Plusieurs jours avaient passés depuis que ta relation avec April avait pris un nouveau tournant, une nouvelle perspective, une perspective que tu avais envie de découvrir, de tout cœur mais tu te refusais d’aller trop vite… Tu avais besoin de prendre le temps parce que tu avais bien trop peur, peur de perdre la si belle amitié que tu partageais avec April si tu allais trop vite, si vous alliez trop vite… Rien que l’idée que tu puisses un jour ne plus partager cette belle complicité avec la brune te rendait folle, elle était devenue indispensable à ta vie, en si peu de temps… Et puis, tu avais d’abord envie de rattraper tout ce mois passé loin d’elle, ce mois qui avait été horrible pour toi, ce mois qui avait failli te rendre complètement folle… Vous partagiez beaucoup de gestes de tendresse, des baisers, des regards… Les regards d’April te rendaient toujours aussi folle, tu te noyais toujours autant dans ses beaux yeux bleus… Mais plus le temps passait, plus les minutes passaient, plus tu avais envie d’en découvrir plus… Et ce désir te consumait de l’intérieur, te faisait découvrir des sensations à l’intérieur de toi-même qui t’effrayaient… Mais tu avais également peur, peur de faire le premier pas, peur peut-être d’aller trop loin parce que ces années de prostitution étaient toujours marquées au fer rouge en toi, parce qu’à force d’être traitée par tous les noms, on finit par y croire, parce que malgré tous les efforts du monde, ces images ne cessaient de refluer en toi… Tu n’étais rentrée que très tard, vers dix-sept heures aujourd’hui, pourtant, tu avais terminé ta journée de travail depuis le début de l’après-midi… Tu avais ensuite erré pendant plusieurs heures dans les rues, ne cherchant même pas à savoir où tes pas te mèneraient… Tu avais besoin d’air frais… Tu avais mal, mal à la tête, mal au ventre, parce que tu avais perdu un patient… Ce n’était pas la première fois que tu étais confrontée à la mort dans ton travail mais ce matin-là, tout avait été différent…

De garde aux urgences pédiatriques, tu avais vu ce petit garçon arriver, entre les bras de sa mère, rempli de sang. Il faisait une hémorragie… Il avait joué avec un couteau de cuisine, sa mère ne s’était rendue compte de rien… Avant qu’il ne soit trop tard. Tu savais que le trajet avait dû aggraver son état. Tu savais que dans ces cas-là, il valait mieux appeler une ambulance… Tu savais que la plaie n’était vraiment pas belle… Mais les réflexes de l’urgence que tu avais en toi avaient vite pris le dessus... Tu avais pris cet enfant, tu l’avais allongé dans un box et tu avais tenté de faire une compression, pour stopper l’hémorragie mais cette dernière ne se stoppait pas… Le sang continuait à couler, encore et encore… Son pouls se perdait… Vous étiez en train de le perdre… Il avait fallu appeler le service de cardiologie et c’était Quinn qui était arrivée… Tu l’évitais depuis le jour où April avait rompu avec elle… Pourtant, même Quinn était venue te voir pour te dire que tu n’avais pas à te sentir coupable, qu’elle savait, depuis le début… En la voyant débouler ce matin-là, tu t’étais soudainement mise à penser à April… Et tu n’avais plus été capable de rien… Tu étais paralysée… Tu avais besoin de la sentir auprès de toi… Tout s’était enchaîné ensuite pour le petit garçon mais l’agitation te semblait loin, très loin… Tu appuyais juste sur la plaie encore et encore mais ton esprit n’était plus là, ton esprit était vers April… Tu n’entendis pas le docteur Evans dire que c’était terminé, tu avais continué à appuyer, encore, les yeux dans le vide… Il avait fallu que cette dernière vienne prendre tes mains entre les siennes pour t’éloigner du corps sans vie du garçon pour que tu reviennes à la réalité… « Ruby, c’est fini… Allez, sors d’ici, je me charge du reste… Je me charge d’annoncer ça aux parents… Va boire quelque chose… » Tu étais partie… Tu savais que tu n’avais rien à te reprocher, tu avais fait ce qu’il fallait de toute façon, depuis le début, le pronostic de ce garçon avait été engagé. Mais tu ne pouvais t’empêcher de penser qu’April occupait bien trop tes pensées… Comment avais-tu pu laisser échapper ton esprit dans une situation si critique ? Le reste de ta matinée t’avait semblé être un enchaînement d‘automatismes et tu détestais cette sensation… Tu devais voir April, lui dire, lui dire que tu croyais que tout cela ne te suffisait plus… Tu rêvais de partager avec elle  bien plus même si cette idée était effrayante pour toi, même si tout ce que tu ressentais depuis plusieurs jours te paraissait effrayant… Même si tu étais totalement paumée…

Tu ne cessais de revoir encore et encore tes mains gantées emplies du sang du petit garçon… Et ça te donnait des nausées… Tu revivais encore et encore cette scène, cette scène où tu étais brusquement revenue à la réalité. Tu n’avais même pas eu le courage de préparer un bon petit plat pour April, tu t’étais contentée de chauffer un plat tout prêt… Après quoi tu étais allée te changer, après avoir pris une bonne douche cependant, l’odeur du sang ne voulait quitter tes narines. Tu avais mal à la tête… Tu n’avais pas pris le temps de te remaquiller, tu t’étais simplement un peu remaquillée et tu avais enfilé la robe bleue que tu portais le jour où tu étais allée voir April au poste, le jour où elle t’avait proposé, ou plutôt imposé de venir vivre chez elle… Tu étais ensuite aller attendre tranquillement April dans la cuisine… Son baiser fougueux t’avait surprise et t’avait donné mal à la tête, ton rythme cardiaque s’était accéléré comme presque à chaque fois que tu te retrouvais en sa présence mais cette fois ci, c’était dix fois pire, une drôle de sensation t’avait pris le ventre… Ton souffle te manquait mais tu n’étais pas sûre d’avoir envie que ce moment s’arrête… Tu avais rendu ses baisers à April, tu l’avais suivie dans sa fougue… Et tu avais aimé sentir sa main sur ta peau, même à travers le tissu de ta robe… Mais ta tête n’y était pas… Tu avais donc fini par t’éloigner, à regret, des larmes te montant presque aux yeux… Tu n’avais pas envie de faire ça à April… Tu l’avais embrassée encore une fois, avec douceur avant de dire : « J’ai perdu un petit garçon aujourd’hui… Je n’arrive pas à m’enlever l’odeur du sang du nez, April… J’ai besoin de me reposer, je suis désolée… » Tu avais commencé à prendre la direction de ta chambre… Tu te détestais pour ce que tu étais en train de faire. Tu étais certaine qu’April allait te détester dorénavant… Mais alors que tu entrais dans ta chambre, un manque t’avait sauté à la figure : tu voulais April, auprès de toi… Tu ne pouvais pas faire une gourde comme celle-ci… Non. Tu étais alors revenue dans la cuisine sans même qu’April ne t’entende… Tu ne voulais pas qu’elle parte, tu ne voulais pas qu’elle aille dans un bar pour trouver une conquête, tout ça, à cause de toi, à cause de ta bêtise. Tu l’avais attrapée par la taille avant de la retourner, plongeant tes yeux dans les siens, voulant lui montrer, lui prouver que tu croyais être prête… Tu t’étais ensuite mise à l’embrasser, avec douceur puis plus passionnément… Tu eus l’impression que ton cœur allait éclater dans ta poitrine…  : « Restes auprès de moi ce soir April, s’il te plaît… » Tu la pris ensuite dans tes bras et la serrait très forte, veillant tout de même à ne pas l’étouffer… Tu l’embrassais de nouveau avant de venir passer tes mains sur ses épaules afin de lui enlever sa veste qu’elle portait toujours, avec un sourire aux lèvres.

