ne journée banale et sans importance, voir sans intérêt, voilà comment je pouvais résumer cette journée si on me le demandait. Je n’avais absolument rien fait, à part rester bien au chaud dans mon appartement en compagnie de quelques-uns de mes nombreux colocataires. Je n’étais même pas sortie faire un simple tour ou aller voir des amis, tellement le froid était sec et saisissant et que je n’avais pas la foi de le braver. Pourtant, c’est ce que j’allais devoir faire quand. En revenant dans ma chambre avec un paquet de cookies, je m’assis sur mon lit, une jambe replié sous moi et pris mon téléphone. Tandis que je l’allumais, je regardais furtivement l’écran, voulant juste savoir l’heure quand j’aperçu la petite enveloppe sur le coin à gauche. C’était un message de Jagger. Je l’ouvris tout en me demandant ce qui pouvait bien se passer. C’est avec étonnement que je pris connaissance du contenu de son message. Soirée de fiançailles de sa meilleure amie ? Il m’en avait parlé quelques fois. Une certaine Livia. Je ne l’avais jamais vu, et c’était sûrement dû à la dégradation de leur relation d’après les dires de Jagger. Mais pourquoi donc aller à cette soirée ? Mes sourcils se froncèrent car je n’avais pas la réponse à cette question. Ils avaient dû se retrouver et leurs retrouvailles s’étaient bien passés, sûrement même qu’ils étaient repartis sur de bonnes bases tous les deux. Puis ce n’est pas comme si j’avais le choix d’y aller ou non, Jagger ne me demandant pas forcement confirmation à son SMS. Je ne pris pas la peine de lui répondre directement, m’ayant déjà indiqué à quelle heure il viendrait me chercher. J’avais largement une bonne demi-heure devant moins, voir un peu plus, du moins je l’espérais car le délai imposé par Jagger était court. Mais il fallait que je me bouge maintenant si je voulais être prête pour quand il sera là.

Une serviette entourée autour de mon corps, mes cheveux dégoulinant encore sur le carrelage de la salle de bain, je me dévisageais dans le miroir. Il ne me restait plus qu’un quart d’heure, je devais me dépêcher parce que le plus simple avait été fait. Effectivement, choisir la tenue ne serait pas une mince affaire… J’enroulais une autre serviette sur ma tête et me pressais dans ma chambre, laissant derrière moi des traces de pas humides. N’ayant pas le temps de rester planter devant mon armoire à reluquer toutes mes fringues et en me demandant lesquelles je devais choisir, je pris une simple robe noire. L’avantage avec ce genre de robe, c’est qu’elle était passe partout et indémodable. Un maquillage simple et les cheveux lâchés suffiraient pour compléter le look. Autant miser sur du simple dont j’étais certaine que ça pouvait passer plutôt de quelque chose qui pouvait se montrer décaler. La sonnette d’entrée retentit, annonçant comme prévu l’arrivée de Jagger.

Nous voilà devant le lieu de l’évènement. En apercevant la baraque, la première chose qui me vient à l’esprit est que j’allais être ridicule. Cela pouvait se deviner directement qu’ils faisaient partie des gens de " la haute ". Un monde que je ne connaissais absolument pas et que je n’avais jamais côtoyé. Au fur et à mesure qu’on avançait, je me sentais de moins en moins à l’aise. Je détestais cette sensation mais j’essayais de faire bonne figure. C’était assez impressionnant. Il y avait foule dans l’entrée, comme si c’était l’évènement de l’année. J’exagérais bien sûr mais cela n’en était pas moins surprenant. J’allais bientôt la rencontrer. Livia. Si Jagger me présentait à elle, était-ce parce que j’étais un peu plus importante que je ne le pensais à ses yeux ? Cette pensée me fit sourire doucement, lançant un coup d’œil discret sur ce bel homme à mes côtés.

’était… Impressionnant. C’était le seul mot que je trouvais pour définir ce qui se trouvait sous mes yeux. La maison était impressionnante. La foule était impressionnante. Les tenues des gens étaient impressionnantes. Tout, absolument tout était impressionnant. C’était vraiment un autre monde que je découvrais, même si il ne m’était pas tout à fait inconnu. Mais c’était un monde dont je ne connaissais ni le mode de vie ni les codes ni les coutumes. L’avantage, c’est que j’avais Jagger à mes côtés qui, vu que c’était la famille de sa meilleure amie, connaissait un peu mieux que moi tout ça. J’avais juste à prendre exemple sur lui, ou bien même à observer les faits et gestes des personnes qui m’entouraient.

