La signature de Bjorn s'impose sur ce morceau de papier qui n'intéresserait personne. Mais lui, il sait ce qu'il fait, tout autant que ses investisseurs venu de New York pour collaborer avec lui. Les deux partis ont enfin conclu le contrat alors que ça semblait presque impossible d'y parvenir. Mais Bjorn n'abandonne jamais, et il s'est donné énormément de mal pour que la collaboration puisse se faire. Lentement, il serre la main de ces hommes naïfs et plein de sensibilité, des hommes qui, derrière leur masque d'hommes d'affaires ne sont que des pions dans l'entreprise de Bjorn désormais. Ils le remercient chaleureusement, sans savoir dans quoi ils se sont engagés réellement et Bjorn affiche un sourire satisfait, même si ça peut sembler pervers, il a réussi à les exploiter sans même qu'ils ne se rendent compte. Aucun remord, aucun regret, les affaires sont les affaires et le travail est un milieu où on doit se faire une place coûte que coûte. Bjorn a compris cela depuis bien des années, il sait qu'il faut persévérer pour arriver à ses fins, et c'est exactement ce qu'il fait depuis que Sheehan Entreprises Technologies a vu le jour. Sa fierté lui fait ressentir un sentiment de plénitude, comme s'il n'avait besoin de rien à part cela.

Les affaires étant faites, il se décide donc à aller prendre un café au coin de la rue, même s'il pleut quelques gouttes, il sera toujours meilleur que ce café d'entreprise qui nous rappelle qu'il en faut pour survivre. Alors, sans même en informer son chauffeur, il part et parcourt une rue, puis deux et arrive enfin à destination où il commande un café bien corsé pour repartir sur de bonnes bases et surtout, dans l'espoir que ça le fera tenir pour le reste de la journée. Après avoir englouti sa boisson, il réalise qu'il est temps de repartir et malgré la pluie qui continue de tomber, il sort de l'établissement et accélère le pas pour rentrer au plus vite. Un éclair attire son regard dans le ciel, il va s'en prendre une bonne, et ça ne tarde pas, une averse lui tombe dessus, pire que la pression de la douche. Ses cheveux sont trempés, tout autant que son costume à cinq milles dollars et sa chemise blanche lui colle à la peau. Ce n'est pas une bonne journée finalement.

Cette maison abandonnée lui attire l’œil et sans réfléchir, il ouvre la porte et la referme aussitôt en sentant la pluie le poursuivre. A la structure de la porte, il réalise soudainement qu'elle ne s'ouvre que de l'extérieure et qu'il est bon pour rester ici, longtemps. Dans un soupir de soulagement, Bjorn réalise qu'il est enfin à l'abri tout de même et passe rapidement sa main dans ses cheveux mouillés pour éviter que les gouttes lui tombent sur le visage. Une voix le fait se retourner, puis la demoiselle prononce son prénom, comme si elle le connaissait depuis toujours, comme si le dire à voix haute lui faisait du bien. Shantel. Un mois qu'il ne l'a pas vu, un mois qu'il a mis fin à cette relation destruction, une relation où il n'avait aucun contrôle, où il ne pouvait exercer sa pression comme il a l'habitude de le faire. Lentement, il fait un pas, puis deux, et s'arrête devant elle, l'eau de la pluie qu'il transporte tombant sur le sol de la demeure inhabitée. Elle lui demande ce qu'il fait là, et Bjorn arque un sourcil, comme s'il avait voulu se retrouver dans une situation pareille. La voir lui procure une douce sensation, il n'est pas seul ici, mais en même temps, il a ce sentiment de trahison qui le parcoure, peut être même de dégoût à son égard, pourtant il ne le désire pas. "Comme toi visiblement, je m'abrite." Lâche-t-il froidement, en haussant les épaules. Sa veste lui pèse et même s'il sait que le froid va se faire ressentir, il l'enlève, laissant apparaitre son corps à travers sa chemise devenue transparente. Mais qu'importe, il se fiche bien de savoir comment elle le voit ou le perçoit, il est à l'abri. "Ne dis pas un mot s'il te plait, je trouve cette situation déjà assez... embarrassante. Alors je t'en prie tais toi, je n'ai aucune envie de discuter avec toi." C'est ce qu'il prétend, mais au fond, Bjorn veut savoir comment elle va, si elle a arrêté de déconner, si leur séparation l'a fait réfléchir à tel point qu'il pourrait désormais l'aider. "De toute façon, je vais nous sortir de là." Pas très convaincu par ce qu'il avance pourtant.

