Des bras l’entourent, elle, son corps. Toni bat doucement des paupières et parvient finalement à ouvrir les yeux. Son visage se tourne légèrement vers l’homme qui est étendu près d’elle, plongé dans un sommeil agité. Elle reste absorbée par son visage, ses traits, durant quelques instants, tentant de comprendre si le rêve dans lequel il est plongé lui est désagréable ou non. Elle a l’impression qu’il est plus désagréable que le contraire, mais Toni, elle n’ose pas le réveiller, ne voulant pas troubler son sommeil davantage. La blonde décide plutôt de se glisser hors de ses draps et de ses bras puis d’enfiler le chandail de Jacob qui est beaucoup trop grand pour elle. Elle pourrait filer en douce, elle pourrait partir avant qu’il ne se réveille, mais ce n’est pas son genre. Elle assume entièrement tout ce qui s’est passé durant la nuit, même si encore et toujours, elle lutte du mieux qu’elle peut contre ses pulsions. Cette fois, elle a flanchée sous ses beaux yeux, ses compliments, sa passion pour la musique. Elle ne le regrette pas, non, sinon elle enfilerait ses propres vêtements et s’en irait sans un au revoir, sans un regard. Elle ne regrette absolument rien de la nuit passée, au contraire, elle y a prit goût.

Aussi peu gênée qu’à son habitude, la jeune femme quitte la chambre du blond, tout en refermant silencieusement la porte derrière elle. Un passage rapide vers la salle de bain, avant de saisir sa propre guitare qu’elle a laissée au salon la nuit dernière et de prendre place sur le sofa. Sa passion pour la guitare, la musique ne fait qu’augmenter jour après jour. Il lui arrive de délaisser son jogging matinal pour se poser et gratter les cordes de cet instrument d’où s’échappe une mélodie réconfortante. Surtout depuis qu’elle voit cet homme un peu partout, elle s’effraie elle-même à l’idée de sortir seule et de le croiser. C’est pourquoi elle demande fréquemment à Archer ou d’autres amis de venir avec elle. Ce matin, le jogging ne lui passe cependant pas par la tête, elle a envie de rester calme, de laisser danser ses doigts sur les cordes, en attendant que Jacob s’anime, se lève. D’ailleurs, elle ne sait pas comment il réagira lorsqu’il la verra assise dans son salon, installée confortablement comme si elle était chez elle, à jouer de la guitare, à chanter doucement, faiblement pour ne pas le réveiller. Elle ne sait pas Toni, mais son instinct lui dicte qu’il le prendra bien, sinon, elle n’agirait pas ainsi. Elle est sans gêne, trop extravertie même, mais elle n’aime pas déranger, être de trop.

Elle laisse ses doigts parcourir les cordes, une douce mélodie s’en échappe, elle est tranquille, en aucun cas agressive. Sa voix est un murmure, un chuchotement, des paroles qu’elles inventent au fur et à mesure qu’elle joue, son esprit est en marche et elle excelle dans la création et l’improvisation. C’est son « dada » si on peut l’appeler ainsi, en plus de l’activité physique et de la bonne nutrition. Un esprit sain dans un corps sain. C’est son dicton, sa vocation et elle souhaite préserver cette habitude, cette attitude. Elle ne veut pas finir comme sa mère et pour elle, la meilleure façon de se conserver, c’est de céder à ce qu’elle aime, ce qui l’anime, aussi longtemps que c’est raisonnable. La musique, le sport, la nourriture saine et le plaisir.