Sa vie était un véritable fiasco, l'argent et la popularité ne pouvaient rien faire pour lui, toutes ces choses qu'il avait tant voulu ne lui servaient vraiment à rien. Shantel était revenu dans sa vie après quelque temps dans l'ombre et ça le chamboulait, lui et son cœur de pierre, celui dans lequel il ne laissait personne rentrer de peur d'en souffrir. En réalité, ce n'était pas vraiment de la peur, mais plutôt de l'appréhension, parce qu'il ne savait plus où il en était, si ses choix étaient les bons ou pas. Pourquoi avait-il fallu qu'elle revienne dans sa vie alors qu'il se noyait très bien tout seul, dans son trou ? Il s'était posé la question à maintes reprises mais malheureusement, il n'avait pas encore trouvé la réponse, parce qu'elle n'existait sûrement pas. Le hasard fait bien les choses dit-on, mais en était-ce véritablement une bonne ? Il fit une petite moue, répondant lui même à ses questions, toutes aussi idiotes les unes que les autres. Travail, il fallait qu'il pense travail et uniquement travail parce que s'il dérivait, il allait se retrouver à faire des conneries et avec les gros contrats qu'il avait prévu ces derniers temps, il n'avait pas le droit à l'erreur. Pauvre petit Bjorn, non, il n'était pas à plaindre, on récolte ce que l'on sème et il s'était engagé dans une pente un peu trop brut, et de ce fait, sa tête allait explosé de conneries.

Il bu au moins sept cafés depuis ses premiers pas dans le bureau le matin même où il était arrivé vers six heures, n'arrivant plus à dormir et voulant penser à autre chose qu'à sa vie privée et ses affaires personnelles. Puis il avait quelques détails à régler, notamment l'article de journal qui parlait d'une prostitué morte quelques mois plus tôt, et il savait très bien de qui il s'agissait. Il ferma les yeux un instant pour réfléchir, cette histoire le perturbait et il avait peur que l'on remonte jusqu'à lui, ça ne serait certainement pas une bonne chose pour sa réputation et son argent, mais il n'avait pas peur d'avouer ce qu'il avait fait, parce qu'au fond de lui, il savait que cette pute l'avait mérité, il y croyait dur comme fer. Après, son avis restait personnel, il se fichait bien de savoir ce que pensait les autres mais vu les informations, ils avaient bien deviné que c'était un meurtre mais ça pouvait sonner comme un règlement de compte alors aucun problème pour lui.

Quelqu'un entra dans son bureau sans prendre la peine de frapper ce qui le sortit immédiatement de ses pensées, et par réflexe, il ferma le journal qu'il avait sous les yeux. Il releva la tête et tira sur sa cravate qui commençait sérieusement à l'étrangler. "On ne vous a jamais appris à frapper ?" Lâcha-t-il, froid et lui lançant un regard noir. "Vous pensez peut être que c'est un bordel où tout le monde entre à sa guise ?" Il leva les yeux au ciel, la femme avait l'air assez jeune, ou du moins elle l'était plus que lui. Mais la vraie question qu'il se posa c'est le pourquoi du comment elle avait atterri ici alors qu'on devait toujours le prévenir lorsque quelqu'un devait venir à son bureau. "Qui êtes-vous ? Et que faites-vous ici ?" Il soupira et se leva, s'approchant de la demoiselle qui n'avait pas l'air très rassurée par sa présence, mais après tout, c'était elle qui avait fait intrusion dans son bureau, et il se révélait être un espace privé.

La sublimation de ce que je ne suis pas.
Pas d'argent, pas d'amour. N'importe quoi d'autre.

