L’absente d’envie qui se fait tranquillement mettre de côté par le manque de motivation à dire non. Ça fait qu’on finit par accepter et qu’on ne sait pas trop dans quoi on vient de s’embarquer. Ce n’est apparemment qu’une soirée entre deux potes mais mon petit doigt me dit que c’est plus que ça. Je ne serais d’ailleurs pas surpris qu’on ne soit pas que deux, au final, mais je me suis dit que je devais laisser le bénéfice du doute à Morgan. Parce que c’est mon ami et que je me dois bien de sortir un peu pour ne pas devenir fou, tout simplement. Mais au nombre de fois qu’il m’a parlé de ses amies féminines qui rêveraient de sortir avec un homme comme moi, et je ne fais que reprendre ses mots, je ne serais pas étonné d’en voir une arriver à son bras. J’allais peut-être passer pour un sauvage mais je n’avais aucune envie qu’il me présente à une femme. Qu’elle soit blonde ou rousse, petite ou grande, je n’étais pas rendu là. Elle pouvait même être l’amour de ma vie, dans une autre vie, je n’en avais rien à foutre. Tout ce que je voulais, c’était qu’on me foute la paix et qu’on me laisse me remettre de la mort de Margaret en paix. Oui j’avais des besoins et l’envie de passer du temps dans les bras d’une femme me prenait, je n’étais pas prêt d’être intime avec quelqu’un d’autre mentalement. Je savais d’avance que je ne ferais que de voir le visage de ma femme et ça serait très probablement malsain pour moi tout comme ce ne serait pas honnête envers la femme en question. Margaret n’était pas le premier deuil que je faisais dans ma vie, on en fait tous quelques-uns dans notre parcours, je savais très bien que j’allais finir par passer par-dessus. Mais pour le moment, je n’en étais pas encore rendu là et je préférais prendre mon temps avant de m’investir dans une relation dans laquelle je n’avais pas du tout la tête ou l’envie d’être. De toute façon, j’avais deux puces dont je devais m’occuper et je n’avais certainement pas envie de leur présenter une nouvelle femme à chaque mois. Je tenais à ce qu’elles aient un modèle stable de relation possiblement amoureuse. C’était leur avenir qui était en jeu et je voulais vraiment qu’elles aient de bonnes valeurs.

Je troquai mon uniforme de policier pour un jean ainsi qu’un chandail simple noir. Mes cheveux, quant à eux, étaient toujours remontés en un chignon négligé. Et puis pour la barbe, elle datait de quelques jours, pour ne pas dire quelques semaines. À mon grand bonheur, mes parents allaient chercher les filles à la garderie, ce soir, je n’avais donc pas à m’en occuper. Je pu donc partir pour le restaurant aussitôt que je fus changé. À mon arrivé, je ne tardai pas à apercevoir Morgan au loin et à mesure que je m’approchais de la table, je remarquai, sans tarder, qu’il était assis à une table pour quatre personnes, accompagné d’une femme à la chevelure dorée. Je soupirai bruyamment alors que je le fusillais des yeux tout en m’approchant de la table. Je regardai à peine la jeune femme avant de prendre place en face de Morgan, de mauvais poil. « Bordel t’es sourd ou quoi ? » Je me tournai légèrement vers la jeune femme qui était assise à ma gauche : « Désolé mais je ne suis pas intéressé. » Sans lui donner plus d’importance, je rapportai mon attention sur mon ami qui me tentait de me faire subtilement des signaux pour que j’arrête d’être si rabat joie. « Non mais fuck, j’ai déjà dit que je ne n’étais pas prêt de rencontrer de quelqu’un et là ... » Je pointai la femme d’un geste de la main qui aurait pu vouloir dire ça. Rapidement, ça pouvait avoir l’air malpoli mais là n’était pas du tout mon intention. Morgan, mal à l’aise, rigola timidement avant de regarder son amie. « Il s’appelle Maverick. Et excuses-le, il n’est pas toujours aussi grognon. » dit-il en mettant l’accent sur le dernier mot alors qu’il tourna la tête vers moi tout en me regardant avec insistance. De mon côté, je continuais à le regarder et lui, il ne démordait pas comme s’il attendait vraiment quelque chose de ma part. « N’y penses même pas, je ne m’excuserai pas. Je dis ce que je pense et c’est tout. » Rapidement, je penchai la tête vers la blonde tout en la regardant du coin de l’oeil. « Sans offense. » Pas qu’elle était moche, loin de là. En fait, je pouvais même dire que Morgan avait tapé en plein dans le mille par rapport à mes goûts. Elle ne faisait pas mal à regarder, mais vraiment pas. Probablement que je sortirais le grand jeu si je n’avais pas que Margaret en tête. Je ressortirais mon sac de séducteur comme je savais si bien le faire dans le temps. Mais en ce moment, je n’avais pas du tout la tête à ça. En même temps, ça remontait à tellement longtemps, mon célibat, j’avais peur de me remettre en selle.

