Je n’ai pas attendu Aidan, je me sentais bien trop mal. Je me suis installé à une table à l’écart des autres et ai plongé mon regard sur la carte, essayant de ne pas me mettre à pleurer comme un gros bébé. Je ne sais pas quoi prendre en fait. Il y a trop de choix… Je sursaute bêtement en entendant la voix d’Aidan s’élever : « Non mais quelle pétasse. Et quelle sale gamine. Je te jure les gens de nos jours. » Je lui fais un bref sourire en le regardant quelques secondes puis replonge dans la carte avant d’abandonner l’idée de choisir. Je prendrais comme Aidan et puis voilà. « Tu n'as pas à t'inquiéter. Je ne compte pas partir. J'ai une boutique à faire tourner, je ne suis pas prêt de la lâcher. » Il est vrai que sans lui, la boutique ne tournerait pas correctement et ce serait dommage. « Tu sais pour la petite, j’ai l’habitude de ce genre de réflexion et… et je préfère ça à me faire courser par un groupe de jeunes qui me coincent dans un coin… » Je me rappelle de ce qu’il s’est passé avec Sofia’. Et aussi je me souviens de ma honte quand je me suis rendu compte que mon corps réagissait de lui-même… Je sais que c’était à cause des médicaments mais c’était gênant quand même. Je baisse la tête sur mes mains liées et les fixe longuement. Je comprends mieux pourquoi il est si bien battit. L’armée et le sport intensif ont sculpté son corps à la perfection. « Je reviens, je vais aux toilettes. Si le serveur vient, dis-lui que je prendrais comme toi… » Je tapote amicalement sa main en souriant puis me lève, me dirigeant vers les sanitaires. J’y entre et m’assure qu’il n’y a personne avant de me planter devant le miroir. Je fixe mon reflet puis me mets de profil, soulevant mes hauts afin de regarder mon ventre. « Peut-être que je devrais faire un régime… et puis du sport… ? » Je me mets sur mon autre profil et pince la peau de mon ventre et regardant si une bouée apparaît. « Je suis un peu gros c’est vrai… », murmurais-je en me regardant toujours. Je me mets de face, relevant davantage mon haut pour mirer ma taille : « …ma taille n’est pas très fine… ce n’est pas très beau… » Je me pince les lèvres et essaye de contracter mes potentiels abdominaux, qui n’apparaissent pas bien évidemment. Je soupire tristement : « Pour être aussi beau que lui, j’ai encore du travail à faire… »

Il attendait que le serveur vienne. Ce n'était pas que mais il commençait à avoir vraiment faim. Il n'avait peut être pas énormément couru mais ça avait suffi pour lui éveiller l'appétit.

« Tu sais pour la petite, j’ai l’habitude de ce genre de réflexion et… et je préfère ça à me faire courser par un groupe de jeunes qui me coincent dans un coin… »

Les gens étaient vraiment cons. Il n'était pas gay mais ça ne lui viendrait pas à l'esprit d'aller emmerder un mec ou une nana qui l'était. Comme si ils s'étaient réveillés un matin en se demandant comment faire chier le monde et qu'ils s'étaient dit "tiens je vais devenir gay". Les gens étaient vraiment débiles.

« Je reviens, je vais aux toilettes. Si le serveur vient, dis-lui que je prendrais comme toi… »

Il hocha la tête et le regarda tandis qu'il partait aux toilettes. Il pianota sur son téléphone en attendant qu'il revienne. Les minutes passèrent. Le serveur finit par arriver. Il commanda deux cheeseburger. Et il attendit à nouveau. Les minutes commencèrent à s'éterniser et il n'arrivait toujours pas.

Il finit par se lever et alla le rejoindre aux toilettes. Il ouvrit la porte et... resta quelques instants à le regarder, ne sachant pas trop quoi penser. Il était entrain de se regarder le nombril dans la glace. Il hésitait franchement à rire. A la place il se contenta de le regarder, attendant qu'il le remarque.

« Pour être aussi beau que lui, j’ai encore du travail à faire… »

Il croisa les bras et essaya de ne pas exploser de rire. A quoi est-ce qu'il était entrain de jouer face à cette glace sans déconner?

- Et tu voudrais être aussi beau que qui?

Je soupire pour la énième fois et grimace. « Aucune chance… j’ai aucune chance avec toutes les merdes que j’ai… », murmurais-je en tapant rageusement sur mon ventre qui n’avait rien demandé, les yeux brillant de larmes : « Et tu voudrais être aussi beau que qui ? » Je sursaute vivement en poussant un cri, Ô combien viril avant de tomber par terre, haletant : « Merde ! Faut pas me faire peur comme ça ! » Je me doutais bien que quelqu’un allait rentrer mais pas si tôt. D’une main tremblante, je sors un tube de ma poche et en vide le contenu d’une traite avant de me redresser avec précaution : « Ce n’est pas important de toute façon, oublies… » Je me lave rapidement les mains et les essuie avant de reporter mon attention sur lui. Je lui souris, encore un peu perturbé : « On va manger ? » Je ne lui laisse pas le temps de répondre et quitte la pièce, le contournant puis retourne à notre table, l’air de rien. Je bois un peu d’eau. Non seulement il m’a fait peur mais en plus, je me suis payé l’affiche devant lui une fois de plus. Je suis vraiment le dernier des imbéciles… Je remonte la capuche de mon haut pour cacher ma gêne grandissante et mon malaise alors que le serveur rapplique pour nous servir les commandes. Je regarde l’assiette d’un œil morne et déglutis difficilement. « …il est quand même gros ce cheese…. », dis-je plus pour moi que pour autrui. Je me sens vraiment stupide, c’est même pire que ça et du coup, j’aurais presque envie de rentrer sans manger mais, je ne suis pas comme ça et manger avec Aidan est la moindre des choses après la torture que je lui ai infligé plus tôt : « Bon appétit. »

Il était bizarre quand même par moment ce Sage. Qu'est-ce qui lui prenait d'aller se mater comme ça devant un miroir? Et où est-ce qu'il avait vu qu'il était trop gros? Il était très bien il fallait qu'il arrête de se prendre la tête comme ça.

« Merde ! Faut pas me faire peur comme ça ! »

Il sourit en le voyant tomber au sol. Il ne l'avait vraiment pas entendu entrer. Il n'avait pas voulu lui faire peur à ce point mais là il devait reconnaitre que sa chute avait été plutôt drôle à voir. Il commença cependant à s'inquiéter en le voyant sortir un petit tube de sa poche et l'avaler d'une traite. Merde il devait vraiment lui avoir fait peur.

« Ce n’est pas important de toute façon, oublies… On va manger ? »

Il se contenta de hocher la tête et le suivit hors des toilettes. Il s'installa à table avec lui et le regarda, légèrement peiné, remonter sa capuche par dessus sa tête. Il était sur le point de parler mais l'arrivée du serveur l'interrompit. Il déposa devant eux leurs magnifiques cheese burger. Rien que de le voir il en salivait déjà.

