Dix... vingt.. trente minutes... Il ne savait plus vraiment depuis combien de temps il se tenait devant ce maudit placard en réfléchissant à ce qu'il allait mettre. Il jetait un coup d'oeil à ses affaires puis son regard dérivé vers sa jambe amputée avant de remonter avec un soupire las vers son placard. Il se sentait nerveux, terriblement nerveux. Il ne cessait de se demander pourquoi il avait accepté. Il aurait pu laisser le jeune homme partir vexé. Il ne serait jamais revenu dans sa vie et il aurait été tranquille. Il ne le connaissait que depuis quelques heures, il n'était rien pour lui. Et pourtant il avait accepté de faire ce stupide shooting photo. Quand il repensait au fait que la dernière photo de lui qu'on avait pris c'était quand il avait fait son dossier d'entrée à l'armée. C'était risible. Il avait d'abord eu d'autres soucis en tête que de se faire tirer le portrait et ensuite... ensuite voilà... Ah non il se trompait. Il y avait eu toutes ces filles qui s'étaient collées à lui quand il les draguait en uniforme. Le prétexte parfait pour nouer le contact : accepter de poser avec elles. Ensuite il n'avait plus qu'à s'amuser. C'était ça ces dernières photos de lui... ce n'était pas franchement mieux que son dossier de militaire.

Il soupira une dernière fois et enfila un survêtement bleu marine à liseré blanc sur le côté. Il tombait suffisamment pour cacher ses jambes, comme tous ses autres pantalons d'ailleurs. Il enfila ensuite un haut blanc à manche trois quart. Il venait de l'acheter celui là. Il était moulant, contrairement à tout ce qu'il mettait jusqu'à présent. Il l'avait acheté uniquement parce qu'il descendait sous ses hanches et qu'il ne remontait pas au moindre de ses mouvements. Il le moulait trop pour ça. Il passa ensuite une paire de nike blanche avec simplement la virgule en bleue marine. Il ne pouvait pas faire mieux pour se mettre en valeur pour son shooting. Il allait falloir qu'il s'en contente s'il n'était pas content.

Il alla ensuite passer un large sweat bleu marine à capuche et releva celle ci sur sa tête. Il l'enlèvera plus tard, quand il aurait trop chaud en courant pour le garder. Pour le moment il avait trop froid et se sentait trop mal à l'aise pour l'enlever.

C'est avec un merveilleux mal au ventre qu'il arriva finalement dans le parc avec dix minutes d'avance. Il s'assit sur un banc, les mains planquaient dans ses poches pour se réchauffer. C'était une idée de merde. Il ne voulait pas se faire prendre en photo. Il se sentait mal rien que d'y penser. Et il ne connaissait rien de ce type. Et... merde il lui avait avoué qu'il avait tenté de se suicider. Il allait certainement rien lui faire de mal mais.... merde quand même, il avait tenté de se tuer. Il lui avait semblé bien pourtant quand il l'avait vu. Mais il s'était peut être trompé. Il ne s'était pas parlé assez longtemps pour qu'il se fasse une idée concrète de lui. Il n'approuvait pas ce qu'il avait fait mais après tout il ne connaissait rien de lui et de ses raisons.

Il soupira une fois de plus, espérant qu'il n'allait pas arriver en retard.

Je n’ai pas bien dormi une fois de plus, bien trop de choses en tête et peu de temps pour tout mettre à plat entre les allées-venues de l’infirmier et celles du médecin, j’ai eu du mal à réfléchir. Je soupire pour la énième fois alors qu’il est déjà huit heures et quart du matin. Je vais arriver en retard à cause du remplaçant. Je me redresse dans mon lit, le regard perdu et fixant le sol. Je ne suis pas vraiment dans mon assiette ce matin… La porte s’ouvre à la volée : « Bonjour, je viens pour les pansements. » Machinalement, je tends mes avant-bras meurtris à divers endroits et attends. « Je n’en n’ai pas pour longtemps et tu pourras partir à ton rendez-vous. » Je ne dis rien, me contentant de le laisser faire. Il ne met pas longtemps à terminer et je peux m’habiller. Je me suis déjà lavé. Je m’approche de mon armoire et fouille, histoire de trouver une tenue présentable. J’opte pour un jeans moulant et un haut tout aussi moulant, une veste chaude et épaisse puis enfile ma paire de DM. Un bref regard dans le miroir et je cale mon iPod sur mes oreilles avant de récupérer mon matériel et mon sac. Un bref passage à l’accueil pour signer le papier et je file au bus. Les minutes me semblent interminables et je suis épuisé… Je vais faire vite ce shooting avant de revenir et de dormir pour de bon.

Le bus arrive enfin et je m’empresse de monter, offrant un simple sourire peu convainquant au chauffeur. Les traits de mon visage sont pas mal tirés par la fatigue et ça ne passe, évidemment pas, inaperçu. Néanmoins, j’arrive à voler quelques minutes de repos, me réveillant juste à temps pour ne pas rater mon arrêt. Les gens me regardent dans la rue, alors, je remonte la capuche de ma veste peu virile et pandesque avant de m’aventurer dans le parc, après avoir préparé mon appareil. Je prends quelques photos en rafales, de ça, de là puis accélère le pas, retrouvant rapidement Aidan. Mon cœur s’affole alors que je l’aperçois et je me sens bête…. Arrivant à sa hauteur, j’éteins ma musique et lui souris un peu : « Pardon pour le retard… Tu vas bien ? » Je pose mes affaires à côté de lui puis m’installe sur le banc, fixant son visage d’un air un peu absent.

Il soupira une nouvelle fois en lisant le sms qu'il venait de recevoir. Il était en retard... non sans déconner il n'avait pas remarqué. Il avait envie de se lever et de quitter ce maudit parc pour rentrer chez lui. Il ne voulait pas faire ces photos. Il ne voulait pas le voir se mettre à le reluquer encore une fois. Mais au lieu de bouger il resta sur son banc, remuant les jambes nerveusement et marmonnant tout seul en espérant qu'il se déciderait enfin à arriver. Ce n'était pas comme si il avait quelque chose à faire de sa journée. Il ne savait pas combien de temps une séance photo ça pouvait durer alors il avait réservé toute sa journée pour lui. Et puis il s'était dit qu'ils pourraient peut être aller manger un bout quelque part ensemble ensuite. Mais ça c'était avant qu'il ne lui avoue être hospitalisé pour avoir tenté de se suicider. Il ne savait pas combien de temps il pourrait être dehors. Merde il ne savait même plus comment il devait se comporter avec lui. Il n'avait jamais géré des choses comme ça. Il reconnaissait qu'il y avait déjà pensé. Quand il était allongé sur son lit d'hôpital entrain de regarder ce qu'il restait de son corps et pleurant la mort de la seule famille qu'il avait. Il s'était dit qu'il aurait mieux fait de tomber là bas comme ses camarades. Il y avait pensé mais merde jamais il ne l'aurait fait. Alors il ne comprenait pas et il ne savait plus comment agir.

Il soupira une nouvelle fois et se retourna pour voir le brun arriver. Maintenant c'était trop tard, il ne pouvait plus fuir.

« Pardon pour le retard… Tu vas bien ? »

Il garda sa capuche sur lui et ses mains enfoncées dans son pull, comme si en se cachant ainsi il pourrait se protéger du moment qui allait venir. Il se tendit légèrement tandis qu'il venait s'installer à côté de lui. Il se sentait toujours mal à l'aise quand quelqu'un était trop proche de lui. Il en faudrait peu pour qu'il sente qu'à travers le tissu ce n'était pas de la chair mais du plastique qui se trouvait.

