« La seule façon d’être heureux c’est d’aimer souffrir. »
« Alors Jagger, dis-moi pourquoi tu es ici ? » Les mains croisées, la jeune femme se posa confortablement dans son grand fauteuil. Ses longs cheveux roux étaient attachés en un chignon serré, quelques mèches s'en échappé, ce qui lui donnait un air « désordonné ». Son chemisier un peu trop serré mettait en valeur sa poitrine opulente. Son teint pale, parsemé de taches rousses était resplendissant. Au moins elle avait bonne mine aujourd'hui, ce qui changé de leurs dernières visites. Sa paire de lunettes dans les mains, elle fit tourner la branche entre ses doigts avant de les coincer sur le sommet de son crâne. Arrêt sur image, « on se croirait dans un putain de porno », pensa-t-il. Son bureau était parfaitement rangé, rien ne traînait, tout était parfaitement à sa place. Le soleil baigné la pièce, et malgré l'air lourd, il y faisait bon. « J'ai fracassé le crâne d'une petite vieille avant de la dépecer ». Une agrafeuse entre les mains, le garçon la fixa un instant tout en faisant claquer le petit bout de métal. Un air mauvais dans les yeux, un sourire espiègle au coin de la bouche, il avait un petit air de psychopathe. La jeune femme poussa un long soupiré avant de pencher la tête sur le côté d'un air désespéré, sa réponse ne sembler pas la choquée. Après tout, elle avait dû en voir d’autre. Elle avait toujours été passioné par l’esprit humain. Ses travers, ses défauts. Plus jeune, elle avait voulu devenir profiler criminel, puis s’était ravisé et elle était aujourd’hui une brillante psychologue. Brillant, mais exerçant en milieux carcéraux. Jagger, quant à lui, détestait être là, enfermé dans cette pièce avec elle. « Pas de soucis doc', yas que les petites vieilles qui m'intéressent », lui dit-il en levant les mains. La jeune femme se redressa, elle posa ses coudes sur le bord du bureau et se devant le jeune homme. Sans même le savoir, elle lui offrait une très belle vue sur sa paire de nichons. Elle le fixa un instant avant de lâcher : « Écoute-moi, dans deux semaines tu seras libre. Tu pourras retourner à tes occupations, et faire tes petites blagues à qui veut bien les entendre. Aujourd’hui je dois signer ce document », elle agite une feuille devant lui, « il te permettra de sortir et de ne pas avoir de suivi psychologique. Je pourrais très bien le signer, le tamponner sans même t’écouter, mais comme je suis un bon médecin, tu vas répondre à mes questions... » Il resta silencieux un long moment, ne la lâchant pas du regard. Ouais elle avait surement raison, il avait besoin de ce papier de toute façon. Un rendez-vous d'une heure et demie n'allait pas le tuer. Il posa l'agrafeuse sur le bureau et fixa la psychologue en face de lui. D'un air décidé, elle commença donc : « bon, et si on commencé par ton enfance ».

Oui, commençons par l’enfance. C’est tellement original en plus… Jagger ne se rappelait pas de ses premières années, ce qui était, soit dit en passant, une chose normale. Aucune personne au monde n'est capable de se rappeler de ses premières années ni de sa naissance. Ce serait d'ailleurs une expérience traumatisante que de se rappeler de sa venue au monde. Sortir d'un trou béant qui donne la vie, de quoi vous donner des cauchemars. Ses plus vieux souvenirs remontés à l'âge de quatre ans environ, ce sont aussi les derniers souvenirs en compagnie de sa mère. « Embrasse ta mère Jagg' ». Le petit garçon monta sur la longue barre en fer entourant le lit. Il posa ses mains sur le matelas et se hissa pour être à bonne hauteur. Il se pencha et déposa un doux baiser sur la joue de sa mère. Cela faisait plusieurs semaines qu'il venait dans cet endroit pour voir sa mère. Elle était toujours allongée là, une main sur son ventre grossi, un doux sourire aux lèvres. Son père lui avait expliqué que sa mère devait rester dans cet endroit pour que son petit frère puisse naitre en bonne santé. " Monsieur Atkins, ici l'hôpital Saint-Emilien... Il y a eu des complications avec l’accouchement de votre femme… "Ce soir-là, Monsieur Atkins ne mit pas longtemps à parcourir les quelques kilomètres qui le séparaient de l'hôpital. Au milieu de la nuit, l'enfant avait poussé ses premiers cris. Il était en bonne santé, ne souffrais d’aucune complication, contrairement à la jeune maman. Une hémorragie, puis un état qui dégénère, et elle avait sombré dans le coma. Elle y resta environ deux mois. Jagger raconta à son copain Bryan que sa mère dormait depuis déjà plusieurs semaines. Bryan lui avait répondu que ce n’était pas possible de dormir autant, et que sa mère ne se réveillerait surement jamais. Jagger n’avait pas accepté l’idée, il lui avait dit qu’il n’était qu’un sale menteur, et enfin, il s’était battu. Mais Bryan avait raison, sa mère ne se réveilla pas. Elle décéda moins de deux mois après la naissance de son deuxième enfant, laissant les garçons Atkins livrés à eux-mêmes.