« …il est quand même gros ce cheese…. Bon appétit. »

- Merci... à toi aussi...

Sans plus attendre il mordit à pleine dents dans son hamburger. Putain ce que c'était bon. Sans déconner pourquoi aurait-il besoin de sexe dans sa vie alors qu'il était entrain d'avoir un orgasme avec son hamburger? Aucun intérêt. Il était très bien comme ça et il emmerdait les gens qui cherchaient à tout prix à le caser.

Il reposa son hamburger et se pencha en avant pour faire tomber la capuche de la tête de Sage. Ca le perturbait beaucoup trop. Il avait l'impression qu'il tentait de se cacher, comme cela lui était arrivé à lui le matin même. A une différence prêt, c'était que Sage lui n'avait rien à cacher.

- Vire moi cette capuche. J'aimerais prendre mon repas avec toi et pas avec un fantôme.

Il prit la bouteille de ketchup et noya ses frites en dessous avant de se mettre à les grignoter tranquillement.

- Et tu vas me dire ce que tu faisais dans les toilettes avant que j'arrive?

J’attaque l’énorme sandwich devant, ou plutôt, j’essaye de le prendre bien pour avoir plus de facilité pour le manger. Je stoppe mon geste dans une position bizarre alors qu’Aidan fait tomber ma capuche. Je ne dis rien et mords dans le burger : « Vire moi cette capuche. J'aimerais prendre mon repas avec toi et pas avec un fantôme. Et tu vas me dire ce que tu faisais dans les toilettes avant que j'arrive ? » Je repose mon burger dans l’assiette, faisant valser quelques frites sur la table : « Rien, je regardais un truc. Je t’ai dit que ce n’était pas important… » Je lui souris gentiment et reprends l’objet imposant en main afin de continuer de le manger. Ce n’est vraiment pas pratique avec mon sweat en fait. Je grogne et repose le burger avant d’essuyer mes mains pour retirer mon sweat. Déjà, ce sera plus simple avec mon col-roulé et je ne cradosserais pas mes fringues. Je reprends mon plat en main et continue de manger comme je le peux, en foutant la moitié dans l’assiette. « Rrr cha m’énerfe c’pas pratique ! » C’est mal de parler la bouche pleine mais je m’en fiche. Finalement, ce n’était pas une mauvaise idée de venir ici pour manger, au moins c’est de la bonne bouffe. J’ai mangé de moitié le burger et je n’en peux déjà plus. Je pose le reste au coin de l’assiette et mange quelques frites. Aidan semble se régaler, et on dirait même qu’il prend du plaisir à manger. « Je vois que tu prends ton pied avec ton burger ! » Je ris doucement puis bois un peu d’eau. Je souffle un grand coup et fixe mon assiette avant de la repousser doucement : « J’ai trop mangé… » Tout du moins, mon estomac me supplie d’arrêter sinon il va se retourner et faire grève. Autant ne pas le contrarier.

Il continuait de grignoter tranquillement ses frites. Il devait un effort et se retenir de se jeter sur son hamburger. Si il s'écoutait il le dévorait en quelques secondes tellement c'était bon.

« Rien, je regardais un truc. Je t’ai dit que ce n’était pas important… »

Mouais... il n'était pas certain que ce soit la vérité. Mais il comprenait qu'il n'avait pas envie d'en parler. Il n'allait pas insister. Il pouvait comprendre qu'il y avait des sujets dont on avait pas forcément envie de parler.

« Rrr cha m’énerfe c’pas pratique ! »

Il reprit son propre hamburger et le regarda avec un léger sourire. C'était le soucis des hamburger quand ils étaient trop gros. Pour sa part il arrivait à ne pas trop mal s'en sortir. Il savourait son hamburger, fermant parfois les yeux de plaisir. Que c'était bon...

« Je vois que tu prends ton pied avec ton burger ! »

Il rouvrit les yeux de surprise. Merde... ça se voyait peut être un peu trop qu'il se régalait. Il reposa son hamburger et décida de continuer à manger ses frites. Il ne voulait pas passer pour un mort de faim non plus. Il ne mangeait pas souvent de la junk food comme ça. En général il essayait de manger plutôt sain. Il n'était pas de ces gens qui se disaient qu'ils pouvaient manger n'importe quoi parce qu'ils faisaient du sport. Il mangeait plutôt sainement en général. Alors quand il se lâchait... putain ce que c'était bon.

« J’ai trop mangé… »

Il lui sourit gentiment en continuant de manger ses frites. C'est sur que vu la taille de l'hamburger il pouvait comprendre qu'il calait déjà. Il lui lâcha cependant :

- Petit joueur va! Attends...

Il se leva et se pencha pour essuyer doucement un peu de sauce qui se trouvait sur le coin de sa bouche. Il se ré-installa ensuite lui souriant gentiment.

- Tu avais un petit peu de sauce.

Il reprit son hamburger et recommença à en manger tranquillement.

- Alors dis moi... tu fais quoi dans ta vie? A part poursuivre des gens pour les prendre en photo?

Il lui sourit à nouveau malicieusement et continua de manger en attendant sa réponse.

Je suis calé et si je mange encore, je vais vomir. Mais s’il veut finir mon plat, qu’il ne se gêne surtout pas, tout au contraire et… qu’est-ce qu’il vient de faire là… ? Je suis fébrile et mon cœur commence à s’agiter de nouveau. Ce contact, aussi anodin soit-il, vient de me faire perdre tous mes moyens… « Tu avais un petit peu de sauce. » Hein ? Oui bon, mon cerveau vient de rendre son dernier souffle je crois et il lui faut du temps pour redémarrer en mode sans échec. Je reste pantois un moment, avant que sa voix ne me rappelle à l’ordre : « Alors dis-moi... tu fais quoi dans ta vie ? A part poursuivre des gens pour les prendre en photo ? » J’ai des images indécentes dans la tête et elles riment avec sauce burger, c’est grave docteur ? Je baisse un peu la tête, cachant mes joues rougies et essaye de rassembler mes esprits : « Oh tu sais, je ne fais pas grand-chose… je dessine, je sculpte, je couds, je fais de la musique, je chante… tout ça quoi mais ce n’est pas d’un grand intérêt…. Je fais des trucs de gays quoi… Et toi, à part la boutique, tu as des loisirs ? Et je ne poursuis personne ! Je ne suis pas un paparazzi ! » Toujours changer de conversation pour ne pas ennuyer autrui en racontant sa vie, c’est ce qu’on m’a appris. Après, s’il veut en savoir plus, je lui dirais mais je parle rarement de ma petite personne parce que j’ai l’impression que ça fait trop prétentieux. Après, je suis peut-être un peu plus bizarre que la moyenne mais, je n’aime pas me dévoiler dans un lieu public. Je préfère de loin les confessions sur l’oreiller comme on dit. « Si tu veux terminer mon assiette, tu peux… » Je lui souris et pousse un peu plus l’assiette vers lui. Mais je peux comprendre qu’il n’en veuille pas, après tout, on se connaît à peine et peut-être qu’il n’aime pas manger ou boire après autrui.