- Je vais bien... mais c'est surtout à toi que je devrais poser la question non?

Après tout lui il ne sortait pas d'un hôpital. Il se mordit la langue après avoir posé sa question. Il n'avait peut être pas envie de parler de ce qu'il avait fait, de pourquoi il l'avait fait...

Je frissonne et détourne le regard, me décalant un peu. J’ai bien vu qu’il était gêné même si je ne sais pas pourquoi : « Je vais bien… mais c’est surtout à toi que je devrais poser la question non ? » Je baisse la tête quelques instants et fixe mes bien : « Ce n’est pas important. Bon aller… » Je me lève et sors mon appareil, préparant mon objectif : « …On va faire cette séance et après je te laisserais tranquille… Tu n’entendras plus parler de photographie de ta vie, c’est promis. » Ni même de moi je pense. Pourquoi ? Parce qu’il est évident qu’il ne me fait pas confiance même s’il m’a dit le contraire par SMS. Un SMS, on ne sait jamais ce que pensent les gens, ils peuvent te dire qu’ils t’aiment alors qu’en fait, à aucun moment ils ne le pensent. Je préfère qu’on me dise les choses en face à face, au moins, je peux lire dans le regard ou l’attitude de mon interlocuteur. Ça ne trompe pas. J’enclenche enfin l’appareil et fait des tests multiples et variés en prenant en photo l’environnement. Je sors aussi ma boîte à lumière comme je l’appelle, afin de vérifier que la lumière est bonne autour d’Aidan et lui dis : « Bon, j’ai tout vérifié, on va commencer simplement. Tu t’appuies contre l’arbre et tu regardes autour de toi… En fait, il faut que tu fasses comme si je n’étais pas là. Après je ferais des gros plans sur ta tenue par endroit. T’inquiètes pas, je ne te toucherais pas. » Il n’aime pas ça, je l’ai bien vu quand on était au café à notre première rencontre, et que j’ai eu l’indécence de toucher son menton pour qu’il me regarde. Un nouveau frisson me parcoure vicieusement l’échine mais je fais comme si de rien n’était, continuant mes réglages. Les gens qui traînent dans le coin me regardent avec un mélange d’attention et d’envie. J’hausse un sourcil puis secoue la tête avant de reporter mon attention sur Aidan : « Tu es prêt ? » J’attends patiemment son feu vert. Il faut qu’il se détende aussi et je ne sais pas s’il va y arriver. Je sais parfaitement que ce n’est pas simple d’être photographié, et je parle en connaissance de cause. Il m’arrive de recevoir des appels pour des mini-contrats mais ça, personne ne le sait et je ne vais rien en dire évidemment.

Il avait mis les deux pieds dans le plat, il en était certain. Une tentative de suicide... ce n'était pas vraiment le genre de chose dont on avait envie de parler.

« Ce n’est pas important. Bon aller… »

Il avait eu raison. Il se retint de soupirer en le voyant sortir son appareil photo. Ca y est il sentait le stress montait en lui. Il allait bientôt devoir s'afficher devant lui et son appareil. Il regrettait de plus en plus d'avoir accepté de faire ça.

« …On va faire cette séance et après je te laisserais tranquille… Tu n’entendras plus parler de photographie de ta vie, c’est promis. »

Ca il n'en était pas vraiment certain. Vu comme il était passionné par la photographie il doutait fortement qu'il arrête de lui en parler. Et comme il comptait le revoir... Parce qu'il l'aimait bien ce jeune homme quand même. Même si il était entrain de le rendre fou, de l'obliger à faire quelque chose qu'il redoutait, il l'aimait bien.

Il le regarda prendre des photos un peu partout et faire des.... trucs avec ses appareils. Lui il se contentait de rester prostré sur son banc, les mains dans les poches de son sweat, les jambes agitées.

« Bon, j’ai tout vérifié, on va commencer simplement. Tu t’appuies contre l’arbre et tu regardes autour de toi… En fait, il faut que tu fasses comme si je n’étais pas là. Après je ferais des gros plans sur ta tenue par endroit. T’inquiètes pas, je ne te toucherais pas. »

Il essaya de cacher son soulagement à sa remarque. Il ne supporterait pas de le voir s'approcher ou le toucher pour le replacer dans tel ou tel position. Il risquait de bondir légèrement sur place si il s'approchait de lui.

« Tu es prêt ? »

Il n'avait plus le choix.... Il se leva et fit passer son sweat par dessus sa tête et le laissa tomber sur le banc. Heureusement pour lui, le tee shirt qu'il portait en dessous était dans une matière qui gardait la chaleur. Vu la saison il se serait gêlé sur place sinon. Il essaya d'avoir l'air détaché alors qu'intérieurement il se sentait comme mis à nu. Il n'aurait jamais du mettre un haut aussi moulant pour faire cette maudite séance photo.

- Oui je crois...

Il alla s'adosser contre l'arbre. Il releva sa jambe valide et l'appuya contre l'arbre derrière lui. Il essaya de se détendre et de faire comme il lui disait.

- Tu vas vraiment arrêter de me parler photographie?

Il le regarda en souriant légèrement. Il ne pouvait pas rester à faire le mannequin sans lui parler, c'était trop difficile et ça le faisait trop stresser.

- J'ai cru comprendre que c'était ta passion et que tu ne pouvais pas t'empêcher d'en parler.

Je commence à le prendre en photo, évitant d’être trop près comme promis. Je suis un homme de parole. J’essaye de me concentrer sur mon travail plutôt que de baver comme un cochon malpropre devant sa taille finement sculptée. Du coup, j’ai la nette impression d’être énorme par rapport à lui… « Tu vas vraiment arrêter de me parler photographie ? J’ai cru comprendre que c’était ta passion et que tu ne pouvais pas t’empêcher d’en parler. » Je grimace un peu, lui, par contre, il ne peut pas rester tranquille… « Je t’ai promis que je te laisserais tranquille et que tu n’entendrais plus parler de moi et de la photo… Je suis un homme de parole. » Je termine les dernières prises de vue puis le regarde : « Bon, je pense que c’est bon, je ferais un tri chez moi pour ça… ‘fin à l’hôpital quoi... Maintenant, les détails et je suis désolé, je vais devoir m’approcher un peu, l’objectif que j’ai n’est pas assez fin pour rester loin… Je n’ai pas vraiment les moyens de m’en payer un mieux pour le moment on va dire… » Mes parents ont bloqué mon compte le temps que je sorte de l’hôpital et comme ce n’est pas avant au minimum un mois, je ne peux pas faire grand-chose. « Mais t’en fais pas, je ne me collerais pas à toi. » Le rassurer pour qu’il comprenne que je ne suis pas ce genre de personne. Je change donc mon objectif et fais quelques réglages de nouveau avant de commencer mes prises de vue. Sa main, son cou, ses yeux… Juste le stricte nécessaire pour ne pas le mettre mal à l’aise. Je fais au plus vite pour abréger ses ‘’souffrances’’ puis range mon matériel : « Voilà. J’ai terminé. Merci pour ta coopération, je sais que ça n’a pas été simple pour toi de poser pour un emmerdeur. » Je lui offre un bref sourire et m’assois, finissant de ranger mon matériel. « Tu es libre à présent, tu peux t’en aller, je vais continuer à faire quelques photos dans le coin avant de rentrer, j’ai encore du temps jusqu’à cinq heures ce soir... » Je ris doucement, un rire jaune et quasiment désespéré. Je fouille dans mon sac et en sors un bête Bridge, des plus basiques puis l’allume, faisant défiler les dernières photos, à savoir des animaux.

