Lui qui avait cru qu'ils pourraient s'entendre. Ils étaient diamétralement opposé en fin de compte. Et ce n'était pas seulement parce qu'il était gay et que lui était hétéro. Ca il pouvait passer par dessus encore. Comment pourraient-ils se comprendre alors qu'ils n'avaient jamais eu les même soucis? Il ne s'était certainement jamais demandé comment il pourrait manger à la fin du mois? Il n'avait jamais regardé quelque chose avec envie tout en se disant qu'il ne pourrait jamais l'avoir.

« J’aime bien moi aussi, je m’y plais bien et puis avec ta compagnie c’est mieux. »

Il se retourna et le regarda avec des yeux ronds. Non mais il se remettait à le draguer!! Mais... mais merde. Il pensait que c'était clair pourtant entre eux. Il était hétéro. Il n'était pas intéressé. Et... il n'aimait franchement pas qu'on lui fasse du gringue comme ça.

« …’fin je veux dire que je préfère être ici qu’ailleurs… »

Mouais il avait clairement l'impression qu'il était entrain de se rattraper. Et c'était même plutôt pitoyable comme tentative de se rattraper. Lui qui pensait qu'ils commençaient à être ami. Il ne devait certainement faire ça que dans le but de se rapprocher de lui. Il s'imaginait peut être qu'il pourrait le faire virer de bord avec le temps. Erk non il préférait ne pas y penser. Jamais il ne pourrait virer de bord. Il avait apprécié qu'ils essaient de devenir amis mais là... il avait l'impression qu'il avait tout gâché.

« Dis, c’est vrai que pendant les classes, il y a des bizutages violents ? …et parfois qui dérapent en autre chose… ? »

Là pour le coup il sursauta violemment, manquant de renverser son café sur lui. Il... quoi??? Non mais il se foutait de sa gueule?? Il n'avait pas d'autres questions??

- Je... tu...

Génial... super éloquent comme réponse. En fait ce n'était clairement pas sa journée. Il aurait mieux fait de refuser de faire cette séance photo. Il avait cru que tout se passait bien. Mais entre la serveuse et Sage maintenant il fallait qu'il se fasse une raison, ce n'était vraiment pas son jour.

- Attends tu t'imagines quoi? Tu crois que ça finit en... en partouze ou un truc du genre? Mais non merde Sage.

Il reposa sa tasse, préférant éviter un nouveau débordement. Il fallait qu'il se calme sinon il allait s'ébouillanter pour de bon. Il passa cette fois ses deux mains dans ses cheveux, essayant de retrouver ses esprits.

- Ce n'est pas aussi violent qu'on pourrait croire. C'est... dur. On ne dort pas beaucoup. Il nous arrive de sauter des repas. Et quand on mange... ce n'est pas vraiment des repas gastronomiques. Mais, ils nous poussent tout le temps à nous dépasser. Et c'est normal parce qu'après quand on est là bas on a pas le droit à l'erreur.

Il prit sa tasse de café et la vida d'un trait. Des souvenirs revenaient à son esprit. Des choses qu'il aurait préféré oublier.

