« Je préfère me faire mon propre avis que d'écouter les rumeurs. » Les mots qui se percutent au crâne. Les mots soufflés. Les mots attrapés alors qu’il instaure la distance, qu’il retourne en arrière, les pas qui reculent, mais le regard qui ne quitte pas. Les envies qui se mélangent. Les envies qu’il refuse et la tension qu’il ressent, l’attirance qu’il sait réciproque. Il ne comprend pas. Les montres qu’on droit craindre, les monstres qu’il est plus saint de fuir. Il ne comprend pas l’intérêt des autres à son égard, il ne comprend pas l’envie de vouloir comprendre. Rien à comprendre. Que le chaos à la caboche. Que les idées malsaines. Que la vie qui se mélange. Rien pour expliquer les envies de violences. Que les hommes qu’il brise pour une raison. La folie au crâne depuis gamin. « Je n’en vois pas l’intérêt.» L’autre qu’il repousse, l’autre qui le force à se retrouver dans les retranchements qu’il n’apprécie pas. Le pas de recul. Animal pris au piège face aux sentiments refoulés.
Il s’approche Néron. La moindre parcelle de son corps qui se tend sous la douleur du refus, sous les envies inavouées. Envie dévastatrices. Le dégout qu’il ressent, le dégoût qui tord le ventre et le frisson qu’il refoule. Sensation des lèvres rêches. Sensations des lèvres tentantes qui approchent trop. La poigne qui se sert autour de la lame, la main abimée qui se tend une peau plus et la douleur qui l’accroche à la réalité. « C'est ça que je veux. » Le corps qui se tend, les envies de violence qui viennent rouler contre la langue, fracasser le crâne et un pas qu’il fait en sa direction. Éclat de folie au fond du regard. Les hommes qu’il n’aime pas. Les hommes qu’il aime trop. Les hommes qu’il ne veut pas aimer. Pas le droit. Les doigts qui s’enroulent autour de la gorge. Le corps de l’autre qu’il percute au mur derrière, les doigts qui se serrent contre la peau, contre la trachée fragile et l’air qu’il crève de couper. Une pression constante, mais pas assez pour le tuer, pas assez pour empêcher l’air de filer aux poumons. Les corps qui se trouvent. Le sien qui se tend sous le contact, les envies qui le vrille le crâne et la folie dans les yeux. Envies à même de le rendre indécis, imprécis. Le souffle qui se percute contre la peau du visage carré, contre la peau du quadragénaire, du soldat. La lame à la main abîmée et le froid qui vient glisser contre la peau, la lame qui n’entaille pas mais qui s’amuse, qui démontre la présence. Les phalanges relâchent la pression, mais la lame glisse lentement au cou. La promiscuité déroutante, les lèvres trop près et le corps dont il peut sentir la chaleur, les battements du palpitant. La lame à la jugulaire, la lame qui s’amuse et le regard qui ne quitte pas le sien. « Ne t’avise pas de recommencer.» Les envies qu’il repousse avec force. Les envies qu’il crève de ne pas ressentir, mais cette foutue pression, l’attraction des lèvres qu’il remarque, la blessure à la lèvre. Les envies refoulées. Les envies qu'il n'assume pas. Réponse trop violente pour ne pas trahir les envies, réponse trop violente pour qu’il ne comprenne pas. La lame reste à la gorge, l’envie de glisser dans la chair, de tuer la tentation, de briser les envies. Plus simple. Les faiblesses qui ne cessent d’apparaître. Les souffles qui se mélangent. Le souffle qui vacille. La folie. Les envies. Il ne sait plus l’Allemand. Reculer serait plus simple, mais la menace qu’il garde. La menace qui voile les envies. Plus simple. L’orchestre qui ne cesse pas au fond du torse. « Je ne suis pas intéressé.» Phrase qu’il lance. Les envies qu’il n’acceptera jamais, mais le corps qui parle autrement, le corps qui réagit et l’attrait des lèvres qui le tente. La menace de la lame. L’envie de tuer pour se soulager.
il avait tout fait pour le retenir, mais parfois tout n'est pas suffisant.