Il tentait de se détendre, de jouer au mannequin, d'oublier qu'il pouvait potentiellement remarqué quelque chose mais il n'y arrivait pas. Il allait très certainement gâcher ses photos en ayant le visage crispé comme il l'avait.

« Je t’ai promis que je te laisserais tranquille et que tu n’entendrais plus parler de moi et de la photo… Je suis un homme de parole. »

Il était chiant. Il était vraiment chiant. Il n'avait jamais dit qu'il ne voulait plus le voir. Merde s'il était là même c'est qu'il avait envie de le revoir. Il ne se serait jamais sacrifié à faire cette maudite séance photo si il n'avait pas envie de le revoir. Il ne le comprenait pas. Après le cinéma qu'il avait fait dans son magasin pour aller boire un verre avec lui voilà qu'il ne voulait plus le voir.

« Bon, je pense que c’est bon, je ferais un tri chez moi pour ça… ‘fin à l’hôpital quoi... Maintenant, les détails et je suis désolé, je vais devoir m’approcher un peu, l’objectif que j’ai n’est pas assez fin pour rester loin… Je n’ai pas vraiment les moyens de m’en payer un mieux pour le moment on va dire… Mais t’en fais pas, je ne me collerais pas à toi. »

Il fronça les sourcils mais essaya de se détendre en le voyant s'approcher. Il avait accepté alors maintenant il devait assumer jusqu'au bout. Si il ne bougeait pas les jambes il ne verrait rien dans la position dans laquelle il était. Il n'avait aucune raison de se prendre la tête. Ce n'était que de simples photos.

« Voilà. J’ai terminé. Merci pour ta coopération, je sais que ça n’a pas été simple pour toi de poser pour un emmerdeur. Tu es libre à présent, tu peux t’en aller, je vais continuer à faire quelques photos dans le coin avant de rentrer, j’ai encore du temps jusqu’à cinq heures ce soir... »

Terminé... déjà....? Il était partagé entre le soulagement et la déception. Soulagé parce qu'il n'avait plus à stresser devant son putain d'objectif. Déçu... parce qu'il voulait déjà qu'ils arrêtent de se voir, qu'il savait que le jeune homme ne reviendrait plus vers lui. Il avait coupé les ponts avec tellement de monde après la guerre, il s'était senti revivre un peu en fréquentant ce moulin à paroles qui l'avait fait sourire.

- Déjà??

Il se tut en se rendant compte qu'il avait pratiquement crié sa remarque. Il passa une main maladroite dans ses cheveux, tentant de dissimuler sa gêne. Il recula précautionneusement de l'arbre et s'approcha de lui.

- Tu m'avais dit que... tu avais besoin d'un sportif en plein effort. Je faisais pas vraiment du sport là. Plutôt une pause post sport.

Il lui fit un sourire légèrement gêné. Putain il était con. Il ne pouvait pas être entrain de lui proposer de continuer cette maudite séance photo qu'il détestait.

- Et puis... je voulais t'inviter au restaurant après. Pour te rembourser pour le café. En tout bien tout honneur mais... je ne veux pas ne plus entendre parler de toi...

Je me perds un peu dans mes pensées. En fait, je suis là physiquement mais mentalement, c’est une autre histoire… Seulement la voix d’Aidan me tire de ma rêverie et je redresse la tête pour le regarder : « Déjà ?? Tu m'avais dit que... tu avais besoin d'un sportif en plein effort. Je faisais pas vraiment du sport là. Plutôt une pause post sport. Et puis... je voulais t'inviter au restaurant après. Pour te rembourser pour le café. En tout bien tout honneur mais... je ne veux pas ne plus entendre parler de toi... » Mes joues s’empourprent bêtement et je me mords l’intérieur des joues discrètement. « Je pensais que… qu’à cause du cinéma de l’autre jour, tu n’apprécierais plus vraiment ma compagnie… après tout, je n’ai pas été très sympa ce jour-là… » Je ferme mon Bridge et le range dans mon sac avant de me gratter nerveusement le bras tout en mordillant ma lèvre inférieure : « Je ne vais pas te demander de courir alors que je sais que tu n’aimes pas vraiment être photographié… Pour le restaurant… je veux bien oui… et euh… moi non plus je ne veux pas couper le contact avec toi parce que… parce que t’es gentil avec moi quand même… » Gentil et particulièrement charmant, et ça me déstabilise encore plus quand nos regards se croisent ou quand il me regarde. Mais ça, bien évidemment, je le garde pour moi, il n’en saura rien. Comme je l’ai souvent dit ou pensé, je ne veux pas le voir fuir loin de moi. Je suis sûr qu’une amitié sincère est possible malgré son caractère totalement opposé au mien. « Quand je te disais que je voulais qu’on soit ami, c’était vrai et sans sous-entendus, même si mon attitude totalement puérile et déplorable, te faisais penser le contraire… peut-être que tu le penses encore d’ailleurs mais je veux te prouver que je ne te fais pas de rentre dedans… Je sais que je suis bizarre et chiant, et tout ce que tu veux d’autre mais, quand je dis les choses, c’est vrai tu sais… ? » Je me sens totalement crétin…

Il était pitoyable. Il sentait bien que Sage n'avait plus envie de le voir. Et voilà que les rôles étaient inversés et que c'était lui désormais qui se mettait à lui demander de continuer à le fréquenter, d'être ami avec lui. Il n'irait pas jusqu'à le poursuivre par contre. Si il l'envoyait sur les roses il s'arrêterait là. Il serait déçu mais ce ne serait jamais qu'une déception de plus dans sa vie.

« Je pensais que… qu’à cause du cinéma de l’autre jour, tu n’apprécierais plus vraiment ma compagnie… après tout, je n’ai pas été très sympa ce jour-là… »

Il n'avait pas été tendre mais il pouvait le comprendre ça. Mais si il n'avait plus voulu de sa compagnie il ne serait certainement pas venu faire quelque chose qui était si horrible pour lui. Il pensait qu'il l'avait compris ça.

« Je ne vais pas te demander de courir alors que je sais que tu n’aimes pas vraiment être photographié… Pour le restaurant… je veux bien oui… et euh… moi non plus je ne veux pas couper le contact avec toi parce que… parce que t’es gentil avec moi quand même… »

Il sourit, rassuré d'entendre qu'il allait aller avec lui au restaurant. Il n'avait pas envie que cette journée se termine aussi abruptement. Il l'avait réservé pour passer du temps avec lui. Pour la première fois depuis longtemps il n'avait pas envie de retourner se réfugier dans son appartement. Il était bien dans ce parc avec lui.

« Quand je te disais que je voulais qu’on soit ami, c’était vrai et sans sous-entendus, même si mon attitude totalement puérile et déplorable, te faisais penser le contraire… peut-être que tu le penses encore d’ailleurs mais je veux te prouver que je ne te fais pas de rentre dedans… Je sais que je suis bizarre et chiant, et tout ce que tu veux d’autre mais, quand je dis les choses, c’est vrai tu sais… ? »

Il se sentait mieux. Il n'y avait plus cette tension et cette réserve qu'il y avait entre eux depuis qu'il était arrivé. Il avait l'impression qu'ils pourraient réellement devenir amis. Et il en était heureux.