Tu n’avais jamais pensé mériter ça. Tu ne pensais plus mériter ça… Mais tout était différent avec April… Sans doute parce qu’au fond, elle en connaissait bien plus sur toi que tous tes autres amis… Sans doute parce qu’elle t’avait vue pendant ces années d’enfer que tu avais vécu, sans doute parce que tu n’avais jamais vu dans son regard une seule once de pitié. Sans doute parce que grâce à elle, tu te retrouvais… A chaque fois qu’elle posait son regard sur toi, tu te sentais fondre et plus le temps passait plus cette sensation décuplait… Tu avais toujours été protectrice avec tes amis… Tu aurais pu imaginer une histoire d’amour avec certains d’entre eux mais tu ne voulais pas construire une histoire sur du mensonge et tu avais bien trop honte pour dire la vérité, la vérité sur la prostitution, la drogue et l’alcool… Tu savais que cela les ferait fuir, changer leur regard sur toi… Tu ne voulais pas vivre ça, tu ne voulais pas te sentir encore plus sale alors tu préférais construire des barrières, des barrières infranchissables autour de ton cœur… Et quand quelqu’un s’approchait trop de toi, tu étais capable de devenir « méchante », même à contrecœur… Tu ne voulais pas faire de mal à quiconque… Tu ne voulais pas faire de mal à April mais tu ne voulais pas non plus laisser passer ta chance… Tu ressentais quelque chose de fort pour April, plus fort qu’une simple amitié. Tu avais peur à chaque fois qu’elle partait au travail, tu l’avais vue revenir blessée tellement de fois, elle avait même failli y laisser la vie il n’y a pas si longtemps que ça… Mais tu avais maintenant une certitude ; tu ne pouvais imaginer ta vie sans elle et au fond ça te faisait peur, à toi, qui avais pris l’habitude de vivre dans la solitude… A toi qui détestais te sentir trop attachée à quelqu’un… Mais April ne te faisait pas de mal, au contraire. Jamais depuis bien longtemps tu n’avais ressenti un tel bonheur… Entre toi et April, tout était naturel… Votre amitié s’était construite d’une manière innée ; vous aviez ensuite mis du temps à vous trouver mais au final, tout cela te paraissait être une évidence… Sauf que tu n’étais pas sûre d’être prête… Et tu ne voulais pas non plus qu’April s’impatiente…

Ce jour-là, tu avais passé ta matinée à l’hôpital… Mais pas dans le cadre de ton travail… Dans le cadre du bénévolat. Tu étais engagée dans beaucoup d’associations, tu aimais donner de ton temps… Tu refusais d’avoir l’impression de ne pas être utile… Tu avais besoin de te sentir utile pour t’épanouir, encore plus depuis ton « retour » de la prostitution et toutes les saletés qui l’entouraient… Tu étais consciente d’avoir eu de la chance… Tu savais que sans ton ange-gardien, jamais tu n’en serais sortie, tu savais aussi que tu aurais pu attraper tout un tas de maladies sexuellement transmissibles… Ce fut une de tes plus grandes craintes une fois revenue à la raison… Par chance, toutes les analyses sanguines étaient revenues négatives… Un grand soulagement pour toi. Tu t’étais ensuite très rapidement engagée dans l’associatif… Tu avais tout d’abord repris ton engagement dans des associations destinées aux enfants malades mais tu t’étais également engagée dans des associations à destination des jeunes et moins jeunes, qui traversent une épreuve et qui pourraient tomber dans un piège, tout comme toi… Si tu pouvais leur éviter de faire les mêmes erreurs que toi… Tu avais alors commencé à témoigner, par écrit, en tout anonymat… Tu avais bien trop peur de tomber sur tes clients, qu’ils puissent te reconnaitre et que ton mac te retrouve… En réalité, tu étais devenue totalement paranoïaque… Aujourd’hui donc, tu étais allée rendre visite aux enfants malades, des services que tu connaissais bien, des enfants que tu connaissais pour la plupart également mais tout était différent par rapport au cadre professionnel… Tu passais réellement un excellent moment auprès des autres bénévoles… Les enfants te donnaient le sourire… Un sourire qui ne quittait plus ton visage… Un sourire de bon cœur, sans faux semblants… Ça faisait bien longtemps que tu n’avais pas ressenti une joie aussi intense et tu savais qu’April y était pour quelque chose. En réalité, l’idée de la soirée chez Jacob ce soir-là te réjouissait… Tu craignais un peu de ne pas te sentir à l’aise, il faut dire que tu n’avais définitivement pas l’habitude de tout cela mais avec April à tes côtés, tu étais certaine que tout se passerait bien, il ne pouvait pas en être autrement… Le sourire toujours aux lèvres, tu avais donc rejoins ton appartement ou plutôt l’appartement d’April –votre appartement- après avoir acheté deux boîtes de chocolats : une pour Jacob car tu n’arrivais jamais chez quelqu’un les mains vides et l’autre pour April… Tu avais ensuite pris soin de te préparer, revêtant une robe rouge, te maquillant et te coiffant… Tu avais décidé de garder les chocolats d’April de côté et de les lui offrir plus tard…

La soirée avait été bonne… Tu t’étais même surprise à apprécier même si tu t’étais également inquiétée quand le fils de Jacob avait disparu… Avant qu’il ne revienne, l’air de rien… Tu n’avais pu t’empêcher de pousser un soupir de soulagement car tu connaissais les loups qui rôdaient dans les rues la nuit et surtout parce tu ne voulais pas que cette soirée soit gâchée… April était absolument splendide… Tu n’avais pu t’empêcher d’admirer les courbes de son corps, ton cœur manquant plusieurs fois un battement quand tu avais cru te faire surprendre par cette dernière dans ta contemplation… Peut-être même avais-tu rougi… Tu n’en savais rien… En tous les cas, tu avais réellement manqué une respiration quand April t’avait appelée sa « petite amie » Tu l’avais regardée avec des gros yeux… Tu vivais des émotions fortes avec elle, quand ses mains se posaient sur toi, tu avais l’impression de te sentir bouillonner de vie… Mais tu ne savais toujours pas quel mot mettre dessus… Petite amie était-ce cela ? Tu avais fini par lui sourire et par attraper sa main… Tu ne t’attendais absolument pas à ce qui t’attendais une fois que vous serez rentrées… Tu ne t’attendais pas à sentir les mains d’April venir quitter ta robe… Tu avais frissonné de ces contacts nouveaux pour toi, pour vous… Tu avais retenu ta respiration avant de croiser de nouveau les yeux de la belle brune, avant que ta robe ne tombe au sol… Ton rythme cardiaque s’était alors emballé, tu avais voulu prendre entre tes mains le visage d’April mais elle avait été plus rapide et t’avait fait basculer sur le lit se retrouvant en un instant sur toi… Tu lui avais souri… Tu te sentais prête… Tu en avais envie… Mais inconsciemment, le combat qui se livrait en toi était tout autre… Tu étais effrayée par les mains d’April sur ton corps, par ses baisers qui te faisaient à la fois brûler de désir mais aussi t’effrayaient… Personne ne t’avait jamais touché comme ça depuis si longtemps… April avait senti ton trouble et tu t’étais soudain retrouvée avec une drôle de sensation de manque… Tu n’avais pas envie que ça s’arrête… Tu avais été incapable de prononcer un mot, encore trop abasourdie par la violence des émotions qui s’étaient déchaînées en toi… Une fois April repartie, tu repris ta respiration avant de te rendre compte que tu ne supporterais pas de passer la nuit loin d’elle, tu avais envie de la sentir près de toi, tout près de toi… Tu te levais donc, pris juste la peine d’enfiler une robe de chambre sans prendre même la peine de la fermer complètement… Tu attrapais le paquet de chocolat destiné à April et pris la direction de la chambre de cette dernière, le sourire aux lèvres… Tu étais sûre de toi dorénavant… Tu te sentais prête… Tu avais une totale confiance à April… Mais ton inconscient semblait décidé à te contredire, à faire remonter en toi des craintes que tu aurais voulu chasser d’un geste de la main… Arrivé au pas de sa porte, tu pris ton inspiration avant de demander : « April ?... »  Tu osais pousser la porte avant de voir April sur son lit, absolument splendide… « C’est toi qui est splendide ce soir… Je n’ai pu détourner mes yeux de toi un seul instant je crois… »  Tu vins t’installer tout près d’elle avant de l’embrasser… Tu lui présentais ensuite la boîte de chocolats : « Tu as envie d’un petit chocolat ? »  En réalité, toi, tu n’avais qu’une seule envie, ressentir à nouveau les lèvres et les mains d’April sur ta peau… Tu pris le visage d’April en coupe dans tes mains avant de l’embrasser encore une fois… « Tout va toujours très bien quand je suis avec toi, April… Merci pour cette soirée… Merci d’être là… »  Tu laissais alors une de tes mains caresser distraitement une des cuisses d’April… Elle te rendait folle… Tu avais l’impression de ne plus avoir le contrôle de toi-même… Tu ne la quittais plus des yeux… Ta tête était prête, mais peut-être que ton corps ne l’était pas…