Je vais fermer ma gueule, ça vaut mieux. Je suis bien trop curieux. « Je… tu… Attends tu t'imagines quoi ? Tu crois que ça finit en... en partouze ou un truc du genre ? Mais non merde Sage. Ce n'est pas aussi violent qu'on pourrait croire. C'est... dur. On ne dort pas beaucoup. Il nous arrive de sauter des repas. Et quand on mange... ce n'est pas vraiment des repas gastronomiques. Mais, ils nous poussent tout le temps à nous dépasser. Et c'est normal parce qu'après quand on est là-bas on n’a pas le droit à l'erreur. » Je me sens terriblement mal… Je termine ma tasse et lui offre un bref sourire avant de me mordre l’intérieur des joues en fixant ma tasse vide. J’ai eu des réponses mais j’aurais finalement dû vraiment m’abstenir de parler de ça. Je vois bien que ça lui fait quelque chose, que ça le blesse. Je ne suis qu’un crétin. Je pose ma tasse sur le plateau et me lève doucement : « Je… je vais te laisser… j’ai suffisamment usé ta gentillesse et mes questions sont totalement déplacées… Je passerais à la boutique pour te montrer les photos que j’ai gardées et… et puis voilà… » J’ai une espèce de nœud au fond de ma gorge, une sensation que je connais plus que bien. Je la ressens souvent cette sensation et elle n’annonce jamais rien de bon. Ma voix est un peu éraillée mais là aussi, j’ai l’habitude : « Merci encore de m’avoir donné un peu de ton temps… merci d’avoir accepté ma compagnie pour un petit moment… » Je lui tends ma main, espérant probablement qu’il la serre, comme le font deux hommes ayant concluent un contrat important. Je ne suis pas vraiment friand de ce genre de contact mais, je ne vais pas non-plus lui faire la bise. Ce serait encore plus déplacé que mes questions. Et puis s’il ne veut pas me serrer la main, je comprendrais clairement que mon attitude lui a totalement déplu mais qu’il est bien trop gentil pour le dire tout de go. De toute façon, le mal est déjà fait, j’ai merdé et je l’ai blessé. Il me semble que les choses sont claires dorénavant.

Il se sentait mal. Il s'était senti tellement bien un peu plus tôt. Comment est-ce que la situation avait pu dégénérer à ce point si rapidement? Il avait l'impression qu'ils étaient entrain de devenir amis et voilà que... qu'il se mettait à le draguer à nouveau, qu'il lui posait des questions qui le mettait franchement mal à l'aise. Et tout foutait le camp.

« Je… je vais te laisser… j’ai suffisamment usé ta gentillesse et mes questions sont totalement déplacées… Je passerais à la boutique pour te montrer les photos que j’ai gardées et… et puis voilà… »

Il retint un soupir triste. Il avait été trop dur. Il se sentait mal à nouveau mais ce n'était plus pour les même raisons. Il avait répondu trop sèchement à Sage et maintenant il tentait de le fuir.

« Merci encore de m’avoir donné un peu de ton temps… merci d’avoir accepté ma compagnie pour un petit moment… »

Tout en restant assis dans son canapé il prit sa main et la serra dans la sienne. Il tira d'un coup sec dessus et le força à revenir s'asseoir sur le canapé. Ou plutôt il tira tellement dessus qu'il le fit tomber sur le canapé à ses côtés.

- Arrête de dire des bêtises. Je ne veux pas que tu partes.

Il se passa encore une fois la main dans les cheveux ne sachant pas vraiment comment s'y prendre. Il n'était pas doué pour parler avec les gens.

- Pardonne moi de t'avoir répondu comme ça mais... La guerre ça n'a pas été tout rose tu sais. J'ai perdu beaucoup de mes camarades et... je n'ai pas vraiment d'en parler en fait.

Il revoyait déjà assez souvent ces moments là dans son sommeil. Il voulait les oublier pendant la journée. Et il y arrivait plutôt bien en général. Il lui avait fallu du temps mais maintenant il arrivait à oublier tout ça tant qu'il était éveillé.

- Faisons un marché. Arrêtons de parler des sujets qui fâchent. On ne parle pas de la guerre et on ne parle pas du pourquoi tu es à l'hôpital.

Il doutait fortement que ça soit un sujet agréable pour Sage. Rien que de le mentionner il avait peur de le faire définitivement fuir. Pour alléger l’atmosphère il tenta de sortir une petite blague en souriant.

- Ah et tu arrêtes d'essayer de me draguer.

