Ce n'était un secret pour personne, Alyss adore les enfants. Depuis toute petite elle rêve d'en avoir, elle s'est toujours dit que lorsqu'elle atteindrait ses trente-cinq ans elle serait mariée avec au minimum deux enfants. La réalité n'est pourtant pas semblable, certes elle est mariée mais aucun bambin ne rampe ou ne court à travers les pièces de sa demeure, ce qui tracasse la jeune femme. Ce qui au départ n'était qu'une idée dans sa tête se transforme en une obsession grandissante qui lui donne l'impression d'accaparer son quotidien. Elle savait que de nos jours avoir une progéniture peut s'avérer être difficile et elle n'avait jamais pensé faire partie de cette catégorie de personnes. Elle avait même peur d'en faire partie et de ne jamais être capable de porter un enfant, heureusement que le médecin lui avait affirmé le contraire. Ainsi elle ne comprenait pas les réticences de Kieran, provoquant quelques tensions au sein de leur couple. C'est pour toutes ses raisons, en particulier un besoin de s'éloigner de tous ses tracas, qu'elle accepta de s'occuper de Robin le temps de quelques heures. C'était très loin d'être une corvée pour la jeune femme puisqu'elle trouve la fille de Richard absolument adorable. Alyss espère un jour avoir des enfants aussi gentils et mignons que l'est Robin. Au fond elle savait que Richard avait plus que les moyens d'engager une baby-sitter pour la soirée mais comme il n'était pas ignorant de ce qui était arrivé à la jeune femme, Alyss lui en était tout simplement reconnaissante. Après une séance coiffures de princesse, une lecture de contes de fées. Plutôt la lecture de deux contes de fées parce qu'Alyss avait été incapable de résister au charme de la fillette, Robin avait fini par s'endormir assez tôt. La fillette avait tenté de rester éveillée, tentant désespérément de garder les yeux ouverts pour dire bonne nuit à son père. La fatigue l'avait emporté sur sa volonté. Alyss avait passé ses deux dernières heures affalée sur le canapé de Richard, l'air de rien cette petite était épuisante.

Dès qu'elle entendit la voix du meilleur ami de son époux, elle se redressa automatiquement. Désolé, j'ai été retardé au boulot. Elle avait l'habitude des retards, elle ne se rappelle même pas d'une fois où son mari avait été à l'heure. Elle eut envie de généraliser sur la condition masculine mais au lieu de cela elle se retourna vers celui-ci qu'elle considérait comme son ami et se contenta de sourire, sa manière de lui assurer que ce n'était pas grave. Elle est déjà couchée ? Alyss sembla remarquer qu'il avait l'air un peu déçue. Elle ne le dira sans doute jamais assez mais elle est persuadée que cette petite a une influence positive sur Richard. Alyss a l'impression que d'une certaine manière il est plus apaisé, peut-être même plus heureux. « Elle voulait vraiment t'attendre... Du coup elle m'a donné pour mission de te dire bonne nuit de sa part !  » déclara Alyss totalement attendrie par le comportement de sa fille. La jeune femme continua de suivre son ami du regard alors qu'il se dirigeait vers le bar. Au moins une chose qui n'avait pas changé depuis l'arrivée de Robin. Je te sers quelque chose. Alyss mourrait d'envie d'un verre. Avec tous les pseudo traitements et règles qu'elle s'était imposée pour tomber enceinte elle avait dû bannir l'alcool de son quotidien. Elle ne s'autorisait qu'à boire un verre dans ses moments de faiblesse et en cet instant elle était plus que tentée. Il fallait cependant qu'elle tienne ses résolutions, ce qui la poussa à répondre par la négative. « Non merci » . Alyss s'empêchait d'ajouter quoi que ce soit, consciente qu'elle était prête à crier qu'elle désirait un petit verre de whisky plus que tout. Trop tard, Richard la rejoignait déjà sur le canapé. Ca a été ? Il savait très bien que ça a été, il n'en avait peut-être pas conscience mais sa fille est un ange. Alyss ne pouvait pas s'empêcher de sourire en mentionnant Robin.  « Ta fille est un ange... tout s'est très bien passé.   » Il n'y avait rien de plus à dire, la soirée s'était déroulée sans aucun problème. D'humeur un peu taquine, Alyss ajouta. « D'ailleurs tu es bien sûr qu'elle est ta fille ? » Non pas qu'elle doutait de leur filiation mais elle se demandait comment lui, l'éternel célibataire avec du caractère pouvait avoir une fillette aussi douce et intelligente, facile à vivre. Ça aurait été toute une histoire s'il avait dû s'occuper d'un enfant mal éduqué, irrespectueux. Alyss regarda rapidement l'heure sur sa montre, le temps était passé si vite et pourtant elle n'avait pas la moindre envie de bouger. « Ça te dérange si je reste encore un peu ?  » Elle n'avait pas envie de rentrer chez elle et d'y trouver un accueil glacial ou bien une énième dispute.