Finalement sa bonne résolution de faire durer son hamburger ne dura pas. Il le termina rapidement et prit son temps pour terminer ses frites. Il avait une excuse pour être un tel goinfre ce matin. Il s'était levé tôt, il avait à peine déjeuner et il avait couru. Si il s'écoutait il dévorerait toutes ses frites puis se jetterait sur celles de Sage également.

« Oh tu sais, je ne fais pas grand-chose… je dessine, je sculpte, je couds, je fais de la musique, je chante… tout ça quoi mais ce n’est pas d’un grand intérêt…. Je fais des trucs de gays quoi… Et toi, à part la boutique, tu as des loisirs ? Et je ne poursuis personne ! Je ne suis pas un paparazzi ! »

Il l'écouta parler avec plaisir. Il était curieux de voir ce que donnait Sage en musique et chant. Il était certain qu'il devait être doué. Et même si ça faisait un peu gay comme passions, il trouvait que ça lui allait bien. Il avait la fibre artistique. Il était également curieux de voir ce pouvait donner ses photos. Il n'avait pas particulièrement de voir les siennes mais les autres si.

Il se raidit en l'entendant lui demander de lui parler de ses loisirs à lui. Il était à des années lumières de ce qu'aimait le brun. Sa vie n'avait pas grand chose d’intéressant. Sorti du sport et de son magasin...

« Si tu veux terminer mon assiette, tu peux… »

Bon ben si il lui proposait... Il avait déjà terminé ses frites. Il tendit la main et lui en piqua une qu'il allait tremper dans son ketchup avant de la savourer. Ce soir il mangerait une salade tant pis.

- Boarf pas grand chose non. Le sport c'est toute ma vie. J'en ai toujours fait depuis gamin. J'ai touché un peu à tout. Football américain, basket, karaté même à un moment donné, escalade... J'ai grandi dans ce magasin. Alors maintenant quand je ne passe pas mes journées dedans je fais du sport. Uniquement de la course à pied maintenant.

Il lui sourit en lui piquant une autre frite et en recommençant son manège avec le ketchup.

- Que des trucs bien hétéros...

C'était devenu un peu compliqué pour lui de faire d'autres sports que la course à pied. Ca lui manquait de faire d'autres choses. Enfin en ce moment il était entrain de réfléchir à comment modifier sa prothèse pour pouvoir faire de l'escalade. Par moment il se disait même qu'il devrait partir à l'ascension des murs sans. Il serait plus à l'aise. Le projet de prendre un mois de vacances pour aller escalader les falaises arides du désert lui trottait dans la tête. Peut être que si il se musclait suffisamment le haut du corps il arriverait à compenser l'absence de sa jambe...

- Tu joues de quoi comme instrument? Je serais curieux de t'entendre un jour.

Je le regarde, le menton posé sur mes mains jointent. En fait, j’ai trouvé une autre passion : regarder Aidan parler. C’est très enrichissant et ça me permets de capter d’autres traits de sa personnalité. « Boarf pas grand-chose non. Le sport c'est toute ma vie. J'en ai toujours fait depuis gamin. J'ai touché un peu à tout. Football américain, basket, karaté même à un moment donné, escalade... J'ai grandi dans ce magasin. Alors maintenant quand je ne passe pas mes journées dedans je fais du sport. Uniquement de la course à pied maintenant. Que des trucs bien hétéros... Tu joues de quoi comme instrument ? Je serais curieux de t'entendre un jour. » Il est bien bâti et je suis sûr qu’il peut se permettre de faire tout un tas de sports, même si visiblement il préfère la course à pieds. J’aimerais bien pouvoir faire du sport mais dans mon état, c’est à oublier. Je le laisse prendre ma relève pour mon plat mais remarque avec amusement qu’il a, lui aussi de la sauce au coin de la bouche. Seulement, est-ce que je peux l’essuyer comme lui l’a fait sans qu’il se méprenne sur mes intentions ? Il sait que je suis gay et il vient une fois de plus me confirmer qu’il est bien hétéro. Bon tant pis, s’il me baffe, je verrais bien. Je prends ma serviette en main : « Attends, tu as de la sauce juste là… », dis-je en lui essuyant le plus virilement possible. Une fois fait, je repose la serviette et enchaîne : « Pour te répondre, je joue essentiellement du piano mais il m’arrive de gratter un peu dans ma chambre… et je ne pense pas que ce soit possible que tu m’entendes… je ne joue jamais devant les autres… » Je me gratte nerveusement la nuque en riant jaune. Ce n’est pas que je ne sais pas jouer mais, il faudrait que je sois suffisamment proche d’une personne pour jouer devant elle et avec Aidan, ce n’est pas le cas. « Même mes parents ne savent pas que je joue et que je chante… Je ne leur ai pas dit. » Les cours, je me les suis payé seul et après avoir conclue un pacte avec les Professeurs, j’ai réussi à être dispensé de spectacles de fin d’année. Je veux que ça reste comme ça. « Le jour où je jouerais devant quelqu’un, il faudra que cette personne me soit vitale sinon, je ne pourrais jamais… » Quand le trac et la timidité te bouffent la vie, tu ne peux pas faire autrement.

Il prit une autre frite. Au train où il était, il allait lui bouffer toutes ses frites. Pas grave, il lui avait proposé, il n'allait pas s'arrêter.

« Attends, tu as de la sauce juste là… »

Il se tendit légèrement en le sentant venir lui essuyer la bouche à son tour. C'était... il se rendait compte maintenant qu'il n'aurait peut être pas du le faire un peu plus tôt. Il avait peut être mal interprété son geste. Non, non c'était bon. Il lui avait dit à plusieurs reprises qu'il était hétéro. Il savait qu'il n'avait aucune chance. Ils étaient simplement entrain de devenir amis. Il aurait fait ça avec n'importe lequel de ses amis.

« Pour te répondre, je joue essentiellement du piano mais il m’arrive de gratter un peu dans ma chambre… et je ne pense pas que ce soit possible que tu m’entendes… je ne joue jamais devant les autres… Même mes parents ne savent pas que je joue et que je chante… Je ne leur ai pas dit.  Le jour où je jouerais devant quelqu’un, il faudra que cette personne me soit vitale sinon, je ne pourrais jamais… »

Il était un peu déçu là pour le coup. Il trouvait dommage quand on avait un talent de ne pas en faire profiter les autres. Il aurait aimé l'entendre jouer mais il n'insisterait pas.