Les paroles de Bjorn sont aussi froides que la pluie tombante, et Shantel prend sa réponse comme une gifle visiblement. Il la regarde sévèrement subir cette agression mais il n'ajoute rien de plus, la situation est tellement gênante, tellement qu'il préférerait de loin être encore sous la pluie, pour ne pas avoir à subir son regard envoutant, mais la porte fermée l'empêche de fuir la réalité. Elle rétorque qu'elle n'avait pas envie de parler non plus mais au fond, la tension entre eux montre clairement qu'ils mentent aussi bien qu'ils respirent. Même si respirer devient difficile dans cet endroit glacial et voir la peau de Shantel à travers son petit top lui fait revenir des tas de souvenirs aussi agréables que douloureux. Il n'a pas voulu lui faire du mal, il ne voulait pas qu'elle parte à la dérive mais il a choisit la solution de facilité : rompre. Même si ce n'est pas réellement le terme approprié étant donné qu'ils n'ont jamais été officiellement en couple. De toute façon, ce terme ne lui convient pas, il n'a jamais eu de copines officielles, ce n'est pas son genre. Mais Shantel est bien la première à le supporter autre que plusieurs nuits d'affilés, elle a réussi à faire battre son cœur dont il pensait qu'il ne servait qu'à faire circuler son sang. Des palpitations différentes chaque jour, un sentiment agréable lorsqu'il la voyait, même lorsqu'elle portait des vêtements -et autant avouer qu'il ressentait ce genre de choses quand les femmes étaient nues-. Ce n'était pas de l'amour entre eux, ou du moins pas du point de vue de Bjorn, mais il y avait quelque chose, il en était certain. Sa main passa une fois de plus dans ses cheveux alors qu'il la voyait s'éloigner lentement de lui, comme s'il la perdait une seconde fois, même s'il n'était pas certain qu'elle soit totalement avec lui aujourd'hui. Peut être avait-elle prit de la drogue ? Il n'en savait rien et au fond, il ne voulait pas le savoir parce que si c'était le cas, sa colère aurait monté d'un grade, ou de deux.

Bjorn se mit à réfléchir le temps d'une seconde, juste une car Shantel poussa un cri et un fracas se fit ressentir. Il n'avait en rien oublier qu'il tenait à elle malgré tout ce qu'il s'était passé entre eux, et c'était une histoire assez complexe. Alors, sans même songer à ce que ça pouvait être, il partit en courant pour la rejoindre non loin de là, où elle se trouvait. Et il la découvrit enfoncer dans le sol, le plancher ayant cédé. La vieille maison l'était bien, ce n'était pas qu'une apparence, et Shantel en subissait les conséquences. Il s'approcha d'elle et constata les dégâts, elle devait énormément souffrir puisque du sang se faisait voir sur les morceaux de bois qu'elle avait transpercé. N'écoutant que son cœur, il l'attrapa par la taille et la sortit de là, prenant soin de ne pas aggraver sa situation. Agenouillé sur le plancher froid, Bjorn posa une de ses mains sur son visage, son pouce caressant lentement sa joue, puis l'autre vint à se poser sur sa jambe abîmée. "Est-ce que ça va ?" Demanda-t-il avec un ton un peu plus gentil, sans grande conviction. Puis il enleva sa main de sa joue pour se concentrer sur la blessure de la demoiselle. Même si tout était fini entre eux, il ne pouvait pas la laisser comme ça, à souffrir. Alors il activa son mode super héro -si si- et enleva sa chemise, dévoilant son corps encore humide et surtout sa chaire de poule apparente, puis lentement, il souleva la jambe de Shantel pour y passer sa chemise qui lui servirait de garrot et de pansement. Sa nudité le gênait un peu, mais au fond, le bien être de Shantel importait plus que son apparence actuelle. Il soupira longuement et prit place à côté d'elle en s'asseyant, essayant de garder une distance entre eux pour ne pas la faire espérer ou se rappeler des choses qu'il n'avait certainement pas envie de voir ressurgir. La demoiselle allait devoir rester ici, sans bouger mais au moins, il était certain que cet épisode calmerait les tensions pendant un petit moment, aussi court soit-il. "Je vais te sortir de là Shantel." Lâcha-t-il, avec un ton déprimant, comme si c'était la fin du monde. Au fond, rester à côté d'elle le perturbait plus qu'autre chose et il se leva rapidement, changeant de pièce pour respirer un instant, pour reprendre ses esprits. Il s'appuya contre un mur et laissa sa tête partir en arrière, tapant doucement le mur, le froid parcourant son corps nu.