« Monsieur Atkins, si vous ne réagissez pas ce sont vos enfants que l'on va vous enlever ! » La petite femme, un peu ronde était devenue rouge écarlate. Sur le pas de la porte, prête à partir, elle tenait dans ses mains son petit attaché-case. En vingt ans de carrière en tant qu'assistance sociale, elle n'avait jamais vu un cas pareil. Elle avait choisi ce métier pour venir en aide aux pauvres gens, mais surtout aux enfants. Et cet homme, en face d’elle, se fichait de tout. De ses enfants, de sa maison qui sera bientôt saisie, de sa vie, bref absolument de tout. Et cet homme-là dégouté. Une bouteille à la main, le teint bileux, il la toisa du regard. Dans un rictus mauvais, il se tourna légèrement et pointa du doigt une petite tête blonde. Le petit garçon aux cheveux courts avait l'air apeuré. Il se cacha un peu plus derrière son frère. « Ce gamin a tué sa mère ! Alors bon... Bon, vous pouvez les prendre tous les deux . Je m'en cogne de ces gosses-là ! » Dans un geste de rage, il envoya la bouteille contre le mur. La petite femme eut un sursaut, et nota quelques mots sur son calepin. Elle lança un regard aux enfants. Un regard qui en disait long. Un regard qui se voulait triste pour eux, pour leur condition et pour la vie qu'ils avaient aujourd’hui et qu’ils auraient plus tard si elle ne faisait rien. Dans un soupire, elle tourna les talons, et sans prendre la peine de saluer leur père, elle quitta la petite maison délabrée.
« Pourquoi papa me déteste ? ». Le plus grand des garçons s'arrêta un instant quand il entendit cette question. Quoi lui réponde. Que lui dire. Il n'en savait pas plus que lui. Il ferma doucement la porte, et ils se retrouvèrent tous les deux dans leur chambre. Les murs de celle-ci suinté, comme de vieille planches humides, une odeur de moisies flotté dans l'air. Il soupira et se laissa tomber sur son lit, non loin de son petit frère. « Il déteste tout le monde quand il a bu t 'sais ». Le petit garçon haussa les épaules. Son frère lui lança sa veste, et tout en ouvrant la fenêtre lui dit. « Viens on va emmerder la vieille Betty ».

La jeune rousse avait décroisé ses doigts depuis un moment déjà, elle agitait frénétiquement un long crayon de bois sur une feuille. Des notes surement, afin de rendre un rapport. Qu'allait-elle bien pouvoir dire ? Que Jagger était instable à cause de son enfance désastreuse . Et qu'il fallait le garder ici . Ou bien qu'il avait des circonstances atténuantes et qu'il fallait lui pardonner. Rien de tout cela surement. Surement des trucs incompréhensibles de psy. Des paroles de docteurs vastes et très souvent futile. La jeune femme rompit le silence, une longue inspiration, puis sa voix douce se fit entendre à nouveau. « Tu es très proche de ton frère ? ». Proche ce n'est rien de le dire, Curtis est sa seul famille. Depuis son plus jeune âge il prit son rôle de grand frère très à cœur, lui donnant tout l’amour nécessaire et la protection dont il avait besoin. Son frère est surement ce qu’il a de plus cher au monde. Il hésita avant de répondre à sa question, se rappelant de ce soir-là...