Sans comprendre pourquoi, je me retrouve affalé sur le canapé comme un cochon. Bon d’accord, résumons la situation : il m’a volontairement fait tomber sur son canapé alors que je lui tendais la main pour le remercier. Donc, il ne veut pas que je parte et il apprécie encore un peu ma présence. Bon okay, je vais rester encore avec lui : « Arrête de dire des bêtises. Je ne veux pas que tu partes. » Il vient de confirmer ce que je pensais et je ne sais pas si je dois être soulagé ou encore plus nerveux qu’auparavant : « Pardonne moi de t'avoir répondu comme ça mais... La guerre ça n'a pas été tout rose tu sais. J'ai perdu beaucoup de mes camarades et... je n'ai pas vraiment d'en parler en fait. Faisons un marché. Arrêtons de parler des sujets qui fâchent. On ne parle pas de la guerre et on ne parle pas du pourquoi tu es à l'hôpital. » Je me redresse, m’asseyant correctement, ou plutôt, je retire mes chaussures et remonte mes jambes contre mon torse en le fixant. Je tente un sourire maladroit puis détourne le regard, rouge comme une pivoine : « Ah et tu arrêtes d’essayer de me draguer. » Oui bon… Je me gratte nerveusement la nuque en fixant la table basse : « Ce n’est pas un secret pour l’hôpital, j’ai voulu me suicider et j’ai encore une fois raté mon coup c’est tout… J’arrête de t’embêter avec mes questions. Et je ne te drague pas ! », dis-je en encerclant mes jambes de mes bras. Bizarrement, je me sens mieux dans cette position, en sécurité en somme. Le prochain coup, je ne me raterais pas et personne ne sera auprès de moi quand j’aurais décidé de tout stopper. Personne ne sera au courant aussi. Bref. Je ne sais pas de quoi parler du coup, c’est embêtant.

Il prit un nouveau biscuit. Ca devenait plus compulsif qu'autre chose. Il mangeait pour éviter de penser au malaise qui s'était installé entre eux.

« Ce n’est pas un secret pour l’hôpital, j’ai voulu me suicider et j’ai encore une fois raté mon coup c’est tout… J’arrête de t’embêter avec mes questions. Et je ne te drague pas ! »

Il sourit légèrement en entendant sa remarque sur le fait qu'il ne le draguait pas. Mais bien sur... et lui il était le pape. C'était peut être involontaire mais ça ressemblait fortement à de la drague. Il le regarda s'installer confortablement, rassuré de voir qu'il ne comptait pas partir. Si il se mettait à l'aise ainsi sur son canapé c'est qu'il allait rester non?

Il termina sa tasse de café et se tourna vers lui. Il replia sa jambe valide sous lui tandis qu'il laissait l'autre pendre à côté du canapé. Il posa son bras sur le dossier et appuyant sa tête dessus, plongeant son regard dans le sien.

- Tu sais très bien ce que je voulais dire. Je sais ce que tu as fait. Mais je ne t'obligerais pas à me raconter pourquoi tu l'as fait.

Ca ne le regardait pas. Il n'avait pas besoin de savoir pourquoi il avait fait ça. Il savait très bien que si il lui disait à quel point il avait eu tord de faire ça il ne l'entendrait pas. Il pouvait simplement être là pour lui. Si il avait besoin de parler, il l'écouterait. Mais le forcer n’amènerait rien. Il était bien placé pour le savoir.

Il lui sourit d'un air taquin avant de lancer :

- Et oui désolé ça ressemblait fortement à de la drague tout à l'heure.