Ne pas avoir vu Elias depuis presque deux mois lui faisait réaliser que finalement, elle pouvait vivre sans lui, même si dans son lit le soir, elle pensait à lui et à sa chaleur. Il lui manquait, c'était certain, mais elle n'avait pas encore songé à lui pardonner quoi que ce soit, parce que ça lui faisait trop mal de penser au fait qu'il avait été voir une autre femme. Certes, il était son mari, mais elle n'arrivait toujours pas à comprendre comment il avait pu lui faire une chose pareille. Elle cherchait chaque jour une bonne excuse pour lui pardonner, mais elle n'y parvenait pas. Fort heureusement, Edwin arrivait à lui faire penser à autre chose, même si coucher avec le meilleur ami de son mari n'était pas la meilleure solution, il s'occupait d'elle au moins. Annabelle culpabilisait, elle savait que ce n'était pas la meilleure chose à faire, que Elias le saurait un jour ou l'autre, mais elle espérait sincèrement que ça n'arrive jamais, car pour le coup, elle était aussi coupable que lui. Pour se changer les idées, son ami Morgan l'avait invité à sortir, parce qu'il savait qu'elle n'était pas en grande forme. Elle avait accepté, enthousiaste à l'idée de ne pas avoir à coucher une nouvelle fois avec Edwin. Il fallait qu'elle mette un peu de distance entre eux, elle ne voulait pas tomber amoureuse de lui, pas encore, elle ne voulait plus se faire du mal. En compagnie de Morgan, elle savait très bien qu'elle passerait une bonne soirée, qu'il la ferait rire, et elle en avait besoin en ce moment car cette séparation lui revenait sans cesse en tête.

Annabelle enfila donc une jolie petite robe rouge, cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas faite jolie, puis elle laissa sa crinière blonde lâchée sur ses épaules. Satisfaite du résultat, elle sortit de l'appartement quand Morgan lui annonça qu'il l'attendait en bas de chez elle. Lui aussi s'était fait tout beau, et il la complimenta, ce qui lui remonta un peu le moral, bien que la flatterie ne l'avait jamais intimidé. Enfin au restaurant, ils s'installèrent à une table pour quatre personnes, ce qui interpella la demoiselle, ne comprenant pas pourquoi il avait choisi cette table et non pas une pour deux personnes. "On attend quelqu'un ?" Demanda-t-elle. Dans les yeux de Morgan, elle comprenait que quelque chose de louche était en train de se produire. "Oui, des amis à moi." Elle hocha la tête positivement, elle se fichait bien de savoir qui serait là, elle espérait simplement qu'il y ait une autre femme car elle connaissait Morgan, et il était parfois un peu macho en présence d'autres hommes. Elle ne voulait surtout pas se retrouver dans une spirale infernale où elle devrait écouter des hommes descendre plus bas que terre les femmes. Ils commandèrent donc un verre en attendant les fameuses personnes, et un homme arriva près d'eux, l'air énervé. Il lâcha à Annabelle qu'il n'était pas intéressé, ce qui la surpris donc elle écarquilla les yeux en grand, ne comprenant pas pourquoi cet homme lui disait une chose pareille alors qu'elle ne le connaissait même pas. Elle n'eut même pas le temps de répondre qu'il enchaina les paroles, sans qu'elle puisse se défendre. En réalité, Morgan l'avait emmené dans un coup foireux et ça ne lui plaisait pas. Elle baissa la tête, les laissant s'entretuer du regard puis lorsqu'il la désigna avec sa main, elle se senti plutôt insulté. "Est-ce