Il termina ses frites et reprit sa serviette pour s'essuyer. C'était horrible mais... merde il avait encore fait.

- Tu veux prendre un dessert ou tu n'as plus de place?

On aurait dit que la serveuse l'avait entendu car elle arrivait à ce moment là pour débarrasser leurs assiettes et leur tendre la carte de desserts. Hmmm.... un fondant au chocolat... Tant pis il allait craquer. Il reposa son menu et plongea à nouveau son regard dans celui du brun.

- J'aurais bien aimé t'entendre jouer et chanter mais ce n'est pas grave je comprends. Par contre les vêtements que tu fais, tes dessins et tes photos ça tu accepterais de me montrer?

Il était assez curieux de voir son travail. Et puis qui sait, peut être que si il lui demandait il pourrait lui fournir des photos ou autre pour décorer un peu son magasin. Il essayait toujours de rester au top. Pour faire plaisir à ses clients mais aussi pour ne pas se faire distance par le concurrence.

De nouveau, je pose mon regard sur mes mains, pensif. Je pourrais peut-être faire une exception pour lui. Après tout, il en a bien fait une pour moi en acceptant de poser sous mon objectif, ce serait la moindre des choses, non ? « Tu veux un dessert ou tu n’as plus de place ? » Je relève la tête, revenant de ma rêverie et réfléchis rapidement avant de lui faire non de la tête en souriant. Je regarde la serveuse du coin de l’œil et elle semble totalement absorbée par Aidan. Bien malgré moi, je trouve que c’est plus que déplaisant mais je ne dirais rien. Après tout, Aidan est un grand garçon hétéro quoi… Lorsqu’il me fixe droit dans les yeux, j’ai un léger mouvement de tête, évitant de croiser de nouveau son regard. Il est si pénétrant que j’ai peur qu’il lise mes pensées. Et il est évident que s’il lit mes pensées, je suis plus que dans la merde… « J'aurais bien aimé t'entendre jouer et chanter mais ce n'est pas grave je comprends. Par contre les vêtements que tu fais, tes dessins et tes photos ça tu accepterais de me montrer ? » Je le regarde de nouveau : « Euh oui bien sûr, c’est possible sans problème. Et quand tu veux ! M’enfin quand je serais chez moi quoi… » Remarque, je peux lui montrer quelques trucs que j’ai à l’hôpital. « J’ai bien quelques trucs à l’hôpital mais je ne suis pas sûr que ce soit l’endroit approprié… » J’attrape une serviette en papier et prends un stylo qui traîne pour y griffonner mon adresse dessus. « Tiens, c’est mon adresse et quand je serais sorti, tu pourras passer voir si tu as envie… et… et peut-être que je jouerais un truc pour toi… ‘fin je promets rien mais je peux essayer. » Qui ne tente rien n’a rien et puis, si vraiment je bloque, je laisserais tomber l’idée. « Déjà, mon sac c’est moi qui l’ai fait et aussi mon pantalon. » Je pose mon sac sur la table pour qu’il regarde.

La serveuse arriva rapidement après que Sage lui ait fait comprendre qu'il ne voulait rien. Pour sa part il commanda une part de fondant au chocolat. Rien que d'y penser il salivait déjà.

« Euh oui bien sûr, c’est possible sans problème. Et quand tu veux ! M’enfin quand je serais chez moi quoi… J’ai bien quelques trucs à l’hôpital mais je ne suis pas sûr que ce soit l’endroit approprié… »

Mouais... non... il ne fallait pas vraiment compter sur lui pour qu'il se rende à l'hôpital pour lui rendre visite. Il avait développer une allergie à ces endroits depuis l'accident. Il y était resté enfermé beaucoup trop longtemps. Quand il voyait un endroit du genre il ne pouvait s'empêcher d'y repenser.

Il le regarda surpris tandis qu'il griffonnait sur une serviette en papier.

« Tiens, c’est mon adresse et quand je serais sorti, tu pourras passer voir si tu as envie… et… et peut-être que je jouerais un truc pour toi… ‘fin je promets rien mais je peux essayer. Déjà, mon sac c’est moi qui l’ai fait et aussi mon pantalon. »

Il prit la serviette et la plia avant de la glisser dans sa poche. Il lui sourit avant de se retourner vers la serveuse avec un sourire de reconnaissance pour le gâteau qu'elle venait de lui apporter. Il jeta un coup d'oeil à son sac, se retenant de se jeter sur son dessert comme un affamé. La mode ce n'était pas vraiment son truc mais il devait reconnaitre qu'il était classe. En général lui il se contentait de prendre ce qui tombait de son placard et de fourrer son porte feuille dans une de ses poches.

- Il est très beau.

Ca faisait vraiment gay par contre il devait l'admettre. Déjà porter un sac quand ce n'était pas un sac à dos ça faisait gay mais alors en fabriquer... Mais bizarrement il avait du mal à imaginer Sage sans sac. Ca ne serait plus lui.

- Merci pour l'adresse. Mais ne te sens pas obligé de jouer devant moi. J'ai compris que ça te mettait mal à l'aise. Je n'insisterais pas.

Il prit une bouchée de son dessert, fermant les yeux de plaisir en poussant un léger hhmm... Bordel ce que c'était bon. Il coupa un autre petit morceau et le tendit vers Sage.

- Tu veux goûter? Ce gâteau est une vraie merveille...

La serveuse s’empresse d’aller chercher le dessert d’Aidan en tortillant du cul, pensant peut-être que le jeune homme ne vienne lui demander un rencard. Misère, ce que je peux être jaloux alors que je n’ai pas à l’être… « Il est très beau. Merci pour l'adresse. Mais ne te sens pas obligé de jouer devant moi. J'ai compris que ça te mettait mal à l'aise. Je n'insisterais pas. » Je repose mon sac au sol et l’observe manger son gâteau. Et encore une fois il gémit de plaisir, me faisant rougir comme pas permis. Ce n’est franchement pas possible, il doit le faire exprès ! Est-ce qu’il se rend compte à quel point ses petits gémissements sont perturbants pour un gay ? Je suis aussi un homme et je crois que je commence sérieusement à être ne manque de sexe. Bon sang ! Je vais le violer s’il continue… Je me racle discrètement la gorge en jouant avec ma serviette, histoire de me détendre dans tous les sens du terme. Au moins, il peut être fier de me rendre dingue. La dernière fois que c’est arrivé c’était avec l’autre… penser à lui c’est comme si on m’enfonçait un pieu dans le cœur, ça fait mal mais au moins, je ne pense plus à des choses indécentes… et je me sens terriblement mal en fait, là, tout de suite… « Tu veux goûter ? Ce gâteau est une vraie merveille... » Hein ? Je le regarde, fixant alternativement son visage et le morceau de gâteau. « Euh… oui pourquoi pas. » Maintenant, est-ce que je le prends directement dans ma bouche ou est-ce que j’y vais avec la main ? Cruel dilemme… Sauf que je ne veux pas qu’il le prenne mal ou autre alors, j’attrape le bout entre mes doigts et lui souris avant de le mettre en bouche. Il n’est pas mauvais ce fondant en fait. « Il est pas mal mais je préfère le mien… » Je ne suis pas bien épais mais j’adore faire des pâtisseries et le fondant choco-Nutella que je fais est une tuerie, il faut l’admettre. « Je reviens. », dis-je en me levant pour partir une nouvelle fois aux toilettes. Je vais éviter de me reluquer cette fois-ci…

Il attendit sa cuillère tendue que Sage daigne prendre le morceau. Il se mit à hésiter lui même quand il vit Sage regarder bizarrement sa cuillère tendue. Qu'est-ce qu'il avait? Il n'avait pas la gale non plus, il pouvait le prendre.

