Partie I : Cause, I'm an Albatraoz« Richard, tu dois prendre une décision ». Ses gros doigts posés sur les accoudoirs du fauteuil se resserrent un peu, pliant le cuir sous cette pression. Ses mains sont plutôt grosses, marqué par le temps, le travail manuel. Quelques entailles ici et là, surtout sur les doigts. Des ongles courts, noircis par le liquide des voitures. Certainement pas les plus belles mains, mais des mains d'homme, virile, prête à écraser quiconque en voudrait à sa famille. Son père lui avait sans cesse répété « soit un homme Richard, soit un homme pour ta famille », et il avait toujours donné le meilleur de lui-même pour être un « bon » homme, un « bon » père de famille. Il avait adoré le fait de devenir père, c'était pour lui la plus belle chose qui lui soit arrivée. Il continua de fixer ses mains, d'un air triste, presque malheureux. Oui, il était presque malheureux de devoir prendre cette décision. Cette question qui le « turlupiné » sans cesse et sans cesse. Cette question qui revient, incessante, qui bourdonne dans sa tête et qui, jamais, ne le lâche. Il soupira longuement, sentant le regard insistant de son ami sur lui. Puis il releva la tête, affrontant son regard. Ses prunelles marron/verte se remplir de larmes.
« Je ne peux pas... Comment Freddie réagira quand elle apprendra que son père à envoyer sa mère dans un hôpital psychiatrique ? ». Il se leva et tourna face à son ami. Il était hors de question de pleurer devant lui. Il était hors de question de pleurer. Il fit quelques pas jusqu'au bar, coincé entre les deux murs au coin de la pièce. Il attrapa deux verres, qu'il emplit d'une substance brune, clair. Il porta son verre à sa bouche et apprécia le doux nectar qui coula le long de sa gorge. Richard avait toujours apprécié l'alcool, sans pour autant être qualifié « d'alcoolique », néanmoins, depuis que la situation avait dégénéré avec sa femme, il apprécié de plus en plus l'effet de l'alcool. Lisa n'avait pas toujours été dans « cet état » là. Non, il se rappeler ses moments pleins de vie, plein de joie, ces anniversaire ou la musique résonne, ou leur fille ris à gorge déployer. Et les photos posées sur les meubles du salon le lui rappelaient encore plus. Comme cette photo d'eux deux, devant la tour Eiffel. Son sourire est radieux, elle avait toujours aimé Paris. Elle était tellement ravies d'être là. Mais se sourire avait fané. Les photos étaient le seul souvenir qu'il pouvait avoir de ce visage radieux. L'humeur de Lisa était changeante.Elle était dépressive. On l'avait qualifié de malade. Ce que Richard avait pris au début pour un « Baby blues » ne s'était jamais vraiment « soigné ». Même si certaine période était plus « calme » que d'autre, celle-ci n'était que de simple périodes de « répits » avant que la tempête ne reprenne de plus belle. Déjà deux tentatives de suicide. Il avait cru la perdre deux fois de suite. Son ami attendit un peu, il attrapa l'un des verres et y trempa les lèvres.
« Richard... Comment Freddie réagira quand elle trouvera sa mère, les poignets ouverts dans la baignoire ? ». Il avait raison. Il le savait. Depuis le début, il savait qu'il avait raison, que cette décision devait être prise. S'il voulait le bien de sa fille, il était obligé de se séparer de sa femme...
Elle tourna au coin de la rue. Le garage était ouvert, elle pouvait voir son père, accroupis devant une vieille voiture qu'il retapait depuis des semaines. L'activité du garage n'était pas fameuse en ce moment. Son père s'en inquiété, il ne voulait pas être obligé de licencier son seul et unique employé. Néanmoins, il s'efforçait de ne pas en parler devant Freddie, il voulait la préserver de ces quelques petits problèmes passager. Elle entra dans le garage, balança son sac de cour sur une chaise qui traînait, et rejoignit son père. Elle s'approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue.