Je ne peux pas m'empêcher de suivre chacun de ses mouvements avec attention, comme hypnotisé par une quelconque magie. S'il n'était pas hétérosexuel, je crois bien que mon visage se rapprocherait de lui sans que je puisse me contenir. Quand il plonge son regard dans le mien, je suis comme happé par une force mystérieuse : « Tu sais très bien ce que je voulais dire. Je sais ce que tu as fait. Mais je ne t'obligerais pas à me raconter pourquoi tu l'as fait. » J'ai deux options : soit je lui dis et je ne peux pas promettre que mes larmes, aussi enfouies soient-elles, ne se mettent pas à couler, soit je m'abstiens et je ne peux pas promettre que d'ici quelques mois, je n'en finisse pas en me jetant du toit du plus haut immeuble de Memphis... « Et oui désolé ça ressemblait fortement à de la drague tout à l'heure. » Je ris doucement. Oui bon on l'aura tous compris, je suis une quiche en drague, voilà voilà. Je me perds un peu dans mes pensées en mordillant ma lèvre inférieure : « Il y a huit années, les parents ont décidé que je devais aller dans un pensionnat pour garçons... J'ai vécu ça comme une punition et puis j'ai rencontré mon colocataire... Tout le monde l'appelait Jess... » J'évite soigneusement son regard, fixant la table basse : « Il était en dernière année et moi en première... Il avait seize ans, j'en avais douze. Il avait tout pour lui... Il était beau, intelligent, drôle et... » Je lâche un rire triste, faisant une pause : « ...et il avait cette manie totalement adorable, de me faire des bisous esquimaux... Je ne sais pas pourquoi il faisait ça mais je trouvais ça plaisant... Et bien évidemment, il s'est passé ce qui devait se passer, j'en suis tombé amoureux... Mon premier amour d'adolescent... » Je passe ma main sur mon visage alors que quelques larmes font leur apparition le long de mes joues. J'ai commencé à lui parler je vais terminer. « On me disait qu'il ne fallait pas l'aimer, que j'allais tellement avoir mal que la seule chose qui pourrait me soulager serait la mort... J'étais probablement trop aveuglé par mes sentiments que j'ai cru que les autres étaient seulement jaloux parce que je dormais dans la même chambre que lui et qu'il me portait beaucoup d'attention... J'étais con alors je lui ai dit ce que je ressentais... En guise de réponse j'ai eu mon premier vrai baiser... Comment ne pas flancher après ça ? C'est impossible... » Je resserre mes prises autour de mes jambes fixant toujours cette foutue table : « On est donc sorti ensemble et je peux dire qu'à cette période-là, j'étais heureux... Seulement, les derniers mois de cours, tout a changé... à part me... baiser comme un chien ni plus ni moins, il n'y avait plus rien... Il est parti en me disant que j'étais pathétique d'avoir cru un seul petit instant qu'il m'aimait... Il m'a dit qu'il riait bien avec ses potes quand ils parlaient de moi... que j'étais bien trop niais et naïf et... et qu'il avait eu ce qu'il voulait... » Un flot de larmes silencieux dévale mes joues alors que j'essaye de garder le contrôle : « ...les autres... ils avaient raison en fait... quand ils disaient que la mort serait ma seule échappatoire... je n'arrive pas à savoir où... où j'ai bien pu merder pour que ça parte autant en couille... j'ai fait tout pour lui plaire... absolument tout putain... » Je redresse la tête et le regarde brièvement : « ...je voulais juste un peu d'amour... je ne pense pas que je suis une mauvaise personne pourtant... ou alors peut-être que c'est de ma faute finalement... peut-être que je suis quelqu'un de mauvais... si mauvais que même la mort me punis en me refusant... » Je baisse le regard, plongeant mon visage contre les genoux et pleurant comme un enfant discrètement. Aidan est la seule personne au courant maintenant, même le psychologue ne sait rien et je me sens terriblement mal... « ...je veux mourir... », murmurais-je désespéré.

Il ne lui avait rien demandé. Il n'avait rien exigé de lui. Il aurait pu continuer de garder ça pour lui. Il ne lui en aurait pas voulu. Mais à la place de ça Sage parla et il l'écouta.

« ...je veux mourir... »

Il regarda surpris. Cette histoire... il n'arrivait pas à croire qu'il ait tenté de se suicider à cause d'un chagrin d'amour. Il était tellement sur le cul que les mots sortirent tout seul sans qu'il puisse les retenir.

- Mais t'es con pourquoi t'as fait ça??

Il se reprit, se rendant compte qu'il venait peut être, certainement, de lui faire du mal en réagissant ainsi. Ce qu'il avait vécu devait être difficile pour qu'il en arrive à faire ça. Et il devait encore en souffrir. Il pouvait voir les larmes qui roulaient silencieusement sur ses joues. Et il avait merdé en beauté en réagissant comme ça.

Il tendit une main hésitant à le consoler puis il la laissa retomber sur le canapé.

- Désolé je ne voulais pas dire ça, je me suis mal exprimé.

Il se passa à nouveau sa main dans les cheveux, pas à l'aise. Il ne savait pas quoi lui dire pour rattraper ce qu'il venait de lui dire.

