Ses nuits lui semblaient longues et interminables. L'horloge indiquait quatre heure moins le quart seulement, les étoiles plafonnaient la presque totalité du ciel et l'air était humide et sec, les températures avaient chutées. En réalité c'était comme si le temps s'était arrêté, l'heure se découlait, les minutes aussi mais rien ne changeait pourtant tout était différent. Cela faisait maintenant deux jours que Dylan ne parvenait pas à trouver le sommeil, ce n'était pas faute d'essayer, il avait bien évidemment tenter mainte fois de tomber dans les bras de morphée, en vain. Cela lui arrivait une nuit sur deux voire trois seulement parce que son corps le lui réclamait. Cette nuit encore Dylan s'était plongé avec acharnement, concentration et minutie dans son travail. Il était rempli de paperasses en tout genre qu'il se devait de gérer, trier, signer, lire... Ces actions lui avait permis de faire avancer le temps plus vite mais une fois qu'il eut arrêté, il était de nouveau stationnaire. Lorsque Dylan ne travaillait pas, il allait courir c'est pour cette raison qu'il troqua son bas de pyjama en flanelle gris pour son jogging qu'il réservait à la course, rajoutant une veste à capuche sur son dos pour éviter toutes éventualités d'attraper froid même s'il était très rare de le voir souffrant. Courir lui permettait de ne penser à rien. Là il pouvait se vider la tête, le cœur, les poumons. Son esprit divaguait certes mais tout à l'intérieur de lui était vide, il se contentait seulement d'élancer ses jambes à tout rompre et ce le plus vite possible.

Dylan ne se limitait pas qu'à la course à pied. Depuis plusieurs années maintenant il prenait des cours et pratiquait le sport de combat avec un entraîneur qu'il connaissait maintenant très bien puisqu'il le côtoyait de façon assez régulière. Il appréciait se défouler, dans un sac, sur un ring cela permettait de canaliser son tempérament assez explosif. Il était très rare de voir Dylan perdre ses moyens, il ne s'énervait pas, ne parlait pas et les gens le considérait généralement plus comme étant une personne indifférente et c'était justement grâce à tout ce qu'il extériorisait dans la salle de gym. Toute sa colère, ses peurs, ses remords... Depuis deux ou trois cours, Dylan avait une partenaire. Shae. Il ne connaissait rien d'autre à son sujet et peut lui importait puisque c'était la même chose pour elle. Il existait quelque chose entre eux, Dylan ne pouvait y mettre un mot, mais elle lui semblait tellement fragile et tellement menue qu'il ne pouvait faire autrement qu'être attiré vers elle. Comme s'il avait besoin lui-même de la protéger du monde entier. Toutes ses émotions s'enfoncaient dans un sac et ne revenaient jamais vers lui, il n'y avait pas de retour, parce qu'il voulait faire la part des choses et mettre de côté tout ce qui pouvait le contrarier. Dylan était quelqu'un que beaucoup considérait comme étant très mystérieux, très secret et à vrai dire il ne divulgait rien, sur lui, sa personne, son entourage. Il restait neutre et direct. Ses employés, ceux qui l'abordait tous les jours le qualifie comme un bon pdg, autoritaire, abrupt voire intolérant. Le parfait étoffe d'un patron d'une grande entreprise et c'était tout ce qu'il lui importait, qu'il soit perçu comme ce genre de personne, forte, froide et sûr d'elle et non comme étant lâche, peureux et incertain.

L'air frais lui fouettait le visage mais pourtant cela lui procurait un bien fou. Il irradiait de bonheur de pouvoir s'époumoner. Dylan connaissait les recoins par cœur pour y avoir passer à plusieurs reprises. C'était sa ville il pouvait la visiter les yeux fermés s'il le voulait, après être passé par Ludsen Pharm Inc, son entreprise, Hard Rock Coffee et le Cordova Towne Cinema, Dylan prit la direction des nombreux restaurants et du Luxurious Club. Il le connaissait pour l'avoir déjà fréquenté plusieurs fois. Il regorgeait de nombreux habitués, de beau monde et il se composait de différentes salles privatives pour passer du bon temps entre amis. Il aimait pas mal s'y retrouver même si cela faisait un certain temps qu'il n'avait pris la peine de mettre les pieds. Sans réellement savoir pourquoi Dylan s'était arrêté sur le trottoir d'en face. Sa respiration était légèrement saccadée et on pouvait voir au travers de sa veste son torse monter et descendre. Une sensation de froid lui envahissait la gorge et sa bouche était pâteuse, mais cela ne l'interpellait guère au contrario c'était tout autre chose qu'il considérait. Une silhouette, féminine en apparence, isolée de tous, était penchée contre une poutre et paraissait plutôt mal en point. Ce qui l'appréhendait avant tout c'était ces gens qui ne prêtait attention à elle, comme si tout était naturel qu'une personne puisse se sentir mal et vomissent ses tripes. Quelque chose l'attirait irrévocablement vers cette silhouette, même si Dylan n'était pas du genre très entreprenant et très curieux, il n'en restait pas moins qu'il était vigilant et surtout prevenant. On ne laissait pas les personnes agonisaient ainsi par principe qu'on ne les connait pas, c'était inconscient. « Est-ce que vous allez bien ? » Ont été les premiers mots que lui avait adressé Dylan à son encontre, mais lorsqu'elle leva son visage vers lui, le jeune homme constata qu'elle n'était pas une inconnue comme il pensait trouver. Si ses souvenirs étaient bons, elle s'appelait Tessa, ils s'étaient dernièrement rencontrés alors que Dylan courait dans le parc avec Ophélia, c'était, s'il avait compris une de ses plus proches amie et c'était en réalité tout ce qu'il savait sur cette femme. Cette dernière avait le visage blanchâtre et le teint terne pourtant ses joues étaient rosies, lorsqu'il plongea son regard dans le sien, il ne voyait que du vide. Il était certain qu'elle ne s'était pas privée de boire jusqu'à atteindre ses limites. « Vous n'avez pas l'air d'être apte à tenir debout, Tessa. » Dylan soupirait, il n'était pas du genre à aimer ce genre de femmes, cela dit il ne pouvait rien y changer puisqu'il ne connaissait Tessa de façon minime. C'était avant tout son problème et elle avait toutes les raisons pour agir ainsi. Dans tous les cas, personne à l'horizon ne lui prêtait attention. Comment était-elle venue, comment repartait-elle. Dylan déposa une main dans le creux de ses reins pour la maintenir droite. « Vous êtes venue accompagnés? Que je puisse aller prévenir de votre état. » Il eut un petit sourire, c'était clair qu'elle ne comprenait pas tout ce qu'il avait dit.