[fondateur]

stranger in a strange land
one two three. one two three. breathe.

Son souffle se coupe alors qu’il défile à travers les rues. Cette femme. Elle l’obsède. Il ressent cette envie de s’approcher d’elle, laisser ses doigts glisser autour de son cou et de s’approprier ce souffle, ce regard de panique. Ça le rend fou. Il n’est pas capable d’oublier cet incident et Jack tente d’écrire pour refouler les pulsions qui l’animent, qui le possède de part en part. Ça se glisse dans son esprit pour le rendre fou, pour lui faire perdre le contrôle.
Jack ment. Il ment à sa femme. Il se ment à lui-même en tentant de se convaincre que ça finira par passer. Il ment à ses enfants.
Elle l’obsède. Se glisse dans chaque parcelle de son être pour lui faire perdre pied, pour s’immiscer dans son esprit comme un poison afin de le faire flancher à nouveau. Elle se glisse dans ses songes, dans son esprit pour l’inciter à tomber encore plus bas. Pour le pousser vers ce mal qui le ronge et qui devient plus oppressant avec le temps.

Il ferme les yeux. Le vent fouette son visage alors qu’il contourne quelques rues pour s’arrêter dans un parc. Le silence est maître. La nuit se fait douce, mais les légers flocons de neige volent dans le ciel. Il soupire. Son souffle se coupe parce qu’il a couru pendant un moment pour tenter d’évacuer la tension, pour tenter de repousser les pulsions. Ça le rend dingue. Les envies qui le possèdent, la rage qui le prend alors qu’il tombe sur cette femme. Ce poison. II n’a pas envie de flancher, parce que ce qu’il éprouve pour elle n’est qu’une fascination passagère qui aura tôt fait de se dissiper. Elle n’est pas comme sa femme. Celle qui panse ses maux. Celle qui fait qu’il se sent bien. C’est purement égoïste de sa part. Parce qu’elle le fait se sentir mieux et qu’il a l’impression qu’il est normal quand il se trouve près d’elle. Parce qu’elle calme ses pulsions malsaines.
Cette femme. Elle est l’inspiration de son nouveau roman. Elle est cette envie folle de perdre ses mains contre sa gorge tendre.
Jack se pose sur un banc pour sortir un carnet qu’il traîne lorsqu’il court, lorsqu’il se perd dans ses observations. Ce carnet qu’il garde caché dans un tiroir à double fond pour ne pas qui qui que ce soit tombe sur ce qui lui passe en tête. Des dessins. Des mots. Des bribes d’idées qu’il couche sur papier. Il rabat le capuchon qui trône sur sa tête. Vêtu de noir, il se perd dans la masse sombre du parc, mais qu’importe. Il ne peut pas se faire voir quand il flâne autour de sa maison, qu’il observe ses gestes, ses habitudes et ce qu’elle fait. Cet homme dans sa vie. Le nombre de fois qu’elle se retrouve seule, les chemins qu’elle emprunte.
Il ne pousse pas son jeu plus loin malgré l’envie cuisante de se glisser dans sa demeure pour respirer son odeur, pour s’approprie sa vie. Il ne le fait pas. Il ne peut pas. C’est un pas de plus et il sait qu’il finira par déraper. L’écriture ne suffit plus. L’écriture n’est plus assez et Jack n’a pas la moindre idée de ce qu’il doit faire pour calmer son mal.
Il dessine. Il dessine ses formes. Ses traits. Ça le rend dingue.

Des pas se font entendre. Il n’est pas seul dans cet endroit. En même temps, c’est un parc. C’est public. La rage brille dans le fond de ses pupilles. Les images d’elle se dessinent encore dans le fond de son esprit. Incapable de la repousser, il sent l’appel le pousser jour après jour. Il ressent cette envie de s’y rendre, de s’approcher un peu plus et palper les limites de l’interdit. Il lève les yeux, tentant de chercher du regard la source de bruit. Une femme. La silhouette lui semble féminine. Son cahier se ferme et il le repasse dans le fond de son sac. Ça aurait surement été mieux de ne croiser personne, dans ce genre de moment, son esprit divague. Il se perd.