Shantel lui affirma que ça allait mais au fond, il était certain du contraire parce qu'outre le fait qu'elle devait avoir un mal de chien, il était là, et comme à lui, ça devait lui faire remonter des tas de sentiments, des choses qu'elle pensait peut être avoir oublié. En général, on oublie pas les choses aussi facilement, pas au bout d'un mois et surtout pas une fille comme Shantel. Elle avait réussi à le faire changer l'espace d'un instant et c'était étrange pour lui, comme s'il n'avait jamais ressenti ça pour quelqu'un. Il hocha positivement la tête pour répondre à ce qu'elle venait de dire. Un silence s'installa et Bjorn avait perdu tous ses moyens, il ne savait pas quoi dire de plus car de toute façon, rien n'avait de sens aujourd'hui. Finalement, la journée avait peut être bien commencé, mais elle finissait mal. En plus, il devait retourner à son boulot pour clôturer quelques dossiers mais à la tournure que prenait la journée, il savait qu'il n'y mettrait pas les pieds avant le lendemain matin. Il soupira, le travail ne l'inquiétait pas plus que ça en réalité, c'était juste un prétexte pour penser à autre chose qu'à la situation actuelle car ça le mettait dans une position intenable pour lui. Dans un souffle, elle lui lâche un merci et ses yeux croisent les siens mais comme à son habitude, il détourne lentement le regard pour s'attarder sur autre chose. Il n'est pas gentil, il n'est pas sensible, il n'est pas l'homme dont tout le monde rêve, alors pourquoi pose-t-elle encore ses yeux sur lui ? Pourquoi a-t-elle seulement apprécié sa compagnie plus d'une nuit alors qu'il est certainement le type le plus étrange et con de la planète ? Bjorn se pose un tas de questions dont il n'a et n'aura certainement jamais les réponses, personne ne les a et pourtant, il espère qu'il les trouvera.

Il suffoque, il manque d'air et c'est à ce moment précis qu'il quitte la pièce, pour fuir le regard pesant de la demoiselle, pour fuir ses responsabilités, comme souvent. Enfin seul, la fraicheur du mur contre lequel il est appuyé lui arrache un violent frisson qui le parcourt de part en part, de la tête au pied. Il a l'impression qu'on lui plante un couteau, ou peut être deux, son ventre le fait souffrir autant que sa tête. Le froid ne lui a jamais fait grand bien, il ressent toutes sortes de douleurs qu'il ne contrôle pas et ça en devient tellement horrible qu'il ne les supporte plus et se laisse doucement tomber sur le sol, le dos contre le mur. Le bruit de la pluie sur le toit et le silence de Shantel le font se relever, reprenant pleinement ses esprits. Un petit bruit se fait entendre et Bjorn devine que la demoiselle essaie de changer de place, sans même lui demander de l'aide. Que cherche-t-elle ? Aggraver sa situation ne l'aidera pas, ni lui, ni elle. Il se précipite où elle se trouve et elle lui affirma qu'il va attraper froid en restant ainsi. De toute façon, qu'il s'habille ou pas, ça ne changera rien, ses vêtements sont mouillés et ils le resteront vu que la maison n'est pas chauffé. L'idée d'un chauffage le fait sourire bêtement puis il change soudainement de visage, réapparaissant sous l'homme froid et insensible qu'il est. "Me couvrir ne changera rien, et si ça se trouve, on va crever ici." Cache ta joie Bjorn, l'enthousiasme n'est visiblement pas son truc, et pourtant il est persuader qu'il ne restera pas ici, car quand Bjorn veut quelque chose il l'obtient, et ce qu'il veut maintenant, c'est sortir de cette horrible maison et rentrer chez lui pour prendre un bain chaud. Il comprend alors que le bandage fait à Shantel n'est pas vraiment très utile puisque le sang continue à couler et en plus de cela, elle gigote dans tous les sens. Cherche-t-elle à mourir ? Il arque un sourcil et se positionne une fois de plus près d'elle pour serrer un peu plus la blessure afin de stopper l’hémorragie. Sans trop savoir pourquoi, ou ce qu'elle dit, il entend tout de même sa dernière phrase dite dans un murmure. Ses mains se posent sur ses cuisses alors qu'il est à genoux devant elle et une fois de plus, il émet un soupir en fermant les yeux. Pourquoi dit-elle des choses pareilles ? C'est comme si elle lui plantait un couteau, en plus des deux autres qu'il a l'impression d'avoir dans le corps. Il se lève et sort de la pièce en lançant un : "Je reviens" à peine audible. Puis quelques secondes plus tard, il réapparait avec une pile de morceau de bois qu'il place vers Shantel pour qu'elle puisse y poser sa jambe. Enfin, il s'installe derrière elle pour qu'elle puisse poser sa tête sur ses genoux, mais il n'ajoute plus un mot, cette proximité lui fait peur, à tel point qu'on ne peut savoir s'il tremble de froid ou de peur, même d'appréhension.