« Salut Pa' ! ». Il releva la tête et lui répondit par un sourire. On ne pouvait pas qualifier leur relation fusionnelle. Ils avaient vécu tellement de temps ensemble, et pourtant, ils ne savaient toujours pas comment se parler. Il n'affichait pas leur sentiment, et n'en parler encore moins. Ses premières peines de coeur, elle les avait confiés à une amie, pas à son père. A vrai dire, la similitude de leur caractère n'arrangeait pas les choses... Elle attrapa l'un des tabourets sur roulette, et le rapprocha de la voiture. Elle s'asseyait dessus et observa son père, usé ses mains sur cette mécanique. Elle l'avait tant observé quand elle était enfant, qu'elle connaissait tous les secrets que pouvait renfermer un capot de voiture. Elle se débrouillait bien, et même si elle ne comptait pas « reprendre » le garage de papa, elle savait que se savoir lui serait utile un jour ou l'autre. Il sortit de son silence, enfin. Et sans regarder sa fille, posa la question :
« Tu sais, le fils des voisins... Comment il s'appelle déjà... Conrad ? Cooper ? » Elle eut un petit rire.
« Connor », lui répondit-elle rapidement. Son père avait toujours eu du mal avec les prénoms des gens, en fait, il s'en foutait royalement. Il avait des relations difficiles avec le genre humain...
« Ouais, Connor... Il vient d'être accepté à Harvard ! ». Cela n'avait rien étonnant, Connor était un rat de bibliothèque, le nez toujours fourrés dans ses bouquins. Elle grimaça.Freddie savait pertinemment qu’il allait lui en parler un jour ou l’autre. Il ne lui avait pas posé de questions sur son avenir depuis le début de l’année, mais maintenant qu’il fallait choisir une université, il s’en inquiétait. En réalité, il était un peu en retard… Les inscriptions étaient bouclées depuis longtemps, et la plupart des étudiants savaient des à présent s’il était accepté ou non… Il attrapa un chiffon, s’essuya les mains et se tourna enfin vers sa fille.
« Et toi ? tu penses être prise ou ? ». Nulle part. En réalité, elle n’avait émis aucun choix, n’avait déposé aucun dossier. Elle n’était pas une mauvaise élève, elle était pratiquement sur d’avoir son diplôme de fin d’année, mais l’université . Sérieusement ? Elle n’en rêvait pas. Elle ne voulait pas faire carrière dans le droit, la finance, ou la médecine. A vrai dire, elle ne savait quoi foutre de sa pauvre carcasse, elle ne pouvait pas dire ou elle serait dans cinq ans, et c’était tant mieux, car elle ne voulait pas le prévoir…
« en réalité… » Elle hésita un instant. Elle ne savait pas très bien comment son père allait réagir à cette annonce.
« J’irais pas à l’université papa. Je n'ai pas déposé de dossier. Je veux travailler quelque temps, et puis je ne sais pas, prendre la route. Je veux voir du pays ». Elle en rêve. Prendre la route, roulée, s’arrêter quelque temps dans une ville, repartir. Elle voulait quitter le Texas, Austin, et tout cela. Toute cette vie. Elle aspirait à une vie différente, et surtout ailleurs…Il l’écouta attentivement, et soupira. Puis un sourire s’afficha sur ses lèvres.
« Je savais que ma fille ne serait ni médecin, ni avocate… ». Il semblait avoir accepté cette décision. Elle travailla quelque temps dans un bar du coin, puis un peu au garage quand il eut besoin. Pendant une longue année elle économisa le moindre sou, puis un beau jour de juin, avec quelques amis, elle prit la route et quitta Austin.
Partie II : Aimer quelqu’un qui vous aime aussi, c’est du narcissisme. Aimer quelqu’un qui ne vous aime pas, ça, c’est de l’amour.« Mademoiselle… Campbell ? » la jeune femme releva rapidement la tête, un homme venait d’entrer dans la petite pièce délimité par des rideaux bleus. Sa blouse indiquée qu’il n’était qu’un simple infirmier. Il n’était pas très vieux, il devait avoir un peu plus de trente ans. Ses cernes indiqués qu’il était fatigué, et que son service toucher presque à sa fin. Malgré tous ses traits tirés, il était plutôt bel homme.
« est-ce qu’ils sont partis ? Ceux qui m’ont amené ici ». Le jeune homme, attrapa sa main entre les siennes, il rapprocha son matériel de lui et sans même relever la tête lui répondit.