Hors rp:

Bjorn est surpris de voir cette jeune femme ici, parce qu'elle n'a pas été invité à entrer dans son bureau. Et autant avouer directement que ça le dérange de la voir ici, il n'aime pas les intrusions et en plus de cela, elle a l'air bête, comme s'il y avait écrit 'idiote' sur son visage, ça le fait rire sans qu'il ne le veuille, c'est sûrement nerveux. En s'approchant d'elle, il peut voir les traits de son visage, des traits qui lui sont familiers, mais en même temps si éloignés de tout. Elle est différente, elle a l'air d'être là pour une bonne raison et il se demande bien pourquoi elle a l'air si apeuré de le voir alors que c'est elle qui est entrer, c'est elle qui l'a perturbé dans ses affaires, elle s'est introduite sans qu'on ne lui donne la permission. Il la regarde de haut en bas alors qu'il fait un pas de plus, elle persiste à faire un pas en arrière, comme si elle voulait fuir quelque chose, quelque chose qu'il n'arrive pas à deviner. Il fait une petite moue, attendant des explications de la part de cette intruse, il a l'impression qu'elle essaye de deviner ce qu'il pense et c'est comme s'il lui fermait totalement son esprit pour qu'elle ne sache pas à quoi il pense vraiment, parce que ses pensées sont morbides et personnelles, il n'a pas envie qu'elle sache quoi que ce soit sur lui, il n'a pas envie de l'écouter.

Mais Bjorn choisit de ne pas la mettre dehors, parce qu'il n'est pas d'humeur à être méchant aujourd'hui, il n'a pas envie de s'acharner à se faire détester, il reste mystérieux, il ne veut rien lui dire sur lui, mais par contre, elle choisit de lui parler, hésitante. Swan Saï. Il n'a jamais entendu ce nom de sa vie, et il n'ose même pas le prononcer à voix haute car ça sonnerait comme une moquerie, et visiblement elle a des choses à dire, alors autant se comporter comme un gentleman, même s'il est bien loin de cela en réalité. Son blabla l'importe peu, mais le fait qu'elle veuille lui poser des questions le fait réfléchir, parce qu'il n'est pas du genre à donner des réponses, Bjorn. "Quelle genre de questions ?" Elle travaille au cirque, et cette information le fait rire silencieusement, il baisse la tête pour qu'elle ne remarque pas, aujourd'hui, il semble avoir envie de rire, alors que la situation n'est pas censé l'amuser. "Parce qu'il y a quelque chose entre vous et moi ?" Il arque un sourcil, elle part loin cette petite, ses pensées ne doivent pas être très claires, peut être est-elle folle ? Il n'en sait rien, mais ça l'intrigue de connaitre ces informations qui ont l'air très sérieuses. Elle baise la tête et il pose son doigts sur son menton pour la lui relever, il semble qu'elle ait envie de pleurer, ses yeux brillent comme une enseigne lumineuse, est-ce qu'il l'intimide à ce point ?

Bjorn se fichait bien de savoir qui était sa génitrice ou pas. Comme si ce genre de détails pouvaient l'intéresser alors qu'il ne la connait pas. Il ne voyait pas où elle venait en venir avec ses affirmations stupides. En fait, elle ne l'intéressait pas, il voulait qu'elle sorte de là mais il était incapable de dire un mot, il ne savait pas comment faire pour lui faire comprendre qu'il n'en avait rien à foutre de sa vie. Passionnant. N'est-ce pas ? Il leva les yeux au ciel, n'écoutant que d'une oreille ce qu'elle racontait, parce qu'elle avait surtout l'air d'être une pauvre fille à la recherche d'argent, prête à inventer n'importe quoi pour qu'il la plaigne. Mais il n'était pas de ce genre, il n'avait jamais eu de pitié pour personne et ça n'allait pas être la première. "C'est censé m'intéresser ?" Oui, parce que soyons honnête, la petite fille venue de nul part, celle qui était orpheline et qui découvre qu'elle n'est plus seule finalement, elle aurait certainement pu trouver mieux comme approche.