Je suivais Jagger, ma main dans la sienne, mes yeux allant d’une personne à une autre, d’un décor à un autre. Mon visage était inexpressif, mais au fond de moi j’étais fascinée par tout ça. C’en était presque pathétique car on dirait une petite fille qui découvrait le palais de ses héroïnes Disney préférées. Je croisais le regard noir d’un homme et suivit son regard qui menant jusqu’à la personne qui m’accompagnait. Le regard de Jagger était également sombre, et je pouvais deviner aisément que les deux hommes se connaissaient et ne devaient s’apprécier guère. Qui était-il ? Vu son apparence ça devait être le père, voir l’oncle de Livia, en tout cas quelqu’un de sa famille que mon petit ami avait côtoyé quand il passait du temps avec sa meilleure amie.

On continuait d’avancer jusqu’à ce que Jagger s’arrête, me stoppant ainsi également. Sa main quitta la mienne, alors que je pensais qu’il s’apprêtait à saluer sûrement des personnes qu’il connaissait je la sentie se poser sur ma hanche, pressant de façon à ce que je m’approche un peu plus de lui, et je pus sentir ses lèvres déposer un simple baiser au creux de mon cou qui me fit doucement sourire. J’aperçu alors une jeune demoiselle s’approchant de nous. Blonde, au teint frais, et aux traits fins. Une belle silhouette qu’on pouvait deviner sous sa robe. C’est comme si elle n’avait aucun défaut. En la voyant je me demandais intérieurement s’il s’agissait de la fameuse Livia dont m’avait parlé Jagger. La réponse me vient quasiment instantanément. « Alors Lily, c’est comme ça que tu accueille tes invités ? » Heureusement que je savais qu’il s’agissait de son surnom, Jagger la nommant quelques fois ainsi quand il m’avait parlé d’elle. Je n’aurais jamais deviné qu’elle était la meilleure amie et la future mariée dans le cas contraire. Je lui adressais un sourire. « Alana je te présente Lily, tu sais je t’en ai parlé… Cette histoire compliqué, mais qui n’as plus d’importance, puisqu’elle va se marier… Lily je te présente Alana… » Je fronçais un instant les sourcils lors des propos de Jagger, mais je retrouvais mon sourire et m’adressa directement à Livia. « Je suis contente de te rencontrer, effectivement Jagger m’a déjà parlé de toi… Félicitations en tout cas. » Je ne savais comment expliquer cela, mais j’avais l’impression que l’air était tendu au-dessus de nous, particulièrement entre mes deux interlocuteurs, que s’en était presque gênant. Je sentis la main de Jagger se serrer autour de ma taille, machinalement je posais ma main opposée sur la sienne. Je commençais à me sentir plus vraiment à l’aise, déjà que je ne l’étais pas vraiment en franchissant l’entrée.

ême si on m’adressait un mot rassurant, je sentais que quelque chose n’allait pas, c’était indéniable. L’ambiance était à la fête seulement autour de nous, il n’y avait aucun doute là-dessus, mais entre Livia et Jagger, et donc moi en prime, l’ambiance n’était certainement pas à la fête. J’en venais même à me demander pourquoi Jagger m’avait emmené ici si ce n’était pas pour passer une bonne soirée et, bien sûr, faire les présentations entre sa meilleure amie et moi. C’était une chose qui avait été faite, mais pas comme je me l’imaginais, mais absolument pas du tout comme cela. On aurait dit un gag. Oui, c’est ça, il devait y avoir une caméra cachée qui filmait la scène quelque part dans la foule, ce n’était pas possible autrement. Alors que je n’avais que féliciter Livia sur ses fiançailles, chose pour laquelle on était censés fêter ce soir, sa réponse me laissa perplexe. « Eh bien pour m’a par Alana, Jagger m’a parlé de toi que pour me rendre jalouse. Tu es un trophée pour lui. Il t’a invité à cette soirée juste pour ne pas être seul et surtout pour me faire bouillir de rage ce qui n’est pas le cas, évidement, comment être jalouse de quelqu’un comme toi ? » Dans ma tête, j’avais vraiment du mal à assimiler ce qu’elle venait de me lancer, avec une telle puissance qu’on aurait dit un poison, et pourtant elle l’avait dit de façon tellement naturelle que c’en était vraiment troublant. « Oh, si il t’a parlé de moi il a dû te dire que je te rendrait la vie infernal non ? J’adore m’amuser avec les filles qu’il ramène, tu n’es pas la première ! » J’avais les dents serrés afin d’éviter de lui répondre aussi agressivement mais je ne pus me retenir longtemps. « Ecoutes poupée, faut arrêter de croire que t’es dans le monde des merveilles et que tout t’es dû alors tu vas changer de ton direct avec moi et descendre de ton piédestal. » J’avais parlé d’un ton calme et posé, mais comme on le dit si bien, c’est le calme avant la tempête. Je me tus donc avant d’en dire plus et de m’emporter. Ce fut Jagger qui continua, en parlant calmement même si je pouvais sentir qu’il bouillonnait intérieurement. « On partage des choses que tu ne connais sans doute pas Lily… Les sentiments. Et puis elle n’as décidément rien à t’envier » Malgré les paroles assassines et blessantes de Livia qui pouvait remettre en question ma totale relation avec Jagger, la réponse de celui-ci m’apaisa quelque peu même si des questions continuaient de trotter dans ma tête. Il fallait plus que je n’y pense mais cette situation ne me mettait pas à l’aise. Je savais à partir de ce moment-là que la soirée n’allait pas se passer comme je pouvais le croire.