Ce n'est pas comme s'il se sentait obligé de s'occuper d'elle, au fond, il en a réellement envie mais ça le frustre de savoir que leur relation ne ressemble plus à rien désormais. Ils en sont presque redevenus deux inconnus alors qu'il ne le désirait pas, et elle non plus visiblement. Mais Bjorn se demande réellement si ce qu'elle a ressenti pour lui -si quand bien même elle avait ressenti quelque chose- était bien réel ou si elle avait fait semblant. Il doute, il ne sait plus quoi faire, il se sent faible à côté d'elle et ça ne lui ait pourtant jamais arrivé. Mais qu'importe, il essaie tant bien que mal de reprendre le dessus, de se contrôler car ce n'est pas dans ses habitudes de perdre le contrôle, lui, le type qui manipule tout le monde, qui est un véritable maniaque du contrôle et qui aime que tout soit parfait, à son image. Shantel l'était, elle était totalement à son image, même si soudainement, elle avait pris la décision de changer et de s'autodétruire, ce qui ne plaisait pas à Bjorn. Il n'a pas supporter, ce n'était pas possible d'envisager quelque chose avec elle, la drogue avait réussi à se mettre entre eux, comme si le destin le punissait d'avoir tué sa mère, d'avoir fait de mauvais choix et d'être ce vilain garçon qu'il affectionnait tant. Elle ne dit rien, il s'occupa d'elle un instant, prenant soin de sa jambe abîmée et enfin, il s'installa près d'elle, pour sentir sa chaleur qui n'en était plus à cet instant même tant le froid était atroce.

Bjorn se positionne derrière elle, il l'accueille près de lui, un peu trop près pour des presque inconnus, mais il a cette envie de la protéger, de l'aider, mais il ne peut rien y faire, elle est dans son enfer, il est dans le sien. Dommage qu'ils ne s'obstinent pas à partager le même. Il soupire, encore et encore, le froid lui glace le sang et il sent que Shantel tremble tout contre lui. Elle lui suggère l'idée d'une autre porte, chose à laquelle le maniaque du contrôle n'avait pas pensé alors que ça semblait presque évident. C'est vrai, il y a sûrement une autre porte, mais ça revient à la laisser souffrir encore toute seule, et il n'a pas vraiment envie que ça arrive. Pourtant il hoche la tête pour lui signifier qu'il va y aller, même si, de dos, elle ne peut pas voir quoi que ce soit de son ressenti, de son visage. "Je vais aller voir oui." Lâche-t-il, sans grande conviction, parce que même si elle est à la dérive, il n'en oublie pas ce qu'il a vécu avec elle, ce qu'ils ont partagé. "Arrête, je vais appeler mon chauffeur, on ira à l'hôpital juste après." Il n'allait certainement pas la laisser se vider de son sang, c'était comme s'il assistait son suicide et il n'avait en aucun cas envie d'avoir une nouvelle mort sur la conscience, encore moins Shantel.

