrompt lorsque son regard se pose sur cette vieille bâtisse entourée d’un immense terrain. Un vieux ranch presque en ruines. Un panneau annonce qu’il est en vente et au vu de son état, il l’est sûrement depuis un bon moment. Les yeux d’Ava se mettent à briller et un véritable sourire étire ses lèvres, le premier depuis des mois. Maintenant, elle n’a plus aucun doute sur son avenir. Et c’est presque en courant qu’elle fait demi-tour pour annoncer à sa meilleure amie qu’elle s’apprête à réaliser son rêve…

Avalon appelle Jake pour lui faire part de ses intentions. Afin de se remettre de la perte de Liam, elle doit quitter Los Angeles : là-bas, tout lui évoque son fiancé et ne lui inspire que peine et douleur. Sans compter qu’elle ne se voit pas reprendre son poste, retrouver son arme, continuer à côtoyer le danger et la violence de si près. Si le sort en avait décidé autrement, elle aurait pu mourir elle aussi. Non, la vie était bien trop courte, bien trop précieuse. « Il faut croire que je n’avais pas vraiment les épaules pour être flic. » Avalon peut presque voir le sourire affectueux de Jake à l’autre bout du fil. « Je dirais plutôt que tu fais preuve de plus d’intelligence que nous tous. Tu as été dans la profession assez longtemps pour savoir que nous ne sommes que des êtres solitaires, des écorchés vifs, et que ça finira mal pour beaucoup d’entre nous. Tu mérites mieux que ça, ma grande. Au fond de moi, je l’ai toujours su. »

Hiver 2014.
Il était six heures du matin lorsque le réveil d’Avalon se déclencha : elle avait remplacé sa sonnerie insupportable par la radio locale. Le présentateur annonça la météo de sa voix enjouée. Les nuages seront présents mais aucune pluie n’est à prévoir. Le vent rendra le froid presque glacial, alors ne sortez pas sans votre manteau le plus épais sur les épaules ! Puis, par chance, ce fut l’une de ses chansons favorites qui arriva aux oreilles de la brunette. Aussitôt, elle ouvrit les yeux, étira tout son corps et repoussa sa couette, prête à commencer la journée. Son rituel chaque matin ? Petit-déjeuner jusqu’à six heures trente, puis footing dans les bois du domaine pendant une heure. Ensuite, retour à la maison, douche bien chaude et à huit heures tapantes, elle rejoignait les écuries. En tant que directrice du ranch, elle avait un emploi du temps bien rempli : planning des employés, paperasses diverses, organisation des concours et des stages ; sans compter qu’elle s’occupait de ses propres chevaux ainsi que du débourrage des poulains. Sa vie était bien remplie, mais Avalon n’aurait pu espérer mieux. Ce ranch, c’était son rêve de gosse. Trouver cet endroit à l’abandon avait été sa plus belle chance après sa rencontre avec Liam. Elle attendait une occasion d’utiliser l’argent légué par son père, et avait tout de suite fait le rapprochement : pourquoi ne pas investir en la réhabilitation du ranch, et en faire aussi une école d’équitation ? Ces dernières années, elle s’était donnée à fond, jour après jour : recherche des meilleurs entrepreneurs et des devis les plus intéressants, entretiens avec l’architecte pour dessiner le plus beau domaine, supervision des travaux. Elle-même avait mis la main à la pâte à de nombreuses reprises pour économiser ce qu’elle pouvait. Oh, l’argent n’était pas un problème, mais elle n’avait jamais été dépensière et préférait garder une certaine somme de côté, en cas de coup dur. Avalon était une jeune femme prévoyante. Et désormais, elle se levait tous les matins le sourire aux lèvres, car elle avait trouvé sa voie. Rien ne lui faisait plus plaisir que de voir des enfants – ou même des adultes ! – s’épanouir grâce aux chevaux. Entre temps, elle avait même passé tous ses examens pour obtenir son diplôme d’enseignante. Il n’y avait pas assez d’heures dans une journée pour qu’elle tienne un cours régulier, mais elle remplaçait ses moniteurs durant leurs congés ou s’ils ne pouvaient pas venir. Elle était une patronne exigeante mais appréciée car toujours juste. « Une main de fer dans un gant de velours ! » comme sa meilleure amie s’amusait à le répéter. Oui, Avalon Callahan était heureuse. Il n’y avait qu’une seule ombre au tableau : encore marquée par la mort de celui qu’elle considérait comme l’homme de sa vie, elle n’était jamais sortie avec quiconque depuis son retour à Memphis. Du moins, pas officiellement. Quelques aventures de temps à autre lui permettaient de répondre à ses besoins de femme, mais ça n’allait jamais plus loin. Aujourd’hui, elle se demandait encore si elle était vouée à ne plus avoir de vie sentimentale ou si, quelque part, quelqu’un attendait juste de la rencontrer… Ce fut sur ces pensées, accompagnées d’un pincement au cœur, qu’Avalon s’engagea sur le chemin de la forêt par petite foulées d’échauffement – comme toujours, accompagnée de ses deux chiens. Elle se laisserait happer par la nostalgie plus tard : elle avait du pain sur la planche !