Un nouvel intervenant surgit dans notre cercle de discussion, celui-là même qui avait adressé à l’égard de Jagger un regard noir peu de temps auparavant lors de notre arrivée. « Tiens, voilà le serveur. Je n’ai pas à te montrer le chemin, tu connais les cuisines ! ». S’il s’agissait d’une blague, elle était de mauvais goût et elle avait fait un flop total. Malheureusement, j’aurais préféré qu’il s’agisse d’une mauvaise blague plutôt que d’un pique lancé sur un ton ironique et sournois. S’il n’en tenait qu’à moi, je n’aurais même pas mis un pied ici si je savais ce qu’il allait s’ensuivre. J’en voulais à Jagger de m’avoir embarqué ici, et la question du pourquoi m’avait-il emmené ici grandissait en moi avec l’envie importante de connaître la réponse, la vraie. Parce que là, je n’en avais aucune réponse plausible qui me venait en tête, elles étaient toutes aussi farfelues les unes que les autres. Je secouais la tête machinalement, j’avais l’impression de devenir parano et je n’aimais pas ça. J’avais confiance en lui, et ça ne devait pas changer à cause d’une peste qui se croyait tout permis. « Ferme-la papa ! A ce que je sache c’est toi qui lui à envoyer cette invitation. A moins que tu es précisé qu’il soit venu comme serveur, garde tes remarques pour toi et ne lui adresse plus la parole de la soirée ! » Il s’agissait donc bien du père de Livia. Mais contrairement à ce que je pensais, elle n’était pas au courant que Jagger ait été invité, ce qui était bizarre. Leur relation en était-elle au même terme que quand Jagger me l’avait dit ? J’avais pourtant pensé que cela s’était arrangé vu l’invitation… En venant ici, je m’étais apparemment trompée sur toute la ligne.

Jagger commença à prendre à part Livia, me laissant seule avec le père de celle-ci. Je lui adressais à peine un regard et me détournait de lui avant de me mêler à la foule à la recherche d’un serveur qui passait entre les invités avec des coupes de champagnes sur des plateaux. Dès que j’en vis un, je me dirigeais vers lui et saisit une coupe de champagne pleine tout en lui adressant un sourire. Je la portais à mes lèvres et en but une gorgée. Ça n’allait pas m’aider à me détendre, pas suffisamment en tout cas mais c’était déjà ça. Je jetais un coup d’œil à l’endroit où c’était mis Jagger et Livia. Ils n’avaient pas bougé, toujours là en train de discuter. J’allais donc vers l’entrée, sortant sur le parvis qui n’était pas encore désert et m’allumais une clope, à défaut d’un joint, qui m’aurait sur le coup bien détendu. Mais qu’est-ce que je foutais là sérieusement ?