- Si je suis là c'est que j'apprécie ta compagnie. Je ne serais pas venu faire un shooting photo pour toi sinon. C'est vrai que tu es bizarre et chiant et que tu m'as fait du rentre dedans au début, ne le nie mais... j'ai vraiment envie de passer du temps avec toi.

Il le faisait sourire justement avec ces attitudes gamines. Il voulait être son ami et qu'il arrête de le fuir. Il se passa une main mal à l'aise dans les cheveux. Les effusions de sentiment ce n'était vraiment pas son truc. Il avait l'impression d'être un peu trop... un peu trop gay.

- J'ai commencé cette séance de photos je veux la terminer comme il faut. Prend celles dont tu as envie au début. Dis moi si il faut que je cours ou que je fasse autre chose.

Mais tout sauf se déshabiller. Ca il ne le supporterait vraiment pas.

Je fixe bêtement mes pieds, me trouvant de plus en plus ridicule. On dirait un gosse de cinq ans qui se fait réprimander par sa mère… « Si je suis là c'est que j'apprécie ta compagnie. Je ne serais pas venu faire un shooting photo pour toi sinon. C'est vrai que tu es bizarre et chiant et que tu m'as fait du rentre dedans au début, ne le nie mais... j'ai vraiment envie de passer du temps avec toi. » Je me mords la lèvre discrètement. Je le sais que je suis bizarre et chiant, puisque je l’ai dit avant mais, je ne suis pas sûr que de me le répéter ça va changer la situation... Et puis, ses derniers mots me font relever la tête. Il semble gêné de me dire ça et… merde, je le trouve encore plus adorable ! *Non, du calme Sage, ne lui saute pas dessus pour le papouiller sinon, pour le coup, il ne voudra plus passer de temps avec toi !* Bon aller, il faut que je me reprenne, mon cœur bat un peu trop vite et le médecin m’a dit de faire attention. Je lui souris avec gentillesse et reconnaissance : « J'ai commencé cette séance de photos je veux la terminer comme il faut. Prend celles dont tu as envie au début. Dis-moi s’il faut que je coure ou que je fasse autre chose. » J’acquiesce et me lève, récupérant mon appareil d’une main tremblante. Je le regarde de nouveau en réfléchissant. « Courir, peut-être pas parce que je ne peux pas te suivre… mais, des échauffements, ça, je peux suivre. » J’espère qu’il ne me demandera pas pourquoi je ne peux pas le suivre. Même mes parents ne sont pas au courant. D’ailleurs, à part mon médecin et moi-même, personne d’autre ne sait. « Par contre, ne va pas te faire une entorse ou autre pour une photo, hein ! Si tu as l’habitude de courir et tout ça, fais comme d’habitude et je m’adapterais. Le tout c’est que ce soient des clichés naturels. Parce que si je veux des trucs totalement WTF, je n’ai qu’à aller à la prochaine Gaypride ! » Je ris doucement. Où est le rapport entre les deux ? Je ne le sais pas moi-même. Misère, le froid gèle mon cerveau à la longue je crois…

Il le regarda se lever tout en acquiesçant. Tout n'était peut être pas foutu finalement. Si il se levait comme c'était que peut être il allait accepter de déjeuner avec lui. Et de continuer cette séance photo, même si lui il préférerait la voir finir au plus vite.

« Courir, peut-être pas parce que je ne peux pas te suivre… mais, des échauffements, ça, je peux suivre. »

Et bien ça semblait reparti pour la séance photo. Non mais sérieusement il n'aurait pas pu se taire et se contenter de l'inviter à déjeuner? Maintenant il allait falloir qu'il se mette à courir devant lui. Ils allaient certainement passer un moment encore sur cette séance photo. Il était vraiment trop con quand il s'y mettait.

« Par contre, ne va pas te faire une entorse ou autre pour une photo, hein ! Si tu as l’habitude de courir et tout ça, fais comme d’habitude et je m’adapterais. Le tout c’est que ce soient des clichés naturels. Parce que si je veux des trucs totalement WTF, je n’ai qu’à aller à la prochaine Gaypride ! »

Il le regarda légèrement surpris, haussant un sourcil ironiquement. Il avait l'impression d'enfin retrouver le jeune homme qui s'était installé sur son comptoir et qui avait enchainé les gaffes au café. Il l'aimait bien ce Sage. Il était content de voir qu'il redevenait enfin lui même avec lui.

- Si tu veux tu peux te poster à un endroit et moi je passerais et repasserais devant en courant.

Voyant le brun acquiesçait à nouveau il se mit à faire de petits aller retour, passant devant l'endroit où se trouvait Sage. Il en oubliait presque qu'il était dans une séance photo. Il se sentait en paix avec lui même tandis qu'il courait. Il oubliait le monde extérieur, Sage, son appareil photo... Il se sentait bien.

Il mit un petit moment à réaliser que Sage avait arrêté de le prendre en photo et lui faisait signe de le rejoindre. Il courut jusqu'à lui et s'arrêta à ses côtés. Il était légèrement essoufflé mais il se sentait surtout plus détendu qu'au début. Un léger sourire ornait ses lèvres désormais.

- Excuse moi j'étais trop pris par ma course. Tu as pu faire les photos que tu voulais?

Je me sens vraiment bien quand il est avec moi. ‘fin ce que je veux dire c’est que, je ne pense pas aux choses qui font mal à mon cœur, je vis chaque seconde naturellement. Mais quand il n’est pas là, je me sens terriblement mal… « Si tu veux tu peux te poster à un endroit et moi je passerais et repasserais devant en courant. » J’acquiesce en souriant et me prépare donc, posant un genou au sol pour mieux travailler. J’enchaîne les clichés avec plaisir puis termine, rangeant mon matériel. Seulement, Aidan continue de courir. On dirait qu’il se sent mieux que tout à l’heure. Il semble apaisé et ça me rends chagrin de le faire arrêter : « Excuse moi j'étais trop pris par ma course. Tu as pu faire les photos que tu voulais ? » Je lui souris une fois de plus : « Oui c’était parfait et tu semblais, différent quand tu courais… j’ai pu lire de l’apaisement sur ton visage et j’ai même réussi à prendre ce sentiment en photo, c’était très beau… ‘fin de mon point de vue de photographe novice. Si tu veux, quand j’aurais trié, tu pourras venir voir les clichés si l’envie t’en dit. » Le médecin sait parfaitement que la photographie est très importante pour moi. Il a demandé à ce que je sois seul dans une chambre et il l’a aménagé comme une chambre d’étudiante. Je sais que je peux y venir quand je veux puisque j’ai la clé. Et ça m’arrive souvent de partir plusieurs jours, voire plusieurs mois de chez mes parents pour m’y réfugier. « Tu veux qu’on aille se mettre au chaud quelque part ? Je ne voudrais pas que tu attrapes froid par ma faute… » Je récupère mes affaires et les pose sur mes épaules, croisant les bras contre mon torse après avoir remonté ma capuche. J’ai froid et je commence à avoir un peu faim aussi mais il est encore tôt et je ne sais pas s’il a faim comme moi.