Tu avais voulu lui montrer… Lui montrer à quel point tout en toi était en ébullition lorsque tu te retrouvais auprès d’elle, à quel point tu étais attachée à elle, à quel point elle te rendait folle… Au fond, tu savais qu’elle avait raison, que tu n’étais pas prête mais tu avais tellement envie de lui offrir plus… Elle avait mis les choses au clair et au fond tu étais absolument d’accord avec elle… Tu voulais que tout soit parfait, pour elle, pour toi… Mais tu n’avais pu t’empêcher de vouloir la découvrir un peu plus, surtout après qu’elle se soit retrouvée en sous-vêtements devant toi ce qui t’avait tout simplement coupé le souffle… Tu l’avais donc embrassée encore et encore, jusqu’à manquer de souffle, veillant cependant à ne pas aller trop loin… Tu ne voulais pas te montrer trop entreprenante… Tu ne voulais pas qu’elle puisse croire que tu étais une « fille facile »… Mais April avait le don de t’empêcher toute réflexion quand ses mains se posaient sur ton corps… Et plus le temps passait, plus les papillons venaient peupler ton ventre… Tu avais fini par t’endormir, dans les bras d’April… Tu avais eu une nuit reposante… Jamais tu n’avais pensé dormir aussi longtemps… A vrai dire, tu avais l’habitude de récupérer de l’énergie en très peu d’heures de sommeil mais cette fois-ci, tu t’étais surprise à dormir longtemps, bien plus longtemps que ce que tu aurais pu imaginer… Quand tu t’étais réveillée, tu n’avais trouvé April ni auprès de toi ni dans l’appartement… Tu n’avais pu t’empêcher de t’inquiéter avant de te dire qu’elle avait dû avoir une urgence… Tu savais ce que c’était les urgences, toi-même était parfois appelée en urgence pour remplacer au pied levé tel ou tel collègue et tu ne refusais presque jamais parce que le bien-être et la sécurité de tes patients primaient avant tout… Alors certes, parfois tu rechignais, tu y allais à contre cœur mais tu ressortais toujours avec cette impression du devoir accompli… Ton travail fut d'ailleurs sans doute la chose qui te permit d’arrêter de te monter des films par rapport à April ce jour-là…

Finissant ta garde à l’hôpital vers treize heures, tu décidais d’aller faire un tour dans les magasins… Tu voulais une nouvelle robe, pour ce soir… Tu avais prévu de préparer un bon petit repas pour April et tu étais décidée à être sur ton trente-et-un… La soirée de la veille te revenait encore et encore en mémoire et tu n’avais qu’une seule envie : sentir de nouveau les mains de la jeune femme brune qui te mettait absolument dans tous tes états sur ton corps…  Tu finis par opter pour une robe fourreau de couleur taupe… Après quoi, tu rejoignis rapidement l’appartement décidée à offrir une belle soirée au jeune lieutenant… Tu espérais sincèrement que ta surprise lui ferait plaisir… En tous les cas, un sourire s’était dessiné sur tes lèvres et semblait ne plus vouloir te quitter. Il s’agrandit encore plus au retour d’April et lorsque cette dernière t’affublât de milles-et-un baisers… Tout ton corps se mit alors en ébullition, tu avais l’impression d’avoir attendu cela toute la journée… Tu lui rendis baisers pour baisers. Te retrouvant entre les jambes d’April qui s’était assise, tu l’embrassas une nouvelle fois avec passion avant de te dégager pour te retrouver derrière elle et lui couvrir les yeux de tes mains… Tu vins lui déposer un baiser dans le cou avant de lui murmurer à l’oreille d’une manière taquine : « Je suis désolée pour le suçon… Et moi aussi j’ai pensé à toi toute la journée… Je crois que ce moment est le meilleur de ma journée… Je ne crois pas en fait, j’en suis certaine… Et j’ai préparé une petite surprise pour toi… Preuve que tu ne quittes pas mes pensées… » A ces paroles, tu n’avais pu t’empêcher de rougir, ce que April ne pus remarquer. Tu l’invitais alors d’un geste à se lever avant de la diriger vers le salon… Tu y avais aménagé une petite ambiance calfeutrée et intime… Tu finis par lui découvrir les yeux avant de venir l’embrasser à nouveau, l’invitant à passer à table… Tout le début du repas se passa à merveille… April était magnifique, comme toujours… Tu ne pouvais plus t’empêcher de détailler chaque courbe de son corps avec plus ou moins de discrétion… Ayant fini ton dessert, tu attrapais les mains d’April entre les tiennes avant de venir l’embrasser, doucement, savourant chaque parcelle de ses lèvres… Tu fermais tes yeux avant de les rouvrir, les larmes aux yeux : « Et si je ne suis jamais prête April ? Tout cela est effrayant pour moi… Normalement, je suis plutôt du genre à fuir toutes les personnes qui s’attachent trop à moi mais avec toi, tout est différent… Je ne supporterai pas de te perdre, j’en suis certaine… » Cette idée t’effrayait… Au plus haut point… Tu laissais tes lèvres venir déposer un baiser dans le cou d’April, son parfum d’envoûtant tellement… Tu la serrais ensuite entre tes bras… Tu ne pouvais cesser d’avoir peur qu’elle fuie… Tu avais surtout cette impression d’aller de l’avant puis de retourner en arrière et cela te rendait folle… Tu espérais tellement pouvoir rendre April heureuse…Une larme s’était faufilée sur ta joue… Tu détestais pleurer… Tu avais horreur de te montrer faible… Tu repris ensuite la parole, chassant tes idées négatives de ta tête et faisant part à April de cette idée que ne t’avait pas quittée de la journée : « April… J’ai envie de vivre des choses fortes avec toi… De toute façon, tant que je suis avec toi, n’importe quoi pourrait me paraître extraordinaire… J’ai envie de vivre des choses spéciales avec toi… Du coup je me disais qu’on pourrait s’organiser quelque chose ? Une petite activité rien que toutes les deux ou n’importe quoi d’autre, tout ce que tu veux… Non pas que je ne sois pas bien, tout simplement avec toi à l’appartement… Mais tu me redonnes goût à la vie et j’ai envie d’essayer de la croquer à pleines dents… De reprendre goûts aux plaisirs tout simples que peut offrir la vie… Avec toi... »

Tu avais réellement cru que ton cœur allait se détacher de ta poitrine sans savoir si cela était dû aux détonations ou à la sensation des mains d’April sur ton corps, de son souffle venant te titiller le cou… Comment étais-tu sensée te concentrer dans de telles conditions ? Comment étais-tu sensée tirer entre deux battements de cœur alors que ce dernier était dans un état que tu lui avais rarement connu… jusqu’à que tu rencontres April…  Même avec Mason, il ne t’avait pas semblé que ton cœur s’emballait autant et cela t’effrayait d’autant plus… Tu avais tellement peur que tout cela puisse être gâché, en un instant… Tu avais fini par chasser cette idée de ta tête, bien décidée à te concentrer, bien décidée à être une bonne élève, qu’April puisse être fière de toi… Tu avais essayé de remettre tant bien que mal ton rythme cardiaque au calme et tu avais fermé quelques instants les yeux avant te tirer... Tu fus toi-même surprise de voir que tu n’avais pas mal tiré pour une débutante… Bien entendu, April fit dix fois mieux que toi, et dix fois plus rapidement également… Tu l’avais observé tirer, observé ses muscles en extension, sa concentration… Elle était belle, comme toujours… Elle t’avait impressionnée… Tu lui offris avec plaisir le baiser qu’elle réclamait, elle le méritait… Puis le baiser s’était fait plus insistant, plus fougueux et tu n’avais pu t’empêcher de gémir… April te rendait complètement folle… Jamais tu n’avais connu ton corps dans une telle ébullition… Tu avais fini par prendre son visage entre tes mains, plongeant tes yeux dans les siens avant de venir l’embrasser à ton tour, avec fougue… Tu en perdis même ton souffle… Tu souris avant de dire : « Ta surprise était parfaite, April… Mon cœur a manqué un ou deux battements quand j’ai tiré mais j’ai aimé partager ça avec toi » Tu étais bien ainsi, tout contre April… Tu n’avais pas envie que le contact se rompe… Ton corps la réclamait à longueur de journée… Et tout ce déversement d’émotions en toi ne cessait de t’effrayer… Tout cela était nouveau pour toi, comme le fait de te retrouver attirée par une femme… Tu ne t’étais jamais posé la question auparavant… Tu t’étais toujours crue à cent pourcent hétérosexuelle… April avait le don de venir bousculer tout ce que tu croyais savoir sur toi-même…

