Début du troisième mois de grossesse. Ce moment où toutes les femmes attendent avec impatience ce début de ventre rond, où elles commencent à rêver véritablement à l'enfant à venir. Un garçon ou une fille ? Un futur avocat, un médecin en devenir ? Ressemblera t'il plus à sa mère ou à son père ? Pour moi, peu de questions sur cet enfant à venir. Mon corps refuse obstinément le moindre changement. A part les nausées, les vertiges et les faiblesses, aucune trace de grossesse. J'ai même perdu du poids depuis que j'ai découvert que j'étais enceinte. Pas encore d'envie étrange. Non, vraiment, rien qui ne laisse entrevoir que je suis une future maman. Mon corps refuse ce changement alors que mon esprit s'affole de ne pas les voir. J'ai toujours attendu ce moment : je le désirais même plus que tout au monde. Mais rien n'y fait. C'est dans cet esprit angoissé que je sors de chez mon médecin, qui après avoir passé une bonne heure à me rassurer et à me dire que ce genre de symptômes sont normaux, ne pouvait plus faire grand chose pour moi, à part me donner la date de ma première échographie obligatoire. Celle-ci, je l'attends avec impatience. Elle rendra les choses vraies : je saurais que oui, même si mon corps ne le montre pas, ce bébé est là. Il est bien réel. Et peut être que je me déciderais enfin à en parler à mes parents. Trop difficile pour le moment alors que mon corps n'a pas encore changé. C'est peut être aussi ce qui éloigne Bruce en ce moment, que mon corps ne lui montre rien. Je suis pleine de tracas.

L’esprit embrumé, je presse le pas pour rejoindre mon mari. Nous avons prévus de magasiner quelques petites choses pour bébé. Enfin, petites choses... Mon obsession continuelle de cette grossesse fait que j'ai déjà imaginé mille et une chambre pour cet enfant à naître et je pense que Bruce cherche à limiter ma frénésie créative en me confrontant maintenant au choix du mobilier le plus important. Ce moment, je l'attends depuis qu'il m'en a parlé, deux semaines plus tôt. Qu'il pourrait se libérer quelques heures pour venir faire les boutiques avec moi. Mon mari n’est pas le genre d’homme passionné par les boutiques. Pas avec moi en tout cas. Mais cet enfant à naître semble avoir créer un véritable désir de paternité et avec, une volonté de bien faire les choses. C’est un véritable soulagement. Son humeur des derniers temps m’avait fait craindre un certain rejet de sa part. Mais il se montre conciliant, relativement attentif lorsqu’il s’agit du bébé, ce qui me comble de joie. Nous traversons une mauvaise passe, mais avec ce bébé, notre famille naissante n’en ressortira que plus forte. J’en suis persuadée.

Je le retrouve en grande discussion avec un vendeur au rayon mobilier, penché au dessus d’un lit évolutif. Je m’arrête un instant, à quelques mètres, pour observer la scène alors que le vendeur s’éloigne. Observer mon mari monter et descendre une barrière pour en tester le système d’ouverture et la sécurité a quelque chose d’adorable et promets des jours meilleurs à notre couple. Alors qu’il continue son observation, je m’approche le rejoindre. « Bonjour chéri. Alors, verdict ? »