Il souriait. Il se sentait même presque bien. A partir du moment où il s'était mis à courir il s'était mis à oublier la présence de ce maudit appareil photo. Au final cette séance n'avait pas été si horrible. Il pourrait presque en refaire une... ou non en fait. Il était heureux d'en être enfin débarrassé. Il espérait simplement que les photos seraient au goût de Sage et qu'il aurait une bonne note.

« Oui c’était parfait et tu semblais, différent quand tu courais… j’ai pu lire de l’apaisement sur ton visage et j’ai même réussi à prendre ce sentiment en photo, c’était très beau… ‘fin de mon point de vue de photographe novice. Si tu veux, quand j’aurais trié, tu pourras venir voir les clichés si l’envie t’en dit. »

Là pour le coup il se mit à rougir furieusement. Il avait du mal à croire qu'il puisse être aussi beau en photo. Il était... il savait ce qu'il était et ça n'avait rien à voir avec un quelconque résultat beau. Passable à la limite il voulait bien le croire mais pas beau.

« Tu veux qu’on aille se mettre au chaud quelque part ? Je ne voudrais pas que tu attrapes froid par ma faute… »

Pendant que Sage ramassait ses affaires il en profita pour renfiler rapidement son sweat. Il se sentait mieux ainsi. Il n'avait pas vraiment froid mais il se sentait mieux plus... habillé. Il ne supportait plus le regard que Sage portait sur lui. Ce tee shirt était vraiment une mauvaise idée. Il n'allait plus le mettre c'était décidé.

- Ca te dérange si... Enfin... je préférerais aller me doucher et me changer avant qu'on aille manger. Ma tenue n'est pas vraiment approprié et... je suis sur que je pue la sueur.

Il eut un petit rire désabusé. Il ne savait pas comment il allait gérer le fait de devoir le ramener chez lui pour aller se doucher. Ce n'était pas le fait de l'emmener chez lui qui le gênait. Ce n'était pas le grand luxe son appartement, c'était même plutôt le bordel, mais il l'aimait bien et il s'y sentait bien. Non l'histoire c'était de savoir comment il pourrait faire pour aller se doucher et se changer sans qu'il le voit. D'habitude il était seul et laissait tomber la prothèse pour se balader en béquilles chez lui. C'était plus simple et ça soulageait son moignon. Mais là...

- Si ça te dérange pas de passer chez moi et d'attendre un peu avec qu'on aille au restaurant bien sur...

Je l’observe du coin de l’œil, me rendant de plus en plus compte à quel point il m’attire mais, que je ne dois pas espérer quoique ce soit et ça me frustre... « Ça te dérange si... Enfin... je préférerais aller me doucher et me changer avant qu'on aille manger. Ma tenue n'est pas vraiment appropriée et... je suis sûr que je pue la sueur. Si ça te dérange pas de passer chez moi et d'attendre un peu avec qu'on aille au restaurant bien sûr... » Je déglutis discrètement et lui souris : « Non pas du tout. Si ça peut t’aider à te sentir mieux. Je peux bien attendre un peu ne t’en fais pas… Et puis j’ai tout mon temps. » Pour avoir du temps, j’en ai, c’est évident. Le tout sera de rester sagement dans le salon pour ne pas empiéter sur son espace vital, pour ne pas qu’il croit que je veux forcer un quelconque portail. « C’est par où ton chez toi ? » Je commence à avancer pour sortir du parc, j’ai à peine dépassé Aidan que je sens ma tête me tourner : « …wooh… » Je manque tomber en arrière, faisant choir mes affaires sur l’herbe encore un peu humide de rosée. Bon sang, qu’est-ce qui ne tourne pas rond cette fois ? J’ai pris mes vitamines ce matin et on a nettoyé mes pansements, alors, pourquoi ? Je sens qu’on me retient mais je ne vois pas vraiment qui cela peut-être et ça m’étonnerais fortement que ce soit Aidan. Il n’aime pas toucher les gens et être touché, je le vois mal me retenir pour ne pas que je tombe. Je dirais même qu’il m’aurait laissé tomber au sol tout bonnement sans bouger le petit doigt. Et comme il me plaît, je ne lui en voudrais pas. Il n’empêche que ce genre de malaise ne m’avait absolument pas manqué. Il va falloir que je fasse un check up en rentrant à l’hôpital. Je reprends enfin mes esprits et me redresse : « Désolé…ce n’était pas vraiment… prévu… »

Il était con d'avoir proposé un truc pareil mais en même temps il ne voyait pas comment il pouvait faire autrement. Il n'avait peut être pas énormément couru mis ça avait suffi pour le faire transpirer. Il se voyait mal aller au restaurant dans cet état là et même dans la tenue dans lequel il était. Et il ne voulait pas que cette matinée s'arrête. Il avait réussi à se détendre. Il était avec quelqu'un dont il appréciait la compagnie et avec qui il pensait pouvoir réellement devenir ami. Il allait falloir qu'il passe par dessus son appréhension et qu'il le ramène chez lui.

« Non pas du tout. Si ça peut t’aider à te sentir mieux. Je peux bien attendre un peu ne t’en fais pas… Et puis j’ai tout mon temps. »

Se sentir mieux? Non. L'empêcher d'avoir une pneumonie et de se faire virer à coup de pieds du restaurant. Ca oui. Après quand il serait enfin avec ses vêtements habituels et pas le truc moulant qu'il avait eu la connerie de mettre, oui il irait mieux.

« C’est par où ton chez toi ? »

Il était sur le point de lui expliquer qu'ils allaient devoir prendre sa voiture pour s'y rendre quand il le vit commencer à chanceler sur ses jambes.

« …wooh… »

Avant d'avoir le temps de comprendre ce qu'il faisait il se précipita pour rattraper Sage et l'empêcher de tomber. Mais merde qu'est-ce qu'il avait pour être hospitalisé et tomber comme ça? Ils foutaient quoi ces cons de médecin pour laisser sortir un patient qui ne tenait pas sur ses jambes?

« Désolé…ce n’était pas vraiment… prévu… »

Il relâcha Sage tandis qu'il se redressait. Il venait de se rendre compte qu'il le tenait par les épaules et qu'ils étaient proches... très proches. Il s'éloigna un peu, mal à l'aise de cette proximité inattendue.

- Ce n'est rien rassure toi. Tu n'as pas à t'excuser.

Il resta cependant non loin de lui. Il restait inquiet pour son état. Il venait littéralement de s'évanouir sur lui, ce n'était pas normal.

- Tu... tu es sur que ça va? Je devrais peut être te ramener à l'hôpital non?

Il n'aurait même jamais du en sortir à son avis. Et surtout pas pour une maudite séance photo. Il n'était clairement pas en état d'être dehors et de se balader comme ça. Il tenait à peine sur ses jambes.