- Je ne sais pas si tu vas me croire mais... ça ne vaut pas le coup que tu te fasses du mal pour un connard pareil. Tu aurais pu lui décrocher la lune et la lui servir sur un plateau d'argent qu'il aurait agi de la même manière. Il ne t'aimait pas. Et il ne mérite pas que tu te fasses du mal pour lui.

Il s'arrêta de parler, hésitant à continuer. Il allait certainement le détester, se rendre compte qu'il n'était qu'un connard dans le fond. Et il aurait raison. Il n'y avait qu'à voir comment il avait réagi un peu plus tôt.

- J'étais comme lui... avant. Je me tapais à peu près... toutes les filles que je croisais. Est-ce que je les aimais? Certainement pas. Est-ce que je m'inquiétais de ce qu'elles ressentaient? Encore moins. Ca n'aurait servi à rien qu'elles se fassent du mal pour moi. Et tu ne devrais pas t'en faire pour lui.

Il s'approcha finalement de lui, posa sa main sur son genou et lui dit dans les yeux.

- Je t'apprécie moi, ça ne te suffit pas?

Ce n’était pas une bonne idée. J’aurais dû ne rien dire du tout, me contenter de rester silencieux comme je l’ai toujours fait. Mon cœur me fait mal, encore plus qu’avant : « Mais t’es con pourquoi t’as fait ça ?? » Je sursaute en l’entendant crier, resserrant mes prises sur mes genoux. Je ne m’attendais pas à cette réaction négative et là, tout de suite, j’ai juste envie de partir loin de lui… « Désolé je ne voulais pas dire ça, je me suis mal exprimé. » Non, c’est faux, il ne s’est pas mal exprimé, il a dit ce qu’il pensait et je me dis que c’était une mauvaise idée de lui parler dès le départ. Après tout, qu’est-ce qu’il en a à foutre de moi, réellement ? Je ne lui suis d’aucune utilité de toute façon. « Je ne sais pas si tu vas me croire mais... ça ne vaut pas le coup que tu te fasses du mal pour un connard pareil. Tu aurais pu lui décrocher la lune et la lui servir sur un plateau d'argent qu'il aurait agi de la même manière. Il ne t'aimait pas. Et il ne mérite pas que tu te fasses du mal pour lui. J'étais comme lui... avant. Je me tapais à peu près... toutes les filles que je croisais. Est-ce que je les aimais ? Certainement pas. Est-ce que je m'inquiétais de ce qu'elles ressentaient ? Encore moins. Ca n'aurait servi à rien qu'elles se fassent du mal pour moi. Et tu ne devrais pas t'en faire pour lui. » Ô pour ça, qu’il ne s’en fasse pas, je le crois ! Je sais très bien ce qu’il en est des militaires, ce sont tous des connards et ceux qu’ils disent le contraire ne sont que des menteurs. Lorsque je sens sa main se poser sur moi, je me fige en redressant lentement la tête : « Je t’apprécie moi, ça ne te suffit pas ? » Je le fixe, essayant de savoir s’il est sincère ou non mais je n’arrive pas à le savoir : « …va dire tout ça au gamin de douze ans qui a été détruit… oui ça pourrait peut-être me suffire si tu étais… si tu étais comme moi et ce n’est pas le cas… merci quand même… tu n’es pas un connard… je… » Je pose ma main sur la sienne mais la retire aussitôt pour ne pas le mettre mal à l’aise : « …je suis fatigué… » Dans tous les sens du terme…

Il laissa sa main sur sa cuisse, ne sachant pas vraiment comment agir. Il n'était pas doué pour consoler les gens. Il ne savait pas quoi dire quand on lui avouait les raisons d'un suicide. Il ne les comprenait même pas vraiment ses raisons. Un chagrin d'amour ça faisait mal il en convenait mais c'était la vie. Il fallait s'en remettre et aller de l'avant. Et puis de toute façon... on vivait très bien sans personne dans sa vie. Il en était la preuve.