Tu rentrais à moitié épuisée de l’hôpital ce soir-là mais tu n’avais qu’une seule hâte : retrouver April… Tu avais envie de lui prouver que tu étais prête à plus, avec elle… Tu n’en pouvais plus de la tension qui s’accumulait toujours plus en toi… L’après-midi avait été difficile… Tu n’avais pas arrêté une seule seconde… Ton dos avait souffert, ta nuque te faisait horriblement mal… C’était des douleurs chroniques pour toi… Dès que tu en faisais un peu trop, elles apparaissaient… Tu avais besoin d’un bon moment de relaxation… Tu entrais dans l’appartement et tu ne sais pas si la première chose qui te sauta à l’esprit fut l’odeur absolument divine ou l’ambiance que faisait régner les bougies dans l’appartement… Un sourire se dessina immédiatement sur tes lèvres alors que tu suivais le chemin de bougies et de pétales qui mena tes pas jusqu’à la salle de bain, d’où venait l’odeur exquise qui t’emplissait le nez… Là tu retrouvas April… Tu te rendis compte qu’elle te manquait à longueur de journée… Tu n’étais pas du genre possessive avec les gens, tu ne l’avais jamais réellement été mais il te semblait découvrir de nouveau traits de ta personnalité avec April… Des traits que tu n’aurais pas soupçonné un seul instant… Le seul fait de la voir illuminait l’ensemble de tes journées… Et tu savais que ce sentiment d’une certaine possessivité était né il y a bien longtemps, avant même que votre attirance n’éclate au grand jour… Ce matin-là, à l’hôpital, quand April s’était réveillée suite à son opération et à la fusillade, ce sentiment était déjà là quand tu avais jalousé Quinn d’être celle qui fut là à son réveil, quand tu avais eu envie de te frapper d’être allée chercher un café à ce moment-là… Et puis, même quand tu voyais April et Quinn être complices, complicité dont tu étais privée, tu avais eu envie de hurler, envie inconsciemment d’être à la place de la chirurgienne… Tu ne t’étais pas rendue compte de tout cela, c’était inconscient mais aujourd’hui, ça te sautait à la figure et tu n’avais pas envie de perdre un seul instant… Tu avais horreur de pouvoir imaginer April avec quelqu'un d'autre... Tu n'avais jamais été d'un naturel jaloux, même avec Mason... Tu lui avais toujours laissé une certaine liberté mais il t'avait brisé le cœur... Tu ne voulais pas faire la même erreur avec April... Tu n’imaginais plus ta vie sans April, sans cette complicité que vous aviez… Tu ne supporterais pas de la perdre… Tu ne supportais pas l’idée de pouvoir la voir rentrer de nouveau blessée… Tu étais capable d’aller étriper quiconque lui ferait du mal, quiconque abimerait son si beau visage…  

Jamais tu ne te serais attendue à la proposition qu’allait te faire April… L’environnement était terriblement romantique, digne des plus grands films… Mais c’était la simple et pure réalité… Et April s’était dépassée… Tu vis cette dernière se déshabiller, ne pouvant t’empêcher de détourner légèrement les yeux quand elle enleva ses sous-vêtements… Tu ne pouvais t’empêcher de te montrer gênée, malgré la proximité que vous ne cessiez d’avoir… Tu te mis également à rougir soudainement… Mais tu avais envie de te prêter au jeu… April était belle, comme une déesse… Tu plongeais tes yeux dans les siens tout en commençant à détacher les boutons de ta chemise… Tu lui souris, timidement… Tu étais sûre que ce bain allait te faire le plus grand bien… Comment pouvais-tu résister ? Tu finis par enlever ta jupe et tes sous-vêtements avant de rentrer à ton tour dans la baignoire en profitant pour détacher tes cheveux qui étaient toujours attachés… Tu vins attraper une des mains d’April sous l’eau avant de déposer un baiser dessus avant de lui dire, les yeux plongés dans les siens : « Merci… Tu es divinement belle ce soir…  Tu sais, des fois je me dis que je ne mérite pas tout ça, tout ce que je vis depuis que je vis ici avec toi… » Tu approchais d’une manière hésitante ton buste vers April afin de venir l’embrasser, attrapant entre tes mains son visage « Jamais je n’aurais pensé pouvoir être autant attirée par une femme… Et jamais je n’ai ressenti ce besoin d’être auprès de quelqu’un aussi intensément… Tu me fais perdre tous mes repères, April… Et je crois que ça me plaît… » A ce moment-là, tu te mis à rigoler avant de rire, nerveusement, tu étais un peu embarrassée par la situation et pourtant tu te sentais bien ; tes muscles se relâchaient de la pression de la journée… Tu n'avais pas réellement envie d'être autre part... Ça te faisait peur de ne pas avoir encore pu à offrir à April ce que tu savais qu'elle attendait... Tu l'attendais aussi mais tu étais effrayée... Alors tu avais peur, peur de pouvoir la retrouver avec quelqu'un d'autre... Tu ne savais pas si tu t'en remettrais... Pourtant, April t'avait bien dit que depuis son divorce, elle enchaînait les relations d'un soir... Prise d'une soudaient angoisse à cette idée, tu attrapais rapidement la main d'April et vint la poser sur ta joue... Elle était bien là, avec toi et pas ailleurs... Tu t'appuyais sur sa joue avant de lui demander, presque suppliante :  « April... Promets-moi de rester avec moi... Je ne veux pas refaire l'erreur que j'ai fait avec la seule personne pour laquelle je n'ai jamais eu de sentiments... Je ne supporterai pas d'avoir à nouveau le cœur brisé... » Tu ne voulais pas qu'elle croie que tu ne lui faisais pas confiance parce que ce n'était pas le cas mais tu ne pouvais t'empêcher d'avoir des craintes au fond de toi et tu voulais lui en faire part... Tu n'étais pas du genre à garder les choses pour toi... Tu te sentais terriblement ridicule à ressentir cette pointe de jalousie, de frustration, de possession à propos d'April... ...

Tu te réveillais dans ton appartement l’envie de rien, un désagréable goût d’alcool dans la bouche… Que venais-tu de faire ? Pourquoi t’étais-tu mise dans cet état ? Tu ne te connaissais pas aussi impulsive ni aussi jalouse mais April faisait ressortir de toi certains traits de caractères dont tu ne te doutais même pas et cela, à l’extrême… Tu te levais, les articulations endolories… Tu avais mal à la tête et mal au cœur. Attrapant ton téléphone, tu vis qu’April t’avait appelée, tu le jetais avec rage sur ton lit après l’avoir éteint… Tu ne travaillais pas aujourd’hui et c’était une chance… Tu n’aurais pas pu travailler dans un tel état… Tu avais envie de boire, encore… Oublier tout cela… Oublier tout le bonheur qu’April avait pu t’offrir car ça faisait encore plus mal…