Il la voit déglutir bruyamment, Bjorn, et ça le fait lever les yeux au ciel parce que ce genre de détails, ça l'a toujours énervé. Prostitué. Le mot résonne dans sa tête comme une explosion, c'est impossible qu'elle ait pu entendre parler de ça, parce qu'elle n'est qu'une funambule dans un cirque et qu'elle devrait être illettré. Et visiblement elle ne l'est pas, et elle a des informations qui commencent presque à l'intéresser cette Swan. Il fronce les sourcils, faisant mine que son histoire ne le passionne pas, mais au fond, il se pose un tas de questions sur elle, sur qui elle est et ce qu'elle fait là. Et Bjorn veut savoir comment elle est parvenu à faire le lien entre sa prostitué de mère et lui. Il reste impassible, il préfère jour la sécurité même si tout d'un coup, il n'est plus vraiment rassuré. "Je suis désolé pour vous." Mais elle devrait être contente, parce que les prostitués ne méritent pas de vivre, surtout pas elle, qui visiblement était leur mère, sauf qu'il n'a pas de famille Bjorn, il n'en veut pas, il veut qu'elle parte et ne revienne jamais.

Et elle parle de tristesse qui l'a envahie lorsqu'elle a appris que sa mère était décédée alors que lui, n'a fait que lui rendre service, lui cacher la sombre vérité à propos de cette femme ingrate. Elle n'avait rien pour elle, aucune ressemblance avec lui et il en est bien content, mais voir Swan devant lui, c'est comme s'il voyait son sosie, et c'est comme s'il revivait son assassinat, ce meurtre dont il est responsable et dont il voulait ne jamais avoir à reparler. Il inspire doucement, l'air lui manque, les mots lui manquent, mais elle arrive à le distraire en parlant de sa voyante de son cirque à la noix. Une voyante ? Qui croit à ce genre de choses ? Visiblement, elle a l'air d'être certaine de ce qu'elle avance, et son nom en est sorti. Bjorn rit, c'est nerveux, puis il se moque d'elle, parce que son histoire est insensée, que c'est du grand n'importe quoi. "Mon nom vous est apparu vous dîtes ?" Il s'avance de la porte, le visage sans expressions, c'est difficile à entendre et à peine croyable, il n'a pas envie de l'écouter une seconde de plus. Il ouvre la porte et lui fait un signe de tête, pour qu'elle comprenne qu'elle n'est pas la bienvenue. "Vous savez ce que je pense ? C'est que vous êtes complètement dingue, et qu'avec des histoires pareilles, vous devriez vous rendre dans un établissement spécialisé. Vous rendez-vous compte de ce que vous dîtes ? Je veux que vous sortiez et que vous retourniez dans votre cirque de merde, et restez-y, ne remettez plus jamais les pieds ici." Ce n'est pas à l'annonce d'une sœur qu'il allait devenir tout gentil quand même, ne poussons pas les choses si loin.

Son 'non' bien placé lui résonne dans les oreilles comme une gifle en pleine face. Comment ça, non ? On ne lui dit pas non à Bjorn, et on ne le défie pas du regard, qu'importe la personne en face. Il a envie de lui en mettre une, de la remettre à sa place parce qu'elle n'a rien à faire ici cette Swan. Elle se prend pour qui ? Bjorn déteste qu'on lui réponde ou qu'on lui dise non, parce que ça ne fait pas parti de sa vie et il n'a certainement pas envie de se prendre la tête avec quelqu'un en ce moment, surtout après les évènements avec sa mère et Shantel. Il a envie de lui dire qu'il lui a collé une balle dans la tête, qu'elle ne méritait que ça, et qu'elle l'a lâchement abandonné alors qu'il avait besoin d'une mère, comme tout enfant. Et elle devrait avoir tout autant de rancœur envers cette prostitué parce qu'elle aussi a du subir les conséquences de ces actes et désormais, elle n'est rien qu'une petite fille perdue qui cherche à retrouver sa famille. Mais elle est loin d'imaginer quel personnage se trouve en face d'elle, elle ne le connait pas Bjorn, elle ne sait pas de quoi il est capable, alors que lui, sait qu'il est un monstre, sûrement à ses yeux. Il écarquille les yeux, stupéfaits, parce que cette réponse ne lui a pas fait plaisir, il n'apprécie pas qu'on lui parle sur ce ton, c'est lui le patron, elle se trouve dans son bâtiment, dans son établissement, et elle n'a pas à agir de la sorte, surtout qu'elle ne sait rien de lui.