« …va dire tout ça au gamin de douze ans qui a été détruit… oui ça pourrait peut-être me suffire si tu étais… si tu étais comme moi et ce n’est pas le cas… merci quand même… tu n’es pas un connard… je… »

Il se retint de pousser un soupir. Ils en revenaient encore une fois à ça. Et ben non il n'était pas gay. Et il ne voyait pas en quoi le fait de se mettre avec un autre mec arrangerait tout. Se faire baiser pour oublier qu'on s'est fait baisé par un connard. Non ce n'était pas vraiment une solution.

Il frissonna légèrement en sentant sa main se poser brièvement sur la sienne. Il retira sa main à son tour de sa cuisse, plus que jamais mal à l'aise.

« …je suis fatigué… »

- Tu devrais peut être te reposer dans ce cas. Mais avant je voudrais te dire...

Il s'arrêta un instant, essayant de rassembler ses idées. Il n'était pas adroit pour parler et il ne voulait pas dire des conneries qui pourraient blesser Sage encore.

- Je ne suis pas gay c'est vrai. Et désolé si je te fais du mal mais je ne pense pas qu'il y aura un jour plus que de l'amitié entre nous. Mais... tu n'as pas à penser que tu ne vaux rien à cause d'un seul connard. Et tu n'as pas à dénigrer mon amitié parce qu'elle n'est pas assorti de sexe. Je serais toujours là pour toi. Si tu as besoin de parler je serais là. Si tu as besoin d'une épaule sur laquelle pleurer je serais là aussi. Si tu veux simplement que je sois là, sans rien me dire, j'arriverais dans la seconde. Et si tu veux passer un bon moment à rire je serais toujours là. Moi ça me suffit amplement. Ca ne peut pas être ton cas également?

Il le regarda tristement, espérant qu'il ne le rejetterait pas une fois de plus. Il avait mal réagi il en avait conscience. Mais l'entendre dire qu'il faudrait qu'il puisse coucher avec lui pour que ça soit encore mieux, lui avait fait du mal.

Je le regarde les yeux encore humides de larmes : « Tu devrais peut être te reposer dans ce cas. Mais avant je voudrais te dire... Je ne suis pas gay c'est vrai. Et désolé si je te fais du mal mais je ne pense pas qu'il y aura un jour plus que de l'amitié entre nous. Mais... tu n'as pas à penser que tu ne vaux rien à cause d'un seul connard. Et tu n'as pas à dénigrer mon amitié parce qu'elle n'est pas assortie de sexe. Je serais toujours là pour toi. Si tu as besoin de parler je serais là. Si tu as besoin d'une épaule sur laquelle pleurer je serais là aussi. Si tu veux simplement que je sois là, sans rien me dire, j'arriverais dans la seconde. Et si tu veux passer un bon moment à rire je serais toujours là. Moi ça me suffit amplement. Ca ne peut pas être ton cas également ? » Je secoue la tête et baisse les yeux, un sourire triste et fatigué étirant légèrement mes lèvres : « Je ne t’ai jamais dit que je voulais plus… Je ne t’ai jamais dit ni même insinué que j’avais besoin de sexe pour me sentir mieux… Tu me plais, je ne vais pas le nier mais je sais que tu es hétéro et je ne vais pas m’amuser à t’attraper violemment pour te faire changer… je ne suis pas comme ça et j’ai très bien compris que l’amitié c’était tout ce que tu pouvais m’offrir… je ne suis pas bête… je veux juste me reposer pour le moment, rien de plus… je ne demande rien d’autre… peut-être que je devrais partir, je ne sais pas l’heure qu’il est… j’ai perdu la notion du temps en ta compagnie et je ne me sens pas bien du tout… » Et encore le ‘’pas bien du tout’’ est encore faible. Je regarde mon téléphone, remarquant que j’ai une bonne dizaine d’appels en absence de mon médecin. Je soupire longuement : « …fait chier… je crois que je suis en retard… j’ai raté le coche… » J’envoie un message au médecin, lui donnant l’adresse d’où je me trouve et lui disant que je l’attendrais au bord de la route : « …le médecin va venir me chercher alors je vais descendre et l’attendre… merci encore pour cette journée Aidan… »