Douze heures plus tôt…
Pourquoi te faisait-elle cela ? Tu avais envie de hurler… Tu l’avais attendue de pied ferme, ayant hâte de la retrouver, hâte de la sentir encore dans tes bras, hâte de sentir encore ses mains sur ton corps. Le souvenir de la soirée de la veille t’avait laissé des étoiles plein les yeux et plein la tête ainsi que des papillons dans le ventre… April avait su employer les bons mots, pour apaiser tes craintes. Alors pourquoi te faisait-elle cela ? Jouait-elle avec toi ? T’avait-elle raconté des balivernes ? Des balivernes auxquelles tu avais cru ? Étais-tu trop naïve ? Quand tu l’avais entendu te dire qu’elle avait embrassé quelqu’un, tu ne l’avais pas cru au début mais tu avais lu dans ses yeux qu’elle s’en voulait… Tu avais alors posé ta cuillère, sans un mot… Ton cerveau s’était mis à te vriller le crâne. Tu avais laissé April faire son manège, la regardant les yeux tout à coup vides d’émotions, n’écoutant pas vraiment ce qu’elle te disait… Ses paroles entraient par l’une de tes oreilles et ressortaient par l’autre… Elles coulaient sur toi comme une rivière, elles ne te touchaient pas…Ton cerveau était trop obnubilé par le tsunami qui se jouait en lui pour porter attention aux paroles de la brune. Puis elle t’avait embrassée et tu l’avais repoussée avec violence, t’éloignant d’elle tout en disant : « Ne me touche pas ! » Tu savais que tout cela avait été une mauvaise idée, depuis le début… Tu n’aurais jamais dû venir t’installer ici… Tu avais rejoint ta chambre, sans un mot… Tu étais incapable de parler… Là, tu avais récupéré un sac et quelques affaires avant de quitter l’appartement, ne manquant pas de déposer tes clés sur le comptoir en déclarant : « Tout cela était une mauvaise idée… Je le savais depuis le début… » Tu ne laissas pas le temps à April de te répondre et une fois la porte refermée derrière toi, des larmes commencèrent à perler sur tes joues… N’avais-tu donc pas droit au bonheur ? Ta vie était-elle destinée à être une mascarade jusqu’à la fin ? Dans les rues, tu avais pris la direction de ton appartement, comme une âme en peine et tu avais fait la chose la plus irresponsable qui soit : rentrer dans un bar… Là, tu avais bu et encore bu… L’alcool venant te brûler la gorge… Puis tu étais rentrée chez toi sans savoir vraiment comment, t’endormant toute habillée sur ton lit…

Elle te manquait et ça te faisait encore plus mal que de l’imaginer avoir embrassé quelqu’un d’autre, homme ou femme, en réalité c’était pareil à tes yeux. Ton cœur te vrillait la poitrine… C’est à ce moment-là que tu te rendis compte que ce que tu ressentais à son égard était bien plus fort que ce que tu n’aurais jamais pu imaginer…  Tu étais tombée amoureuse… Ce constat t’arrivant au cerveau, tu déglutis avec difficulté… Tu avais besoin d’air… D’air et d’alcool… De l’alcool fort de préférence… Tu n’avais pas mangé de la journée, le ventre trop noué pour avaler quoi que ce soit… Tu étais restée dans ton lit te demandant si au final ta vie avait un sens… Te levant avec difficulté, tu attrapais une robe un peu au hasard, une veste et te coiffais et maquillais rapidement avant d’enfiler une paire d’escarpins et de partir dans un bar… Tu avais mal… Mal de faire ça… Mal de bousiller toutes ces années d’effort mais tu avais trop mal au cœur… Une ou deux personnes t’abordèrent tentant de te draguer sans aucune discrétion et sans aucun tact mais tu les rejetais d’une parole bien placée… Tu étais plutôt douée pour ça  quand tu le voulais : faire fuir les gens… Mais jamais tu n’avais voulu fuir April… Imaginer ta vie sans elle était insurmontable pour toi alors tu buvais… Pour oublier… C’était plus facile ainsi… Les larmes aux yeux et sans comprendre vraiment ce qui te prenait, tu sortis du bar, tes pas te menant en direction de l’appartement d’April… Approchant petit à petit de ta destination, tu te mis à trembler : de froid car tu n'avais pas pris garde à la fraîcheur de la soirée avant de sortir simplement vêtue de ta robe et d'un gilet, mais surtout d'appréhension. Tu effectuais le code de l’entrée machinalement avant de commencer à monter les escaliers… A ce moment-là, ton état ne s’arrangea pas… Tu tremblais de plus belle avant de te retrouver devant la porte du lieutenant… Que voulais-tu faire au juste ? Tu n’en savais rien… Tu toquais et la vis bientôt s'ouvrir la porte… Là, sans réfléchir, l’alcool aidant à la chose, tu collas tes lèvres aux siennes… Tu avais envie de lui montrer à quel point tu avais mal… A quel point tu avais l’impression que tout autour de toi s’effondrait… Tu ne lui laissais pas de répit, l’embrassant encore et encore avec une fougue que tu n’avais jamais connue… La voyant tenter de se reculer un peu et vouloir prendre la parole, tu lui dis : « Fermes la » Puis tu repris de plus belle… Tu n’avais plus conscience de ce que tu faisais, du mal que tu étais en train de faire… Passant tes mains sous le t-shirt d’April, tu finis par entreprendre de commencer à la déshabiller… Puis ce fut le trou noir…Tu finis par t’évanouir, dans les bras d’April, ne tenant pas du tout l’alcool…

Les rayons du soleil vinrent te tirer des bras de Morphée… Bras de Morphée dans lesquels tu aurais bien voulu rester plus longtemps tellement la douleur qui te vrillait le cœur et le cerveau te foudroya lorsque tu ouvris les yeux… Tous les évènements des deux derniers jours te revinrent en tête… Ce que tu avais fait la veille te revint en tête… Tu revis tout à coup April dans ta tête et tes souvenirs te firent prendre conscience avec horreur que celle qui ne cessait d’occuper tes pensées était blessée… Tu t’en étais rendue compte mais l’information n’avait pas atteint ton cerveau alors que tu t’étais mise à l’embrasser, comme si ta vie en dépendant… Que lui était-il arrivé ? C’était elle fait du mal par ta faute ? A cause de ton départ ? Tu ne supportais pas cette idée… Te levant difficilement, tu rejoignis le salon et remarqua que plusieurs choses avaient changé… Que c’était-il passé ? La réponse ne tarda pas à s’imposer à toi. April avait dû envoyer tout promener suite à ton départ… Tu tombas ensuite sur le mot écrit de sa main ainsi que sur le trousseau de clés qu’April avait laissé avec… Être là ce soir ? Tu ne savais pas… Tu devais réfléchir… Tu attrapais ton téléphone et composais le numéro de l’hôpital… Tu ne te sentais pas en état de travailler… Pourtant, tu mourrais d’envie d’aller retrouver tous les petits patients pour oublier tout ça mais tu savais que tu ne ferais pas du bon travail… Il était hors de question que ton état puisse diminuer ta concentration et mettre en danger les patients… Il valait donc mieux que tu n’ailles pas travailler aujourd’hui… Après quoi, tu composais machinalement le numéro de Quinn… Elle était la seule à être au courant au final… Pour April et toi… La seule à qui tu puisses te confier… « Quinn c’est Ruby… J’ai besoin de te parler… On peut se retrouver dans une heure, au parc ? »

Le docteur Evans avait le don de ressentir les émotions des gens… Elle sentit immédiatement que quelque chose n’allait pas… « Je l’aime… J’aime April… » A cette confidence, Quinn te regarda avec de gros yeux… « Qui as-t-il de mal à cela, Ruby ? Je ne suis pas devin, mais je le savais, depuis longtemps… » Quinn était en couple maintenant… Avec un homme… Elle rayonnait de bonheur et tu étais heureuse pour elle… Elle le méritait, amplement… C’était quelqu’un de bien… « J’ai tout foutu en l’air… J’étais en colère et je suis partie… Et April s’est fait du mal à cause de ça… Je n’aime pas ça, Quinn… Je ne veux pas d’un amour destructeur… » Tu étais complètement perdue… Tu ne savais plus ce qui était bien pour toi, ce qui était bien pour April… La conversation avec Quinn dura une bonne heure… Ça te fit du bien… Tu avais besoin de prendre du recul par rapport à tout ça… Quinn te conseilla d’écouter ton cœur mais tu ne savais même plus distinguer quoi que ce soit de ce que te disais ton cœur… Tout était éparpillé et en morceaux en toi… Et si tu y étais allée un peu trop fort ? Si ta réaction avait été trop exagérée ? Après tout, ce n’était pas April qui était allée embrasser cette fille… Pourtant, ça te faisait mal d’imaginer ses lèvres d’être posées sur celles de quelqu’un d’autre, tout comme ça te faisait mal de l’imaginer avoir embrassé Quinn alors qu’à cette époque vous n’étiez même pas « ensemble ». En réalité, depuis quand étiez-vous ensemble ? Tu n’en savais trop rien… Tu ne comprenais rien non plus à la jalousie qui te rongeait… Tu ne contrôlais absolument plus rien…