Je suis littéralement sur le cul quand je vois que c’est Aidan qui m’a rattrapé. Je l’ai mal jugé et je me mettrais bien une paire de gifles. « Ce n'est rien rassure toi. Tu n'as pas à t'excuser. Tu... tu es sûr que ça va? Je devrais peut être te ramener à l'hôpital non? » Je récupère mes affaires et prends un peu de sucre dans mon sac avant de le regarder, plutôt gêné : « Oui oui ça va… c’est juste que je manque un peu de sucre… ça va passer. » Je lui souris de nouveau et reprends le chemin de la sortie du parc, restant non-loin d’Aidan. Après tout, je ne sais pas où il habite donc, autant écouter ses explications. « Allons-y avant que tu n’attrapes froid ! » Il s’agirait aussi que moi-même je n’attrape pas froid sinon ce serait vraiment idiot et le médecin m’interdirait de sortir. C’était très viril de ma part de lui tomber dans les bras, bravo Sage, tu viens de te taper l’affiche en public, de mieux en mieux ! En même temps, ce n’est pas vraiment la première fois que ce genre de truc m’arrive mais, généralement, je suis chez moi et donc, mon père n’étant pas bien loin, me ramène dans mon lit en me portant. Tandis que là, si j’aurais vraiment fait un malaise, Aidan aurait dû appeler les secours, ou pire, il aurait dû me porter jusqu’à la sortie et appeler les secours après. Bref, ça aurait été la pire des mouises. « Merci, d’avoir stoppé ma chute… tu n’étais pas obligé de le faire mais tu l’as fait… généralement les gens s’enfuient quand ils voient une personne s’effondrer en pleine rue, ou alors ils font comme si de rien n’était… mais toi, tu es différent donc, merci. » En plus d’être particulièrement adorable, il est prévenant et s’intéresse aux autres. Il est rare de trouver des gens comme lui, sauf dans les métiers de la médecine évidemment. Il me plaît de plus en plus et c’est bien là que se trouve le problème…

Il restait inquiet pour Sage. Ce n'était pas normal de manquer de s'évanouir comme ça. Il devait le reconduire à l'hôpital ça serait plus prudent. Tant pis pour leur repas au restaurant.

« Oui oui ça va… c’est juste que je manque un peu de sucre… ça va passer. Allons-y avant que tu n’attrapes froid ! »

Il le suivit, tout en restant non loin de lui. Il n'avait pas envie de le voir tomber à nouveau. Sa voiture n'était pas garé loin de toute façon. Une fois chez lui il pourrait lui donner de quoi grignoter pendant qu'il se douchait. Ca l'occuperait et puis comme ça il serait certain qu'il ne lui ferait pas un nouveau malaise en allant au restaurant.

« Merci, d’avoir stoppé ma chute… tu n’étais pas obligé de le faire mais tu l’as fait… généralement les gens s’enfuient quand ils voient une personne s’effondrer en pleine rue, ou alors ils font comme si de rien n’était… mais toi, tu es différent donc, merci. »

Il rit légèrement tandis qu'il enfonçait ses mains dans ses poches, mal à l'aise.

- Tu m'es tombé dessus tu sais... je n'avais pas vraiment le choix. Mais de rien...

Il lui sourit et l'entraina vers sa voiture. Arrivé à côté il la déverrouilla et l'invita à monter à l'intérieur.

- Allez viens. J'habite trop loin pour qu'on y aille à pied et tu n'es pas en état.

Il grimpa dans la voiture et attendit que Sage le rejoigne pour démarrer. Heureusement qu’il n'habitait pas loin. Le silence qui s'installait entre eux ne durait pas longtemps. A son plus grand soulagement, il se gara finalement devant chez lui et fit signe au brun de descendre. Il le fit ensuite pénétrer dans son appartement. Merde... le bordel ambiant était encore pire que ce dont il se souvenait. Le vieux carton de pizza de la veille trainait encore sur la table basse devant la télé. Certains de ses vêtements et... oh non, de ses sous vêtements même étaient éparpillés un peu partout.

Il les ramassa rapidement avant d'inviter Sage à s'installer sur le canapé.

- Vas y fais comme chez toi. Je vais me doucher rapidement et je reviens.

Il alla mettre ses affaires sales dans le panier avant de revenir dans le salon où Sage se trouvait toujours. Il attrapa un paquet de chips et lui lança.

- Tiens mange un peu. J'ai pas envie de te voir tomber à nouveau dans les pommes.

Il lui sourit avant de se précipiter dans sa salle de bain avec des vêtements. Histoire d'être sûr d'être tranquille il verrouilla la porte et se laissa aller. Enfin seul... il soupira et s'adossa contre la porte. Il fallait qu'il se détende. Il se prenait vraiment trop la tête en ce moment. Il n'y avait aucune raison pour qu'il vienne dans la salle de bain. Il fallait qu'il arrête d'être parano.

Lentement il se déshabilla, retira sa prothèse et se glissa sous la douche. Il se lava rapidement et se rhabilla. Cette fois il enfila un jean large, mis un pull blanc épais et moelleux. Il chaussa une paire de basket avant de rejoindre Sage dans le salon. Tout en le rejoignant il noua une écharpe bordeaux autour de son cou. Ses cheveux étaient encore un peu humides mais il n'avait plus vraiment le temps de le faire. Il ne voulait pas le faire attendre davantage.

- Je suis prêt...

J’ai l’impression que le temps se rafraichit ou alors, je suis bel et bien en train de tomber malade. Si c’est le cas, je suis dans la merde… « […] Allez viens. J'habite trop loin pour qu'on y aille à pied et tu n'es pas en état. » Je lui souris, gêné cette fois-ci et le suis docilement jusqu’à sa voiture. Je le laisse s’installer avant de m’y poser aussi, bras et jambes croisées, essayant de récupérer un peu de chaleur. La route se passe silencieusement et mon esprit se perd sur les paysages qui traversent mon champ de vision. Je me sens étrangement nostalgique, comme les fois avant que je ne me réveille à l’hôpital dans un piteux état. Pourtant, je me sens également bien auprès d’Aidan. C’est la confusion totale dans ma tête… Le moteur qui s’arrête me tire de ma rêverie et je descends du véhicule, y laissant mes affaires. Je le suis jusqu’à son appartement et y entre, découvrant une sorte de mosaïque de fringues en tous genres. *Il est un peu bordélique mais il reste quand même adorable…* pensais-je. « Vas-y fais comme chez toi. Je vais me doucher rapidement et je reviens. Tiens mange un peu. J'ai pas envie de te voir tomber à nouveau dans les pommes. » Prends toi ça dans la gueule Sage, ça t’apprendra. Je m’installe donc sur le canapé et ouvre le paquet de chips, mangeant doucement. Alors qu’il file s’enfermer dans sa salle de bains, je me perds de nouveau dans mes pensées qui semblent être de plus en plus confuses et sombres. Je ne sais pas pourquoi ça tourne et retourne dans ma tête, comme une chanson agaçante. Je devrais peut-être aller voir mon psychologue et lui exposer ce que je vois sur son tableau blanc. Peut-être qu’après, je me sentirais mieux. Le paquet de chips se vide lentement mais sûrement, l’esprit toujours tourné vers les tréfonds sombres de mon âme. « Je suis prêt… » La voix d’Aidan me parvient comme un doux murmure me faisant tourner la tête dans sa direction. Je manque m’étouffer avec une chips, toussant rauque à m’en décrocher un poumon. Je me redresse rapidement, déglutissant avec un peu de difficultés : « Une chips est passée dans le mauvais tuyau… la vache, ça racle sa grand-mère… » J’ai juré. J’ai juré et c’est mal quand on est invité chez quelqu’un… Je l’observe, retenant ma bave qui semble vouloir me fuir : « Tu es rapide ! Tu sais, tu pouvais prendre ton temps… Les chips, ça faisait longtemps que je n’en n’avais pas mangé… en fait, ça fait longtemps que je n’ai pas mangé pour de vrai. Bref… Tu veux qu’on y aille… ? » Détourner la conversation, c’est ça.

Il se précipita vers Sage, inquiet pour lui quand il le vit manquer de s'étouffer avec sa chips.