« Euh… oui pourquoi pas. »

Bon ben il fallait croire que si... Il le regarda le prendre du bout des doigts avant de le manger. Il reprit sa cuillère et se remit pour sa part à savourer lentement le délice chocolaté. Hmmm.... une pure merveille. Il en léchait même la cuillère pour ne pas en perdre une miette.

« Il est pas mal mais je préfère le mien… »

Il arqua un sourcil surpris. Pas mal? Non mais il était plus que pas mal ce gâteau. Mais il lui accordait le bénéfice du doute. Si le sien était meilleur il allait falloir qu'il le goute. De toute façon maintenant qu'il lui en avait parlé il allait falloir qu'il y goute. Il avait l'eau à la bouche rien que d'y penser. Il admirait les personnes capables de faire de tels choses. Lui à part faire chauffer des pâtes il n'était pas capable de grand chose. Et encore, il fallait avoir l'estomac bien accroché.

« Je reviens. »

Il soupira en le voyant se lever à nouveau pour partir. Mais qu'est-ce qu'il avait pu faire encore pour le faire fuir comme ça? Il ne voyait vraiment pas. La fois d'avant non plus il ne voyait pas de toute façon. Il termina son gâteau et fit signe à la serveuse de venir lui apporter l'addition. Il arriva rapidement avec un grand sourire aux lèvres. Elle déposa l'addition sur laquelle elle avait noté ce qui semblait être son numéro de téléphone.

- Tenez... rappelez moi quand vous voudrez...

Il déposa des billets en soupirant, lui laissant un pourboire suffisamment généreux pour la consoler.

- Ecoutez je ne suis pas intéressez. Vous êtes charmantes mais je ne recherche personne en ce moment.

Elle sembla comprendre. Ou alors pas complètement. Elle lui fit un clin d’œil aguicheur avant de s'éloigner en dandinant des fesses. Mais merde qu'est-ce qu'il faisait pour attirer toutes les dragueuses?

Je termine mon affaire, me lave les mains et retourne rapidement auprès d’Aidan. J’arrive juste à temps pour voir la morue le draguer ouvertement. J’hausse un sourcil *Non mais elle est sérieuse là ?* pensais-je en me réinstallant. Je me racle la gorge l’air de dire ‘’ça va, j’vous dérange pas là, au pire je repars’’. Je termine mon verre rapidement, manquant m’étouffer bêtement. Je peux être con parfois. Non en fait, c’est tout le temps que je suis con. « T’es un sacré tombeur toi dis-donc ! » Je ris doucement et lui fais un clin d’œil amical. « Tu as de la chance de plaire au monde féminin. » Aux femmes tout court. Bien qu’il ne cherche pas qui que ce soit, il a du succès. Si je n’étais pas attiré par lui, je lui aurais dit qu’il fallait en profiter mais ce n’est pas le cas. Même si je ne dis rien, je ne vais pas jouer les faux culs en l’incitant à s’envoyer en l’air avec n’importe qui. « Merci pour le repas Aidan, c’est gentil. La prochaine fois, si l’occasion se représente, c’est moi qui invite ! » Et dans ma tête il y a cette petite voix qui résonne et m’hurle de laisser tomber, que je n’ai et n’aurais jamais aucune chance avec lui. Je l’ignore encore un peu, juste le temps de me retrouver seul dans ma chambre d’hôpital. C’est dur de se faire une raison quand le cœur s’est accroché à quelqu’un plus vite qu’une bourrasque de vent froid. « Tu veux qu’on aille boire un café ou tu préfères rentrer chez toi ? » Sa compagnie m’est plus que plaisante mais je ne vais pas non-plus le coller pour le mettre mal à l’aise. « J’aime bien passer du temps avec toi, t’es un bon copain et puis avec toi, je mange pour de vrai et pas les infamies de l’hô… enfin de là-bas. » Il sait où je me trouve en ce moment mais, je n’ai pas spécialement envie que les gens autour de nous le sachent, ou s’imaginent que je me suis échappé d’un asile d’aliénés. « T’es la seule personne extérieure que je vois. Même mes parents ne viennent pas me rendre des visites ou m’inviter à manger quelque part… » Je souffre un peu de l’absence de mes parents qui n’ont jamais vraiment étaient là pour moi mais, je ne vais rien en dire, pas la peine de lui faire pitié.

Il regarda Sage s'installer après le départ de la serveuse avec un raclement de gorge qui ne lui plaisait pas vraiment. Il n'y était pour rien lui si la serveuse était venue le draguer. Il n'avait rien demandé. Il s'en serait même passé d'ailleurs. Il n'aimait pas être dragué. Et surtout il ne voulait pas que Sage croit qu'il le délaissait pour aller se taper une serveuse. Ce n'était vraiment pas son genre : de se taper une inconnue et de délaisser un ami quand il déjeunait avec lui.

« T’es un sacré tombeur toi dis-donc ! Tu as de la chance de plaire au monde féminin. »

Il s'en passerait bien d'ailleurs. Ce n'était pas possible. Elles devaient qu'il n'était pas intéressé et du coup elles s'acharnaient encore plus. Comme si il était une sorte de défi ou il ne savait quoi à relever. D'ailleurs l'autre pouffe n'arrêtait pas de lui lancer des coups d'oeil. Elle n'allait pas le lâcher.

« Merci pour le repas Aidan, c’est gentil. La prochaine fois, si l’occasion se représente, c’est moi qui invite ! »

Il lui sourit, lui montrant que ce n'était rien. Ca lui faisait plaisir de l'inviter. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas sorti comme ça avec un ami.

« Tu veux qu’on aille boire un café ou tu préfères rentrer chez toi ? J’aime bien passer du temps avec toi, t’es un bon copain et puis avec toi, je mange pour de vrai et pas les infamies de l’hô… enfin de là-bas. T’es la seule personne extérieure que je vois. Même mes parents ne viennent pas me rendre des visites ou m’inviter à manger quelque part… »

- Je veux bien aller boire un café.

