Les yeux rivés sur l'écran de l'ordinateur, hypnotisé comme un idiot parce qu'il n'a pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Il baille en négligeant de mettre la main devant sa bouche, parce que de toute façon, qui pourra le lui reprocher ? Il est seul, dans son bureau, essayant péniblement de garder les yeux ouverts alors que ça parait être le challenge le plus extraordinaire de sa courte existence. Main sous le menton pour tenir sa tête face à l'écran, après quelques minutes à songer à un possible endormissement, il se laisse aller, la tête tombant immédiatement sur le bureau sans possibilité d'un retour à la surface. Des cauchemars qui s'annoncent, comme souvent, ses yeux ne peuvent plus s'ouvrir pourtant, il préfère faire face à des horreurs en dormant, tant que ça ne l'atteint pas éveillé. Mais bien vite, on le sort de ses pensées, ne prenant même pas la peine de frapper à son bureau, deux policiers entrent et saisissent son bras avec une violence extrême. Traité comme un criminel, il ne se débat pas Bjorn, parce qu'il vient de comprendre qu'il est dans un tunnel et qu'il ne peut pas échapper à ce qu'il a pu faire ou ne pas faire. Ils l'emmènent, l'affichant devant tous ses employés, les menottes aux poignets, mais ça le fait rire et il ne manque pas d'émettre un petit sourire sadique, parce que la situation reste assez drôle finalement, même si ça n'est pas censé l'être.

Au fond, en réfléchissant dans cette voiture, il se demande bien pourquoi il est arrêté. Parce qu'après tout, il n'a rien fait, ou alors, qui aurait pu dire des choses sur lui ? Un seul prénom lui vient à l'esprit, une seule personne, la seule à qui il a pu avouer ses pêchés, et il sait très bien au fond de lui qu'elle n'avait pas l'air convaincu de sa sincérité lorsqu'elle dit qu'elle ne dirait rien à propos de l'affaire. Pire encore, elle l'avait clairement menacé de tout balancer si jamais il faisait quelque chose de travers. Ça lui semblait tout de même étrange qu'elle puisse tout avouer à la police alors qu'elle se préoccupait plus de son cirque que de cette histoire, et puis il n'était pas très haut dans son estime alors pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ? Arrivé au poste de police, il ne dit pas un mot, appelant juste son avocat pour assurer ses arrières si jamais quelque chose venait à être dévoiler. D'ailleurs, on ne lui dit même pas la raison pour laquelle il avait été arrêté, si bien que ça semblait suspect. En tout cas, sa première préoccupation fit de demander à la police et à ses avocats de faire venir Swan Saï, elle seule pouvait répondre à ses questions.

Les minutes passèrent à une allure... Lente, oui, c'était exactement le mot. Bjorn attendit patiemment entouré de ses avocats qui lui conseillèrent de ne rien dire. Le tableau était assez ironique, parce que de toute façon, il n'avait pas grand chose à dire. Et surtout, il n'est pas bavard d'ordinaire alors pourquoi parlerait-il à la police ? Il fit une petite moue, la chaleur devenait étouffante dans cette pièce mais ça paraissait moins glauque que pour des criminels normaux, lui avait l'impression de bénéficier d'un traitement de faveur, son argent le sauvait bien finalement. Enfin, Swan entra dans la pièce où il l'attendait, aucun sourire affiché sur leurs lèvres, parce qu'au fond, ils n'étaient pas ravis l'un et l'autre de se voir, vu leur dernière entrevue. L'ambiance allait être froide, il en était certain, mais bon, il fallait mettre les choses au clair, tout en restant discret. Elle s'installa, visiblement gênée en voyant les avocats derrière Bjorn, et au fond de lui, il savait que ça ne l'aiderait pas à parler. "Bonjour Swan." Lâcha-t-il, en plantant son regard dans le sien, essayant de la capter parce que la table semblait plus intéressante à ses yeux. "Laissez-nous." Dit-il à ses avocats, faisant un signe de la main pour qu'ils dégagent, parce qu'il n'avait pas envie de les voir, même s'ils pouvaient l'aider. Enfin sorti, il respira un bon coup et fronça les sourcils en la regardant. "Je ne sais pas pourquoi j'ai été arrêté... Je n'arrive pas à comprendre, alors peut être que tu pourrais m'éclairer ?" Tout en finesse, aucune issue possible pour elle.