[fondateur]

stranger in a strange land
one two three. one two three. breathe.

Ses phalanges s’attardent à serrer les feuilles, parce que ce ne serait pas saint qu’elle puisse poser ses yeux sur ce qu’il fait. Cette silhouette. Elle apparait devant ses yeux, elle se dessine sous les rayons lunaires, elle se sculpte et elle se tend. Il voit qu’elle s’arrête et lui, laisse ses yeux sombres dessiner lentement les contours de cette silhouette. Son esprit divague dans cette folie qu’il peine à contrôler. Ce n’est pas pour elle, cette silhouette, mais pour celle dont il est incapable de se défaire, de retirer de ses pensées. Si ce n’était qu’une question d’attirance, qu’une envie de s’envoyer en l’air, c’est plus profond, plus sombre, plus viscéral.
Le calepin trouve rapidement le chemin de son sac à dos. Il tente de faire le ménage dans son esprit, mais ses pulsions malsaines deviennent accablantes au point où il a du mal à les canaliser. Calmer ses sens, son esprit. Il ne peut pas franchir cette ligne, celle qui le mènera directement à sa perte, au fond du gouffre pour qu’il se laisse happer un peu plus par la folie qu’il se connait trop bien. Il a envie de la repousser, mais elle revient le frapper de plein fouet, comme un drogué en manque de sa dose.

Il respire. Il se calme. Il abaisse le capuchon qui trône encore sur sa tête. Il ressemble à l’ombre de la mort, celle qui plane. Il voit cette femme se crisper. Il connait les signes, il analyse depuis toujours. C’est peut-être lui la cause de cette réaction. Il n’en sait rien. Peut-être connait-il cette femme, cette personne devant lui. Jackson se lève du banc pour se diriger vers la jeune femme après avoir replacé son sac à dos contre ses épaules, hors de question de le laisser en plan. Les pensées se percutent dans son esprit, mais avec le temps, il a appris à faire semblant, à fermer ses yeux et le fond de son regard. Il ne se doute pas que cette femme ressent, elle voit au-delà ce qu’il laisse percevoir. Ses phalanges se posent sur son épaule, ses doigts serrent doucement le tissu de son manteau pour qu’elle se retourne. Il a envie de savoir s’il la connait. Il a envie de voir les traits de son visage. Une curiosité mal placée. Jackson n’a qu’une obsession à la fois. Treassa. Elle. Elle ne risque rien. Une fois la femme tournée vers lui, il lâche prise sur son épaule. « Vous allez bien?» Manière de s’approcher pour poser un visage sur ce corps. Si elle ressent ce qu’il est vraiment, elle ne doit voir que le chaos, elle ne doit voir que le mal, que les maux, que l’obsession qui le possède depuis toujours. Il canalise depuis trop longtemps que ca finira par lui éclater au visage. Il connait trop bien les travers de l’âme des autres, le cerveau, mais le sien est trop complexe pour poser des mots. Il n’y a rien qui fonctionne correctement en lui. Ce n’est que des restants du passé, qu’un fantôme.

[fondateur]

stranger in a strange land
one two three. one two three. breathe.