Tu étais revenue chez April seulement quelques minutes avant son retour… Tu étais rentrée à ton appartement pour te préparer, enfiler une robe bleue marine toute simple et remettre un peu d’ordre dans tes cheveux et essayer de cacher tes cernes avec du maquillage… Tu étais épuisée par les évènements des derniers jours… Tu pris également des pansements et du matériel médical dans ton sac… Il était hors de question que tu laisses April dans cet état, sans soins… C’était ton devoir professionnel… Enfin, tu tentas de grignoter un petit quelque chose, sans grand succès, ton ventre était toujours autant noué et penser à ce qui allait pouvoir se passer par la suite n’arrangeait tout simplement pas ton état… Tu t’en voulais d’avoir réagi comme cela, comme une adolescente… Tu n’étais plus une adolescente, tu étais une adulte… Et les adultes sont censés discuter pour mettre les choses au point, ne pas fuir… Tu n’étais qu’une lâche, au final… Assise sur le canapé, tu commenças à te ronger les ongles en attendant April… Chaque minute qui passait faisaient monter en toi l’état d’appréhension… Ton cœur se mit à tambouriner dans ta poitrine… Puis April arriva et vint s’asseoir dans le fauteuil, loin, bien trop loin de toi… Tu avais beau lui en vouloir, tu n’avais qu’une envie : la supplier de venir s’assoir tout près de toi mais peut-être que cela aurait paru déplacé… Alors qu’elle te parlait, tu l’étudiais des yeux, regardais la moindre de ses blessures… Mais qu’avait-elle fait pour être dans un tel état ? Tu avais l’impression d’avoir une plaie béante en plein cœur… Il ne te sembla pas avoir déjà eu aussi mal… Même quand tu avais retrouvé Mason entrain de coucher avec une autre fille… April finit par te tendre un carton… L’attrapant d’une main, tu le déchiras et le mit à la poubelle… Tu ne voulais pas de quelqu’un d’autre… Tu la voulais, elle… Cette certitude te sauta à la figure et tu espérais juste ne pas être allée trop loin… Ne pas avoir franchi la ligne infranchissable… Tu avais tellement peur qu’April ne veuille plus de toi, même en tant qu’amie… Tu te levais alors venant attraper la main d’April… Ce contact te fit comme un électrochoc. Tu déglutis avant de prendre la parole : « April… Tu m’avais promis de ne pas partir…. Je t’en prie… Ne fuis pas… Je ne veux pas de quelqu’un d’autre, tu m’entends ? Je ne m’en sortirai pas sans toi… Je suis désolée… Je n’aurais pas dû réagir comme cela… Je suis désolée de t’avoir déçue en allant boire mais ça faisait trop mal… » Tu montais ensuite tes mais vers son visage, suivant de tes doigts ses blessures… Des larmes te montèrent alors aux yeux : « April qui est-ce qui t’a fait ça ? Je vais aller régler son compte à celui qui ta fait ça… Tu es blessée ailleurs ? » Tu vins poser tes lèvres sur les siennes, doucement, comme si c’était la première fois que tes lèvres rencontraient les siennes… Tu finis par lui murmurer doucement à l’oreille alors qu’une larme venait se frayer un chemin sur ta joue : « April… Je crois que je suis tombée amoureuse de toi… Et je ne veux pas détruire ça… Je ne veux pas…» A ces mots tu te mis à trembler petit à petit… Tu avais mal à la tête et tu avais besoin de manger… Tu n’avais rien mangé ou presque depuis près de quarante-huit heures…

Depuis quand exactement ne supportais-tu pas de voir April blessée ? Depuis quand avais-tu envie d’aller régler leur compte à quiconque lui faisait du mal ? Tu te rappelais encore quand tu l’avais vue aux urgences, il y a de ça plusieurs années… Tu avais été touchée par elle, même si ça t’avait rendue folle de te sentir aussi impuissante… April ne correspondait pas aux « modèle » de femmes victimes de violences conjugales que tu avais dans ta tête à cette époque-là. April était une femme forte, une femme avec du répondant… Tu ne l’avais jamais vraiment oubliée depuis ce jour-là… Et vous vous étiez retrouvées… La première fois alors que tu étais dans l’enfer de la prostitution puis aujourd’hui avec cette confiance, cette amitié et tout le reste qui s’étaient construits entre vous comme si tout cela était le plus naturel du monde… L’une et l’autre vous étiez connues dans des périodes de votre vie que vous préféreriez oublier… Peut-être qu’il te fallait croire un peu en la bonne étoile… Peut-être que toutes ces rencontres n’étaient pas vraiment le fruit du hasard... Peut-être que tout cela avait un sens… Et que ce sens tu étais en train de le découvrir… Ce matin-là, tu t’étais réveillée le sourire aux lèvres… April était sous la douche. Tu décidais alors d’aller commencer à préparer le petit-déjeuner simplement vêtue des vêtements qui composaient ton pyjama c’est-à-dire un short et un t-shirt. La journée s’annonçait belle, très belle… Plongée dans tes pensées, tu n’entendis pas la belle brune arriver vers toi et venir passer ses bras au niveau de tes hanches… Tu eus donc un petit mouvement de sursaut avant de te laisser complètement aller entre ses bras… A la merci de ses baisers incessants… April te rendait complètement folle… Elle te retourna alors et tu croisais ses yeux dans lesquels tu étais capable de te perdre pendant des heures… Elle t’embrassa avant de venir te plaquer contre un des meubles de la cuisine… Tu lui rendis alors baisers pour baisers… Tu n’avais passé que deux jours loin d’elle et pourtant, tu avais l’impression que vous aviez des années à rattraper… Et te rendre compte de cela te faisait peur, encore plus que de te rendre compte que tu étais tombée littéralement amoureuse… Vous étiez devenues fusionnelles avec April, il ne te semblait pas avoir déjà vécu quelque chose d’aussi fort et d’aussi beau mais tu avais peur d’une chose : que cela vous détruise… Tu étais capable d’avoir des réactions démesurées quand il s’agissait d’April, tu l’avais déjà remarqué l’avant-veille quand tu avais quitté l’appartement, incapable d’avoir une seule pensée raisonnable… Et tu avais peur de pouvoir faire du mal à April… Tu avais peur de l’intensité des sentiments que tu éprouvais à son égard… Toi qui t’étais promis de ne plus laisser personne s’attacher à toi et de ne plus t’attacher à personne… Avec April, tu avais été tout bonnement incapable de lutter contre ce qui se construisait entre vous… Et ça ne te plaisait pas forcément de te sentir aussi dépouillée de tout contrôle sur toi-même… Mais peut-être que cela en valait le coup… Peut-être… Sûrement…

Après t’être séparée à contrecœur des bras du lieutenant, tu rejoignis la salle de bain pour prendre à ton tour une douche… Tu détestais traîner en pyjama… Quelques minutes plus tard, tu revins alors vers April vêtue d’une robe grise et tu l’embrassais à nouveau… Même pour quelques minutes, elle te manquait déjà… Regardant l’heure, tu lui déclarais alors : « April…. Tu vas être en retard au travail… » C’est à ce moment-là que tu appris qu’elle ne comptait pas aller travailler aujourd’hui… Qu’elle voulait passer la journée avec toi, pour que vous puissiez vous retrouver… Tu souris avant de l’embrasser à nouveau et d’attraper entre tes mains son visage… Tu ne supportais pas de voir son si beau visage blessé… Tu vins alors poser tendrement tes lèvres sur chacune des plaies, des hématomes qui peuplaient son visage… Tu avais les larmes aux yeux de te rendre compte qu’au fond tout cela était de ta faute… Jamais tu n’aurais dû partir… Jamais tu n’aurais dû être aussi impulsive… Et ça te faisait encore plus mal que le jour où tu l’avais vue, inconsciente aux urgences après avoir reçu une balle en pleine poitrine, encore plus mal que quand elle était rentrée, le premier soir où tu t’étais installée chez elle, le visage tuméfié… Ça te vrillait le cœur, ça te vrillait le cerveau car tu avais l’impression que c’était de ta faute… Tu savais que si tu n’étais pas partie, cela ne serait pas arrivé… Attrapant April par la taille, tu rapprochais son corps du tien avant de venir l’embrasser une énième fois, comme si ta vie en dépendait… Tu avais les larmes aux yeux de ce trop plein d’émotions qui te submergeait. Fermant les yeux quelques instant avant de les rouvrir, tu déclarais : « April… Je crois qu’il me serait impossible de vivre sans toi… Je n’imagine pas ma vie sans toi au milieu… »

