[fondatrice]

it's where my demons hide

Depuis sa sortie de l’hôpital, elle s’isole. Elle ne répond plus aux appels de sa famille, de sa sœur. Elle n’a pas envie de parler, de discuter de ce qui a pu se produire. Elle sait. Elle parfaitement qu’il a levé la main sur elle, mais elle ne se souvient pas. Heureusement, puisqu’elle ne se sent pas prête à affronter cette réalité qu’elle se contente de laisser enfouie dans son inconscient. Elle voit les marques sur son corps, elle sait que cette altercation a dû être plus violente que les autres, mais elle n’a pas envie de savoir, pas envie de se souvenir.
Une fois de plus, elle ferme son portable pour ne plus entendre la sonnerie. Elle n’a pas envie de se faire rassurer ni de se faire prendre dans les bras de quelqu’un de compatissant. Catriona en a marre des regards subjectifs et des paroles qui se veulent rassurantes. Cat a simplement envie de ne pas penser, d’oublier encore plus le mal qui la ronge. Sa confiance est perdue. Elle ne s’ouvre plus. Elle n’a pas envie de laisser qui que ce soit entrer dans sa vie. Elle a peur. Une peur oppressante qui lui ronge les entrailles.
Elle attrape son manteau pour filer vers la sortie. Elle a envie d’un verre. Elle a envie de boire en solitaire pour ne plus penser à son passé avec lui. Son manteau se pose contre ses épaules frêles et elle se met en route vers un bar qu’elle connait. Elle vit dans cette ville depuis toujours alors elle connait Memphis sur le bout de ses doigts malgré que ce soit largement grand. De cet endroit, elle connait Milan et elle n’a pas la moindre idée si elle va le croiser, mais ça ne change rien. Ce qu’elle crève d’envie, de prendre quelques verres pour oublier encore plus, pour voir les images dans son esprit se dissiper.
Milan. Elle le connait trop bien. Un ami de son frère qui passait souvent à la demeure familiale. Elle se souvient parfaitement de ses traits, même s’ils ne se sont revus que très peu lorsqu’elle a fini par quitter le nid. Cette attirance qui n’avait jamais abouti à rien. Il avait été le fantasme de nombre incalculable de ses fantasmes d’adolescence. Au fond, elle n’a pas la moindre idée si cette attirance était réciproque puisque ça n’a jamais mené à rien.

La porte du bar se pousse, elle se laisse rapidement happer par l’ambiance agréable. Ça fait un moment qu’elle n’était pas sortie, il faut dire que son ancien copain n’aimait pas qu’elle traîne dans ce genre d’endroit. Il avait fini par se perde, par laisser la jalousie le contrôler et elle lui en voulait pas ça. Elle affiche un sourire avant de se diriger vers le bar. Ça fait environ une semaine qu’elle n’avait pas mis le pied dehors, incapable de trouver l’envie de se montrer. Son coma l’avait rendu amorphe. Catriona se pose près du bar en laissant son regard sombre se porter sur une des serveuses qui semblaient largement occupées. Il faut dire que l’endroit gagnait en popularité.
Ça lui rappelait qu’elle allait devoir recommencer à travailler au café. Elle n’en avait pas encore le courage. Pas pour le moment.
La brune finit par passer commande après quelques minutes d’attente et elle tend un billet en laissant un pourboire largement suffisant. Ses iris sombres observent les alentours et s’accrochent à un visage connu. Milan. Son ventre se tord doucement. Elle boit une gorgée de son verre en détournant le regard. Il est toujours aussi séduisant. Il a ce quelque chose d’attirant, mais elle ne se sent pas en sécurité face à aucun homme.. ou presque. Il y a ce médecin, celui qu’elle ne connait pas à peine. Il a pourtant quelque chose de rassurant qu’elle n’arrive pas à comprendre. Catriona pousse un soupir. Elle n’a pas la moindre idée de si elle doit allez vers lui ou rester seule. Elle n’a pas la moindre idée de ce qu’elle pourrait lui dire.

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Ça lui fait étrange, de poser son regard sur Milan. Parce qu’elle ne l’a pas vu depuis des années, parce qu’entre eux, ce n’était qu’un passé complexe et tendu. Elle l’avait aimé, étant enfant, mais elle avait fini par faire sa vie. Elle s’entendait bien avec lui, mais comme il était l’ami de son frère, elle n’a pas pu passer du temps seule avec lui. Elle était toujours là, sans vraiment l’être. Le revoir lui fait étrange, surtout qu’elle n’est pas dans le meilleur de ses états Cat. Elle a envie de ne plus penser. À Trent. Parce qu’elle le méprise autant qu’une partie d’elle l’aime encore. Le genre d’amour qu’o oublis jamais complètement. Enfin. Alors qu’elle tente de savoir l’attitude à adopter, elle entend une voix familière tout juste devant elle. Hey Cat' ! Ça me fait plaisir de te voir, ça faisait longtemps. La brune lève le regard pour le poser directement sur lui, elle l’analyse un moment, comme si elle a du mal à comprendre la situation. Ca la rend nerveuse. Ca. Lui. Peut-être n’aurait-elle pas dû se rendre ici. Elle n’en sait rien. Elle ne sait plus rien. Dans son esprit, c’est qu’un simple chaos.
Elle finit par afficher un sourire, parce qu’elle sait au fond que Milan ne risque pas de lui faire du mal. Elle le pense, mais elle ne le sait pas vraiment. Ca fait longtemps, longtemps qu’elle n’a pas pu lui parler ou se trouver près de lui. Catriona laisse ses doigts jouer nerveusement contre son verre. Elle n’a plus l’habitude, elle se sent un peu perdue depuis son réveil du coma. Elle a peur de tout et de rien. Elle se sent instable. Confronter son passé n’a rien de facile, surtout qu’avec Milan ce n’est qu’une histoire inachevée et elle ne sait pas si c’était seulement dans son esprit ou il y avait quelque chose, cette attirance. « Milan.» Un sourire. Un sourire qu’elle laisse prendre place sur son visage. D’une certaine façon, elle le force ce sourire, parce qu’au fond, elle est triste. Elle est perdue.
Elle laisse son regard se poser directement dans le sien, dans ses iris toujours aussi envoutants. Milan est un homme attirant, il l’a toujours été à ses yeux. « Tu vas bien?» Elle boit une gorgée de son verre, comme si l’alcool allait la rendre un peu plus agile. Elle se sent comme une enfant. Parce que Milan est cette attirance qu’elle n’a jamais pu consommer. Ses yeux ne se détachent pas des siens, parce qu’elle n’en a pas envie. « Ca fait tellement longtemps, il me semble.» C’est étrange de lui parler. D’une manière, elle ne sait pas quoi dire, comme ils ont des points commun, des histoires et surement que la vie de Milan est plus passionnante que la sienne. Il faut dire qu’elle n’a pas vraiment envie d’en parler, de sa vie. Parce qu’elle n’est pas fière. Parce que c’est douloureux.