Il se retourna pour voir la serveuse lui faire un petit signe de main accompagné d'un sourire dragueur. Là il fallait vraiment qu'il se casse.

- Là où tu veux à partir du moment qu'on part maintenant je ne supporterais pas une minute de plus les regards qu'elle me lance.

Il se leva et prit ses affaires avant de se casser. Il foudroya la serveuse du regard en partant. Vu le regard qu'elle lui lança elle avait du comprendre le message et surtout elle ne l'avait pas apprécié. Au moins maintenant elle allait lui foutre la paix.

Il attendit Sage dehors les mains dans les poches pas vraiment à l'aise.

- Ecoute... euuh... pour la serveuse... Je n'ai rien fait qui puisse lui faire comprendre que j'étais intéressé ou quoi que ce soit. Je ne voulais pas son numéro mais surtout je voulais pas que.... que ça se passe comme ça. Et encore moins devant toi....

Il contempla ses pieds, se dandinant un peu sur place. Il se sentait vraiment mal par rapport à ce qui s'était passé. Il n'aimait pas qu'on le drague et encore moins alors qu'il n'était pas seul. Merde mais qu'avait bien pu penser Sage?

A peine suis-je revenu à la table qu’Aidan se lève précipitamment : « Je veux bien aller boire un café. Là où tu veux à partir du moment qu'on part maintenant je ne supporterais pas une minute de plus les regards qu'elle me lance. » Oulà moi qui croyait qu’il apprécié, ‘fin comme la plus grande partie des mecs hétérosexuels. Je me suis lourdement trompé, encore une fois. Et le voilà qui part en rogne. Ben merde alors je suis sur le cul ! Et je ne sais pas comment il regarde l’autre pouffe mais, elle semble pâlir à vue d’œil. « Hey toi là, la serveuse, approche. » Non je ne vais pas la taper, rassurez-vous. Je vais juste lui faire comprendre une petite chose qu’elle semble totalement ignorer. « Oui, un problème ? » Elle a le culot de me demander s’il y a un problème en plus ? « Ouais, toi. C’est toi le problème ici. La prochaine fois que mon petit-ami et moi, nous venons ici, je t’interdis de le mater et de le draguer ouvertement devant moi, est-ce que j’ai été suffisamment clair ? Et ne m’obliges surtout pas à le répéter sinon je t’encastre dans le comptoir. » Je prends mon briquet et fais brûler l’addition sur laquelle elle a noté son numéro sans la quitter des yeux. « Je ne savais pas… je suis désolée… » Je laisse tomber le papier au sol et l’écrase sous ma chaussure : « Maintenant tu le sais et je te fais confiance pour faire passer le message à tes collègues. Sur ce, bonne journée. » Je lui souris faussement et rejoins Aidan dehors me posant à ses côtés : « Ecoute... euuh... pour la serveuse... Je n'ai rien fait qui puisse lui faire comprendre que j'étais intéressé ou quoi que ce soit. Je ne voulais pas son numéro mais surtout je voulais pas que.... que ça se passe comme ça. Et encore moins devant toi.... » Je souris et redresse doucement sa tête avec deux doigts : « Tu n’y es pour rien, je le sais ne t’en fais pas. Tu n’as pas à t’excuser et puis… et puis tu es un grand garçon et tu n’as pas de comptes à me rendre… ‘fin je veux dire, ne t’inquiètes pas pour moi, ce n’est pas important… Allons boire ce café ! » J’ébouriffe ses cheveux en riant doucement puis me dirige vers la voiture.

Il frissonna en sentant Sage passer deux doigts sous son menton pour lui relever le visage. Il se sentait mal à l'aise à nouveau. On ne l'avait plus touché comme ça, avec tant de douceur, depuis.... c'était tellement loin qu'il ne s'en souvenait même plus. Il n'était même pas sûr que quelqu'un l'ait déjà touché comme ça. Il avait baisé, avec tellement de filles qu'il ne s'en rappelait plus. Mais des gestes tendre comme ça, il ne s'en rappelait pas en avoir déjà reçu. Et le pire c'est que c'était un mec qui lui avait fait.

« Tu n’y es pour rien, je le sais ne t’en fais pas. Tu n’as pas à t’excuser et puis… et puis tu es un grand garçon et tu n’as pas de comptes à me rendre… ‘fin je veux dire, ne t’inquiètes pas pour moi, ce n’est pas important… Allons boire ce café ! »

Il grogna tandis qu'il lui ébouriffait les cheveux. Il tenta de les remettre plus ou moins en place. Il le suivit et grimpa à son tour dans la voiture. Il réfléchit un instant et se tourna vers lui.

- Je ne voulais pas que tu crois que je m'éclatais à draguer une fille alors qu'on déjeunait ensemble. Et puis même... je ne drague personne. Ce n'est pas vraiment mon genre.

Il soupira et se tut. Là il était clairement entrain de s'enfoncer. Si il continuait il allait se mettre à lui demander pourquoi il ne draguait pas. Et de là à pourquoi il ne sortait avec personne, que ce n'était pas les filles prêtes à sortir avec lui qui manquait. Et il en avait conscience. C'était juste qu'il n'en avait plus envie. Cette période de sa vie était derrière lui.

- Où veux tu qu'on aille boire ce café? Tu connais un bar sympa ou tu veux qu'on aille chez moi?

C'était un petit peu le bordel chez lui mais le café était à peu près la seule chose qu'il était capable de réussir. Il n'avait pas vraiment envie de prendre à nouveau le risque de se retrouver dans une situation embarrassante comme à l'instant. Ca pourrait être lui ou ça pourrait être Sage la fois suivante. Il ne savait pas comment il réagirait si il se retrouvait face à Sage se faisant draguer par un mec. Il n'avait rien contre son homosexualité. Le savoir était une chose mais le voir en pleine action s'en était une autre.

Finalement, j’ai bien fait de me bouger le train pour sortir, je me sens bien mieux ici, auprès d’Aidan, qu’à l’hôpital. Il monte à son tour dans la voiture avant de me parler : « Je ne voulais pas que tu crois que je m'éclatais à draguer une fille alors qu'on déjeunait ensemble. Et puis même... je ne drague personne. Ce n'est pas vraiment mon genre. » J’ai bien remarqué que mon Aidan il n’aimait pas faire du rentre dedans. Merde, attends une minute, est-ce que je viens de penser ‘’mon Aidan’’ à l’instant ?! Re-merde, il faut vraiment que j’arrête avec ces conneries, c’est plus qu’urgent. « Où veux-tu qu'on aille boire ce café ? Tu connais un bar sympa ou tu veux qu'on aille chez moi ? » J’ai la réponse à ses deux questions mais, pour être tout à fait honnête, je n’ai pas vraiment envie d’être encore dans un endroit public, rempli de chienne en chaleur voire même, de chiens en rut : « Pour être honnête, je n’ai pas spécialement envie que l’on t’emmerde comme la pouffe du restaurant et je n’ai pas envie non-plus qu’on vienne me faire du gringue… On peut le boire à ta maison le café ? Je pense qu’on sera mieux et plus tranquilles, autant toi que moi. Qu’en penses-tu ? » Après tout, c’est comme si je m’imposais chez lui et je ne veux pas qu’il soit mal à l’aise ou qu’il interprète mal mes propos. Je veux juste passer du temps avec, en tout bien tout honneur, puisque de toute façon, ce n’est pas la peine que j’espère quoique ce soit de plus qu’une belle amitié entre lui et moi. Et puis, quand il en aura marre de voir ma tronche, il me dira plus facilement de partir de chez lui pour regagner ma prison de murs blancs. On a encore du temps devant nous et je sais déjà que ça va me peiner quand je vais devoir partir, autant ne pas perdre une seconde à attendre une idée brillante.