Lentement, il décide de se dégager d'elle afin d'aller voir ce qu'il se passe à l'arrière de la maison, s'il y a peut être une porte ou une fenêtre accessible pour qu'ils puissent tous deux sortir de ce trou à rats. Il n'en peut plus, ça doit peut être faire une heure qu'ils sont là et il ne supporte plus ce froid, au point où il est devenu tout pâle, tout blanc, le déguisement de vampire lui irait comme un gant aujourd'hui. Mais elle le retient par la main et Bjorn se laisse entrainer, il croise son regard et le maintient pour ne pas fuir de nouveau. C'est un homme, il est fort, invincible et il est hors de question de baisser les yeux devant une femme, sa fierté en prendrait un coup de nouveau. "Moi aussi." C'est vrai que la situation n'est pas la plus merveilleuse qui soit, il n'avait d'ailleurs jamais songé à la revoir, et pourtant, le destin, ou la malchance, a fait qu'ils devaient se croiser aujourd'hui, ici même, et subir toutes ces merdes. "Arrête de dire des choses pareilles." C'était en train de l'énerver, il allait sûrement éclater d'une minute à l'autre si elle continuait à dire des âneries pareilles. "Tu ne sais pas ce que je pense, car tu n'es pas devin que je sache non ? Alors arrête s'il te plait, c'est déjà une journée merdique, pas la peine que tu en rajoutes avec tes suppositions qui ne valent rien." Il se lève et attrape son portable, envoyant l'adresse de la demeure à son chauffeur, espérant que les lignes téléphoniques n'ont pas été rompu à cause de l'orage. Il jeta un coup d’œil à Shantel, il y avait peut être été un peu fort sur le coup. "Excuse moi je... Bordel, laisse tomber." Plus la peine de se justifier, ça envenimerait la situation.

Bjorn a conscience qu'il n'est pas très gentil, qu'il la traite mal et pourtant, elle aurait certainement dû s'y attendre après ce qu'elle lui avait fait. En soit, elle n'était pas entièrement responsable de son addiction mais elle avait osé commencer et c'était quelque chose d'impardonnable pour Bjorn, un peu comme la prostitution, la mafia ou autre connerie dans le genre. Les écarts que pouvaient faire les autres le rendait intransigeant, il n'arrivait pas à comprendre comment on pouvait tomber dans une merde pareille, même si la pression était immense. Lui, n'avait jamais tenté quoi que ce soit de ce genre, il aurait pourtant pu car avec son travail, les gens qui l'entourent ou tout autre chose, il était en stress permanent mais il n'avait jamais viré du côté obscur de la force. Lui parler en étant désagréable n'avancerait certainement à rien, de toute façon au point où en était la journée, difficile de faire pire. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher, le froid lui glaçait le sang et un mal de tête lui prenait, s'aggravant de plus en plus. Alors, sous l'effet de la douleur et du froid, il parlait comme il l'entendait, comme il était réellement. Alors que Shantel, elle, ne disait rien et se contentait de rester calme pour ne pas avoir à lui faire face, ce qu'il détestait par dessus tout.

Enfin, elle prit la décision de se lever, sous le regard non approbateur de Bjorn mais pour une fois, il ne dit rien puisqu'elle l'en interdit en parlant et en lui lançant un regard assez noir à son goût. Elle lui en voulait terriblement, ça se sentait, ça se voyait et au fond, il était tout aussi responsable qu'elle de leur rupture et de la situation. Après tout, il n'avait pas réellement envie de s'engager, il avait cette peur monstre de s'attacher à quelqu'un pour ensuite la perdre. Bjorn ne faisait jamais d'efforts lorsque cela concernait autre que lui et même s'il prétextait que l'addiction de Shantel était la raison de leur séparation, ce n'était qu'une boutade pour mieux se sortir de la situation dans laquelle il avait pu se mettre. Il la suivit donc tandis qu'elle marchait, pour être sur de ne pas la voir au sol, la rattrapant au passage alors qu'elle manquait de tomber. La demoiselle s'excusa mais il ne dit pas un mot, de toute façon, ça ne servait à rien de s'excuser puisqu'elle n'avait rien fait, des paroles en l'air à son sens. Il afficha une petite moue en signe de réponse, même s'il n'y avait pas vraiment de réponse à donner puis la garda dans ses bras, la laissant balader sa main sur lui, comme si elle voulait retrouver un semblant de leur relation, ce qui n'était pas envisageable pour lui. Il soupira lorsqu'elle lui répéta une nouvelle fois qu'il allait tomber malade, mais il se fichait complètement de ce qu'elle disait, il pouvait bien mourir de froid, il n'en avait, pour ainsi dire, rien à foutre. Il haussa les épaules et continua son chemin jusqu'à ce qu'elle ouvre la porte avec facilité, dévoilant la pluie tombante, le temps ne s'étant pas arrangé. "Bien." Lâcha-t-il en simple réponse. Puis il l'attrapa doucement pour la porter et une fois dans ses bras, il lui lança son regard autoritaire. "Ne tente même pas de te débattre." Son chauffeur était devant la maison et il comptait bien l'emmener jusqu'à la voiture sans qu'elle n'ait à faire un pas, histoire de ne pas aggraver sa situation. Une fois à l'intérieur, il demanda à son chauffeur d'allumer le chauffage et lui indiqua de prendre la route de l'hôpital. "On va soigner cette vilaine blessure." Dit-il en hochant la tête, puis il attrapa une chemise à l'arrière de la voiture -une qu'il avait l'habitude de laisser en cas de pépin- puis il l'enfila rapidement, retrouvant une douce chaleur qui lui procura un bien fou. Son manteau étant resté à l'intérieur de la voiture, il le passa autour de Shantel pour qu'elle puisse se réchauffer à son tour.