a ne cessait de trotter dans ma tête. Je pouvais certifier à présent que je n’avais aucunement ma place ici, dans cette immense maison, au milieu de tous ces invités issus de famille de la haute société, et à cette soirée, tout simplement. Ça paraissait tellement logique quand on y repensait. Il n’y avait aucune raison qui faisait que je pouvais prétendre être à ma place, tout simplement. Ou peut-être une seule : et cette raison n’était tout autre que Jagger. Si j’étais là, c’était tout bonnement parce qu’il avait été invité et qu’il m’avait proposé de l’accompagner. La vraie question ne se reportait pas à moi, ou alors indirectement, mais pourquoi Jagger avait été invité si une telle tension était encore présente entre les deux « meilleurs amis » ? Et surtout, pourquoi Jagger avait-il accepté en s’amenant ici avec moi ? Ce flot de questions sans réponses m’agaçait au plus haut point mais j’essayais de faire en sorte que mes pensées ne déteignent pas sur mon visage ou mes paroles. Il fallait que je me montre indifférente face à cette situation, et plus que tout face à mes deux interlocuteurs. Jagger me connaissait assez bien et je doutais qu’il pouvait penser que je n’étais pas à mon aise, mais Livia ne devait absolument pas le voir. Vu les propos qu’elle avait pu tenir à mon égard, elle ne me portait pas dans son cœur alors qu’elle ne me connaissait à peine, et c’était devenu réciproque dès qu’elle avait prononcé la première phrase. J’en étais navrée pour Jagger, car même s’ils étaient tous deux dans une mauvaise passe, ça ne changeait en rien – du moins j’imaginais – qu’elle était encore chère à son cœur car ce n’est pas parce qu’on a un différent avec un ami que l’amitié disparaît. Mais entre Livia et moi, ça ne pouvait définitivement pas coller, et même si je m’employais à faire des efforts surhumains. Oui, car si c’était ce que je voulais faire, il n’y avait pas d’autres mots mieux employés que surhumain pour faire face à Livia dans la douceur et la gentillesse.

« Ne parle pas de mon monde alors que tu ne connais rien. Tu n'arriverais pas à vivre une semaine dans mon monde. De plus je prendrais le ton que je souhaite je n’ai rien à recevoir de toi. J’ai la bonté de te prévenir, alors garde tes distances et tout ce passera bien. » Quel bonté, ça c’était sûr. C’était un honneur qu’elle ne fasse pas la faux-cul et qu’elle ne me plante pas de couteau dans le dos. Je levais les yeux au ciel d’exaspération. Les personnes de son genre m’insupportaient, mais même si j’avais la forte envie de lui répondre, ma langue resta scellée à mon palais, préférant me taire face à une telle réponse. Elle osait me provoquer mais je ne lui ferais en aucun cas le plaisir de rentrer dans son petit jeu immature. Elle répondit ensuite à Jagger, m’ignorant à nouveau. C’était sans doute mieux ainsi, qu’elle m’ignore, ça éviterait certaines étincelles qui pouvaient surgir si elle continuait son petit manège envers moi. « Tu as dû oublier les 20 années que l’on a passé ensemble Jagger, mais c’est vrais que ça ne représente plus rien pour toi aujourd’hui. Maintenant tu as trouvé une… mhm une amie. Enfin, je retrouverais bien vite ma place dans ta vie ! » Je rêvais où il y avait un sous-entendu ? J’en avais assez de ses provocations, cela faisait à peine une dizaine de minutes qu’on était là, et pourtant j’avais l’impression que cela faisait des heures. Et elle osait, avec ses grands airs, lancer par-ci par-là des piques de façon directs ou indirects, que ce soit envers Jagger ou moi-même. Il fallait juste que je ne porte pas attention à cela, mais c’était plus facile à dire qu’à faire.

Ma clope se consumait lentement au rythme que je tirais dessus. Les gens rentraient au fur et à mesure dans la grande demeure derrière moi, d’autres sortaient pour répondre à un appel ou discuter un peu plus au calme. J’adressais un regard à aucun d’entre eux car je n’avais qu’une envie, partir d’ici. Mon esprit me disait de partir, que le portail était juste face à moi, j’avais juste à traverser l’allée et partir. Mais mon cœur me faisait rester, pour Jagger. Je l’avais accompagné, je resterais donc avec lui jusqu’à temps qu’il considère que la soirée était finie. J’écrase mon mégot dans le cendrier à mes côtés et me retourne pour retourner à l’intérieur, à contrecoeur quand je vis Jagger sortir, l’air énervé. « Viens, on a plus rien à faire ici. » Je n’avais même pas mon mot à dire, mais il fallait qu’on ait une discussion tout les deux. « Jagger, attends… » Je me tue un instant. Ce n’était pas le moment, et surtout pas le lieu pour avoir une discussion concernant mes questions et cette soirée. Je secouais la tête et passa mon bras dans son dos, marchant à ses côtés. La première chose que je voulais, c’était partir d’ici, et autant le faire rapidement.