que vous avez un problème avec moi ? La politesse n'a jamais tué quelqu'un, alors vous feriez mieux de vous calmer." Parce qu'elle ne lui avait rien fait à ce type, elle n'avait certainement pas prévu de rencontrer quelqu'un et son ami avait été fourbe, une fois de plus, à essayer de lui présenter un type alors qu'elle n'avait pas songé à un scénario pareil. Morgan n'écouta même pas son ami parler, et il afficha un sourire béat. "Bon, on la refait. Maverick, voici Annabelle, Annabelle, c'est Maverick." Elle s'en fichait de savoir comment il s'appelait, parce qu'il avait beau être charmant, ses paroles l'étaient beaucoup moins. Elle était vexée et le gars n'avait pas l'intention de s'excuser, pourtant elle méritait bien qu'il lui présente des excuses après ce qu'il venait de dire. Elle se leva de sa chaise et attrapa son manteau, qu'elle entreprit de mettre mais Morgan lui prit la main et la tira pour qu'elle reprenne sa place. "Allez calme toi mec, je dois passer un coup de fil. Tu ne vas quand même pas la laisser toute seule ici ?" Anna afficha une petite moue, un air sérieux sur le visage, elle n'arborait même pas son sourire habituel. Morgan quitta la table et elle jeta un œil sur Maverick. Elle ne comprenait pas son problème mais elle était certaine qu'il en avait un. "Ça vous arrive d'être agréable avec les gens ? Vous êtes malpoli, et j'attends des excuses." Non pas qu'elle était méchante, mais elle méritait qu'on soit sympathique avec elle parce qu'elle ne faisait jamais rien à personne. "Et puis, je ne savais pas que vous veniez, je n'aurais jamais accepté une chose pareille, rassurez-vous." Elle soupira. "J'ai l'air si désespéré que ça ?"

En réalité, Annabelle n'en voulait pas à ce type, parce qu'il était aussi gêné qu'elle dans l'affaire, mais le fait qu'il la désigne comme si elle n'était rien, ça ne lui avait vraiment pas fait plaisir. Et Maverick lui avoua qu'il n'avait aucun problème avec elle, plutôt avec Morgan. Anna ressentait exactement la même chose que lui à cet instant, le coup tordu qu'il venait de lui faire ne la mettait pas dans sa meilleure humeur et pour le coup, elle s'énervait après ce pauvre gars qui n'avait rien fait. Mais qu'importe, elle ne voulait plus rien dire, parce qu'elle n'avait certainement pas envie de chercher les embrouilles, et puis elle en voulait suffisamment à Morgan. Le pire dans cette histoire, c'était que Morgan avait l'air fier de son coup, comme si sa vie en dépendait, et ça avait l'air de l'amuser, sauf que les deux n'étaient pas vraiment dans la même optique. Anna pensait sans cesse à Elias, à Edwin, et ça compliquait suffisamment les choses, elle n'avait certainement pas besoin d'un autre homme pour venir perturber sa vie qui était bien calme avant tout ça. Ce Maverick aurait pu lui plaire, il ressemblait aux types d'hommes qu'elle avait l'habitude de côtoyer, des hommes virils, grand et fort, ce qu'elle aimait au fond, mais elle ne le regardait pas plus que ça, il était peut être charmant, mais ça s'arrêtait là, elle n'allait quand même pas donner une bonne raison à Morgan de les laisser seul ici. "Bien." Lâcha-t-elle pour clore la discussion, lui précisant qu'il était calme alors qu'en fait, il n'en avait pas du tout l'air, il devait bouillir intérieurement, et même si ça embêtait Annabelle d'être dans cette situation, ça la faisait rien quelque part en elle.