Curtis et Jagger, les enfants Atkins, les monstres, les diables, les cancres. Que de surnom pour les nommer au centre d'accueil des enfants. Au foyer comme ils disaient. Leurs vies ne s'étaient pas amélioré, même si l'endroit était différent, mieux entretenu, ils se sentaient maintenant abandonnés par leur seule famille, leur père. Ils les avaient laissés s'en aller, sans s'y opposer. Les services sociaux l'avaient jugé inapte à élever des enfants et le lui enlever sembler la meilleure des solutions. Ils s'étaient donc retrouvés là, dans ce grand foyer entouré par d'enfant dans le même cas qu'eux. Et ils étaient devenus ensemble la bête noire des éducateurs. Ils avaient tous deux deux palmarès de bêtises bien établies. Et l'école à cette période de leur vie n'était pas leur préoccupation première. « Putain aide-moi à monter Jagg' ! Je glisse !», le jeune homme souffla, et se retourna. D'un geste vif il passa son bras par la fenêtre pour aller chercher celui de son frère. Il l'empoigna et doucement, commença à le hisser. L'autre s'appuya sur le rebord de la fenêtre et pénétra à son tour dans le couloir. Le vacarme qu'il avait commis allé surement rameuter plusieurs éducateurs, Jagger s'en inquiéta. « Moins de bruits, on va réveiller le vieux ! ». Le vieux, celui qui était responsable de cette aile. Tout en entamant la marche vers leur chambre, Curtis lui répondit sèchement. « je sais bien que c'est le seul endroit pour monter facilement ! Mais merde, c’est trop physique !». Il était vrai que cette entrée n'était pas discrète, mais seule la fenêtre du couloir permettait de remonter sans se faire voir. Les fenêtres de leur chambre étaient elles aussi bien placées mais ne bénéficiaient pas d'appui suffisant pour se hisser à l'étage. « Encore vous ! Les Atkins venaient ici ! » Une voix gronda derrière leur dos. Les deux garçons s'arrêtèrent, et se retournèrent en soupirant. " Encore dehors ! Qu'est-ce que vous pouvez bien foutre dehors… "Sans un échange de regards entre les frères, le plus grand répondit : « les étoiles. On est allé admirer les étoiles. » Le plus jeune hocha la tête « Ouais la grande Ours, l'Ours Polaires, toutes ces conneries quoi ! ». Jagger lâcha un petit rire, amusé de toute cette mascarade. Exaspérer, l'éducateur renonça. « Mais bien sur, foutez-vous de ma gueule !. Allez dans votre chambre, dépêchez-vous ! ». Les deux garçons s'exécutèrent, bien heureux du tour qu'il avait joué à leur éducateur. Ce qu'ils aimaient tant dehors . Leurs business. L'argent qu'ils en récoltaient. Voilà déjà quelques mois qu'ils avaient débuté un commerce très lucratif. Ils récupéraient, vendaient, et pouvaient même en consommer de temps en temps. La drogue avait empli leur vie, comme l'air emplit vos poumons, elle faisait partie de leur quotidien à présent et s’était rajouté à la longue liste de leurs délits.

« Peut-être que c’est cette relation avec ton frère, cette protection que tu lui fournis qui t’a fait déraper… » Toute cette histoire, ce rendez-vous, cette pièce et cette conversation le rendez maussade. Il n'aimait pas parler de lui, il n'avait jamais aimé, et être là, à raconter sa vie à une... parfait inconnu après tout. Tout cela lui donnait envie de partir, et au plus vite. Il lâcha un long soupiré avant de s'enfoncer dans son fauteuil. « Vous avez des frères, ou des sœurs, Doc' ? ». La jeune femme le dévisagea, perplexe. Elle fronça un instant les sourcils, ce qui déforma son joli visage. « Je ne pense pas qu'on soit là pour parler de moi... ». Le silence s'installa dans le petit bureau. Puis quand elle aperçue l'intense regard du jeune homme, elle ajouta très vite. « Eh bien, non, je n’ai pas eu cette chance…" Jagger pencha la tête sur le côté, d'un air las. « Alors vous ne savez rien d’une relation entre frère et sœur… Vous ne pouvez pas comprendre. ». Il tourna la tête, regarda par la fenêtre. Puis un sourire vint à ses lèvres et il reprit : « J'suis sûr que vous adoreriez mon frère. Un putain de génie. ». Ouai, un surdoué il paraît. Il s’imagine parfaitement son frère, retourner toutes les questions du doc’, prenant un malin plaisir à la déstabiliser. Des psychologues ils en avaient vu quelques-uns tout au long de leur enfance, et Curtis les détestés tout autant que Jagger… Et il se perd dans ses pensées, repense à elle...

