Code by Silver Lungs

You’re too mean, I don’t like you, fuck you anyway.

Les muscles engourdis et la tête explosée, Stone ne tarde pas à retrouver son domicile. Il est revenu directement après le boulot, dans le but d’avaler un cachet pour ses maux de tête et de récupérer ses heures de sommeil en moins en se tapant un petit somme. Allongé sur le canapé, il se détend et retrouve un semblant d’énergie pour la nuit de folie qui l’attend. Il a su faire bonne impression face à des jeunes du quartier, qui l’ont désormais nommé comme leur dealer attitré. Il a quelques plantes à distribuer, des gens accros à satisfaire. Sacha ignore tout de ses sorties nocturnes, de ses escapades à travers la ville, mais encore plus son obsession pour les substances illicites. Stone prétendra qu’il se rend à une soirée si vraiment il le surprend quitter leur habitation, ce qui ne serait pas totalement faux ; parfois il a l’impression de faire le mur et cette idée le fait étrangement rire.

Une voix retentit à travers l’appartement, il l’entend à peine mais suffisamment pour le placer dans un état comateux. « Mhhh, il grogne faiblement en guise de réponse, incapable de glisser quelques mots dans cette conversation dont une partie de lui n’est même pas conscient. » Il s’endort paisiblement jusqu’à ce qu’une dure mélodie lui abrutisse les tympans. Agacé, il grommelle à nouveau et est bien parti pour se révéler bougon durant ce qui lui paraîtra être un long moment d’ennui mortel. « Fais pas chier, je suis en train de dormir putain, il lance froidement avant d’écouter attentivement son monologue rébarbatif. Tu me casses tellement les couilles que je suis incapable de bander, figure-toi. » Il ouvre finalement un œil, le toise avec un air glacial qui tente de faire disparaître cet élan de rébellion et cette rage qui semble l’animer. « Pas grave, je trouverais satisfaction entre les cuisses d’un autre individu, il lâche sans se laisser emporter par la frustration qui risque de s’installer si seulement il mettait réellement en application cette punition. » Après un second regard froid, il ferme à nouveau les yeux, pas prêt à entreprendre des efforts. Il n’écoute que lui-même, son corps et ses besoins, alors il est bien décidé à se reposer tranquillement sur ce vieux canapé – à ses risques et périls, à ce Sacha. « J’ai escaladé à 200 mètres de hauteur, ça demande un moment de répit, il souffle en guise de défense pour se plaider non-coupable de la faute commise. Alors va faire tes putain de corvées si ça te chante, moi je dors, il tranche en ayant nullement l’intention de se lever. » Dans sa tête, le ménage ça peut attendre. S’il était moins manique, ils auraient affaire à moins de problèmes dans leur… couple. Encore faut-il qu’il en soit un aux yeux de Stone, ce qui n’est pas vraiment le cas – il clame haut et fort être célibataire. « A moins que tu veuilles m’astiquer moi aussi ? il sourit de toutes ses dents, les yeux toujours fermés. » S’il se prenait une gifle, ce ne serait pas étonnant. Le pire dans tout ça, c’est qu’il opterait pour le rire avant de laisser gagner par sa colère légendaire.

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You’re too mean, I don’t like you, fuck you anyway.

Stone ne parvient plus à supporter ses caprices et ses requêtes de plus en plus diverses et variées. Il n'est pas forcément un fainéant, mais il est incapable d'effectuer les tâches ménagères aussi régulièrement que lui. Il ne peut pas non plus passer au-dessus de ses cris et de cette agitation dont il fait preuve chaque fois qu'il tente désespérément de se reposer. Il ne souhaite pas prendre un temps pour la réflexion, encore moins l'écouter attentivement se plaindre et se laisser blâmer pour telle activité non réalisée. « J'étais en train de dormir jusqu'à ce qu'un emmerdeur vienne perturber mon sommeil. Cet élément fait toute la différence. Techniquement, je suis encore censé dormir, alors c'est logique que je fasse tout comme. » Il grince des dents, pousse un long soupir d'agacement et referme vainement les yeux. Il lui demande simplement du repos, seulement sa revendication passe une nouvelle fois à la trappe. Stone a la sensation de ne pas être respecté vis-à-vis de ses besoins et désirs, alors il ne compte pas entreprendre des efforts à côté. Il refuse que l'on déverse sa rage sur lui sous prétexte qu'il aimerait dormir. Il est persuadé qu'il surmonte également de dures journées, mais lui aussi a le droit d'en vivre.