Lire dans les yeux de Bjorn était une chose impossible, on ne pouvait pas lire dans ses pensées parce qu'il ne pensait que très rarement, parfois il lui arrivait d'être très expressif, comme avec Tora, mais en général, il cachait parfaitement ce qu'il ressentait. En réalité, on pouvait presque avoir l'impression qu'il n'avait de sentiments pour personne, que lui seul comptait à ses yeux et c'était presque le cas, à quelques exceptions près. Il ne pouvait pas pouvoir prétendre à aimer quelqu'un d'autre que lui, il se trouvait plus fort que tout le monde, plus intéressant, plus riche, et pourtant, Shantel arrivait à le faire tressaillir, perdre pieds et il n'arrivait pas à le contrôler, c'en était presque une souffrance extrême pour lui, mais il parvenait tout de même à faire comme si de rien n'était parce que sa fierté permanente l'empêchait d'avancer correctement, de ressentir quoi que ce soit. C'était même plutôt difficile pour lui d'être comme ça car, même s'il faisait croire au monde entier que ça ne le dérangeait pas, il souffrait de n'arriver à rien ressentir pour quiconque.

Enfin dans la voiture, Bjorn se sentit complètement sauvé de son enfer, il sentait enfin une chaleur, un semblant d'espoir et Shantel lui faisait cet effet. Ça pouvait paraitre bizarre, mais la sentir en sécurité et près de lui le rassurait, lui faisant imaginer qu'elle ne partirait plus, qu'elle ne déconnerait plus alors qu'au final, il savait pertinemment que demain serait un autre jour, que demain, elle reprendrait sa vie, son métier d'actrice et sa drogue. Cette pensée le fit frissonner tandis qu'il jetait un œil dans la direction de la demoiselle qui posa sa tête contre la vitre de la voiture, à l'extrême opposée de sa position. Mais il ne dit rien lorsqu'elle parla, se contentant de hocher la tête même s'il n'allait certainement pas la laisser seule à l'hôpital alors qu'il rentrerait chez lui. Ça n'avait aucun sens à ses yeux, la journée avait commencé avec elle et il la soutiendrait jusqu'au bout.
Ils arrivèrent à l'hôpital bien plus rapidement que Bjorn l'aurait pensé, et avant même qu'elle ne puisse sortir de la voiture, il se précipita afin de le faire lui même, la portant de nouveau, sentant la douce odeur qu'elle portait toujours sur elle, une agréable odeur dont il se souvenait parfaitement tant elle avait embaumé ses draps, mais aussi son esprit. Bjorn l'emmena à l'intérieur de l'établissement, tout en la tenant toujours dans ses bras et en passant la porte, il alla la déposer dans la salle d'attente, s'occupant lui même de toutes les formalités administratives puis l'infirmière arriva vers Shantel pour lui demander de la suivre. "Je l'accompagne." Lâcha-t-il froidement à la jeune femme qui le regarda avec une déconfite. "Vous faites parti de ses proches ? Seul la famille est autorisé à accompagner les patients." Sans même réfléchir, il afficha un petit sourire niais, parfaitement à la hauteur des espérances de l'infirmière. "Je suis son mari." Dit-il en hochant la tête, sachant très bien que le visage de Shantel allait certainement se décomposer d'une minute à l'autre. Mais il était prêt à tout pour ne pas la laisser seule.