Alors il l'écoute Bjorn, faire son monologue qui ne l'intéresse pas, ayant des envies de lui balancer ses quatre vérités à la gueule pour qu'elle ferme son clapet. Mais il ne la coupe pas, il reste poli en toutes circonstances, il n'a pas envie de s'énerver aujourd'hui, mais plus elle poursuit, plus ses nerfs lâchent et dans sa tête, tout devient incontrôlable. "Stop." Dit-il calmement, parce que même si elle a l'air fragile, il ne supporterait pas d'en entendre plus, cette façon qu'elle a de le prendre de haut l'énerve au plus haut point. "De toute façon, vous n'aurez pas d'attention, ni de mon amour, parce que je n'en ai pas à donner comme vous dîtes, non, je n'en ai pas tout court, et encore moins pour vous." Ça peut sembler méchant, mais Bjorn n'a pas envie d'avoir une sœur, il ne saurait pas s'en occuper, et même si elle est assez âgée pour une petite sœur et qu'il n'a pas besoin de prendre soin d'elle, il n'a pas envie de la connaitre, il n'a pas envie d'avoir de famille parce que sa véritable famille, c'est Riley, c'est la seule qui s'est occupée de lui et qui lui a apporté un temps soit peu de bonheur dans sa triste vie. "Tout ce que vous dîtes, je m'en fou complètement oui, en quoi serait-ce intéressant pour moi d'avoir une sœur dans ma vie ? En rien."

Bjorn n'avait jamais cherché à savoir quoi que ce soit sur sa vie, sur son père, ou sur ses frères et sœurs, pourtant, au fond de lui, il était certain que ce moment arriverait un jour ou l'autre. Parce que cette pute n'avait jamais su agir en conséquence, elle ne se protégeait pas des petits désagréments -parce qu'il ne représentait que ça-, et il aurait du s'attendre à en voir débarquer plus d'un. Parce qu'il avait réussi sa vie, partiellement certes, mais il avait de l'argent, une belle voiture, un appartement luxueux, tout ce dont tout le monde rêve. Et même si personne ne connaissait son histoire, il s'attendait à ce genre de choses. Il se calma, respirant profondément pour reprendre ses esprits, il se devait d'être bon, parce que Riley l'avait éduqué de la sorte. Ses pensées étaient toutes plus noires que les autres, mais il resta infaillible face à elle, gardant son sang froid. "Que voulez-vous savoir ? Je pense que je ne sais pas plus que vous, mais posez vos questions, qu'on en finisse." C'était certainement le moyen le plus sur pour s'en débarrasser à jamais et il était prêt à tenter le coup si ça pouvait lui épargner qu'elle le suive ou qu'elle agace encore plus de jour en jour.

La voir ici, c'est comme s'il l'avait toujours connu et qu'elle revenait après des années sans nouvelles. Il ne veut pas répondre à ses questions stupides, il ne veut pas subir toute cette pression parce que si elle est orpheline, c'est juste à cause de lui, de son stupide courage et de sa rancœur permanente. Il n'a jamais pu pardonner à cette femme de l'avoir laissé dans cette ruelle, lui, un bébé, un petit être qui ne demandait que de l'amour et de la protection. Il n'a rien reçu de tout ça, parce qu'elle a fait les mauvais choix, lui aussi en a fait, mais il n'est pas prêt à se remettre en question, à décider s'il est véritablement le méchant de cette histoire. Il ne veut pas subir cet interrogatoire, mais il sait qu'il n'a pas le choix, que c'est le seul moyen pour lui de la voir disparaitre et de ne la voir jamais revenir vers lui. Il ne veut pas de Swan, elle n'est rien pour lui, elle ne partage que son sang et rien d'autres, ils n'ont rien en commun, elle est la petite fille qui vole de ville en ville pour divertir un public alors qu'il est l'homme d'affaires redoutables qui ne pensent qu'à son propre intérêt. Ils n'ont pas la même vision du monde, elle vit comme si chaque seconde était la dernière, elle se préoccupe des autres et lui, il déteste qu'on s'approche un peu trop de lui, il sait que son avenir est tout fait et qu'il est invincible face à toutes ces personnes dehors qui souffrent.