Il attendait la réponse de Sage, croisant les doigts pour que celui ci ne lui propose pas d'aller boire un café quelque part. L'autre conne l'avait mis sur les nerfs et il n'avait qu'une envie, c'était retrouvé la tranquillité de son appartement. Cependant il n'avait pas envie de quitter Sage. Il aimait bien discuter avec lui et il ne voulait pas s'arrêter maintenant.

« Pour être honnête, je n’ai pas spécialement envie que l’on t’emmerde comme la pouffe du restaurant et je n’ai pas envie non-plus qu’on vienne me faire du gringue… On peut le boire à ta maison le café ? Je pense qu’on sera mieux et plus tranquilles, autant toi que moi. Qu’en penses-tu ? »

Il fut soulagé d'entendre qu'il était d'accord pour aller chez lui. Ses paroles faisaient écho à ce que lui même ressentait.

- Si je te l'ai proposé c'est que ça ne me dérange pas. Au contraire ça m'arrange. Elle m'a légèrement saoulé.

Il sourit en riant légèrement. Ca c'était l'euphémisme de l'année. Il démarra et commença à rouler en direction de chez lui. A nouveau il alluma la radio, laissant la musique installer un confortable bruit de fond entre eux. Ils arrivèrent rapidement chez lui et il trouva à se garer juste devant son escalier. Il grimpa rapidement les marches, sentant Sage le suivre de près.

Son appartement était toujours autant en bordel mais merde il l'avait bien vu tout à l'heure quand ils étaient vu pour qu'il se douche. Il n'était plus à ça près.

Il commença à ranger quelques affaires, les laissant dans sa chambre. Il vérifia encore une fois que ses béquilles étaient bien planquées sous son lit. Il devenait parano vraiment avec le temps. Il passa ensuite derrière le comptoir de sa cuisine et mit le café à chauffer.

- Installe toi j'arrive avec le café.

Il sortit un plateau et y fit glisser deux tasses dessus. Il sortit ensuite des petites cuillères, du sucre et quelques gâteaux avant de lui demander.

- Tu le préfères noir ou avec du lait ton café?

La musique tourne en fond dans la voiture et je pourrais presque m’endormir, seulement, je résiste à l’appel de la sieste. Je dormirais quand je serais ‘’chez moi’’ si une chambre d’hôpital peut être considérée comme son chez soi, évidemment. Mais cette chambre est spéciale, elle n’est pas aménagée comme les autres et je peux y venir quand je le souhaite. On ne met pas bien longtemps pour arriver chez lui et c’est tant mieux, parce que quelques minutes de plus et Morphée aurait eu raison de ma petite personne, ça aurait été très gênant. Je le suis de près lorsqu’il monte les escaliers puis entre à sa suite, installant mon cul de bourgeois sur son canapé. « Tu le préfères noir ou avec du lait ton café ? » J’étais un peu perdu dans mes pensées quand sa voix m’a rappelé gentiment à l’ordre : « Du lait s’il te plait. Merci. » Je lui souris et étends mes jambes avant de m’étirer en baillant grassement. C’est mal élevé mais, bizarrement, je me sens suffisamment à l’aise et bien pour agir comme si j’étais chez moi, j’espère qu’il n’en sera pas offensé. « Qu’est-ce que j’aimerais me barrer de chez mes parents et avoir un chez moi, le plus loin possible d’eux… » Je soupire longuement. Je peux me permettre aisément l’achat d’un Duplex en ville mais, encore faudrait-il que les agences acceptent qu’un gamin de vingt ans à peine, devienne propriétaire alors qu’il n’a aucun revenu. De plus, je ne suis pas encore majeur officiellement, juste officieusement. Encore un lourd handicap pour prétendre à devenir propriétaire d’un appartement. Si je trouve un immeuble à l’abandon que personne ne veut, peut-être que j’aurais une chance à condition d’estimer les travaux à faire. Je ne voudrais pas d’un truc qui tombe un peu trop en ruine en fait. Bref. La bonne odeur de café me tire de mes pensées et je le fixe alors qu’il est de dos. Néanmoins, lorsqu’il me fait face, je détourne le regard, c’est malpoli de dévisager les personnes comme je le fais.

Il hocha la tête tandis que Sage lui disait ce qu'il voulait. Il rajouta une bouteille de lait sur le plateau et prit la carafe de café qui était prête. Il rejoignit Sage sur le canapé et posa le plateau devant eux.

« Qu’est-ce que j’aimerais me barrer de chez mes parents et avoir un chez moi, le plus loin possible d’eux… »

Il commença à les servir tout en réfléchissant à ce qu'il venait de lui dire. Il vivait toujours chez ses parents? C'était... bizarre. Il avait foutu le camp dés qu'il avait pu. Il était parti s'engager dans l'armée, ce n'était peut être pas vraiment pareil. Mais si ça n'avait pas été ça il aurait trouvé une autre façon de partir de chez son père. Il arrivait un moment où on avait comme un besoin de prendre son indépendance. Aujourd'hui il regrettait d'être parti s'engager. Il avait perdu des années avec son père. Rien ne remplacerait cela. Jamais rien ne remplacerait le fait que la dernière discussion qu'il avait eu avec lui était une dispute. Mais si ça avait été à refaire, il serait resté ici. Dans un appartement à lui mais prêt de son père quand même.

Il tendit la tasse de café prête à Sage tandis qu'il prenait la sienne, noir et sans sucre. Il s'installa confortablement dans son canapé et commença à boire en le regardant.

- Et pourquoi tu ne le fais pas? Enfin à moins peut être que tu n'ai pas les moyens de le faire je n'en sais rien.

C'était bien beau de se dire qu'on voulait partir, encore fallait-il avoir l'argent pour le faire. Quand on était étudiant on avait pas forcément assez d'argent pour se payer un loyer ainsi que tous les autres frais qui venaient avec. Des fois, il y en avait qui restait chez leurs parents, non par envie mais pas obligation. La vie d'étudiant était vraiment compliqué. Il avait la chance d'avoir son propre magasin et par là de quoi vivre. Son père ne lui avait guère laisser que ça à sa mort mais ça lui suffisait pour s'en sortir. Et puis... il n'aurait pas pu rêver plus beau cadeau de sa part que le magasin dans lequel il avait grandi.