« Une chips est passée dans le mauvais tuyau… la vache, ça racle sa grand-mère… »

Il sourit, un peu rassuré de voir qu'il allait mieux. Il commençait vraiment à se dire qu'il avait une santé fragile et que d'être ami avec lui allait être plus compliqué que ce qu'il croyait. Passer son temps à l'hôpital ça ne serait pas vraiment son truc.

« Tu es rapide ! Tu sais, tu pouvais prendre ton temps… Les chips, ça faisait longtemps que je n’en n’avais pas mangé… en fait, ça fait longtemps que je n’ai pas mangé pour de vrai. Bref… Tu veux qu’on y aille… ? »

Il commençait vraiment à se dire que Sage ne lui racontait pas, qu'il avait plus de soucis que ce qu'il semblait avoir. Il était hospitalisé. Il lui disait ne pas avoir vraiment mangé depuis longtemps... Il commençait vraiment à s'inquiéter pour lui.

Il l'attrapa par la main et l'entraina avec lui vers la sortie en souriant.

- Alors viens que je te nourrisse.

Il enfila une veste, sortit de l'appartement et le verrouilla derrière lui avant de partir. Il remonta dans la voiture et attendit que le brun le rejoigne pour démarrer. Cette fois ci, il alluma la radio qu'il laissa avec le volume assez bas, histoire de simplement avoir un léger fond sonore.

- Je connais un petit restaurant qui fait les meilleurs cheeseburger que j'ai jamais mangé. Ca te tente?

Ce n'était pas de la grande cuisine. C'était même plutôt simple comme sortie mais il était comme ça. Il n'avait pas de goûts prétentieux. Il préférait aller se faire un bon cheeseburger et aller voir un match. Les restaurants tout beau tout mignon et autre sorties du genre ce n'était pas son truc. Et puis de toute façon, cette sortie n'avait rien d'un rencard. Ils étaient juste deux amis qui allaient manger ensemble. Pour lui un cheeseburger c'était parfait. Il espérait simplement que Sage serait du même avis.

Il est franchement à tomber par terre… Je me sens de plus en plus bizarre, comme il y a huit ans et j’avoue que je commence sérieusement à flipper. De plus, il est hétéro c’est évident et on ne peut pas changer ce que l’on est. On est comme on est et c’est tout. Et lorsqu’il prend ma main pour qu’on sorte, mon cœur rate plus d’un battement et mes joues s’empourprent à une vitesse folle : « Alors viens que je te nourrisse. » Et je ne peux que le suivre parce que, de toute façon, c’est ce que je veux. Je veux passer du temps avec lui, apprendre à le connaître et devenir proche. Bien sûr, je ne me berce pas d’illusions, puisque, comme je l’ai annoté, il est hétéro. Il déverrouille sa voiture et grimpe. Je reprends mon souffle et surtout contenance avant de monter à mon tour. On n’a pas couru mais on a marché rapidement et puis, il faut l’avouer, sinon je serais bien le pire des menteurs : je suis tout chamboulé depuis que sa main s’est trouvée dans la mienne… Une douce chaleur m’a envahi et une petite décharge électrique a tiré la sonnette « Alerte à l’amour » qu’il y avait dans mon cerveau. Merde. C’est impossible. Je ne peux pas tomber amoureux si vite ! C’est absurde ! Il branche la radio, et je m’installe confortablement dans mon siège. Un sourire presque niais flotte sur mon visage : « Je connais un petit restaurant qui fait les meilleurs cheeseburger que j'ai jamais mangé. Ça te tente ? » Il y a longtemps que je n’ai pas mangé de la junk food et j’avoue que ça me manque un peu. En plus, la bouffe de l’hôpital est dégueulasse, c’est pour ça que je ne la mange pas : « Oui tout à fait. Ça fait longtemps que je n’ai pas mangé de burger. » Ça fait longtemps que je n’ai pas mangé tout court comme je l’ai dit. Ils disent que les plats que l’on nous sert sont préparés par des traiteurs ! Mon œil oui ! Je sais ce que c’est la nourriture de traiteur et ce n’est certainement pas celle de l’hôpital : « La nourriture de l’hôpital est infecte alors je ne la mange pas… » Re-merde, pourquoi j’ai été dire ça ? Il va vouloir me forcer à manger maintenant ! Je suis vraiment un gros con…

Il roulait tranquillement. Le restaurant n'était pas loin mais ils avaient largement le temps d'y arriver. Même si son envie là maintenant était d'aller manger au plus vite tellement il avait faim. Rien que de penser à son futur cheeseburger il en bavait d'envie.

« Oui tout à fait. Ça fait longtemps que je n’ai pas mangé de burger. La nourriture de l’hôpital est infecte alors je ne la mange pas… »

Il rit légèrement à sa remarque. C'était vrai que la nourriture de l'hôpital... il y avait mieux. Dire que les gens étaient sensé se remettre sur pied avec ça. A croire que les médecins voulaient les achever davantage avec leurs repas infectes.

- Ca je ne peux qu'être d'accord avec toi. Je crois qu'il n'y a rien de pire que la nourriture de l’hôpital.

Il avait souffert pendant les semaines qu'il avait passé en rééducation. C'était aussi ce qui l'avait poussé à se dépasser pour partir encore plus vite. Il avait hâte de rentrer chez lui, de retrouver une vie normale et surtout de recommencer à manger normalement.

- Ah si, il y a pire... Les rations militaires. C'est déshydraté, pas cuit, ça a la consistance du cuir. C'est dégueulasse. Je crois que je préfère encore me nourrir de plateau repas de l'hôpital pour le restant de ma vie que de retoucher à ça.

Rien que d'y penser il avait envie de vomir. On ne parlait pas de ça quand on vous faisait la pub pour l'armée. En général ils vantaient le travail d'équipe et tout le tralala. Ils oubliaient des nuits sur un lit de camp avec un matelas aussi épais qu'une feuille de papier, bercé par les ronflements des camarades et les tirs. Du coup, dormir seulement quelques heures n'était pas gênant vu qu'il ne dormait pas. Ils oubliaient de parler de cet inconfort permanent, de la peur, du sang, des cris... L'armée ce n'était vraiment pas ce qu'ils en racontaient.

Rien que de penser à mon repas de ce soir, j’ai limite la nausée. Je ne sais pas comment font les malades qui disent que la nourriture est trop bonne, à croire qu’on les menace par derrière… M’enfin bref. « Ca je ne peux qu'être d'accord avec toi. Je crois qu'il n'y a rien de pire que la nourriture de l’hôpital. Ah si, il y a pire... Les rations militaires. C'est déshydraté, pas cuit, ça a la consistance du cuir. C'est dégueulasse. Je crois que je préfère encore me nourrir de plateau repas de l'hôpital pour le restant de ma vie que de retoucher à ça. » J’ai juste retenu le mot « militaire ». Il était donc militaire ? Je le regard du coin de l’œil une fois de plus, entre surprise et inquiétude. Surprise, parce qu’au premier regard, je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse être militaire. Inquiétude, parce que ça veut dire qu’à n’importe quel moment, il peut être appelé pour reprendre les armes et donc, de ce fait, partir loin de moi…. Je frissonne un peu à cette idée de me retrouver séparé de mon ami. Car oui, je pense qu’on est ami maintenant, tout du moins je l’espère. « Tu es militaire… ? ‘fin je veux dire… tu peux être rappeler n’importe quand… ? » Maintenant que j’y pense, il a repris l’affaire de son père donc, techniquement, s’il a fait ça c’est qu’il n’ira plus. Alors soit il est plus âgé qu’il n’en n’a l’air, soit il a eu un grave accident qui le rend incapable de retourner au front. Et de fil en aiguille, je me suis rendu compte qu’il n’aimait pas quand on s’approche trop près de lui. Donc, conclusion, je dirais qu’il a eu un grave accident qui lui a laissé de monstrueuses traces aussi bien physiquement que mentalement, auquel cas il croit qu’il est moche. J’ai des cicatrices aussi et c’est pour ça que j’évite de m’exhiber en public. Je n’ai pas envie qu’on m’apprécie à cause de mes cicatrices, j’ai envie qu’on m’apprécie parce que je suis une personne bien. Néanmoins, je préfère éviter le sujet militaire pour ne pas le mettre mal à l’aise. Je soupire doucement et ferme un peu les yeux. Finalement, je crois que je vais rentrer plus tôt à l’hôpital, genre après manger…