Au moment où Anna essaya de se lever, Morgan la retint par le bras pour lui demander de rester. Elle accepta, seulement par politesse car ça ne se faisait vraiment pas de quitter une table sous prétexte que l'on a pas envie de connaitre une personne. Parce qu'il fallait être honnête, sa vie était suffisamment compliqué pour qu'elle fréquente quelqu'un, que ce soit un nouvel ami ou un nouvel amant. Elle n'avait même pas envisagé l'un des deux, parce que ce type l'agaçait, alors qu'il ne voulait certainement pas que ça se passe comme ça. Morgan prétexta donc un appel, ce qui fit soupirer Anna, parce qu'elle le connaissait, il était fourbe et il n'avait vraiment aucune gêne parfois, ce qui la mettait dans un état second, elle avait une envie de lui mettre une gifle pour le ramener à la raison. Mais elle savait très bien que c'était la maladie qui voulait la voir agir ainsi, et elle essayait tant bien que mal de se contrôler, même si la tâche restait rude. "Je ne sais pas, c'est certainement dans votre façon de parler, ça semblait malpoli." Il fallait avouer qu'il n'avait pas été très sympathique, elle se souviendrait certainement de cette approche pitoyable. "Mais vous pensez que je suis intéressée ? Je n'ai rien demandé. En venant ici, je m'attendais à tout, sauf à vous. J'avais imaginé un autre scénario : boire, discuter et m'amuser." Peut être avait-il imaginé la même chose ? Ça n'en était rien, parce qu'elle avait l'impression d'être dans un genre de speed dating, sauf qu'il n'y aurait pas de prochain type dans cinq minutes pour remplacer ce monsieur grognon. Il s'excusa tout de même, même si ça avait l'air d'être dit pour lui faire plaisir, mais qu'importe, il avait compris qu'elle était vexée et c'était déjà une bonne chose. "Mais non... Ce n'est pas contre vous, n'allez pas croire une chose pareille... C'est juste que... Que je ne m'attendais pas à vous rencontrer, n'allez pas vous imaginer que je suis si déçu que ça." De toute façon, au point où elle en était, elle pouvait avouer qu'il ne la dérangeait pas vraiment, juste qu'elle aurait préféré le rencontrer dans d'autres circonstances, peut être hasardeusement, ça se serait mieux passé. "Je n'ai jamais dit ça. Vous êtes quelqu'un d'agréable, quand vous souriez et que vous parlez plus doucement." Parce qu'il était mignon avec sa voix grave et viril, mais en s'énervant, il ne devait pas se rendre compte qu'il allait la rendre sourde. "Je pense aussi qu'il est désespéré. En fait, on aurait dû lui arranger un rendez-vous galant, ça nous aurait fait des vacances." Quoi que... Elle connaissait Morgan et il n'était pas vraiment du genre à se caser, parce qu'il voulait profiter de la vie, sauf qu'à son âge, ça pouvait paraitre assez pitoyable d'agir comme un gamin. "Je ne vous en veux pas Maverick, je suis aussi désolée que ça se soit passé comme ça. Je peux comprendre ce que vous ressentez, je n'ai pas spécialement envie de fréquenter quelqu'un non plus alors..." Elle se tût, buvant dans le verre qui se trouvait sous ses yeux, commandé précédemment par Morgan. "Bon, maintenant, est ce que je vous offre un verre ou je m'en vais ? Je comprendrais que vous vouliez rester avec Morgan pour lui passer un savon." Dit-elle en souriant malicieusement, histoire de détendre l'atmosphère.