Bjorn avait beau être un gros con pour la plupart des gens, il n'en restait pas moins humain. Shantel comptait beaucoup pour lui malgré ses frasques, et il était hors de question qu'il la laisse à l'hôpital, toute seule, alors qu'il pouvait très bien s'occuper d'elle. De toute façon, il ne comptait pas retourner au boulot dans l'état dans lequel il était, alors autant faire profiter de sa présence à la demoiselle, car il savait au fond de lui que ça la réconfortait même si elle le détestait tout autant pour sa façon de parler de faire, il pouvait le lire dans ses yeux lorsqu'il affirma à l'infirmière qu'il était son mari. Shantel ne démentit pas l'information, de toute façon, elle n'avait rien à y gagner car il aurait fait n'importe quoi pour entrer dans le box avec elle, alors autant ne pas compliquer les choses, elles l'étaient déjà suffisamment. Shantel expliqua donc ce qui s'était passé dans la maison abandonné, le plancher qui avait cédé et la pluie qui l'avait conduit là, quant à Bjorn, il ne dit rien, il n'avait rien à ajouter et l'infirmière le regardait déjà suffisamment de travers pour qu'il en rajoute une couche une fois de plus. La femme quitta la pièce après l'avoir examiner, les laissant seuls de nouveau. "Si je n'avais pas dit cela, elle m'aurait laissé à la porte, et je n'avais pas envie de te laisser seule." Rares étaient les fois où il parlait sincèrement, mais cette fois-ci, ça venait du cœur, il tenait à elle bien plus qu'il ne voulait l'admettre mais l'histoire se révélait bien trop compliqué pour qu'il y comprenne quelque chose.

Ils restèrent assez longtemps à l'hôpital afin que Shantel puisse se faire soigner, et enfin, les soins touchèrent à sa fin. Bjorn lâcha un soupir de soulagement lorsque le médecin annonça qu'elle pouvait désormais s'en aller. Au fond, ça n'avait pas duré très longtemps, Bjorn n'était pas du genre à parler longtemps et il n'avait même pas engagé la conversation. Le moment fût court, trop court à son goût et fût assez frustré de savoir qu'il devait désormais la ramener, sans même pouvoir discuter de cette tension entre eux. Une fois dehors, il regarda le ciel, la pluie avait cessé puis il vit que son chauffeur était toujours là. Il amena la demoiselle dans la voiture puis se tourna vers elle. "Qu'est ce que je fais ? Je te ramène ?" Demanda-t-il, espérant qu'elle refuse de rentrer, préférant peut être rester avec lui afin de mettre les choses aux claires. Mais ce n'était pas à lui de décider, Shantel était libre de ses choix et de ses mouvements, même s'il adorait contrôler tout le monde, il n'avait certainement pas envie de l'embêter encore après cette dure journée. "Laisse tomber, je vais te ramener, je pense que tu as besoin de repos." Elle en avait besoin, c'était certain, mais il savait pertinemment que s'il la ramenait maintenant, il n'aurait que très peu de chances de la revoir par hasard, comme aujourd'hui, et même s'il restait de marbre, ça lui fendait le cœur de devoir se séparer d'elle alors qu'il commençait tout juste à vouloir faire un pas vers elle, à lui pardonner.

Bjorn le savait, il y avait une réelle attirance entre Shantel et lui et ça avait l'air de leur faire peur autant à l'un qu'à l'autre, ne sachant jamais comment agir en la présence de l'autre. Bjorn n'avait pas l'habitude de faire le premier pas, il avait suffisamment galéré pour se prendre une fois de plus un vent en pleine tronche alors il ne le faisait jamais. Et puis Shantel, elle ne supportait pas toutes ces manies qu'il avait, il était insupportable pour elle même si elle ne lui disait pas, il arrivait très bien à comprendre ce qu'elle ressentait. Enfin dehors, Bjorn l'invita à monter dans la voiture, désirant désormais la ramener chez elle si elle le désirait. Il savait très bien que ça pouvait être une erreur de la garder près de lui, car il se connaissait, il s'était entiché d'elle et c'était une mauvaise chose pour lui et ses affaires. Faire la part des choses entre sa vie privée et professionnelle était difficile, et le pire dans tout ça, c'était qu'il n'avait plus réellement confiance en elle alors qu'il le voulait plus que jamais. Il était face à un dilemme, même s'il aurait très bien pu la faire venir de force avec lui, il n'avait pas envie d'exercer son pouvoir sur elle, de lui faire du mal une nouvelle fois alors il la laissait décider.