La question de l'infidélité fait forcément surface. La monotonie ne les quitte plus, si bien que les sujets fâcheux interviennent à tous les coups dans leurs règlements de compte fréquents. C'est loin d'être de la taquinerie, Stone n'a jamais été à ce stade-là. C'est uniquement de la méchanceté gratuite et provocatrice, celle qui le définit à merveille. Il l'emploie chaque fois qu'une occasion se présente et n'a pas l'intention de s'en dépêtrer pour le moment. Encore moins lorsqu'il est question de Sacha, puisque c'est son seul moyen pour rendre sa faiblesse moins conséquente. « Ce serait mentir d'affirmer que tes fesses sont flasques et peu attirantes, pourtant l'envie de goûter à une autre peau n'est pas à exclure. » Il scrute son regard dans le sien pour témoigner toute la sincérité de ses propos. Il a beau le trouver très séduisant, même probablement le plus bel homme qu'il n'ait encore jamais vu, il ne peut s'empêcher d'aller voir ailleurs. Il se satisfait pleinement avec son Sacha, il est certainement le seul à détenir le pouvoir de le contenter, tant sexuellement que intellectuellement parlant. Seulement ce désir de liberté persiste encore, cette peur de l'homosexualité le ronge à petit feu et il se refuse de l'évoquer ne serait-ce qu'un peu. « Tous les hommes font preuve d'infidélité, Sacha, ça ne devrait pas être si étonnant. » Il a baisé avec d'autres, c'était assez prévisible. Il n'a pas menti sur la marchandise, ne s'est jamais présenté comme le prince charmant très loyal. Il peut comprendre que ce nouveau mode de vie déplaise à Sacha, mais il a encore besoin de temps pour le modifier – sauf qu'il l'ignore encore.

Ce qu'il exècre le plus au monde, ce sont les supplications de son amant. Premièrement parce qu'il déteste les lamentations, ensuite car il a la sensation d'échouer. Il ne le rend absolument pas heureux, toutefois il n'est pas encore prêt à le combler ; ainsi il se retrouve tiraillé entre deux extrêmes. Lorsqu'il se plaint, Stone se rappelle combien le choix est complexe et à quel point il foire non seulement sa vie, mais aussi la leur. « Je ne t'ai rien demandé. C'est toi qui te complais dans ce rôle de femme de ménage, il ne me semble pas t'avoir obligé à le devenir. » Il considère que Sacha est maniaque et que lui est autoritaire et exigeant, mais pas à ce point. Il estime que la faute n'est pas à remettre sur lui, car il ne l'a pas désigné comme la fée du logis attitrée. Après tout, il peut commettre des erreurs de jugement. « Si tu tiens à ta vie, abandonne les menaces. » Il tient à cette dominance qui le qualifie, il ne lui permettra jamais de lui manquer de respect ou de prendre trop de puissance par rapport à lui. « Je ne peux rien te promettre. J'ai quelques personnes à voir ce soir, mais je ne pourrais pas te dire combien de temps ça va me prendre. A toi de voir si tu veux m'attendre sagement dans notre lit. » Notre lit. C'est déjà un bon début, pas vrai ? Malgré lui, il reconnaît l'existence d'un nous, même s'il s'avise à éloigner cette idée de son crâne.