Vous passiez une belle journée, une journée que tu n’oublieras sans doute jamais…. Après vous êtres éloignées, vous aviez besoin de vous retrouver et de vous rapprocher encore plus… Il n’y eut pas beaucoup de paroles qui sortirent de vos bouches ce jour-là… Vous n’aviez pas besoin de vous parler, le regard suffisait… Tu avais passé des heures à rester plongée dans les yeux d’April venant parfois passer tes doigts sur son visage, sur ses plaies… Tu étais collée tout contre elle et tu avais l’impression que vos corps étaient faits pour s’emboîter… Quand April te regardait, tu avais l’impression de fondre intérieurement… Elle posait un regard sur toi totalement différent de ce que tu avais connu par le passé… Même Mason ne t’avait jamais regardé comme cela… Plus tu y pensais et plus tu te rendais compte qu’au fond, son seul objectif avait peut-être été de te mettre dans son lit… Alors que toi, naïve comme tu l’étais à cette époque, tu avais eu dans la tête l’idée de finir ta vie avec lui, de te marier, de fonder une famille… Foutaises. April posait sur toi un regard plein de respect et d’admiration également… Tu avais l’impression que son regard te permettait d’être toi-même… Avec tes faiblesses et tes forces… Tu te sentais vraiment une femme quand tu étais avec April… Ça te changeait tellement des regards que tu connaissais depuis quatre ans maintenant… Pendant deux ans, tu n’avais été considérée que comme un vulgaire morceau de viande puis les deux années suivantes, tu avais dû faire face aux regards de pitié pour ceux qui savaient ce qui t’était arrivé… Parfois même aux regards moralisateurs, jugeant, critiqueurs… Tu n’avais jamais ressenti cela avec April… Pas à un seul instant. Et surtout, elle ne te forçait pas la main… Elle était là, pour toi… Et tu voulais être là pour elle également…

« April, j’ai une proposition à te faire : que dirais-tu d’aller faire un saut à l’élastique ce week-end ? » Ça te tentait depuis toujours et ça t’effrayait également. Et tu savais que si tu ne le faisais pas avec April jamais tu n’aurais le courage de le faire… C’était peut-être une proposition folle mais tu espérais sincèrement que la belle brune allait accepter… Tu avais envie de vivre cela, avec elle… De sauter dans le vide, entre ses bras…

Le Samedi
Le grand jour était venu… Tu t’étais réveillée aux aurores, te délovant doucement des bras d’April après avoir déposa un baiser sur ses lèvres sans la réveiller… Tu aimais t’endormir tous les soirs entre ses bras… Tu te sentais à ta place… Tu ne voulais être nulle part ailleurs… Vous n’aviez pas encore franchi la dernière barrière de votre intimité, ton corps ne semblait pas encore prêt… Vous aviez essayé… Ta tête le voulait plus que tout, ton cœur aussi… Mais tu faisais un blocage… Un blocage qui avait le don de te rendre folle. Tu commençais à angoisser d’avoir été trop abîmée, de ne jamais être prête… Te rendant sans un bruit dans le salon, tu déposais sur la table l’enveloppe que tu avais préparée la veille… Tu avais besoin qu’elle sache… Mais tu te serais sentie ridicule de le dire à haute voix… Tu avais donc préparé un petit carton avec écrit dessus de ta plus belle écriture : Ti amo. Cette journée devait être parfaite… Tu avais tout organisé pour que ce soit le cas : le saut à l’élastique puis un petit pique-nique au bord d’un lac et un restaurant le soir… April ne savait rien du programme à part le saut à l’élastique mais tu lui avais demandé de réserver sa journée… Tu commenças alors à préparer le petit déjeuner puis tu sortis du frigo tout ce que tu avais préparé la veille pour le pique-nique et plaçais le tout dans la glacière… Après quoi, tu allais prendre une douche et te préparer… Tu revêtis un jean et un petit chemisier… Ce serait sans doute la première fois qu’April te verrait en pantalon… Après quoi, tu attachais tes cheveux en queue de cheval et te maquillais légèrement… Tu retournais ensuite dans la cuisine où tu retrouvais April… Un sourire se dessina immédiatement sur tes lèvres et tu vins la prendre dans tes bras en lui chuchotant de manière taquine à l’oreille : « Alors prête pour cette journée, lieutenant Robbins ? »

Je t’aime. Ton cerveau resta bloqué sur ces trois mots… April venait-elle vraiment de te dire ça ou t’étais-tu fait des idées ? Était-ce le trop plein d’adrénaline que t’avait apporté le saut à l’élastique qui te faisait délirer ? Pourtant, tu plongeas tes yeux dans ceux de celle à qui appartenait dorénavant ton cœur et tu sus que tu avais bien entendu… Que tout ce qu’était en train de débiter April et qui te paraissait tellement fou était vraiment vrai, que cette dernière était réellement sincère… Et tu étais prête à tout, à tout envisager tant que tu restais avec elle… Tu avais vu que ce saut à l’élastique n’avait pas tant enchanté April que cela… Toi qui pensais qu’elle aimerait… Tu espérais te rattraper avec le reste de la journée… Tu avais hurlé quand tu étais tombée dans le vide, après avoir jeté un dernier regard à April qui sauta après toi… Tu avais vraiment eu l’impression que l’élastique allait se rompre sous ton poids… Tu eus l’impression que ta tête allait aller s’éclater contre un rocher… Tu n’avais tout simplement jamais ressenti une peur aussi intense… Puis était venu le tour d’April… Tu l’avais vue sauter après plusieurs minutes, semblable à un oiseau… Et dès qu’elle avait touché le sol, tu étais allée à sa rencontre, la serrant très fort dans tes bras… La laissant reprendre petit à petit son souffle, en profitant pour venir caresser son visage de tes doigts, tu finis par lui demander : « Tu as aimé ? Franchement, personnellement je ne crois pas que je referais ça deux fois… J’ai vraiment des idées farfelues et complètement folles parfois… Tu as faim ? » A ce moment-là, comme si ton organisme répondait au mot « faim », ton ventre se mit à gargouiller… Attrapant dans ta main celle d’April, tu la guidais un peu plus loin, dans un petit coin de nature où filtraient quelques rayons de soleil… Tu étais heureuse qu’il n’y ait personne qui ait eu la même idée que toi aujourd’hui… Vous alliez pouvoir être tranquilles et profiter… Sortant de la glacière tout ce que tu avais préparé pour le déjeuner, ce qui ressemblait d’ailleurs plutôt à un pique-nique royal tellement il y avait de choses, tu plaçais le tout sur des serviettes puis vint t’installer à côté d’April… Tu l’embrassais une nouvelle fois… Tu ne pouvais tout simplement pas résister à la douceur de ses lèvres… Puis, tu déclarais : « Bon appétit… Je crois qu’on a bien mérité cette petite collation… »

Une fois le pique-nique terminé, vous restèrent plusieurs heures à profiter un peu du beau temps… Tu avais toujours aimé la nature… Tu aimais aller t’y ressourcer… Tu pouvais facilement y passer plusieurs heures à admirer des fleurs ou encore les étoiles la nuit… Venant tout naturellement lover ton corps contre celui d’April et plongeant tes yeux dans les siens tu finis par lui dire : « Je t’aime aussi April…. Et je sais que pour toi ça a dû être dur de prononcer ces mots parce que pour moi aussi c’est dur… Parce que la dernière fois que je les ai prononcés, je suis tombée de haut, de très haut… Mais je veux aussi construire quelque chose de beau avec toi, dans la durée… Et parfois j’ai peur parce que tout est allé si rapidement entre nous… Mais je n’ai pas envie de lutter contre le naturel de notre relation… Je me sens tellement bien auprès de toi… Je ne veux être nulle part ailleurs… » Il t’était difficile de prononcer ces mots… Tu n’étais pas du genre à parler facilement de tes sentiments mais tu avais besoin qu’April sache… Même si tu avais l’impression d’être ridicule… Tu avais dû rougir d’ailleurs en prononçant ces mots… Tu attrapais les deux mains d’April entre les tiennes et vint coller tes lèvres aux siennes, les battements de ton cœur faisant vibrer ta poitrine… « Quand je suis loin de toi, j’ai l’impression qu’il manque quelque chose à mon air, à ma respiration… En attendant, cette journée n’est pas terminée, j’ai encore une petite surprise pour toi… » Tu te levais et April fit de même… Une fois dans la voiture, tu vins l’embrasser, t’enivrer de ses lèvres comme si ta vie en dépendait… Ton souffle commençait à te manquer…