Pour rien au monde il ne serait retourné là bas. Il en avait connu plein des camarades qui eux étaient fier de se battre et qui attendaient la moindre occasion pour se battre. Lui il était parti sur un coup de tête. Si il avait plus ou moins aimé faire ses classes, il n'avait pas vraiment apprécié de se retrouver au milieu des combats. Ces moments revenaient encore le hanter.

« Tu es militaire… ? ‘fin je veux dire… tu peux être rappeler n’importe quand… ? »

Aie... merde.... Il avait fait une connerie. Il n'avait pas eu envie de lui dire qu'il avait été dans l'armée. Maintenant il allait se poser des questions sur pourquoi il n'était plus dans l'armée et qu'est-ce qui lui avait fait en partir. Déjà il se demandait si il pouvait se faire rappeler. Et si là il lui disait non en lui expliquant qu'il avait quitté l'armée il se demanderait pourquoi. Mis à part graves problèmes physique on ne se faisait pas renvoyer comme ça de l'armée. Ou alors il fallait avoir fait une énorme connerie. Et putain comment il allait s'en sortir maintenant.

- En fait.... j'étais dans l'armée, je ne le suis plus. Il n'y pas de risques pour que je me fasse rappeler. J'ai... j'ai quitté l'armé.

Il se retourna vers lui et lui sourit.

- La bouffe était vraiment trop dégueulasse pour que je reste.

Peut être que si il plaisantait, il arriverait à détourner la conversation du sujet. Déjà qu'il devait être entrain de se l'imaginer avec des cicatrices horribles sur tout le corps... il n'avait pas vraiment tord sur ce point. Il n'avait simplement pas envie qu'il le sache et que pire, il le voit.

Il se gara finalement devant le restaurant et descendit de la voiture.

- Allez viens.... on va manger de la vraie nourriture!!

Je le regarde en me mordant l’intérieur des joues. En fait, je n’ai pas envie qu’un jour il m’envoie un message pour me dire qu’il doit repartir… « En fait.... j'étais dans l'armée, je ne le suis plus. Il n'y pas de risques pour que je me fasse rappeler. J'ai... j'ai quitté l'armée. La bouffe était vraiment trop dégueulasse pour que je reste. Allez viens.... on va manger de la vraie nourriture !! » Je souffle de soulagement avec la plus grande discrétion alors qu’il descend rapidement de son véhicule. J’en sors également et attrape gentiment un pan de sa manche : « Aidan, attends je voulais te dire que… que je suis content que tu ne sois plus à l’armée… parce que j’ai enfin réussi à me faire un ami et je… je ne veux pas que tu repartes là-bas… parce que heurm’… je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose quoi… ‘fin voilà… » Je lâche sa manche et joue avec mes doigts bêtement. Je me sens vraiment très très bête là, tout de suite. Et encore plus quand j’entends la petite fille d’à côté qui me montre du doigt : « Maman, le monsieur il est PD pas vrai ? C’est dommage il est joli, j’aurais fait des bébés avec lui plus tard. » Et je me ratatine un peu plus dans mon pull alors que je vois la mère rougir de gêne : « Il ne faut pas dire ça ! C’est malpoli ! Dis pardon tout de suite sinon tu seras punie ! » Je me mords la lèvre, gardant la tête baissée. La gamine s’excuse et je bafouille un « Ce n’est pas grave… », avant de filer vers le restaurant que je pense être celui dont Aidan me parlait. C’est le seul qui fait des burgers donc je ne peux pas me tromper. Et puis si je me trompe, ce n’est pas grave après tout, un peu plus, un peu moins, je n’ai plus grand-chose à perdre. La vérité sort de la bouche des enfants et ils n’ont pas conscience de l’impact de leurs mots d’enfants sur la personne qui se trouve en face d’eux. Mais, je ne vais pas lui en vouloir alors qu’elle a dit la vérité. Certes, l’appellation « PD » est plus que péjorative mais j’ai l’habitude.

Il se dépêcha de sortir dans le restaurant, espérant que le sujet sur son passé de militaire serait clos. A l'évidence ce n'était pas le cas, vu qu'il sentait Sage le retenir d'entrer par la manche. Il se retourna, se préparant mentalement à faire face à un déluge de questions.

« Aidan, attends je voulais te dire que… que je suis content que tu ne sois plus à l’armée… parce que j’ai enfin réussi à me faire un ami et je… je ne veux pas que tu repartes là-bas… parce que heurm’… je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose quoi… ‘fin voilà… »

Il ne savait pas trop comment réagir à cette déclaration. Il avait l'impression qu'ils étaient entrain de devenir amis lui aussi. Et lui non plus n'aurait pas eu envie de partir maintenant. Il aurait rencontré Sage quelques années plus tôt il ne serait peut être pas parti. Mais à l'époque il n'avait pas vraiment eu de véritables amis. Juste quelques suiveurs qui, il s'en était rendu compte, étaient surtout amis avec lui parce que ça faisait bien. Aucun d'entre eux n'avait essayé de le retenir quand il était parti. Il n'y avait eu que son père...

Il était sur le point de lui répondre quand une espèce de sale gamine de merde mal élevé commença à faire des remarques sur le fait que Sage était gay. La mère avait beau lui dire de s'excuser ça ne changea rien. Il vit la douleur passer sur les traits de Sage avant qu'il ne bredouille un petit « Ce n’est pas grave… » et ne file dans le restaurant.

Il resta un instant comme un con sur le trottoir avant de se retourner et de fusiller la femme et la gamine du regard.

- Vous devriez éduquer un peu mieux votre fille. Si elle répète ça c'est qu'elle l'a bien entendu quelque part.

Il planta la femme là et alla rejoindre Sage dans le restaurant. Il était déjà attablé entrain de l'attendre. Il le rejoignit en levant les yeux au ciel.

- Non mais quelle pétasse. Et quelle sale gamine. Je te jure les gens de nos jours.

Il se laissa tomber sur une chaise en face de Sage, prenant garde au passage à dissimuler sa jambe et la façon bizarre qu'elle aurait pu avoir de se plier. Il jeta un rapide coup d'oeil au menu avant de le laisser tomber. Il le connaissait par coeur et savait déjà ce qu'il voulait de toute façon.

- Tu n'as pas à t'inquiéter. Je ne compte pas partir. J'ai une boutique à faire tourner, je ne suis pas prêt de la lâcher.