"J'ai été un enfant moi aussi, bien sur que j'ai cherché à savoir d'où je venais, qui était ma génitrice, et il s'est avéré que j'aurais préféré ne jamais l'apprendre." En quoi est-ce une fierté d'avoir une mère prostitué ? Bjorn n'aurait jamais voulu savoir qui elle était, et pourtant, il a gaspillé son temps à chercher désespérément pour avoir des réponses à ses questions. Mais ses réponses ne lui ont rien apporté, cette femme n'était rien d'autre qu'une sale pute et Swan devrait raisonner comme lui, mais elle a envie de croire que sa mère était une femme bien, salit par le temps et les hommes. Bjorn ne peut pas croire à toutes ces choses, il l'a vu de ses propres yeux, elle lui a salit sa vie, c'est comme s'il était issu d'un adultère, mais en pire. "Est ce que vous pensez sincèrement que j'avais envie que vous débarquiez dans ma vie ? Les choses sont beaucoup plus compliquées que vous ne croyez, elle est morte et après ? Oui, j'ai fais des recherches, j'ai voulu savoir à quoi elle ressemblait." Il marque une pause, doit-il lui dire qu'il l'a rencontré ? Qu'il l'a tué avec sang froid ? Il ferme les yeux et inspire profondément, non, il n'a jamais vécu avec elle et c'est peut être ce qui l'a sauvé, vivre dans la rue avec un repère comme elle n'aurait jamais pu l'amener où il en est désormais. "Je n'ai jamais vécu avec elle, et j'en suis bien content." Son cœur s'accélère, son meurtre lui revient en tête, il l'a laissé là, sans rien ni personne. Il n'a même pas fait l'effort d'essayer de la sauver. Aurait-il du le faire ? Pour se donner bonne conscience, mais cela fait bien longtemps qu'il se fiche de tout ça, il n'a jamais eu bonne conscience, parce qu'il a l'impression de ne pas en avoir tout simplement. Il ne regrette rien de ce qu'il a pu faire ou dire dans sa vie, ce n'est pas sa première erreur -si on peut appeler ça comme ça-, il a conscience de ce qu'il est, et aux yeux de Swan, il a l'impression d'être une ordure.

Sa vue se trouble lentement, et il recule lentement pour s'assoir sur le canapé de la pièce. Sa respiration est altérée, il ne sait plus vraiment où il en est. Entre l'article dans le journal et l'arrivée de cette femme, il ne sait plus vraiment quoi faire, ni quoi dire, il a détruit sa vie sans le savoir, c'est difficile à accepter quand quelqu'un débarque pour t'annoncer une chose pareille. "Tu as eu de la chance de ne jamais la rencontrer, c'était une mauvaise personne, tu devrais l'oublier, penser à ta vie actuelle et ne plus te soucier d'elle. Elle t'aurait fait du mal, comme elle m'en a fait sans même que je ne la connaisse." Il soupire et reprend ses esprits, sa respiration ralentit, il se sent mieux. "Arrête maintenant, arrête de t'accrocher à elle."