Lorsqu’il pose son regard sur elle, il se rend compte qu’il ne connait pas la douceur de ses traits. Elle n’est qu’une femme qui semble perdue, perplexe. Dans son esprit, il n’y a pas de place pour plusieurs femmes et elle son être est déjà sous l’emprise de deux. Sa femme. Sa douce. Sa tendre. Et celle qui l’obsède, de la mauvaise façon. Celle qui se glisse dans son esprit et qui y traîne encore, parce qu’il passe trop de temps à la suivre, à l’observer. « Tout va bien… j’ai seulement une de ces migraines, c’est plutôt insupportable, mais ça va. » Ses phalanges se retirent de contre elle, il lui laisse le champ libre alors qu’il tente de calmer ses propres pulsions, celle qui le ronge de part en part. Jack glisse ses mains dans le fond de ses poches en ne quittant pas la demoiselle des yeux. « Je pense que vous devriez vous asseoir.» Rien de plus. Il n’est pas docteur Jack, mais psychologue. Elle qui semblait se porter bien en arrivant dans le parc, c’est autre chose qui se passe en ce moment. Il n’a pas la moindre idée qu’il est la cause de son malaise. Elle n’a pas la moindre idée qu’elle tombe dans un mauvais moment, mais il ne risque pas de lui faire du mal, il ne risque pas de la briser. Ses pensées se percutent, se heurtent.

Son regard acier cherche le sien et de geste insistant de la tête, il entraîne la jeune femme vers le banc où il était posé un moment plus tôt. Il a besoin de penser à autre chose et cette demoiselle semble parfaite pour changer les idées de Jack, pour l’aider à ne plus penser à elle. Une fois la jeune femme posée sur le banc, il laisse son regard observer les alentours avant de se reposer sur elle. Jack sait faire semblant, il sait orner son visage d’un sourire faux, il sait se comporter correctement. Il connait les gens, les esprits et il ne manque pas de jouer avec cette partie de son être pour ne pas attirer les soupçons sur lui. « Vous êtes seule?» Question simple. Il n’a pas la moindre idée de qui se trouve devant lui. C’est une approche simple. Il ne sait pas non plus quoi faire pour l’aider pour le moment. Jack se penche pour attraper son sac à dos qu’il pose sur ses épaules. Hors de question de s’en débarrasser. C’est trop risqué. Il y a trop de choses à l’intérieur qui risque de le compromettre.

[fondateur]

stranger in a strange land
one two three. one two three. breathe.

Il n’a pas envie de parler, mais c’est simplement par convenance qu’il s’approche d’elle. Son esprit ne cesse de divaguer, mais il reprend lentement le contrôle de ses pensées. Il ne se doute pas qu’il est la cause du malaise qu’elle ressent depuis son arrivée dans le parc. Jack, il sait faire semblant. Il le fait depuis des années avec sa femme, avec la vie en entier. Sa vie est un mensonge qu’il tente de manipuler, qu’il tente de contenir depuis trop longtemps. Il a peur qu’elle finisse par lui filer entre les doigts.

Il laisse la jeune femme se poser sur le banc, observant les réactions qu’elle peut avoir. Il connait trop bien l’être humain pour ignorer le malaise qui se peint sur le visage de la brune. Son sac à dos, jack le pose rapidement sur ses épaules parce qu’il n’a pas envie qu’il tombe entre de mauvaises mains, ça risque de le mettre dans une situation complexe. Ses prunelles l’observent un moment alors qu’elle tente de se calmer, il peut le voir. Elle n’est pas dans le bon moment pour qu’il soit tendre, pour qu’il puisse se concentrer correctement sans laisser les images d’elle divaguer dans le fond de son crâne. Il l’observe. Il attend. Va savoir ce qu’il fait, mais elle ne risque rien. Jack n’a pas envie de tuer chaque femme qui passe devant ses yeux. C’est simplement ancré en lui, quand une femme le possède de part en part, il a du mal à s’en débarrasser. « Oui, je suis seule… j’avais besoin de prendre un peu d’air, ça m’aide quand j’ai une migraine. » D’une certaine façon, ca le rassure. Il a tendance à devenir paranoïaque dans ce genre de moment, comme si quelqu’un pouvait le suivre ou le suspecter. C’est ironique. « Les migraines peuvent être parfois violentes au point de vous rendre incapable de fonctionner. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de se balader seule dans ce genre de situation.» Il ne lui fait pas la morale, mais laisse simplement ses pensées parler pour lui. Ce n’est pas la première migraine qu’il voit dans sa vie et il faut dire qu’il sait comment ca fonctionne. « Et vous, vous aviez aussi besoin de prendre l’air ? » Il laisse un sourire prendre place sur ses lèvres et ne quitte pas sa place. Debout, devant la jeune femme. « Je viens de terminer mon jogging. J’aime beaucoup sortir le soir.» Mensonge, mais il est réellement habillé avec des vêtements d’entraînement. Sa sortie est surtout pour voir cette brune, mais il fait un peu de course par la même occasion, il ne peut se permettre de ne pas être en forme. « Vous voulez que j’appelle quelqu’un?» Il ne sait pas. Il ne sait pas qu’au fond elle ressent ce qu’il est vraiment. Ce démon qu’il ne contrôle pas et qui ne cesse de prendre de l’expansion.