Une fois de retour à l’appartement, tu rangeais rapidement ce qu’il restait dans la glacière puis tu dis à April : « J’ai envie de t’inviter au restaurant italien ce soir… Un petit restaurant familial que j’aime tout particulièrement… Il me rappelle mes origines… » Tu vins coller tes lèvres contre celles du lieutenant avant de venir une nouvelle fois lui murmurer les trois mots magiques à l’oreille… Sait-on jamais qu’elle croit avoir rêvé la fois dernière… Après quoi, tu allais te préparer après avoir pris une rapide douche histoire de te remettre du saut à l’élastique…Après quoi, tu enfilais une robe blanche… Tu avais toujours été plus à l’aise en robe qu’en pantalon… Tu lâchais également tes cheveux et te maquillais légèrement les lèvres… Après quoi tu rejoignis April et manquait de t’étouffer devant sa tenue… Elle était tout simplement magnifique… Tu t’approchais d’elle et ne pus t’empêcher de l’embrasser avant de lui dire : « Tu es magnifique… » Le repas se passa à merveille… Vous vous étiez installées à une table, dans un petit coin histoire d’avoir votre petit nid rien qu’à vous… Tu avais passé pratiquement tout le repas, main dans la main avec April… Tes yeux n’avaient presque pas quittés les siens… Vous n’aviez pas beaucoup parlé… Vos regards parlaient pour vous… Une fois vos repas terminés, tu vins attraper la tête d’April afin de l’embrasser une nouvelle fois… Tu ne t’en lassais pas… Tu ne te lassais pas des papillons qui prenaient à chaque fois naissance dans ton ventre… Tu n’avais jamais ressenti un tel feu d’artifice juste à cause d’un baiser… Appuyant ton front contre celui de la sublime brune, tu chuchotais, comme une confidence : « Que dis-tu de rentrer April ? J’ai envie de tenter ce que tu avais envie de faire ce matin… »

Si tu étais certaine ? Bien sûr… Tu n’avais jamais été aussi certaine de quelque chose… Tu le voulais… Ton cœur appartenait à April, tu en étais de plus en plus consciente…. Et tu te sentais prête, à plus… Tu n’avais jamais été aussi prête… Certes, tu étais toujours effrayée mais tu avais dit à April que tu l’aimais et elle aussi te l’avait dit… Elle t’avait même dit qu’elle voulait construire quelque chose de durable avec toi… On t’aurait dit tout ça il y a un mois, jamais tu n’y aurais cru… Tu aurais même sans aucun doute rit à la figure de celui qui aurait osé te dire ça… Comme quoi, on ne sait jamais de quoi demain sera fait… Jamais tu n’aurais imaginé construire tout cela avec April… Par contre, même si aujourd’hui, tu ne pouvais pas prévoir ce que serait ton avenir, tu étais certaine d’une chose : April devait en faire partie… Maintenant qu’elle était entrée dans ta vie, il était hors de question qu’elle en ressorte… Tu avais déjà tenté de la faire sortir pendant deux jours pensant que c’était mieux ainsi mais ça avait été intenable pour toi… Tu avais besoin de sentir ses bras autour de toi, de sentir ses lèvres contre les tiennes, ses baisers sur ta peau… Tu l’aimais… C’était cela. Tu n’avais aucun doute… Et tu lui avais dit… Même si tu t’étais refusée d’aimer à nouveau quelqu’un, de t’attacher à quelqu’un, de laisser quelqu’un s’attacher à toi… April avait débarqué et avait fait tout changer… Tu avais l’impression que tout cela était une évidence… Tu refusais de laisser passer ta chance… Tu avais totalement changé depuis que tu l’avais rencontré… Elle t’avait redonné confiance en toi, confiance en l’avenir… Tu avais fait des choses avec elle que jamais tu n’aurais pensé faire… Tu avais repris goût à croquer la vie à pleine dents… Tu étais heureuse… Et ça te faisait du bien…

Sentir les baisers d’April un peu partout sur ton corps commençait à te faire perdre la tête… Il y a bien longtemps que tu n’avais pas ressenti une telle explosion, un tel feu d’artifice en toi… Ta respiration commençait à se faire de plus en plus saccadée tandis que tu tentais de rendre à April les caresses qu’elle t’offrait en passant tes doigts délicatement sur sa peau laiteuse… Ton corps allait encore plus à la rencontre des mains et des lèvres d’April… Tu ne la quittais pas des yeux… Tu n’avais pas peur… Tu étais prête… Tu devais arrêter de réfléchir, laisser simplement ton corps profiter de ces nouvelles sensations… Tu étais certaine qu’il te serait difficile, ensuite de t’en passer… Et tu étais certaine également que jamais tu ne t’en lasseras… April savait s’y faire, elle te rendait complètement dingue. Une sonnerie de téléphone se fit entendre… Tu soupirais… Une urgence, sans aucun doute… Tu crus d’abord que c’était le tien avant de te rendre compte que non, c’était celui d’April… Elle devait y aller… Tu avais envie de rager contre l’univers entier… La journée avait été parfaite… La soirée avait été parfaite… Ne pouvait-on pas vous laisser terminer la nuit tranquillement ? Te couvrant rapidement sous les couvertures, tu ne pus t’empêcher de montrer ta frustration… Après tout le travail que tu avais fait sur toi-même, pour arriver à te laisser aller… Cependant, tu comprenais tout à fait qu’April doive partir… C’était normal… Le devoir professionnel avant tout… Tu l’embrassas une dernière fois, faisant durer le baiser avant de lui dire une nouvelle fois : « Je t’aime, April Robbins… » Puis tu la vis partir…

Te cachant sous les couvertures, tu avais prévu de dormir… Mais tu ne parvenais tout simplement pas à trouver le sommeil… Tu ne cessais de te retourner dans le lit… Votre lit… Les bras d’April qui t’apaisaient et te permettaient de t’endormir calmement te manquaient… Et puis tout à coup une peur irrationnelle te remplit le cerveau… Tu te rappelais la dernière fois qu’April avait été appelée pour une urgence… Elle s’était retrouvée avec une balle dans la poitrine. Et si c’était de nouveau le cas ? Si elle revenait blessée ? Tu ne le supporterais pas… Tu devais t’assurer que tout allait bien… Tu avais alors tenté de l'appeler mais elle n'avait pas répondu... Il ne t'avait pas fallu beaucoup plus de réflexion après cela... Tu ne pouvais pas rester ici… Te levant en n’ayant tout à coup plus du tout sommeil, tu enfilais la première chose qui te passait par la main c’est-à-dire le jean que tu portais ce matin-là ainsi qu’une chemise et une veste… Après quoi, tu sortis, après avoir mis un peu d’ordre dans tes cheveux et en attrapant juste ton téléphone portable et tes papiers que tu glissais dans une de tes poches… Tu décidais de prendre la direction de la brigade des mœurs… Tu te fichais qu’April te dise que tu n’aurais pas dû sortir… Que tout allait bien… Tu avais besoin de le voir de tes yeux… Alors que tu traversais une rue, tu ne vis pas la voiture t’arriver dessus… Enfin, si tu la vis, mais il était trop tard… Elle te percuta de plein front, t’envoyant en l’air avant que tu ne sois projetée plusieurs mètres plus loin, sur le sol goudronné… A partir de là, ce fut le trou noir… Tu n’entendis pas les secours arriver, tu n’entendis pas quand l’un d’eux te demanda d’ouvrir les yeux, de lui serrer les mains… Tu ne sentis pas quand ils t’emmenèrent à l’hôpital… Tu ne sentis pas quand on découpa tes vêtements. Tu n’entendis pas quand ils dirent qu’ils avaient besoin de sang universel pour toi à cause de ton hémorragie. Tu ne sentis pas non plus quand on t’intuba à cause de ta détresse respiratoire… Tu n’eus pas conscience de toute l’agitation qui s’était mise en œuvre autour de toi pour te maintenir en vie… Tu n’eus pas conscience non plus de l’angoisse de la conductrice, en état de choc… Tu étais partie… Ailleurs… Mais tu avais eu une certaine chance dans ton malheur : le rachis n’avait pas été touché… Tu n’étais pas en bon état mais ça aurait pu être dix fois pire… Si la voiture avait roulé plus rapidement…

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terminé mais à suivre...