Elle lui demande si ça va, mais non ça ne va pas, parce qu'il la tué, il ne pense qu'à ça, à ce sang coulant sur le siège passager de sa voiture. Elle est morte et il la regardé mourir, dépérir devant lui sans même ne rien faire, rien qu'en tenant cette arme dans cette main. Il ne regrette pas Bjorn, il essaye d'aller de l'avant mais cet épisode douteux lui revient en pleine face chaque jour de sa vie. Parce qu'il a tué quelqu'un et qu'il pensait ne pas être capable de le faire, que cette arme qui lui a ôté la vie se trouve dans le tiroir de sa table de chevet, qu'il ne peut plus faire marche arrière. Alors non, ça ne va pas, ça n'ira pas, parce que cette pensée le hante comme un fantôme, elle apparait parfois devant lui, en lui demandant pardon. Une hallucination, un rêve, elle ne lui aurait jamais dit pardon, elle ne se serait jamais excusé de l'avoir lâchement abandonné, tout simplement parce qu'elle ne l'aimait pas, qu'il n'était pas bon pour elle d'avoir un parasite dans sa vie. "Oui, ça va." Répond-il, parce que c'est ce qu'elle ne veut pas entendre, elle a envie de le voir souffrir, là, maintenant il en est certain. Il lui parle mal Bjorn, il est méchant avec elle alors qu'elle veut juste ses putains de réponses à ses questions. Il soupire, il ne sait plus quoi faire et elle reprend de plus belle, comme si ces paroles n'avaient pas suffit à l'anéantir, elle veut aller jusqu'au bout, elle veut lui faire cracher le morceau, mais elle n'y parviendra pas, il le refuse, il refuse d'être esclave d'une pauvre funambule de cirque ambulant.

Elle s'assoit, loin de lui, elle a bien compris qu'il ne voulait pas de rapprochement avec elle. Pourtant, il est certain qu'elle est gentille, naïve, que c'est une fille bien, il n'en doute pas. Mais il ne veut pas savoir tout ça, il ne veut pas la connaitre, il ne veut rien apprendre de sa vie, de ce qu'elle a vécu, parce que ça serait créer un lien entre eux, il ne désire pas plus que ce qu'il voit déjà. "Ta vie est aussi merdique que moi, à la différence que ma vie est merdique avec de l'argent, plein d'argent. Toi, tu vois le bon côté des choses, t'essaie de tout voir positivement mais tu ne connais rien à la vie, à part ton cirque et tes forains. Alors quoi ? Tu crois vraiment que je ne sais pas que t'es autant dans la merde que moi ? Ça laisse des traces, des cicatrices, ce genre de choses, sauf qu'on a pas choisi de vivre de façon identique, on n'a peut être pas eu la même chance, mais qu'importe, je suis certain que mes hypothèses sont réelles, que t'es malheureuse parce que tu ne la connaitras jamais, mais crois moi, oui, crois moi, le timing a été parfait." Elle ne l'a pas rencontré, c'est une chance, elle devrait même lui dire merci, mais non, elle ne le fera pas, parce qu'elle ne comprend pas la situation, elle veut connaitre sa famille mais à quoi bon ? Elle a l'air heureuse, alors pourquoi elle s'inflige tout ça. "Tu ne comprends pas Swan, je t'ai sauvé." Il le voit comme ça Bjorn, il l'a sauvé de cette personne qui lui aurait fait du mal, qui l'a laissé dans un coin.

Elle veut s'accrocher, mais à quoi ? Elle ne connait rien de la vie, elle idéalise cette femme et même si elle sait qu'elle aurait été déçu, elle a encore de l'espoir et ce n'est pas possible de raisonner ainsi. Il se lève, la toise et attrape deux verres dans le minibar de son bureau, la bouteille de whisky accompagne le tout. Il sert et lui en tend un, buvant le sien d'un seul coup pour s'en resservir un second. Ça fait un bien fou, il aime ça le whisky, pas autant que le vin, mais ça lui procure des sensations, ça diminue ses constantes et son stress, le remède parfait. "Accroche toi, mais tu finiras par tomber de haut un jour." Elle a bien compris qu'il l'avait vu, qu'elle ne lui est pas totalement inconnue, qu'il la rencontré et qu'au final, ça s'est mal passé. Elle se répète qu'il la vu, comme si ça allait changer quelque chose, mais franchement, ça lui apporte quoi de savoir tout ça ? Il ouvre la fenêtre à sa demande et boit de nouveau son verre pour s'en resservir un autre et revenir vers elle. "Tu te fais du mal pour rien Swan, tu devrais partir d'ici, et vite." Il ferme les yeux et pose une main derrière sa nuque, se faisant un massage pour se décontracter. "Je t'en prie, pars, et ne reviens jamais." Parce que sinon, les mots vont sortirent, il va la décevoir Bjorn, comme il déçoit tout le monde.