[fondateur]

stranger in a strange land
one two three. one two three. breathe.

Il laisse ses iris sombres détailler les traits de son visage un instant. Elle panique et autre que de lui dire de se calmer, de lui demander si elle a besoin d’aide, Jack il ne peut y faire grand-chose. Il reste là, parce qu’au fond, il n’a pas envie de rentrer chez lui, il n’est pas dans un état pout se confronter à sa femme. Sa femme. Elle mérite surement mieux que lui, celle qui la rassure, qui le rend un homme bien quand il se trouve près d’elle. « Ce n’était sûrement pas l’idée de siècle, mais je ne pouvais pas rester dans mon lit, une minute de plus. » Il se contente de sourire, ce sourire qu’il a l’habitude de faire jour après jour quand il part à la rencontre de patient. Jackson, il est bon pour faire semblant, pour contrôler les pulsions qui le rongent depuis des années. Il sait mentir. Il sait jouer, mais c’est en train de le rendre fou, il ne sait plus comment dissiper ce foutu mal qui ne cesse de prendre possession de son être en entier. « Non, ça va. Ça devrait se calmer bientôt. » Il laisse ses phalanges se poser dans le fond de ses poches, parce que le froid lui mord les doigts, parce que la folie happe son esprit. Il ne se doute pas, qu’elle peut sentir ce qui le ronge, voir le mal qui possède son être en entier. Jack, il crève d’être un homme comme les autres, mais ses pulsions ne cessent de revenir de plus en plus fortes. Ca le détruit un peu plus chaque fois qu’il tente de les repousser, de les enfouir au plus profond de son être.
Jack, il finit par bouger de sa place et se poser à côté d’elle sur le banc. Il n’est pas en état de rentrer et de se heurter à sa femme, surtout que ses pensées ne cessent de se diriger vers elle. Il passe une main sur son visage pour qu’elle atterrisse dans ses cheveux et il tourne la tête vers elle. Jack, il n’est pas doué pour rassurer, quand il ne revêt pas son habit de psychologue. Ses pensées sont volatiles ce soir et sa concentration n’est pas à son meilleur. « Je peux vous accompagner, dans le pire des cas.» Il se sent l’âme charitable. Jack, il est simplement changeant, incapable de rester stable, mais il sait se contrôler. Pour le moment. Il sait se tenir loin de cette foutue ligne, parce qu’il sait que s’il cède à ses pulsions, ça risque de le mener vers sa perte. Il n’a pas envie. Il n’a pas envie pour ses enfants, pour sa femme. Mais ça devient complexe. Jack, il pousse un soupir, il tente de se calmer, mais ce n’est pas la meilleure pour avoir une conversation. Pas là. Pas maintenant. « Quel est votre nom?» Question simple, mais ça lui semble légitime et il n’aime pas le silence qui prend place entre eux. Il n’aime pas les sensations qui le possèdent et avoir quelqu’un près de lui l’aide à ne pas trop y penser.