Le froid lui cingle le visage. Il baisse d’un coup sec la visière de son casque. L’engin gronde, il se penche pour tourner dans la rue. Son genou frôle le sol. Il roule pendant quelques mètres encore, puis s’arrête. Le moteur s’éteint, le silence retombe dans cette rue des beaux quartiers. Il retire son casque, replace ses cheveux. La lumière s’éteint à l’étage, il attend quelques minutes puis il la voit sortir par la grande porte de la maison. Cette grande maison, symbole de la puissance et du rang de son père. Elle porte un jean noir, un simple haut blanc et son perfecto en cuir. Ses cheveux sur ses épaules volent aux grès de ses pas. Merde ce qu’elle est belle. Elle l’a surement toujours été, mais il s’en rend compte ce soir là. Elle s’approche de lui, dépose un baiser sur sa joue. Il lui tend son casque. « Ton père ne t’a pas fait chier ? ». Elle secoue la tête, prend le casque, s’apprête à l’enfiler. « Je lui ai dit que j’allais chez Hugo... ». Il la fixe, silencieux, il fronce les sourcils silencieux. Lilly est sa meilleure amie depuis qu’ils ont huit ans. Elle, la belle fille, des beaux quartiers. L’enfant chérie de ce père qui le déteste, lui et sa condition sociale. Pas assez bien, surtout pas assez riche. Et depuis tout ce temps, il connaît les amis d’Alice, et Hugo, ce Hugo, il ne le connaît pas… « C’est qui Hugo ? » Sa question est directe, son ton est froid. Il n’aime pas voir trainer d’autres garçons autour d’elle, la plupart du temps, ils lui font du mal. Elle le regarde, hausse les épaules. « j'sais pas. Il existe probablement pas, mais mon père l’adore parce qu’il est l’héritier des cafés Starbucks ». Il ne peut s’empêcher de rire. Sa condition, elle la déteste. Toutes ces règles qui régissent sa vie, toute cette éthique que lui impose son père, elle ne l’a jamais aimé et aujourd’hui elle n’en peut plus… Alors elle invente des amis qui plaisent à son père, elle sort en douce, ment, se fait passer pour une autre.
Il sirote doucement son cocktail, les yeux rivés sur une jolie femme. Lilly le rejoint, une bière à la main. Elle l’observe, suis son regard qui se porte sur la jeune femme en face d’eux. « Carley Jenkins. Une petite conne. Ce ne sera pas un réel défit de la sauter celle-là… » Il sourit, pose son regard sur son ami. « Tes une vraie vipère… regarde plutôt qui vient d’arriver ». Il lui désigne un jeune homme, il a leur âge, porte un costume bien chic. Il est élégant, bien peigné, lui aussi habite les beaux quartiers. Jagger le déteste, depuis toujours. Il se penche vers la belle blonde, lui murmure à l’oreille. « Va le voir, et ramène-moi son cœur… Cap ? ». Ah le jeu. Le fameux jeu auquel il joue depuis déjà plusieurs années. Un jeu à la con, un cap ou pas cap, un enchainement de petit défi. D’abord inoffensif, ils s’étaient corsé depuis quelque temps déjà. Tout en grandissant, leur jeu était devenu plus malsain… Elle sourit aux quelques mots qu’il prononce, lui donne sa bière et fait quelques pas pour rejoindre le jeune homme qui vient d’arriver à la soirée. Il continue de l’observer pendant quelques instants, il échange quelques mots avec des amis. Puis presque vingt minutes plus tard, elle revient le voir. Elle lui tend un petit papier. Un numéro, un prénom. « Je t’ai demandé son cœur, pas un son numéro de téléphone ». Elle ne lui laisse pas le temps de continuer, elle reprend sa bière, s’appuie contre le bar et lui répond. « Rome ne s’est pas fait en un jour chéri… patience. »