Elle ne sait pas faire autrement, elle ne sait pas les mots pour l’aborder. Le malaise qui s’empare d’elle. Les échos du passé, l’amour jamais assouvi. Simplement. Les amours autre part. Les amours déviants. Les attaches pour d’autres, le premier amour toujours marquant. Andy qui ne sait pas aimer. Andy qui choisit pour les autres, parce qu’elle a peur. La foutue peur qui ronge le ventre. Elle fuit. Les autres qu’elle ne veut pas blesser, mais les souffrances qu’elle pose sans le vouloir. « Salut. » Le verre qu’elle pose aux lèvres. Elle ne sait pas Andy, elle ne sait pas comment gérer, Plus maintenant. Le cœur qui souffre trop. Le cœur qui ne sait plus. Dix ans de silence. Ils ne sont plus les mêmes. Plus du tout. Les secrets qu’elle garde. Les autres. « L'autre jour. J'aurais pas du. » Le cœur qui se serre. La peine. Que cette envie de repartir. C’était plus simple. Loin de tout. Loin de cette ville, des fantômes de la vie d’avant. Elle n’est plus la Andy d’avant. Elle n’est plus rien. « J'ai été odieux. » - « C’est rien Simon.» Elle aurait surement fait la même chose. Dix ans de silence. Le hasard qui les pousse à se rencontrer. Que le hasard. Rien d’autre. Pas elle qui revient. Le foutu hasard.
Le regard qu’elle évite. Elle ne trouve pas la force de le poser au fond du sien, trop de chaos dans son âme. Le regard qui se pose aux lèvres pour comprendre, mais qui se détourne rapidement. La soirée déjà avancée, l’alcool qui coule à flots. « C'est qui ce mec ? » « Qui?» Elle ne sait pas. Elle ne connait personne Andy, elle n’a pas la moindre idée du nom de cet homme. Elle suit le regard. Andy, elle hausse les épaules. « J’en sais rien, c’est lui qui est venu me parler. Il travaille pas ici?» Le regard qu’elle pose sur Simon. Cette impression de le connaître trop et de ne plus le connaître. Cette impression de ne rien savoir, d’avoir trop manqué. Une autre gorgée du rhum. Ce besoin de calmer le chaos de son crâne, trop de choses pour embrouiller l’esprit. « Tu as raison de m’en vouloir Simon.» Le regard qu’elle capte finalement, les yeux qui s’ancrent au fond des siens. Le souffle qui se coupe un peu. Le premier amour. Le premier à avoir fait battre son cœur. Pas fait pour être ensemble. Trop de chose pour les séparer. Elle doute que ce soit possible maintenant. Elle doute que ce soit possible d’aimer qui que ce soit. Le cœur brisé. Le coeur éclaté depuis trop de temps.
Les voix qui lui font tourner le regard. Les autres qui s’amusent. Jeux de boissons. Son bras se fait empoigner par la main de son amie, surement la seule sur les lieux. Avec elle qu’elle passe la majeure partie de ses quarts de travail. « Vient Andy.» Elle roule les yeux. Le regard qu’elle lance à Simon. Le regard qui se porte autre part et son ami l’attire dans un jeu qui ne lui fait pas envie. Un petit groupe. Quelques personnes. Quelques garçons, dont celui qui est venu lui parler un moment plus tôt. La bouteille. Pas besoin d’explication. Elle se doute de la suite des choses. « Sérieusement Angela? T’arrives pas à jouer seule à ce genre de conneries?» Un soupir. Elle sait qu’elle n’arrivera pas à s’enfuir. La bouteille qui tourne contre le sol qui arrive sur elle. Le regard noir qu’elle jette à son amie. « Super. Merci.» Cette impression de retourner à l’adolescence. La bouteille qui s’arrête sur le mec dont elle ne se souvient pas du nom. Elle roule les yeux et sent les mains de son amie la pousser. Elle n’a pas réellement le choix. Les doigts qui filent à la nuque du brun et au baiser qu’elle répond. Les lèvres qui se pressent aux siennes et le baiser qui se fait un peu trop insistant. Sérieusement. Andy. Elle se recule. Elle soupire une fois de plus. Il faut qu’elle boive autre chose. Le jeu continue.