« si vous parlez de vos amis, ils sont partis depuis déjà dix bonnes minutes… Vos affaires sont à l’accueil. » la jeune femme retira vivement son bras en pestant
« Quelle bande de fils de chiens ! Je m’en doute ! » La jeune femme s’aperçoit que l’infirmier attendait son bras pour pouvoir la soigner. Elle le lui redonna en bredouillant de vague excuse. New York, San Francisco, Atlanta, Phoenix, la jeune femme et son groupe d’amis avait pratiquement visité toutes les villes des États-Unis, ce posant de temps en temps plus longtemps dans une ville ou l’autre.Et le voyage aller s’arrêter là. Merde, elle ne savait même pas ou elle était exactement… Comment allait-elle repartir ? Elle n’avait pas énormément d’argent en sa possession, ni de voiture. Elle serait surement obligée de rester ici quelque temps…
« comment vous vous êtes fait ça ? » le jeune homme brisa le silence qui s’était installé dans la pièce. Alors qu’il applique une bande autour de son bras, la jeune femme releva la tête dans sa direction.
« J’ai voulu menacer quelqu’un avec un tesson de bouteille ». C’était un mensonge. En réalité elle s’était crochée le bras en réparant le moteur du vieux pick-up. Mais elle trouvait cela un peu ridicule et avait préféré inventer une histoire pour justifier la blessure de son bras. Le jeune infirmier lâcha un petit rire, et le visage souriant lui répondit en se moquant gentiment.
« Il a dû être impressionné… ». La jeune femme haussa les épaules et détourna son visage vers la petite fenêtre. La nuit était tombée et elle n’avait aucune idée de l’endroit ou allait. Elle ne connaissait pas cette ville, et n’avait que très peu d’argent. Pas de quoi s’offrir une nuit d’hôtel. Le jeune homme lui lâcha le bras,
« Voila vous êtes presque comme neuve ! ». Comme neuve, à trente ans, on ne l’est plus vraiment…
Les grandes portes vitrées s’ouvrirent, l’air frais de la nuit lui fouetta le visage. Il attrapa une cigarette dans son paquet, il aperçut une jeune femme assise sur un banc non loin de la. Les jambes repliées contre sa poitrine elle avait laissé son sac à ses pieds. Le jeune homme s’avança doucement en direction du banc, il tira longuement sur sa cigarette et tout en recrachant sa fumée aborda la jeune femme
« Vous attendez quelqu’un ? » la jeune femme tourna vivement la tête, puis quand elle le reconnut, elle lâcha un soupiré. Que dire . Qu’elle était seule . Abandonné de tous ? Non elle avait bien trop de fierté. L’envoyer chier semblait être la meilleure solution. Ou lui extirper de l’argent…
« tu n'as pas une clope . Et un peu de tune pour une chambre d’hôtel ?» Elle planta son regard émeraude dans le sien, l’implorant en silence de lui venir en aide. Le jeune homme cracha sa fumée lentement
« je n'ai pas de tune. Mais un super canapé dépliable ». Il attrapa une autre cigarette dans son paquet et lui tendit. Il n’y pouvait rien, il fallait toujours qu’ils viennent en aide aux pauvres âmes en détresse… Sans même attendre sa réponse, le jeune homme attrapa son sac et se mit en route.
La jeune femme poussa la porte, celle-ci se fermait sans bruit. Elle lâcha son sac sur le fauteuil installé non loin de l’entrée, retira sa veste et l’accrocha.
« Tu sens la frite ». La jeune femme se retourna, les bras balan. Elle toisa son ami, puis tout en s’approchant du canapé, saisit un coussin et lui lança au visage.
« depuis quand ta plus la frite toi ? » la jeune femme haussa l’un de ses sourcils, ce qui lui donna un air espiègle. Elle se laissa tomber dans le canapé et passa ses jambes par-dessus l’accoudoir. Le jeune homme s’arma du coussin qu’il avait reçu, puis lui renvoya.
« Je suis fiancé Freddie, avec un fantôme ! » la jeune femme leva les yeux au ciel avant de serrer le coussin contre elle. Elle observa son ami en face d’elle, celui-ci s’était replongé dans sa lecture. Le sujet de « sa relation » était un tel peu délicat depuis quelque temps. Freddie n’oser pas en parler, ou s’y risquer que très rarement. Elle ne savait pas quoi dire dans ses situations là, le consoler, lui dire que tout irait bien, très peu pour elle. Même pour un ami comme lui… Mais il avait l’air si triste ce soir là. La jeune femme se mordilla la lèvre avant d’oser…
« toujours pas de nouvelle d’elle ? ». Le jeune homme posa son magazine, planta son regard dans le sien, puis répondit d’un air las.