- Mais je serais toi, si j'avais la possibilité de partir, je n'hésiterais pas une seconde.

Je prends la tasse qu’il me tend et commence à boire tranquillement, pensif : « Et pourquoi tu ne le fais pas ? Enfin à moins peut-être que tu n’aies pas les moyens de le faire j’en sais rien. Mais je serais toi, si j’avais la possibilité de partir, je n’hésiterais pas une seconde. » Je le regarde tout en continuant de boire : « J’ai les moyens, même de devenir propriétaire mais je ne suis pas majeur… et je ne pense pas que les agences acceptent de laisser les clés d’un appartement ou d’une maison à un gamin comme moi… J’arrive à me faire de l’argent en plus en posant pour certaines marques de vêtements ou d’accessoires mais je ne m’en vante pas, ce serait mal venu de ma part… » Sachant que je risque de me trouver sans le sou si mes parents apprennent que je pars de la maison familiale. Après, comme je l’ai dit, j’ai largement les moyens de vivre plus que décemment mais, à quoi bon faire un tel achat si je meurs d’ici quelques temps ? C’est inutile. « Je pourrais tenter de demander mais je sais très bien qu’on me claquera la porte au nez, en me disant que je suis trop jeune et incapable de gérer un tel investissement. Ô bien sûr, je pourrais utiliser mon nom de famille mais je n’ai pas envie de recevoir de traitement de faveur, ce serait injuste envers les personnes qui se saignent aux quatre veines pour avoir un petit studio quel que soit le coin… Ou alors, je m’achète un Camping-Car et je m’installe dans un coin. Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée remarque… » Je ris doucement puis continue de boire en le regardant toujours. Il est beau, misère je l’aurais déjà embrassé si il avait été bi ou homo mais, je dois vraiment me faire une raison : Aidan = Hétérosexuel. Point. Je regarde le plateau et ajoute un peu de café et de lait dans ma tasse : « C’est reposant chez toi… »

Il commença à siroter tranquillement son café. Il était mieux là, confortablement installé chez lui quand dans un bar à se faire reluquer par des greluches. Il était devenu limite asocial depuis... depuis qu'il était revenu. Ce n'était pas plus mal finalement qu'il se décoince un peu et qu'il aille manger avec Sage. A ce rythme là il pourrait tout aussi bien aller s'enfermer dans un monastère avec des moines Shaolin. Quoi que ça ne serait peut être pas une si mauvaise idée.

« J’ai les moyens, même de devenir propriétaire mais je ne suis pas majeur… et je ne pense pas que les agences acceptent de laisser les clés d’un appartement ou d’une maison à un gamin comme moi… J’arrive à me faire de l’argent en plus en posant pour certaines marques de vêtements ou d’accessoires mais je ne m’en vante pas, ce serait mal venu de ma part… »

Euuh... d'accord. Non mais il hallucinait. Ce mec, il avait certainement plus de moyens que lui. Il pouvait devenir propriétaire. Il n'osait même pas imaginer l'argent qu'il devait avoir pour pouvoir se payer un logement cash comme ça. Même en faisant un crédit il ne pouvait pas espérer devenir propriétaire pour le moment. Il se contentait de louer son petit chez lui et c'était le maximum qu'il pouvait se permettre pour le moment. Il avait du mal à croire que Sage ait autant d'argent. Mais d'un autre côté, il comprenait un peu mieux pourquoi il avait craqué à s'acheter autant de chaussures d'un coup.

« Je pourrais tenter de demander mais je sais très bien qu’on me claquera la porte au nez, en me disant que je suis trop jeune et incapable de gérer un tel investissement. Ô bien sûr, je pourrais utiliser mon nom de famille mais je n’ai pas envie de recevoir de traitement de faveur, ce serait injuste envers les personnes qui se saignent aux quatre veines pour avoir un petit studio quel que soit le coin… Ou alors, je m’achète un Camping-Car et je m’installe dans un coin. Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée remarque… »

Il esquissa un sourire pour tenter de dissiper son malaise. Il se sentait mal tout d'un coup. Ils n'étaient clairement pas du même monde. Il avait les moyens de se payer un appartement. Il pensait à utiliser son nom pour en avoir un plus vite. Non merde ils n'avaient vraiment rien en commun finalement. Il passa une main dans ses cheveux tandis qu'il continuait de boire son café.

« C’est reposant chez toi… »

Il rit légèrement à sa remarque.

- C'est surtout petit et bordélique oui.

Il haussa vaguement les épaules et prit un des gâteaux qu'il grignota.

- Mais je l'aime bien. Et de toute façon c'est le mieux que je peux me payer.

Je prends un gâteau et le trempe dans ma tasse avant de le manger. J’ai merdé en beauté en lui parlant de mon compte en banque et merde je me sens trop mal du coup… J’aurais mieux fait de me taire c’est évident. Misère il passe sa main dans ses cheveux, il veut ma mort c’est ça ? J’imagine déjà le fou rire des médecins : « Cause du décès ? S’est noyé dans sa bave en reluquant un beau gosse… Le gars il tente plus de vingt fois de mettre fin à ses jours et il rate à chaque fois. Puis là, t’as un Aidan sauvage qui débarque et le tue par sa ‘’beau gossitude’’… » Là, pour le coup, ma mort serait plus que stupide. Je me racle discrètement la gorge et bois encore un peu de mon breuvage, évitant de le regarder dans les yeux : « C’est surtout petit et bordélique oui. Mais je l’aime bien. Et de toute façon c’est le mieux que je peux me payer. » Prends-toi ça dans la tronche Sage, ça t’apprendra à l’ouvrir pour dire des conneries. « J’aime bien moi aussi, je m’y plais bien et puis avec ta compagnie c’est mieux. » TA GUEULE SAGE ! Oui bon, sur ce coup-là, il pourrait vraiment se dire que je le drague parce que c’est vrai sans être vraiment vrai, vous voyez ? C’est juste une hypothèse en fait. « …’fin je veux dire que je préfère être ici qu’ailleurs… » Euh… LOL ? Tais-toi pour voir ? Si je devais me recevoir une baffe à chaque connerie que je dis, je serais déjà inconscient par terre… Je prends un autre gâteau et le mange. Il faut que je trouve un sujet de conversation intelligent, sinon il va vraiment s’emmerder là ! « Dis, c’est vrai que pendant les classes, il y a des bizutages violents ? …et parfois qui dérapent en autre chose… ? » Je me suis toujours posé la question et je n’avais pas encore eu l’occasion de parler avec un ex-militaire, j’espère qu’il ne s’énervera pas trop.