Il tourne la clef dans la porte, entre dans son appartement. Lilly est là ce soir, il le sait parce qu’il voit ses affaires dans le salon. Elle ne vit pas officiellement ici, mais depuis quelques mois il lui arrive de « squatter » leur appartement pour échapper à son père. Ce n’est pas pour déplaire à Jagger. Il pose ses affaires, grimpe les quelques marches qui le séparent de sa chambre. Il la trouve là, debout devant la commode, en train de se pomponner. Sa chambre est devenue un vrai foutoir depuis qu’elle vit ici. Même si elle n’était pas très ordonnée avant, son état s’est aggravé. Il la contemple, elle a une belle robe. Un peu trop courte à son gout. « Tu sors ? ». Elle se tourne vers lui, faisant onduler sa belle chevelure. Elle tend la main vers lui, effleure son œil au bord noir. « Tu t’es battu ? ». Il pousse sa tête légèrement, les sourcils froncés il ne la lâche pas du regard. « C'est Curt' qui a eu des emmerde. Avec qui tu sors ? ». Ce n’était pas un problème qu’elle sorte. Ce qui le dérangé, c’était avec qui… Elle affiche un sourire. Ce genre de sourire dont elle a le secret. Ce genre de sourire de garce, de salope. Ce genre de sourire qui le fait fondre malgré lui. « T'sais le gars de l’autre soir… il m’a invité à sortir ». Oh non. Oh non pas lui. Pourquoi avait-elle accepté ? Pourquoi s’était-elle vêtue de la sorte pour le voir lui ? Elle pose son tube de mascara et passe devant lui. Il lui saisit le bras. « Pourquoi ta dit oui ? ». Elle s’arrête, observe son bras dans le sien. Son sourire a disparu. Une énième crise de jalousie. « Parce que j’en avais envie. ». Elle se dégage de son étreinte. Leur jeu n’est plus le même, leurs relations non plus. Elle se tourne, et sort de la chambre. Elle descend les marches, attrapes sa veste, ses escarpins. Il la suit. Elle s’apprête à sortir quand il se met devant la porte. « Je veux pas que tu y ailles ». Elle soupire. Il s’approche, attrape ses poignets. « Reste avec moi. Cap ? ». Elle plante son regard dans le sien. « Ce n'est pas un jeu Jagg'. Arrête avec ça. ». Il lâche ses poignets sans lui faire le moindre mal. « On ne choisit pas ses paris. Ce ne sont pas les règles ». Elle s’apprête à partir, puis se retourne, et se plante devant lui. « D’accord. Alors dit moi que tu m’aimes… Cap ? ». Ils se regardent. Le silence est retombé dans la pièce. Elle attend un moment, puis devant le manque de réponse du jeune homme, elle recule doucement, vers la porte. « C’est toi qui changes les règles… Tu’es même pas foutue de me retenir ». Elle franchit la porte. Il est seul, comme un con.

« Et maintenant Jagger, qu'est-ce que tu comptes faire ? » Le jeune homme qui avait récupéré la petite agrafeuse recommença à la faire tourner entre ses doigts. Il souffla et répondit d'un air las « Retourner dans ma cellule ». La jeune femme s'autorisa à sourire. Cela devait être la première fois depuis le début de leur entretien. Elle posa le crayon de bois et releva la tête vers le jeune homme. « Non je veux dire, une fois dehors. Tu veux travailler dans quoi . Ta déjà une idée ? » Le jeune homme hocha la tête. Ouais, il comptait retrouver un job dans un bar, un restau. Servir, c’est tout ce qu’il savait faire… Enfin presque…

Il prend l’enveloppe qu’elle a laissé sur le lit. Il attend d’entendre l’eau couler dans la salle de bain. Elle contient quelques billets. Plus que ce qu’il avait convenu. Il les replie, les replace dans l’enveloppe et attrape une cigarette. Il se lève et se place devant la fenêtre, allume sa clope. Quelques minutes plus tard, elle réapparaît, complètement nue. Malgré son âge, elle est toujours bien foutue. Ses petits seins points avec élégance. Il l’observe, silencieux. Elle s’approche. D’un geste lent elle déboutonne sa chemise doucement. Son torse nu s’offre à elle, elle repasse du bout des doigts son tatouage. Un sourire aux lèvres, elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres au gout de nicotine. « Est-ce que ça te convient ? » Elle parle de l’argent bien sur.
Il n’a jamais fait cela. Coucher pour de l’argent. On appelle ça un gigolo. Il essaie de se convaincre que c’est exactement la même chose qu’avec les autres filles, sauf que cette fois il aura le droit à un bonus pécuniaire…