« si, un message. Suis partie de L. A, point. Direction Washington, point. Ne sais pas a quand pour Memphis, point. » et voila, maintenant Freddie se sentait vraiment mal. Un silence s’installa entre eux, tandis que le jeune homme reprit sa lecture, la jeune femme souffla en regardant autour d’elle. Puis quelques minutes après, elle casse ce silence insupportable.
« allez debout, je vais commander une pizza, prépare le film et les bières ! ». Leur vie était ainsi. Colocataire, ami, confident, il était un peu de tout. Il avait changé sa vie, et elle amélioré la sienne.
« Oh bordel, j'suis pas pompette, j'suis carrément torché là ! » la jeune femme entra dans l’appartement, baigné de sa pénombre habituelle. Le jeune homme qui lui emboiter le pas, ferma la porte derrière eux. La jeune femme tituba et se rattrapa au mur, son ami la retint du mieux qu’il pouvait, glissant son bras contre sa taille. Ils se retrouvèrent très vite l’un contre l’autre, la jeune femme bloquée entre son corps et le mur. La fierté dans les chaussettes, Freddie était dans un sale état. Pour sa défense, elle avait accompagné son ami à l’une de ses soirées « infirmier », quoi de plus chiant quand vous-même n’êtes pas infirmière ou infirmier. Les rires s’estompèrent, et le silence s’installa entre eux. Le jeune homme fit courir sa main dans les cheveux de la jeune femme, avant de briser le silence.
« C’est bien que tu sois bourré, parce que sinon je n'aurais pas pu faire ça ». Il s’approcha doucement, puis ses lèvres effleurèrent les siennes dans un baiser passionné. Le temps semblait s’arrêter autour d’eux, les laissant à leur ouvrage.
« Pourquoi tu’n'es pas arrivé plus tôt dans ma vie ? » pour toute réponse la jeune femme le regarda, un sourire aux lèvres. À cet instant, elle ne comprenait plus grandes choses à la situation. Venait-il de l’embrasser ?
La nuit fut longue et agitée. Elle resta un long moment étendue sur son lit, dans la pénombre de sa chambre. Les mains sur les lèvres, elle se remémora ce baiser. Leur relation avait changé. Elle avait vécu presque quatre mois dans cet appartement. Le quart d’une année. Ils étaient très complices, depuis le début. Même s’ils étaient très diffèrent l’un de l’autre, ils se complétaient. Elles le considéraient comme un réel ami. Mais ce baiser, cette révélation venait de tout remettre en question. Avait-il fait cela ce soir pour espérer qu’elle ne sans rappel par Surement, c’était ce qu’il avait voulu dire. Il ne l’assume pas. Non, elle n’était pas faite pour lui, elle et son côté extraverti, sa vie de ratée. Elle était médiocre comparée à lui. Il était promis à une belle vie. Elle l’imagine, avec sa fiancée, jolie comme un cœur, un pavillon en banlieue, des VTT accroché dans le garage, un labrador. La belle vie, celle des magazines. Pas une vie avec une détraquée comme Freddie.
Le réveil fut difficile. Les yeux pleins de sommeil, elle s’extirpa de son lit. Une douce odeur de café flotté dans tout l’appartement. Elle attrapa une tasse, y jeta du sucre, son liquide noir, et s’installa en face de lui sur la table. Leurs matins se ressemblaient tous. Lui avec son café, son journal. Elle et son café, ses céréales. Et le silence.
Elle brisa ce silence et annonça :
« J’vais partir ». Il posa son journal, haussa un sourcil.
« comment ça ? ». Elle ne parlait pas d’une simple balade, d’un voyage. Elle allait quitter cet appartement. Lui rendre sa vie et sa tranquillité. Elle irait relever les petites annonces pour trouver une colocation, et s’en irait.
« J’vais déménager. »Moins d’une semaine plus tard, elle avait quitté cet appartement. Elle en avait trouvé un autre, avec une jeune femme. Elle ne deviendrait jamais « mais », mais elle aurait un toit au-dessus de sa tête, c’est tout ce qui comptait…