Shantel n'avait pas envie de rester seule, elle n'avait pas envie de le quitter parce qu'elle savait pertinemment que cette rencontre par hasard n'arriverait qu'une seule fois. Bjorn n'aurait jamais pris l'initiative de l'appeler pour lui dire de venir lui rendre visite et vice versa, il la connaissait Shantel, elle était bien trop distante, bien plus qu'elle ne voulait le faire croire. "Alors dis moi ce que je dois faire ?" Demanda-t-il en inspirant profondément, essayant de rester zen face à elle même si c'était une des choses des plus difficiles à faire à ce moment précis. Le contact de sa main contre la sienne le fait frissonner, il essayait de rester de marbre mais son cœur bat de plus en plus vite, ça tambourine dans sa poitrine, il n'arrive pas à se défaire d'elle, les souvenirs d'une presque idylle remontent à la surface et c'est difficile d'affronter son regard si triste. "Ça m'a paru normal." Réplique-t-il, même s'il a envie de lui crier qu'il l'a fait parce qu'il tient à elle, qu'il a envie de la savoir en sécurité, qu'il peut la protéger... Et de nouveau, elle fait un pas en avant, et il a l'impression d'en faire deux en arrière parce qu'il ne sait pas quoi lui dire, quoi lui répondre parce que ça lui ferait du mal de se séparer d'elle, mais en même temps, il sait que c'est la meilleure solution. "D'accord, allons chez toi, je resterais." Froid, mais conciliant, il ne peut pas refuser une telle offre parce que ça risque d'être sa dernière tentative pour revenir vers lui et il ne veut pas la perdre, il ne veut pas tout gâcher. Le chauffeur démarre tandis que Bjorn lui a indiqué l'adresse, il conduit et Bjorn a l'impression que le temps passe à une vitesse incroyable.

Shantel ne veut pas se séparer de lui, il l'a bien compris, et elle lui prend la main pour le lui faire comprendre à mesure qu'ils avancent vers l'appartement de la demoiselle. Elle tient à lui, même si elle enchaine les conneries, parce que Shantel, elle est comme ça, et Bjorn ne comprend pas toujours ses réactions. Il est tellement différent d'elle, tellement distant avec elle alors qu'elle essaie de faire des efforts avec lui, mais à chaque fois qu'elle fait un pas, il recule de deux, parce qu'au fond, il sait qu'il ne peut aimer personne puisqu'il ne s'aime pas réellement. Bien sur, il se trouve assez parfait physiquement, mais dans sa tête, tout est confus, c'est toujours compliqué pour lui de mettre les choses au clair, il n'y parvient pas, et il ne fait rien pour. Shantel lui tient la main jusqu'à son entrée dans sa demeure. C'est sur que ça n'a rien à voir avec son appartement à lui, mais ça reste son coin à elle, et il n'a certainement pas envie de critiquer ou de faire des réflexions à ce moment précis. Non, il a accepté de venir et il ne fera pas marche arrière, il agit comme un homme, même si la journée a été longue et assez éprouvante. Elle annonce qu'elle va se changer, lui disant de faire comme chez lui. Il la regarde s'éloigner, puis se concentre sur le décor dans lequel il se trouve, ça lui ressemble à Shantel, c'est à son image, beaucoup plus chaleureux que chez lui, il pourrait même s'y sentir bien, ce qui l'étonne.

Elle revient donc vers lui, tandis qu'il a pris place sur le canapé et enlevé son manteau, parce qu'il a un peu plus chaud que tout à l'heure. Ses vêtements sont encore humides, mais pas assez pour dégrader son canapé, il ne se permettrait pas de le faire. Il rit lorsqu'il l'entend dire qu'elle fait peur à voir, parce que même dans toutes les situations possibles, Shantel sait être jolie, c'est peut être naturel chez elle et il aime savoir qu'elle n'a pas cherché à l'impressionner. Il fait un petit sourire, soupirant en entendant sa réplique. "N'importe quoi." Elle a tendance à se rabaisser Shantel, mais Bjorn n'apprécie pas ce comportement, parce qu'elle n'a pas besoin d'être parfaite pour lui plaire. "Un café, ça ira." Elle prépare son café, puis elle se fait une tisane, ce dont elle a besoin pour se reposer très certainement, quand soudainement, la sonnerie de son portable retentit. Il décroche, ça n'annonce rien de bon, il le sait, il sait qu'il va devoir partir, et que c'est assez urgent. L'appel prend fin alors qu'il boit une gorgée de son café, s'étant redressé sur le canapé. "Je vais devoir y aller, j'ai un client important qui vient d'arriver et il doit repartir demain." Il n'a pas le choix, même s'il n'a pas du tout envie de la laisser ici, toute seule, et blessée. "Je ne t'abandonne pas Shantel, je t'en fais la promesse." Il boit rapidement son café, se levant. "Je t'appelle demain, on va se revoir."